Vêtement porté par les travailleurs manuels américains à la fin du XIXème siècle, le blue jeans est devenu emblématique de l'American way of life, avant que la mode du jean ne gagne tous les continents et toutes les catégories sociales. Le confort et la robustesse de ce pantalon à coutures coupé dans la toile denim lui ont permis de résister aux modes et de s'y adapter.
Cette pièce incontournable de tout dressing et de tout individu, quelque soit sa catégorie sociale, n’a pourtant pas toujours été la reine des basiques. Retour sur l’histoire à succès de ce fondamental ou devrais-je dire sur la success-story de ce must-have, pour faire plus djeuns.
Au 16ème siècle, la république indépendante de Gênes en Italie, est à son apogée. Ses tissus sont réputés et parmi eux, se trouve une toile de laine et de lin servant à fabriquer des voiles pour les navires, des bâches, mais aussi des pantalons solides pour les marins. Importée sur le continent américain, la toile « de Gênes » s’anglicise, et par contraction et déformation duent à la prononciation locale devient « jeans ».
Durant le 18ème siècle, la robuste toile de jean est utilisée notamment pour la confection de vêtements destinés aux esclaves dans les plantations.
Mais c’est à la fin du 19ème siècle que l’histoire débute lorsqu’un immigré allemand de 24 ans du nom de Loeb Strauss quitte sa bavière natale pour tenter sa chance, comme beaucoup à son âge, aux Etats-Unis. En pleine période de la Ruée vers l’or, il arrive à San Francisco pour vendre ses stocks de toiles de Gênes aux nombreux chercheurs d’or des mines qui peuplent la région. Il fonde en 1853 son entreprise du nom de Levi Strauss and Co et ouvre son premier magasin. Il constate que les tenues des travailleurs sont peu propices aux conditions de travail et a l’ingénieuse idée de tailler des salopettes et des pantalons dans cette toile. Cette matière inusable fera son succès.
D’où vient son nom ?
Le tissu utilisé pour la confection du blue jean est le denim. C'est une toile de coton à armure de serge qui était originellement tissée à Nîmes, d'où son nom (denim viendrait phonétiquement de « de Nîmes »).
Le tissage très serré est fabriqué à partir d'une chaîne teinte en bleu (du moins à l'origine) et d'une trame écrue ou blanche. Le bleu de la chaîne provenait d'une teinture dite « blu di genova » (en italien, « bleu de Gênes ») et le nom jeans viendrait d’une déformation de la prononciation du mot « genovese » (génois).
La naissance du blue jean
La longue histoire du jeans débute dès le XVIème siècle à Nîmes, là où est fabriquée la toile denim. Mais c’est en 1853, en pleine ruée vers l'or, que Levi Strauss a l'idée de confectionner un pantalon dans la toile de ses tentes, car les conquérants de l'Ouest ont alors besoin de vêtements de travail solides.
Vers 1860, Levi Strauss poursuit la fabrication de pantalons en remplaçant la toile de tente par de le coton fabriqué à Nîmes, tout aussi robuste mais coloré en bleu par des bains d'indigo : c’est la naissance du blue jean.
La conception du blue jean Levi Strauss
Il faut attendre 1873 pour qu’apparaissent sur le blue jean les surpiqûres en fil orange sur les poches arrière, en forme d’arc figurant un aigle, ainsi que les poches à rivets. Dès l’année suivante, pour empêcher la contrefaçon, Levi Strauss et Jacob Davis obtiennent le brevet pour les rivets sur les poches, qui les empêchent de se déchirer. Le 501 fait son apparition sur le marché en 1890.
Le premier Jeans
Un jeune homme, originaire d’Allemagne, Oscar Levi Strauss fraichement débarqué en Californie monte un commerce de toiles de tentes et de bâches de chariot. Mais les conquérants de l’Ouest ont besoin de pantalons solides. En 1853, Levi Strauss a l’idée d’en confectionner un dans la toile de ses tentes.
Le premier jeans est né. Le premier patron connu présente une salopette coupée avec des boutons pour ajuster des bretelles. Vers 1860, Levi Strauss décide de remplacer ce lourd tissu peu propice à la confection, par une toile de coton à armure de serge, le sergé de la ville de Nîmes, le ‘Denim’
Le blue jean des Etats-Unis à l’Europe
Pendant la grande crise de 1929, le jeans est adopté par les paysans et les travailleurs et en 1933, dans le cadre du New Deal, des dizaines de milliers de salopettes en denim sont distribuées aux déshérités.
Vers 1935, la mode du blue jean se répand au sein d'une population estudiantine et artistique et ce pantalon s'introduit dans les garde-robes féminines.
Marilyn 1945
Le jeans débarque en Europe avec les GI's en 1945. En Europe, ce vêtement a toujours été plus cher que dans son pays d'origine.
Marilyn 1952
Il faut attendre cette période pour que le jeans se décline aussi en noir. Dans les années 50, le jeans, associé au blouson noir et à la Harley, devient le symbole de la révolte des jeunes. James Dean et Marlon Brando contribuent à son succès.
Le blue jean dans les années 70
Le blue jean devient un code vestimentaire chez la génération hippie. Sa forme change avec les jeans patte d'éléphant et il se personnalise. En effet, on le customise, on le peint, on le brode, on y coud des coquillages, des strass, des bijoux, des motifs de fleurs ou « peace and love ».
En France, le jeans s'impose comme un bien de très grande consommation avec le choc pétrolier de 1973. Ce marché se développera de façon exponentielle jusqu'au début des années 1980.
A New York, une sélection de jeans décorés exposés au musée d'art contemporain pendant deux mois attire 10 000 visiteurs.
C’est en 1978 qu’apparaissent les stone-washed, des jeans délavés par un traitement qui consiste à bombarder le tissu de petites pierres ponces.
Le blue jean des années 80 à nos jours
Après un recul au profit des slacks, pantalons de toile plus légers et plus habillés, le blue jean revient sur le devant de la scène en 1986 et s'impose comme un produit de mode à part entière.
Dans les années 1990, l’apparition du surteint donne un coup de jeune à ce grand classique, bientôt suivie par la vague du Lycra en 1994. Le jeans lycra rencontre un grand succès auprès des femmes et en 1996, pour la Première fois en France, les femmes achètent autant de jeans que les hommes.
En 2000, Rica Lewis devient numéro un du jeans sur le marché de la grande distribution. Aujourd'hui, le jean est devenu un signe identitaire d'appartenance à une communauté. Sa forme (le slim, le boot cut, le relax, le regular, etc.) ou sa marque (diesel, notify, acquaverde, pepe jeans) est un signe de ralliement à un stéréotype social.
Du vêtement utilitaire porté par les pionniers aux créations des plus grands stylistes, le blue jean aura marqué l’histoire du XXème siècle.
Levi's Strauss
Tissu de coton ou de polyester-coton, à armure croisée, très serré, fabriqué à partir d'une chaîne teintée généralement en bleu et d'une trame écrue.
"GO WEST YOUNG MAN"
En 1849, San Francisco qui n'était jusqu'alors qu'une petite bourgade délaissée par la conquête espagnole connaît un essor prodigieux, dû à la découverte de l'or en Californie.
Du monde entier, une nuée d'émigrants, irrésistiblement attirés par le mythe de l'Eldorado, fond sur la ville dont la population décuple en l'espace de 3 ans (en 1853, la ville compte 70.000 habitants, dont 33.000 sont arrivés la même année).
Le port connaît désormais un trafic intense. "Frisco", comme le désignent déjà ceux qui viennent y chercher fortune, est un vaste chantier, peuplé de pionniers, d'aventurier, de commerçants. Une foule bigarrée, volontaire, souvent dangereuse, inaugure un nouvel épisode fabuleux de l'épopée de l'Ouest Américain.
LEVI STRAUSS, petit colporteur juif d'origine bavaroise, rejoint ses frères négociants en tissu, installés à New York, avant de tenter sa chance vers l'Ouest lointain. Il Arrive en 1853 à San Francisco après avoir suivi le chemin légendaire des convois de pionniers traversant le continent.
On l'imagine, émerveillé, parcourant la ville fiévreuse de la ruée vers l'or, dans son fourgon bâché, transportant des rouleaux d'épaisse toile pour confectionner des tentes et des bâches de chariots.
Levi Strauss allait vendre aux mineurs des boutons, des ciseaux et des toiles de coton rigide pour recouvrir leur matériel ou faire des tentes. Il est surpris de voir que personne ne veut de ses produits. En revanche, les mineurs se plaignent de ne pas avoir de pantalons assez solides contre la boue et la saleté. Il propose alors une salopette faite de toile de coton rigide… une bonne idée, mais le tissu trop rude n’est pas confortable. Malgré tout, sa clientèle augmente et Levi décide de faire venir le sergé de Nîmes qui était aussi solide que confortable. Le tissu devient le «denim jean»
Le génie de LEVI STRAUSS, l'étincelle qui devait transfigurer sa vie, fut d'avoir pris au mot la revendication d'un pionnier et d'être allé le soir même couper le pantalon, le premier "jean" LEVI'S.
Le pantalon mythique comblant les désirs du chercheur d'or, LEVI STRAUSS vit dans la pénurie de vêtement de travail la possibilité d'une entreprise d'envergure, et bien vite une fabrication en série de "pantalons" et de salopettes fut lancée.
Ces jeans primitifs étaient en toile marron, sans poche arrière, ni passant pour la ceinture.
Destinés d'abord aux travailleurs de la conquête de l'Ouest, chercheurs d'or, constructeurs de chemin de fer, mineurs ou forestiers, les pantalons acquièrent très tôt le statut de vêtement de travail nécessaires en Californie.
La toile initiale dans laquelle furent taillées les premières créations de LEVI STRAUSS n'était autre que le burat de Nîmes, tissu ancestral créé à partir de déchets de coton dans la ville languedocienne, mais aussi dans une grande partie de l'Italie du Nord et en particulier, à Gênes. De là d'ailleurs vient le nom de "jeans" qui n'est autre qu'un anglicisme et une contraction du mot GENOVESE (Génois en italien) épithète attesté dès le XVIème siècle dans le OLD ENGLISH DICTIONNARY, qui désignait le vêtement de burat des marins génois.
L’origine du terme denim est plutôt controversée. On a l’habitude de dire que ce serait une contraction de l’expression française sergé de Nîmes, qui est une étoffe grossière de bure, très solide, tissée avec de la laine et des déchets de soie, dans la ville de Nîmes, depuis au moins le XVIIe siècle. A la fin du XVIIIe, on applique aussi le terme à un tissu de lin et coton fabriqué dans le Bas-Languedoc, qu’on exporte vers l’Angleterre. L’historienne Pascale Gorguet-Ballesteros cite encore le nom occitan de nim qu’on donne alors au beau drap de laine produit entre la Provence et le Roussillon.
LA différence avec la toile de jean est que le denim est un entrelacement d’un fil de trame clair (en général écru) avec un fil de chaîne teinté. A noter que cette teinture n’est pas ‘à cœur’, ce qui explique le processus progressif de délavage.
Son tissage diagonal qu’on appelle plus communément le sergé est tissé comme suit : un fil dans le sens de la largeur passe sous deux fils placés dans le sens de la longueur. Éventuellement, les fils teints en bleu avec de la teinture indigo étaient tissés avec des fils blancs, ce qui est devenu une particularité du sergé de Nîmes. Les mots sergé de Nîmes ont été troqués pour «denim» et le mot jean provient de Gênes, en Italie, qui lui a donné sa couleur indigo.
Le denim le plus répandu est aujourd’hui composé de fils écrus d’une part, et bleu indigo d’autre part, mais on retrouve dans les catalogues de vente dès le milieu du 19ème siècle, des denim de toutes teintes, et même des modèles fantaisies (trames de dessins).
Et là, les nîmois se trémoussent en pensant "mais quand parlera-t-on de nous ?". Nîmes produit effectivement dès le 16ème siècle un sergé. Il est indéniable que le denim hérite son nom du sergé de Nîmes, qui, au fil du temps, est devenu un procédé plus qu’une origine de fabrication. Comme le frigo si vous voulez… Mais là s’arrête la filiation, car le sergé de Nîmes était composé de laine et parfois de soie.
Jean et denim sont aussi produits par les manufactures aux Etats-Unis au 19ème siècle, et les catalogues de vente distinguent bien ces deux étoffes, la première étant beaucoup plus rugueuse et solide que la seconde. Des maisons de confection proposent des redingotes, des vestes, des pantalons en jean ou en denim, dans des teintes marrons, noires, blanches, bleues, etc.
Une gamme de vêtements nouvelle apparait alors : les "overalls" (vêtements de dessus), des combinaisons, salopettes et pantalons destinés à être enfilés par dessus les vêtements habituels, destinés à de nombreuses professions. Les overalls en jean sont moins confortables que ceux en denim.
Un panneau publicitaire de Levi Strauss, datant de 1936, vendu aux enchères en France en septembre 1992 pour 37 000 $. (Pierre Boussel/AFP/Getty Images)
Bien avant que Levi Strauss popularise le denim, l’Inde, au 16e siècle, exportait le dungaree, un tissu de coton épais pauvrement tissé et teint d’indigo. Il était vendu aux marins portugais qui l’utilisaient pour les voiles de leurs bateaux. Le matériel servait également à faire des vêtements et était utilisé par les gens pauvres. Durant la même période, en Italie, plus particulièrement à Chieri, une petite ville près de Turin, était vendu ce qui allait être le tissu denim. L’armée navale de Gênes faisait coudre, pour ses marins, des pantalons solides portés secs ou mouillés et qui pouvaient se retrousser facilement. Ces jeans étaient lavés à la mer dans un filet accroché à l’arrière du bateau et le contact du sel sur les pantalons les rendait d’un bleu de plus en plus pâle, d’où le nom de bleu de Gênes. Par contre, le tissu provenait de France, de la ville de Nîmes. C’est dans cette ville que le tissu est né.
Ce qui est sûr, c’est qu’au début du XIXe siècle, le denim désigne, en Angleterre et en Amérique, un robuste sergé de coton, avec un fil de chaîne généralement teint à l’indigo et un fil de trame écru, réservé à la confection des vêtements de travail des mineurs, des ouvriers et des esclaves noirs. Ce serait encore une autre histoire de vous raconter la guerre de résistance dans la France du XVIe siècle entre la guède (les fameuses boules de Cocagne qui donnent le pastel) et l’indigo.
C’est donc ce tissu que choisit Levi Strauss, mais seulement dans les années 1860, pour confectionner ses pantalons. Il est alors en affaire avec la famille André de Nîmes. A partir de 1915, Levi Strauss & Co commence à acheter son denim à Cone Mills, en Caroline du Nord, qui devient le fournisseur exclusif à partir de 1922.
Le denim jean fait fureur, mais il reste toujours un problème que le couturier Jacob Davis est décidé à résoudre. M. Davis était un client de Levi Strauss, il lui achetait des toiles de coton et d’autres accessoires de couture. C’est d’ailleurs chez Davis que les mineurs ramenaient leurs pantalons pour faire raccommoder les poches qui se déchiraient tout le temps. Davis a l’idée géniale de renforcer les poches avec des rivets de cuivre. Comme il ne peut se permettre de payer le brevet pour son idée, il demande à Strauss d’être son partenaire. Ainsi, en 1873, le brevet pour renforcer les poches entre en vigueur et la compagnie Levi Strauss & Co. commence à manufacturer le fameux pantalon denim avec des rivets de cuivre. Les coutures contrastantes jaunes et orangers, qui sont devenues une caractéristique du jean, sont créées pour s’harmoniser avec les rivets.
Par la suite, Levi invente la petite étiquette rouge qu’il met sur le coin de la poche. C’était la première fois qu’un vêtement avait une étiquette extérieure. Aujourd’hui, les designers s’efforcent de réinventer le denim jean avec des lavages uniques comme le lavage à la pierre ponce, ou le lavage à l’acide, ou encore aux enzymes. À travers 400 ans d’histoire, le denim a été lavé, déchiré, brodé, perlé, clouté, raccourci, élargi; bref, il est passé sous toutes les coutures. Malgré tous ces essais, les caractéristiques premières du denim jean restent les mêmes.
Comme quoi, on ne se lasse pas des classiques !
DU FILON D'OR AU FIL D'OR
Les pionniers de San Francisco, sans doute à cause de la présence de marins génois dans le port, on bien vite fait la relation et créé l'amalgame : les premiers vêtements de LEVI STRAUSS ressemblaient étonnamment à ceux des marins, d'où la rapide utilisation du terme jean pour les désigner.
La société LEVI STRAUSS and Co. prospère très vite et aucune concurrence ne semble encore de taille à lutter contre son initiative.
La compagnie installe son siège social à Battery Street, la fabrication se fait à Valencia Street.
On possède quelques documents de cette époque, où l'on voit dans de vastes ateliers, des "petites mains" préparer sur d'antiques machines à coudre, des jeans dont les collectionneurs rêvent aujourd'hui.
Vers 1860, LEVI STRAUSS, personnage important de San Francisco, reçoit de ses frères New Yorkais une matière première plus attirante et tout aussi robuste : l'authentique Sergé de Nîmes de couleur Indigo.
LEVI STRAUSS adopte aussitôt ce "denim" - terme attesté en anglais à partir de cette époque et le jean devient "blue jean".
Le marché du jean se développe dans toute la Californie, stimulé par la percée de la ligne de chemin de fer transcontinentale, dont le caractère épique forge aussi une légende.
Fermiers et cowboys se mettent à leur tour à porter l'inévitable vêtement de travail et même ... les "despérados" dont quelques uns, comme les terribles Dalton, mourront bottes aux pieds et jeans aux jambes !
La réputation de LEVI STRAUSS dépasse les frontières de sa ville d'adoption.
En 1870, Jacob Davis, tailleur à Réno, lui écrit une longue missive pour lui proposer une association. Davis offre de rendre le jean beaucoup plus solide, en le renforçant de rivets. Cette idée lui vint à la demande d'un certain Alkali Ike, qui se plaignait de la fragilité de ses poches sous le poids des pépites d'or. L'astucieux tailleur avait trouvé la solution aux déboires d'Alkali grâce à des rivets initialement utilisés pour les harnais de chevaux, en les plaçant à tous les endroits "stratégique de vêtement".
LEVI STRAUSS dépose alors une patente en association avec Davis et lui offre même le poste de directeur de fabrication des nouveaux "overall's rivetés", à Battery Street. L'administration américaine, elle, trouve sans doute l'idée des deux "Westerners" bien saugrenue, car elle met plus d'un an pour se décider à délivrer la patente de ce "rivetage" sans lequel le jean ne serait pas ce qu'il est !
En 1873 les deux hommes ont l'idée de surpiqûres sur les poches arrières, symbole des ailes des aigles survolant les montagnes rocheuses, "l'arcuate" renforcera encore la reconnaissance et singularisera leurs créations !
En 1886 apparaît la première "griffe" LEVI'S, symbole de la réussite de l'entreprise : le "patch" étiquette de cuir présentant deux chevaux tentant d'écarteler un jean.
Vers 1890 le premier lot d'un nouveau denim, qualifié d'abord de double X pour ses techniques de tissage améliorées, arrive à San Francisco en provenance cette fois d'une fabrique américaine qui à repris à son compte la tradition Nîmoise.
LEVI'S gratifie ce premier lot de tissu du simple numéro de référence "501". C'est sous ce vocable que seront désignés les premiers jeans fabriqués à partir de ce lot de tissu. La tradition se perpétuera jusqu'à nos jours.
La fin du XIX ème siècle, marque l'apothéose de la saga du créateur : les pantalons dont plusieurs coupes différentes sont déjà proposées, les salopettes, et autres vêtements de travail LEVI'S, font partie de l'univers quotidien de l'Ouest américain. LEVI STRAUSS est devenu un patricien de San Francisco où il est accueilli dans la meilleure société.
Quand il meurt en 1902, c'est un personnage célèbre, un mécène adulé dont les journaux de Californie pleurent la disparition.
En 1906 un terrible tremblement de terre puis un incendie détruisent San Francisco et, selon sa tradition, la société LEVI STRAUSS participe activement à l'effort de reconstruction de la cité.
Néanmoins, une grande partie des documents et des patrons sont détruits lors de cette catastrophe naturelle...
UNE LEGENDE ANTIQUE
La même année 1906 marque l'émergence de la légende de l'Ouest. Un film "Great Train Robbery" le premier "western" de l'histoire du cinéma, connaît un triomphe aux Etats-Unis. On y voit des cow-boys et des "outlaws" (hors la loi) vêtus de jeans ! Les recherches menées par Mesdames Martine Noucrared (conservatrice du Musée du vieux Nîmes) et Pierra Rum (directrice des Biens Culturels de la région Ligure) qui sont présentées de mai à octobre 1990 lors d'une grande exposition à Nîmes, le montrent clairement, le jean de LEVI STRAUSS vient du fond des âges, des plus anciennes coutumes des bords de la Méditerranée. En effet, il existait déjà dès le XVI ème siècle) des vêtements de travail faits de coton teint d'indigo, et ce, bien avant la robe de bure des moines (qui fut aussi le tissu des vêtements des esclaves des plantations). Il y a une filiation du jean, incontestables, malgré une naissance en forme de "Big Bang".
Le vêtement simple, populaire, pratique et robuste de San Francisco a prolongé ceux de Nîmes ou de Gênes et a donné à cette tradition une force et une valeur nouvelle (à l'image du western qui la plupart du temps, est une transposition de mythes antiques).
La saga de LEVI STRAUSS se rattache à celle des marins gênois, dont le plus célèbre reste Christophe Colomb ou à celle des camisards des Cévennes.
Le vingtième siècle se chargera d'accomplir cette destinée et de forger la légende.
L'ACCOMPLISSEMENT DU JEAN AMERICAIN
Le jean perd peu à peu son statut unique de vêtement de travail pour devenir vêtement de jeu pour les enfants ou habit de festivité chez les cow-boys.
Des rodéos sont organisés (dont certains sont très tôt sponsorisés par LEVI'S) où les cow-boys porteront deux jeans, un pour les jeux de l'arène, l'autre pour les spectacles ou les fêtes. L'habitude devient peu a peu Tradition puis Folklore (on commence aussi à orner, à décorer les jeans).
En 1922 des passants sont appliqués à la taille ; on peut désormais porter les jeans LEVI'S avec une ceinture et donc sans bretelle.
En 1929, lors de la grande crise économique si bien décrite dans "Les raisins de la Colère", des chômeurs, des petits fermiers ruinés, parcourent la Californie en quête de travail leurs salopettes ou overall's poussiéreux, usés, symbolisent leur désarroi et leur résistance.
La crise frappe aussi la Côte Est, et les classes aisées des grandes villes.
On délaisse les traditionnelles vacances européennes pour des randonnées plus économiques dans l'Ouest, dont l'image mythique est de plus en plus exprimée par le cinéma.
Ces citadins découvrent les joies de la vie du ranch et de son vêtement nécessaire. Dans les "Dude Ranches", lieux de villégiature des riches estivants de la Côte Est, on se doit de porter le jean façon "cow-boys"...
Les belles estivantes de l'Est, mettent un point d'honneur à porter des jeans derniers cris, et les femmes de l'Ouest piquées dans leur orgueil, leur font bientôt une sérieuse concurrence. Les femmes qui jusqu'alors, pour des raisons morales autant qu'esthétiques, n'avaient pas encore largement pratiqué le jean, en seront désormais de ferventes adeptes.
Le jean devient à la fin des années 30, pour les Américains, un phénomène de mœurs.
Les boutiques chics de New York en vendent, des publicités LEVI'S apparaissent dans tous les Etats-Unis, mettant en valeur la mode féminine liée à la légende de l'Ouest.
Dans les universités on se targue de se promener en jean.
A Berkeley, déjà, une polémique s'instaure sur le port du jean par les étudiants de première année, à laquelle LEVI'S participera, en suggérant au recteur qu'on le refuse aux bizuths. Ailleurs, on s'inquiète des dégâts produits par les rivets sur les bancs des écoles. LEVI'S en tiendra compte et les rivets seront dissimulés derrière les poches, en même temps qu'une couture plus solide viendra en renforcer les angles.
Enfin des communautés d'artistes, en Californie, adoptent le jean comme signe d'une bohème moderne.
En 1936, à la fois pour lutter contre les contrefaçons, et surtout pour se singulariser définitivement de toutes les traditions vestimentaires (où jusqu'alors l'inscription de la marque était toujours a l'intérieur), le "Tab" LEVI'S en lettres blanches sur fond rouge cousu à gauche, sur la poche arrière droite du jean apparaît.
Cet ancrage dans les mœurs est en partie dû au fait que les américains, entre la crise qui bouscule bien des certitudes, et la guerre européenne qui s'annonce, cherchent vigoureusement leur identité.
L'Ouest leur offre sa légende, des racines intactes, et, en quelque sorte, des réserves d'espace, de liberté et d'énergie. Le port du jean par les classes aisées des grandes villes, par les étudiants et les artistes, vient simplement paraphraser, symboliser ces aspirations.
Par ailleurs, les Etats-Unis sont alors un pays où l'immigration parait sans limite et des millions d'européens y abordent durant l'entre deux guerre.
La jeunesse américaine est dès lors un élément dominant et moteur de la mode, influençant même les générations précédentes. Le port du jean est pour eux une bonne manière de montrer leur indépendance !
JEAN UNIFORME ET JEAN REBELLE
Quand éclate le second conflit mondial, LEVI'S est l'un des principaux fabricants de vêtements aux Etats-Unis.
C'est tout naturellement que l'U.S. Navy lui demandera de fournir l'uniforme de permission de ses marins : un 501 légèrement remanié et de couleur plus foncée. Le capitaine de corvette J.F. Kennedy en bénéficiera et s'en souviendra. Jean Gabin, qui sera combattant français libre dans la marine de guerre américaine, en 1946, démobilisé à New York, continuera de se promener en jean.
L'immédiat après-guerre marque une double évolution. En Europe, dans le sillage de l'armée américaine et par le prestige de son image, le jean sera l'objet d'un réel engouement par les jeunes.
L'exportation du jean est encore sérieusement contingentée. Ses premiers adeptes se mettent, dès lors, à sa recherche dans les surplus de l'armée ou dans les hangars où se vendaient les fripes d'importation U.S. (autorisées par le plan Marshall). Ces mordus créeront la mémoire du jean en Europe et certains deviendront collectionneurs ou marchands.
Aux Etats-Unis, une période de rigueur morale et d'ostracisme s'ouvre avec le Maccarthysme.
Le jean est mal vu. Il devient même synonyme de débauche de la jeunesse et est purement et simplement interdit dans de nombreuses écoles.
Le cinéma, reflet s'il en est, de l'esprit américain, va transcender cette situation paradoxale, et donner à la jeunesse un héros vêtu en jean. James Dean crève les écrans dans "La fureur de vivre" et devient une star en LEVI'S dans "Géant". Les jeunes s'identifient aussitôt à son personnage. Sa mort, subite et tragique sacralise son image.
Dès lors, la porte est ouverte dans le Septième Art, à la rébellion, à l'affirmation de la différence.
L'EQUIPEE SAUVAGE
Marlon Brando, dans "l'Equipée Sauvage", guide sa bande, bardé de cuir et vêtu de jean. Elvis Presley et les autres grandes stars de la première vague rock s'affichent volontiers eux aussi, en jeans.
Dans "On the road" de Kerouac le livre culte de la "béat génération" naissante, le voyage se fait à nouveau vers l'Ouest avec comme bagage le vêtement libre des pionniers, le jean.
L'Ouest, le vrai, est bien là dans l'inconscient collectif de l'Amérique et surtout de sa jeunesse. Même si la conquête est achevée et si cette fin laisse un goût amer comme le montrent si bien "les Misfits" de John Huston et les jeans à la dérive de Marilyn Monroe, Clark Gable, et Monty Clift, elle existe dans les légendes qu'elle a transmises.
Les publicités de LEVI'S dans les années 50 insistent volontiers sur cette tradition et cette continuité de l'appartenance à l'univers western.
Parallèlement, la lutte des noirs pour les droits civiques met, elle aussi, le jean en valeur. De nombreux manifestants en portent lors des spectaculaires sit-in du début des années 60, par révolte, mais aussi pour signifier leur appartenance à la société américaine.
L'explosion du jean aux Etats-Unis vient de cette tradition de refus et d'identification !
Au milieu des années 60, le mouvement hippie colonise San Francisco, expression d'un retour aux sources, et la révolte étudiante embrase les universités.
La télévision impose des images de jeunes gens en colère souvent vêtus en jean de pied en cap, narguant la garde nationale autour du Pentagone, ou s'amassant dans les concerts de musique Pop, tels que Woodstock.
LE JEAN CONQUERANT
En 1968, la France et l'Europe prennent le relais.
Le jean et les cheveux longs envahissent le Quartier Latin, Londres, Berlin ou Rome, et bientôt sur tous les campus universitaires du monde, quand ils ne sont pas radicalement interdits comme dans la plupart des pays communistes d'alors, où ils sont paradoxalement considérés comme un symbole de la dégénérescence capitaliste.
Le jean devient un tel phénomène de masse et un si manifeste moyen d'expression, que la mode se penche enfin sur son existence et les intellectuels sur sa signification.
Marshall Mac Luhan s'écrie : "Les jeans sont un soufflet et un cri de rage contre l'establishment", pendant que des créateurs du monde entier planchent sur son apparence et produisent une infinité de dérivés ou de succédanés du pantalon de LEVI STRAUSS.
Baudrillard pourra bientôt dire "On ne peut échapper à la mode, puisque la mode elle même fait du refus de mode un trait de mode. Le blue jean en est le meilleur exemple".
La publicité de LEVI STRAUSS dans ces années de développement prodigieux et turbulent a le mérite d'essayer de "coller" au mouvement irrépressible qui fait basculer les valeurs morales, même si elle garde évidemment ses distances avec les aspects les plus ravageurs ou émancipateurs de la contestation. Le message n'est pas axé sur une simple présentation de mode derrière laquelle se retrancheront d'autres marques en attendant que l'orage se calme.
De 1967 à 1975, LEVI'S développe des campagnes où l'insolence, la provocation, le saugrenu, sont de mise et qui mettent en scène non pas des jeans, mais des manifestes, des situations, des fantasmes... liés au jean.
Aux Etats-Unis on fait beaucoup appel au psychédélisme, au Pop Art ou au détournement pur et simple (le plus célèbre restant Nixon et Mao à bicyclette).
En France, les hippies de "Hair" sont à l'affiche. On voit aussi le Christ et ses apôtres tous auréolés de jeans LEVI'S !
LEVI'S devient même "écolo" avant l'heure, en proposant une magnifique affiche montrant la place dela Concordeenvahie d'herbe tendre et parsemée de doux baba cools.
Tout cela n'empêche pas, simultanément, des images western de faire leurs continuelles réapparitions et des campagnes beaucoup plus classiques, d'amorcer ce que l'universelle conquête du jean laisse prévoir : l'assimilation par tous les âges, toutes les couches sociales, et tous les systèmes.
LE JEAN UNIVERSEL
La véritable démocratisation du jean vient du fait que ceux qui le portaient par refus, ne refusent pas de le porter... quand tout un chacun y prend goût.
Dès le milieu des années soixante-dix, le jean apparaît comme un attribut nécessaire à toute garde-robe et chacun en fait ce que bon lui semble.
Certains continuent à l'user, et même à le déchirer, à le saccager, dans une marginalisation revendiquée dont la mode s'emparera. D'autres estiment, qu'il est de leur droit de le porter de n'importe quelle manière et jusque dans les endroits les plus distingués.
D'autres encore le soignent tout particulièrement et s'entichent des modèles les plus prestigieux ; le "501" apparaissant désormais comme le nec plus ultra de toute la gamme des jeans.
On peut dès lors, tout dire sur le jean et tout lui faire dire, il n'appartient plus à l'histoire, mais bien au domaine du Mythe.
Les stars de la musique mettent plus particulièrement en valeur cette nature mythique. Bruce Springsteen fait d'un LEVI'S 501 le fleuron de la pochette du légendaire "Born in U.S.A.", et David Bowie lui dédie le fameux "Blue Jean". Plus récemment des groupes comme "Wet Wet Wet". ou "Texas" en ont fait un symbole de leur look.
En France, Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Renaud, se montrent systématiquement en jean et soulignent sa distinction comme vêtement culte. Le jean peut-être banalisé, uniformisé, il reste toujours, au fond, entièrement libre.
Cela a été bien compris dans les pays de l'Est où, d'après une étude datant de peu avant l'émancipation de 1989 le jean était considéré, dans l'échelle symbolique des biens occidentaux, comme venant juste après les voitures ou le mobilier mais bien avant la télévision, la chaîne stéréo, le coca cola ou le chewing gum.
Lors de la chute du mur de Berlin, d'un côté des peintres en jean achevaient fébrilement d'embellir les derniers mètres carrés disponibles, de l'autre des foules en jean, s'apprêtaient à les rejoindre.
Le jean a encore un bel avenir devant lui. Ce n'est pas être optimiste que de penser que ces cent cinquante premières années furent son enfance et son adolescence. Le voilà en pleine jeunesse, riche de toutes ses possibilités, pas encore assagi et tout à fait lucide.
De nouvelles frontières s'offrent à lui : la légende ne demande qu'à s'enrichir, le mythe à se fortifier.
Jean, symbole d'une meilleure relation de l'homme et de la nature, porte-drapeau des aspirations à une authentique harmonie planétaire, jean de l'espace et du temps, se préparant à la conquête spatiale, où contribuant à enrichir notre mémoire.
Quelques dates : 1829 Naissance de Levi Strauss à Buttenheim, Allemagne. 1853 A l’âge de 24 ans, Levi Strauss devient citoyen des Etats Unis et part à San Francisco faire fortune pendant la ruée vers l’or en Californie... pas comme orpailleur mais pour vendre des marchandises aux chercheurs d’or. Au mois de mars, il arrive à San Francisco et fonde une petite entreprise de passementerie dans California Street. 1872 Jacob Davis, tailleur de Reno, raconte à Levi son idée de renforcer les endroits exposés aux déchirures par des rivets dans les pantalons qu’il produit. Il veut breveter son innovation, pourtant il n’a pas les 68 dollars exigés et cherche un collaborateur. Levi s’aperçoit du potentiel du nouveau produit et consent à la proposition de Jacob. 1873 Le 20 mai, Levi Strauss et Jacob Davis reçoivent le brevet № 139,121 pour le procédé de pose de rivets. Cette date est considérée comme la naissance officielle des blue jeans. Les pantalons possèdent une poche arrière, décorée d’une couture en V, un gousset pour la montre, une ceinture et des boutons pour les bretelles. 1886 Pour la première fois, l’impression graphique des deux chevaux est utilisée sur les bleus de travail.. 1890 Pour la première fois, les produits vestimentaires reçoivent des numéros de série. les fameux jeans aux rivets en cuivre reçoivent le numéro « 501 ». 1897 Levi Strauss fonde 28 bourses d’études à l’Université de Californie à Berkeley. Les bourses sont encore attribuées aujourd’hui. Il subventionne également l’École pour les Sourds de Californie (California School for the Deaf) de même que d’autres organisations locales de bienfaisance. 1901 Une autre poche arrière apparaît sur les « waist overalls ». 1902 Levi Strauss meurt le 27 septembre à l’âge de 73 ans. Le jour de son enterrement, les entreprises locales stoppent le travail pendant quelques heures. Les travailleurs escortent le cercueil jusqu’à la gare de chemin de fer d’où il est transporté au cimetière Hills of Eternity à Colma, au sud de San Francisco. Ses neveux héritent de son entreprise. 1906 Le 18 avril, un tremblement de terre à San Francisco et des incendies détruisent le siège de la société Levi Strauss & Co. de même que deux usines. Les employés continuent à recevoir leurs salaires et, pour leur donner des emplois, un siège social temporaire est ouvert. L’année suivante, une nouvelle usine et un siège social sont construits à San Francisco. 1915 LS&CO reçoit un prix pour « ses bleus de travail » pendant l’exposition internationale de Panama Pacific à San Francisco. L’entreprise commence à acheter du tissu en jean venant de Cone Mills en Caroline du Nord. 1918 Les„Freedom-Alls” sont introduits sur le marché : des vêtements de travail brevetés et des vêtement de loisirs pour les femmes. 1920 Le prix du coton baisse sensiblement, grâce à quoi, les produits en jean sont meilleur marché. Malgré cela, Walter Haas Sr. (neveux de Levi Strauss) continue à maintenir le budget publicitaire à 25 000 dollars car son intuition lui dit que la publicité (sous forme d’affiches et de marques peintes) est une des clés du succès des «bleus de travail ». 1922 Les passants tunnel sont ajoutés aux pantalons, les boutons pour les brettelles sont conservés.. LS&CO achète exclusivement le tissu en jean de Cone Mills. 1926 Les employés de l’usine rue Valencia reçoivent des primes, c’est probablement une première dans la branche vestimentaire. 1927 Cone Mills élabore un tissu « 01 » à partir d’une toile denim de 10 oz. (environ 300g) 1928 L’entreprise enregistre le mot Levi's® en tant que marque déposée. 1930 Début de la grande crise. Les employés de l’usine travaillent en « courte semaine de travail » pour éviter des licenciements. La firme prend le cowboy comme symbole de l’image de la société. Les jeans sont toujours considérés comme des vêtements de travail, il existe pourtant des connotations plus émotionnelles liées à la silhouette romantique du cow-boy. 1933 Les jeans 501® de cette époque possèdent des passants tunnel, des boutons pour les bretelles et une ceinture. 1935 LS&CO lance Lady Levi's®, la première ligne pour femmes. Les vêtements pour femmes de la marque Levi’s® sont présentés sur la couverture de « Vogue Magazine ». 1936 Une étiquette rouge apparaît près de la poche arrière droite. Le mot « Levi’s » est brodé avec du fil blanc en majuscules. 1937 Les poches arrière sont surcousues de façon à couvrir les rivets : résultat des plaintes des clients chez qui les rivets ont provoqué des fentes sur les meubles et dans les selles. Les boutons de brettelles disparaissent. 1939 Les jeans changent effectivement des principes fixés par le Conseil de Production de Guerre. Un rivet à l’entrejambe et la ceinture sont supprimés, pour ne pas gaspiller le tissu et le métal (il existe aussi une histoire racontant que les cowboys se plaignaient que le rivet de la braguette s’échauffait trop quand ils s’accroupissaient près du feu!). 1940 Les soldats américains portent des jeans Levi's®, des T-shirts et des vestes courtes, pour la première fois, ils présentent ces articles aux yeux du monde. Les travailleurs afro-américains des usines de la société en Californie travaillent avec les Blancs, longtemps avant le lancement de la politique d’intégration. 1944 Suite aux restrictions de guerre, les décors en forme de V sont supprimés parce que leur fonction était uniquement décorative et elles n’étaient pas significatives pour l’utilisation des vêtements. Pour maintenir les décors sur les poches, les travailleurs de LS&CO les peignaient à la main sur chaque pantalon! 1948 Levi Strauss & Co. quitte l’activité de gros pour se concentrer sur la fabrication de ses propres produits. 1950 Les blue jeans changent de statut pas à pas– ils passent d’un état de vêtement de travail à un symbole de révolte. Pour les beatniks (les représentants de Beat Generation), et notamment Jack Kerouac, les jeans, les lunettes de soleil et le blouson noir sont devenus un symbole de non-conformisme. Cet élément de contestation est porté par un Marlon Brando révolté dans le film « L'Equipée sauvage » (« The Wild One ») de 1953. 1952 Une Fondation Levi Strauss est créée pour coordonner l’activité caritative de la société. 1954 Une version de jeans avec une fermeture éclair est lancée le« 501® ». Les lignes « Lighter Blues » et « Denim Family » marquent le début de la firme dans la production de vêtements sportifs. Un colonel de la base américaine en Allemagne défend aux femmes des soldats de porter des jeans car, à son avis, cela ne donne pas une bonne image de marque des États Unis... 1955 Le mot « LEVI'S » est brodé des deux côtés de l’étiquette rouge (Red Tab®). Pour broder le décor en V sur les poches, on utilise des machines avec deux aiguilles, grâce auxquelles, on conçoit l’effet diamant » et, pour la première fois, chaque V a précisément la même forme. 1956 Le patch en cuir véritable est remplacé par une imitation cuir en raison de l’augmentation du prix du cuir naturel. 1959 Les jeans Levi's® sont présentés pendant l’exposition de l’industrie vestimentaire américaine (« American Fashion Industries Presentation ») à Moscou. La société commence à exporter ses vêtements en Europe. 1960 LS&CO ouvre la première usine au sud des États Unis, à Blackstone, dans l’état de Virginie. L’entreprise, dès le début, insiste sur l’intégration des races. Cela a lieu avant le lancement officiel de la déségrégation obligatoire dans le cadre du droit fédéral. Le mot « overall»(bleu de travail) est remplacé par « jeans » dans toutes les publicités. 1962 Un blouson en jean emblématique le Type 3 est lancé – connu comme le 557 – il devient le modèle de tous les blousons en jean. L’usine Levi Strauss & Co. Europe est fondée. 1963 Début des jeans délavés Levi's®. 1964 Les nouveaux pantalons Sta Prest® sont lancés– les premiers pantalons à pinces. 1965 Levi Strauss International et Levi Strauss Far East sont fondés, marquant le début de l’expansion de la société en Europe et en Asie. 1966 La télévision présente le premier spot de publicité des jeans Levi's®. C’est probablement la première publicité télé des vêtements! 1967 Le jean slim le plus élaboré est lancé, le 505®. Les rivets sur les poches arrières sont remplacés par des clous décoratifs. Le groupe de Rock The Jefferson Airplane lance les publicités radio des Levi's ® en stretch et les White Levi's® aux cinq poches en diagonale. 1968 La société lance une collection séparée de vêtements pour femmes : Levi's® For Girls. Le Département des Affaires Sociales est fondé pour formaliser l’activité philanthropique de la société. 1969 Le concert à Woodstock est organisé. Parmi les spectateurs, il y a un grand nombre de paires de jeans Levi's®! Levi Strauss & Co. lance la collection des pantalons très évasés, « pattes d’éléphants ». 1970 Dans les années 70, les jeans deviennent de plus en plus à la mode, de même que les publicités de la marque Levi's® – information reçue par notre agence de pub: « Un changement stratégique de la réalité » – regarde le futur! Velours côtelé et polyester disparaissent de la collection des articles de la firme. Au siège social de l’entreprise, les premiers groupes d’engagement sociaux sont créés. 1971 Le mot « Levi's » sur l’étiquette rouge est brodé avec un « ® » minuscule. Levi Strauss Japan est fondé. La couverture de l’album du groupe Rolling Stones « Sticky Fingers », projet de Andy Warhol, présente Mick Jagger en jeans Levi’s avec braguette zippée. Sur la première édition des couvertures, il y a une vraie fermeture éclair! 1974 Levi Strauss & Co. sponsorise « Denim Art Contest » (Concours de l’Art du Jeans), invitant les clients à envoyer les photos des « jeans décorés ». Il en arrive 2000. Les jeans vainqueurs sont présentés dans des musées américains et certains d’entre eux sont achetés par Levi Strauss & Co. Pour les archives de la société. („Levi's® Denim Art Contest”, Squarebooks en 1974) 1981 Une version des jeans Levi's® 501® pour femmes est lancée et une publicité passe à la télé avec « Travis ». 1983 Cone Mills commence à lancer le jeans XXX grâce à l’utilisation de métiers à tisser plus large (60 pouces). Au siège de la société, des groupes de secours pour les malades du SIDA sont organisés. Le premier magasin Original Levi's® ouvre en Europe (Espagne). Huit ans plus tard, en Europe, il y en a déjà 527. 1984 LS&CO habille la délégation américaine pour les jeux olympiques. Bruce Springsteen présente une paire des jeans 501® sur la couverture du disque « Born in The USA ». Bob Haas, arrière-neveu de Levi Strauss, devient le président et le directeur général de la société. 1985 La publicité « Laundrette » a pour conséquence une augmentation rapide de vente des jeans Levi's® 501® en Europe et détermine le style d’habillement des jeunes gens - mélange de l’esprit américain teinté de nostalgie et de romantisme. La manière de faire les pubs pour les jeans change définitivement. 1991 Le « Project Change » est fondé – une initiative ayant pour but de lutter contre le racisme institutionnel dans la population de LS&CO. A Columbus, état d’Ohio, le premier magasin Original Levi's® est ouvert. 1992 Etant donné l’intérêt porté aux jeans classiques Levi's®, LS&CO lance les jeans « Capital E » aux États Unis. Cela a lieu après le succès du modèle classique lancé auparavant par Levi Strauss Japan. 1993 Levi Strauss & Co. sponsorise le concours ayant pour but de retrouver la paire la plus vielle de jeans Levi's®. « Le vainqueur » vient de la fin des années 1920. LS&CO remporte le prix « Excellence in Ethics » (pour des acquis remarquables en éthique) du magasin « Business Ethics ». Les bureaux LS&CO en Europe aident à rembourser les coûts du photo-reportage concernant la vie des malades du SIDA. 1994 Les magasins Original Levi's® Stores du monde entier prennent part au Jour de Lutte contre le SIDA. 1995 Carl von Buskirk, le président de LS Europe, signe le statut certifiant que la société ne discrimine pas et ne discriminera jamais les employés séropositifs ou malade du SIDA. 1996 Les vêtements de série Levi's® Vintage sont mis sur le marché dans le monde entier. LVC est une ligne de reproductions authentiques de vêtements venant des archives de Levi Strauss & Co.. Le Centre Martin Luther King Jr. pour les Changements Sociaux sans violence (Martin Luther King Jr. Center for Non-violent Social Chang) accorde à LS&CO le « Prix du Management». 1998 LS&CO célèbre le 125ème anniversaire de l’invention des jeans (1873). 1999 La marque élargit la portée de son engagement en musique à travers la tournée de concerts de Lauryn Hill „Miseducation”, Basement Jaxx, Jamiroquai, Massive Attack et l’édition américaine des Video Music Awards de MTV. En Europe, une ligne Levi's® Sta-Prest® est relancée et la pub est faite par une petite marionnette jaune qui s’appelle Flat Eric. Bob Haas devient le président du Conseil d’administration. 2000 « Time Magazine » appelle les jeans 501® « le vêtement du XXème siècle ». Les Levi's® Engineered Jeans® sont lancés sur le marché. Levi's® ICD+™: la première ligne de vêtements intelligents au niveau mondial. Levi Strauss & Co. sponsorise la tournée de D'Angelo et de Christina Aguilera aux États Unis. En Europe, la marque Levi's® fait la promotion de la tournée du groupe Primal Scream. 2001 Levi Strauss & Co. achète la plus vieille paire de jeans du monde pour une somme record de 46 532 dollars et la ligne Levi's® Vintage en fait la reproduction dans une édition limitée. Les jeans sont appelés « The Nevada Jean ». La marque Levi's® sponsorise la tournée européenne du groupe Outkast. 2003 Levi Strauss & Co. célèbre le 150ème anniversaire de la création de la société et le 130ème anniversaire de l’invention des blue jeans par Levi Strauss et Jacob Davis. En février, la ligne des jeans Levi's® Type 1™– une interprétation moderne des vêtements cultes en jeans créés il y a 130 ans – est lancée sur le marché mondial. 2003 Le prix de « Levi's® Digital Art» est fondé. Les grandes écoles de design reçoivent des instructions pour « interpréter l’esprit des jeans 501® tout en créant une oeuvre originale pour la publier sur Internet ». Les œuvres sélectionnées sont présentées sur le site eu.levi.com où le grand public peut voter pour le vainqueur. Le vainqueur de l’édition 2003 du concours est Ka Key Ng de l’Institut d’Art et de Design du Surrey en Grande Bretagne. 2010 Levi's® lance Levi's® Curve ID, trois coupes révolutionnaires pour les femmes qui sont conçues autour des formes du corps féminin et sont basées sur des recherches indépendantes mondiales sur 60 000 femmes.
Peu salissant, bon marché, qui ne se froisse pas et se bonifie en vieillissant, porté en même temps par plusieurs générations, le jean connaît un phénoménal succès mondial au point de devenir un vêtement mythique. « Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir inventé le jean » disait Yves Saint Laurent. Il n’est donc pas étonnant que chacun veuille s’approprier un petit bout de ses origines historiques, qui restent floues, même les archives de la compagnie Levi Strauss ont brûlé dans l’incendie qui a ravagé San Francisco après le grand tremblement de terre de 1906.
Le jean pourrait-il dater du XVIIe siècle ? J’ai d’abord cru au canular commercial, au stratagème publicitaire, d’autant que Marithé et François Girbaud, stylistes spécialistes du jean – et des campagnes publicitaires choc, rappelez-vous leur détournement « féministe » de La Cène de Léonard de Vinci – sont partenaires de l’exposition. Ce couple de stylistes passionnés par le jean, dont le nom est associé à bien des inventions créatives sur cette matière, sont en marge de l’événement pour promouvoir leur nouvelle technique révolutionnaire de délavage par laser du denim, le WattWash
Femme mendiant avec deux enfants ; à dr. Le Barbier par le Maître de la toile de jean, actif en Italie du Nord à la fin du XVIIe siècle
C’est donc très sérieusement que Gerlinde Gruber, commissaire de l'exposition à la galerie Canesso, historienne de l'art, conservateur des peintures du XVIIe et du XVIIIe siècle hollandais au Kunsthistorisches Museum de Vienne (Autriche), pose la question. Elle a étudié pendant plusieurs années les toiles de l'anonyme « maître de la toile de jean », qui au XVIIe siècle en Italie peint des vêtements dont certains sont d'une étoffe bleue (d’un bleu plus ou moins profond) à la trame composée de fils blancs, la structure typique de la toile de Gênes (qui peut être bleue, mais aussi d'une autre couleur, mais c'est le bleu qui semble avoir fasciné le peintre). On voit dans les jupes des paysannes ou les vestes des mendiants un tissu indigo, cousu de blanc, dont les déchirures révèlent le tissage épais, qui ressemble ma foi fort au jean actuel.
Femme cousant avec deux enfants, par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle
Femme cousant avec deux enfants (détail), par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle - photos Galerie Canesso
« Dans l'Italie de cette époque, ce tissu, produit à Gênes mais aussi à Milan, sert à fabriquer des vêtements destinés aux classes sociales les plus modestes » explique Gerlinde Gruber. « Pas cher et de bonne qualité, il s'exporte alors en dehors d'Italie ». On n’a bien sûr aujourd’hui aucun reste palpable des vêtements de ces mendiants et de ces paysans, portés jusqu'à l'extrême usure. Par ailleurs peu de documents écrits renseignent sur les exportations de cette toile robuste et épaisse d'Italie au XVIIe siècle, si ce n’est les comptes d’un tailleur anglais mentionnant cette provenance génoise.
Petit mendiant avec une part de tourte par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle photo Galerie Canesso
Veste en jean imprimée au laser, d’après le Petit mendiant avec une part de tourte du Maître de la toile de jean,Marithé et Jean-Pierre Girbaud
Pour l’occasion, Marithé et Jean Pierre Girbaud ont imprimé au laser, selon le nouveau procédé WattWash, le portrait du Petit mendiant avec une part de tourte de l’ainsi donc désormais nommé « maître de la toile de jean » sur une veste en jean, redonnant en quelque sorte une nouvelle vie à ce portrait d’enfant réalisé il y a quatre cents ans.
Alors le jean est-il nîmois, génois ou américain ? Fondées ou pas, ces origines italiennes ?
Pour ma part, quand on me raconte une belle histoire, de plus avec de si belles images, je ne demande qu’à y croire, cette fois c’est vraiment très réussi !
Ayant passé toute son enfance à Saint-Pétersbourg, Pierre-Karl suit ses parents qui déménagent à Dresde, en 1860, laissant l'entreprise familiale entre les mains de gestionnaires de confiance. À Dresde, Pierre-Karl suit des cours à l'Ecole des arts et métiers. En 1864, Pierre-Karl part pour réaliser un Grand Tour d'Europe.
Ces oeufs commandés par Alexandre III et Nicolas II étaient pour leurs épouses
respectivres Maria Féodorovna et Alexandra Fédéorovna
Il existe à peu près 50 oeufs
Il complète sa formation auprès d'orfèvres respectés en Allemagne, en France et en Angleterre, et découvre les objets exposés dans les galeries des plus grands musées d'Europe. Il poursuit son voyage d'étude jusqu'en 1872 lorsque, à l'âge de 26 ans, il revint à Saint-Pétersbourg et épouse Augusta Julia Jacobs. Pendant les dix années qui suivirent, l'artisan Hiskias Pendin, employé par son père, agit comme son mentor et tuteur.
À la suite de son père Gustav, Karl prend en main les destinées de la maison Fabergé en 1870. À cette époque, la société participe au catalogage, à la réparation et à la restauration des objets de l'Ermitage. En 1881, l'entreprise déménage à des locaux plus spacieux de plain-pied au 16/18, Bolshaya Morskaya.
À la mort de Hiskias Pendin en 1882, Pierre-Karl Fabergé est désormais seul pour gérer la société. Il reçoit le titre de Maître orfèvre, qui lui permet d'utiliser son propre poinçon en plus de celui de l'entreprise. La réputation de Pierre-Karl Fabergé était telle que le délai d'examen habituel de trois jours ne fut pas nécessaire à l'octroi de la distinction [réf. nécessaire]. Son frère, Agathon, un designer très talentueux et créatifs, rejoint l'entreprise depuis Dresde, où il avait également étudié à l'École des arts et métiers [réf. nécessaire]. La maison Fabergé diversifie sa production et commence à exécuter des objets fantaisie, pas seulement des bijoux.
Karl et Agathon font sensation à l'Exposition pan-russe qui se tient à Moscou en 1882. Karl y reçoit la médaille d'or de l'Exposition et la médaille de Saint-Stanislas. Au cours de cette exposition, Fabergé est remarqué par le TsarAlexandre III qui lui commande des boutons de manchettes en forme de cigales.
Une des pièces de Fabergé présentée lors de l'exposition était une réplique d'un bracelet en or du 4e siècle avant Jésus-Christ, faisant partie du trésor des Scythes exposé à l'Ermitage.
Le Tsar déclara qu'il ne pouvait pas distinguer le travail de Fabergé de l'original et ordonna que les objets par la Maison Fabergé soient présentés à l'Ermitage comme des exemples superbes de l'artisanat russe contemporain.
La firme fabriquait plus de 100 000 pièces en 1914
Il ouvre deux autres magasins, l'un à Moscou et l'autre à Odessa.
Le comité des employés de la coopérative K. Fabergé prendra la direction de la société à la suite de la Révolution russe de 1917. Karl quitte la Russie en septembre 1918.
Il est connu pour ses créations d'objets décoratifs raffinés : œufs, fleurs, bijoux, figurines, cadres, pendules, boîtes, etc.
En 1885, le tsar Alexandre III offre le premier Œuf de Pâques Fabergé à sa femme Marie Fiodorovna.
À première vue, cet œuf avait l'aspect d'un œuf ordinaire, en émail blanc, mais à l'intérieur se trouvait une surprise : une poule multicolore en or, avec à l'intérieur une couronne, et dans la couronne un petit œuf en rubis.
L'impératrice fut tellement ravie, que chaque année le tsar commandait pour elle un œuf à Pierre-Karl Fabergé.
À la mort d'Alexandre III en octobre 1894, son fils le Tsar Nicolas II, continue la tradition et commande deux oeufs à Fabergé, l'un pour sa jeune épouse, Alexandra Federova, et l'autre pour sa mère.
En tout 50 œufs impériaux furent exécutés, plus deux qui auraient dû être présentés en 1917 et qui ont disparu.
Dans la conception de ses œufs, Fabergé utilisait en priorité des pierres semi-précieuses de l'Oural, dont les plus caractéristiques sont la néphrite (sorte de jade vert), la bowenite (pierre vert clair à blanc), la rhodonite (rouge marbré de noir), mais aussi entre autres le cristal de roche et l'agate ; les émaux souvent guillochés de façon remarquable et les métaux nobles, dont l'or de quatre couleurs (jaune, blanc, rose et vert).
Il diversifie ses styles, beaucoup de « néo » : Rococo, Louis XVI, Empire, Renaissance, un peu d'art nouveau (l'œuf au muguet, quelques vases et plats) et dans la succursale de Moscou de style panslave.
Certaines pièces préfigurent de façon troublante l'art déco, voire le modernisme. Ses objets évoquent l'art de vivre de la dynastie des Romanov juste avant sa chute.
La parfumerie fait grand usage de bleu. Les parfums sont associés au bleu de même que les crèmes, les cosmétiques de toutes sortes et les produits pour le bain.
Parce que le bleu symbolise l’élégance (le bleu marine, ce faux noir) le rêve, et la pureté (l’eau), il est largement utilisé dans les campagnes publicitaires.Guerlain qui a choisi le bleu pour ses cordons d’emballage a donné du bleu à deux de ses parfums les plus anciens et les plus célèbres: l’Heure Bleue qui porte la couleur dans son nom même et Shalimar dont le flacon est orné d’un superbe bouchon bleu lapis.
L’Heure Bleue est, dit-on le parfum préféré des vieilles dames distinguées tandis que Shalimar aux accents orientaux s’accorde avec les nuits glamoureuses de l’hiver.
Parure, parfum des années 70 est couché dans un écrin bleu turquoise.
Le soleil s’est couché, la nuit pourtant n’est pas tombée. C’est l’heure suspendue… L’heure où l’homme se retrouve enfin en harmonie avec le monde et la lumière. A l’instant même où le soleil s’efface à l’horizon et que le ciel se teinte du velours de la nuit, «L'Heure Bleue» répand son atmosphère, l’indicible parfum des instants d’exception.
L’Heure Bleue est né en 1912 de cette sensation fugace qui a inspiré les peintres impressionnistes dont Jacques Guerlain collectionnait les œuvres. Jacques Guerlain imagine alors cette gerbe de roses adoucie d’iris, de violette et de vanille, qui évoque le moment dans la journée préféré de son créateur quand, dit-il, « la nuit n’a pas encore trouvé son étoile » et tous les éléments de la nature sont nimbés d’une lumière bleue.
Guerlain : L’Heure Bleue
On commence cette série de billets par un coup de coeur survenu lors de mes premiers pas dans le monde du parfum.
L’Heure Bleue est le parfum qui m’a réellement introduite à la maison Guerlain, bien plus que Shalimar ; en effet, le mythe Guerlain s’est cristallisé pour moi autour de cette fragrance. Elle se démarque des autres à mon nez, sans que je sache exactement dire pourquoi et sans que cela m’empêche d’aimer les autres. Peut-être la clé de l’énigme se trouve-t-elle dans le nom du parfum?
Créé en 1912 par Jacques Guerlain, il se serait inspiré de ce moment particulier de la journée où le soleil disparaît à l’horizon et où la lumière imprègne l’atmosphère d’un voile bleuté et pénétrant. Ce que l’on peut dire en tout cas, c’est que L’Heure Bleue transmet de l’émotion, n’est pas seulement un bel oriental poudré enveloppant… il a une profondeur pleine de mystère, il est doux, tendre et heureux.
Pour moi il évoque surtout la façon dont on se sent à une seconde précise : c’est comme une photographie de la manière dont on perçoit les éléments autour de soi, la capture d’une ambiance. Cependant L’Heure Bleue est un parfum, il est émotion instantanée et éphémère par essence. La sensation de ne pouvoir fixer le sentiment et le moment a valu à L’Heure Bleue une réputation de parfum triste et mélancolique. Comme s’il rappellait trop durement des souvenirs perdus, des époques lointaines… C’est pour moi tout l’inverse que suggère ce parfum : réconfort, tendresse, calme ; il nous transporte dans ces épisodes de tranquillité sereine qui nous envahissent lorsque l’on regarde le ciel au crépuscule. Et où l’on sourit du coin des lèvres en repensant à tout un tas de choses plaisantes en écoutant une musique douce… Vous entendez ?? …
L’Heure Bleue est un long manteau, dont les pans veloutés frôlent vos jambes, carressent votre cou, effleurent vos bras… Son empreinte est exceptionnelle et évidemment unique, le sillage est souple et la tenue remarquable.
J’adore son côté rétro (que l’on retrouve sur le flacon), qui rappellent l’époque des grands orientaux, ceux que l’on sait plus vraiment créer maintenant parce que devenus « trop » classiques. Sur le plan olfactif, L’Heure Bleue est un oriental-floral composé de : bergamote, anis, estragon, sauge, clou de girofle, rose, fleur d’oranger, oeillet, héliotrope, iris, vanille, musc. La première giclée est légèrement médicinale, car la présence des aromates et du clou de girofle est marquée en tête. Cet aspect me plaît mais devient rapidement amandé-poudré avec l’héliotrope, puis poivré-vanillé lorsque le clou de girofle revient et que l’oeillet apparaît. Ce parfum est plus balsamique que poudré pour moi, même si on ne peut pas manquer de relever sa douceur.
Il s’étire ensuite sur un interminable fond où s’entremêlent vanille, héliotrope, clou de girofle et oeillet (à noter que la note oeillet est obtenue à partir de l’eugénol, un des composants principal du clou de girofle).
Il a été injustement oublié et l’est encore aujourd’hui, au profit de Mitsouko et de Shalimar. Ce n’est peut être pas plus mal, car il est vrai qu’on le sent très peu aujourd’hui, et qu’il garde ainsi un peu de son précieux mystère. C’est mon Guerlain préféré et il est en bonne position dans mon Top 10 tout genres confondus. Malgré ce que l’on a pu lire ou entendre à la sortie d’Insolence, L’Heure Bleue n’a strictement rien à voir avec ce dernier, ni dans l’odeur, ni dans l’évocation, et n’avait nul besoin d’une absurde modernisation.
Voir aussi le billet de Now Smell This sur ce parfum (en anglais).
Comme celles de tout objet à fort pouvoir mythologique, les origines historiques du Jean restent entourées d'un certain mystère.
A cela
différentes raisons dont la principale tient sans doute à l'incendie qui, en 1906, lors du grand tremblement de terre de San Francisco, a détruit les archives de la firme Levi Strauss, créatrice du célèbre pantalon un demi-siècle plus tôt. C'est en effet au printemps 1853 que le jeune Levi Strauss (curieusement son prénom véritable demeure incertain), petit colporteur juif de New York, originaire de Bavière et âgé de vingt- quatre ans, arrive à San Francisco, où depuis 1849 la fièvre de l'or découvert dans la Sierra Nevada provoque un accroissement de population considérable.
Il apporte avec lui une grande quantité de toile de tente et des bâches pour chariots avec l'espoir de gagner convenablement sa vie. Mais les ventes se révèlent médiocres. Un pionnier lui explique que dans cette partie de la Californie on n'a pas tant besoin de toile de tente que de pantalons solides et fonctionnels. Le jeune Levi Strauss a alors l'idée de faire tailler des pantalons dans sa toile de tente. Le succès est immédiat, et le petit colporteur de New York devient confectionneur de prêt-à-porter et industriel du textile.
Il fonde avec son beau-frère une société qui ne cesse de croître au fil des années. Bien que celle-ci diversifie sa production, ce sont les salopettes (overalls) et les pantalons qui se vendent le mieux. Ceux-ci ne sont pas encore bleus mais de différents tons s'inscrivant entre le blanc cassé et le brun foncé.
Mais la toile de tente, si elle est très solide, constitue un tissu vraiment lourd, rêche et difficile à travailler. Entre 1860 et 1865, Levi Strauss a donc l'idée de la remplacer progressivement par du denim, tissu de serge importé d'Europe et teint à l'indigo. Le jean bleu est né.
L'origine de ce terme anglais denim est controversée. Il est possible qu'il s'agisse au départ d'une contraction de l'expression française « serge de Nîmes », étoffe faite de laine et de déchets de soie fabriquée dans la région de Nîmes depuis au moins le XVII siècle. Mais ce terme désigne aussi, à partir de la fin du siècle suivant, un tissu associant le lin et le coton, produit dans tout le Bas-Languedoc et exporté vers l'Angleterre. En outre, un beau drap de laine, produit sur les bords de la Méditerranée entre la Provence et le Roussillon, porte le nom occitan de nim.
Il est peut-être lui aussi à l'origine du mot denim. Tout cela reste incertain, le chauvinisme régional des auteurs ayant écrit sur ces questions ne facilitant pas la tâche des historiens du vêtement.
Quoi qu'il en soit, au début du XIXe siècle, c'est un tissu de coton très solide, teint a 1 indigo, qui porte en Angleterre et aux Etats-Unis d'Amérique le nom de denim ; il sert notamment à fabriquer les vêtements des mineurs, des ouvriers et des esclaves noirs. C est donc lui qui, à l'horizon des années 1860, remplace peu à peu le jean, étoffe dont Levi Strauss se servait jusque-là pour tailler ses pantalons et ses salopettes.
Ce mot jean correspond a la transcription phonétique du terme italo-anglais genoese, qui signifie tout simplement « de Gènes ». La toile de tente et de bâche dont se servait le jeune Levi Strauss appartenait en effet a une famille de tissus autrefois originaires de Gènes et de sa région; faits d'abord d'un mélange de laine et de lin, plus tard de lin et de coton, ils servaient à fabriquer, depuis le XVIe siècle, des voiles de navire, des pantalons de marin, des toiles de tente et des bâches de toutes sortes.
À San Francisco, le pantalon Levi Strauss par une sorte de métonymie, avait pris dès les années 1853-1855 le nom de son matériau : jean. Lorsqu'une dizaine d'années plus tard ce matériau changea, le nom resta. Les jeans furent désormais taillés dans du denim et non plus dans de la toile de Gênes, mais leur nom ne fut pas changé pour autant.
Un vêtement de travail :
En 1872, Levi Strauss s'associa avec un tailleur juif de Reno, Jacob W. Davis, qui deux ans plus tôt avait imaginé de confectionner des pantalons pour bûcherons ayant sur l'arrière des poches fixées au moyen de rivets. Bien que l'expression blue jeans ne fasse son apparition commerciale qu'en 1920, les jeans Levi Strauss, dès les années 1870, étaient tous de couleur bleue, car le coton denim était teint à l'indigo. Il était trop épais pour absorber totalement et définitivement toute la matière colorante, si bien qu'il ne pouvait être garanti « grand teint ». Mais c'est justement cette instabilité de la teinture qui fit son succès : la couleur apparaissait comme une matière vivante, évoluant en même temps que le porteur du pantalon ou de la salopette. Quelques décennies plus tard, lorsque les progrès de la chimie des colorants permirent de teindre à l'indigo n'importe quelle étoffe de manière solide et uniforme, les firmes productrices de jeans durent blanchir ou décolorer artificiellement leurs pantalons bleus afin de retrouver la tonalité délavée des origines.
À partir de 1890, en effet, la patente juridico-commerciale qui protégeait les jeans de la firme Levi Strauss prit fin. Des marques concurrentes virent le jour qui proposèrent des pantalons taillés dans un tissu moins épais et vendus moins cher. La firme Lee, créée en 1911, eut l'idée de remplacer les boutons de braguette par une fermeture Éclair en 1926.
Mais c'est la firme Elue Bell (devenue Wrangler en 1947) qui, à par tir de 1919, fit la plus forte concurrence aux jeans Levi Strauss. Par réaction, la puissante firme de San Francisco (dont le fondateur était mort milliardaire en 1902) créa le « Levi's 50l»,taillé dans un coton denim double et gardant fidèlement les rivets et les boutons métalliques. En 1936, pour éviter toute confusion avec des marques concurrentes, une petite étiquette rouge portant le nom de la marque fut cousue le long de la poche arrière droite de tous les authentiques jeans Levi Strauss. C'était la première fois qu'un nom de marque s'affichait de manière ostensible sur la partie extérieure d'un vêtement.
Marilyn Monroe, 1953
Un vêtement de loisirs :
Entre-temps, le jean avait cessé d'être seulement un vêtement de travail. C'était devenu aussi un vêtement de loisirs et de vacances, notamment pour la riche société de l'est des Etats-Unis venant passer ses vacances à l'ouest et voulant y jouer aux cow-boy et aux pionniers. En 1935, la luxueuse revue Vogue accueillit sa première publicité pour ces jeans « bon genre ».
En même temps, sur certains campus universitaires, le jean était adopté par des étudiants, notamment ceux de deuxième année qui s'efforcèrent pendant un temps d'en interdire le port aux« bizuths » de première année. Le jeans devenait un vêtement de jeunes et de citadins, plus tard de femmes. Après la seconde guerre mondiale sa vogue toucha l'Europe occidentale.
On s'approvisionna d'abord dans les« stocks américains », puis les différents fabricants installèrent leurs usines en Europe même. Entre 1950 et 1975, une partie de la jeunesse se mit progressivement à porter des jeans. Les sociologues virent dans ce phénomène, largement relayé (sinon manipulé) par la publicité, un authentique fait de société, un vêtement androgyne, un emblème de contestation ou de la révolte des jeunes. Toutefois, à partir des années 1980, beaucoup de jeunes, en Occident, commencèrent à se détourner du jean au profit de vêtement de coupes différentes, taillés dans d'autres tissus de textures et de couleurs plus variés.
Sur les jeans, en effet, malgré des tentatives faites dans les années 1960 et 1970 pour diversifier les couleurs, le bleu et ses différentes nuances restaient et restent encore aujourd'hui nettement dominants.
Jane Birkin, 1972
Un vêtement contemporain :
Alors qu'en Europe occidentale le port du jeans était en recul (le fin du fin, à partir des années 1980, était de ne plus en porter), celui-ci devint dans les pays communistes (et aussi dans les pays en voie de développement, et même dans les pays musulmans) un vêtement contestataire, une ouverture vers l'Occident, ses libertés, ses modes, ses codes, ses systèmes de valeurs. Cela dit, si on tente un bilan, réduire l'histoire du jean à celle d'un vêtement libertaire ou contestataire est abusif, sinon faux. Sa couleur bleue le lui interdit. C'est à l'origine un vêtement de travail masculin, dont le port s'est étendu aux femmes puis à l'ensemble des classes et catégories sociales. A aucun moment, même dans les décennies les plus récentes, la jeunesse n'en a eu le monopole.
Quand on regarde les choses de près, c'est à dire quand on prend la peine de considérer l'ensemble des jeans portés en Amérique du Nord et en Europe entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXe, on s'aperçoit que le jean est un vêtement ordinaire, porté par des gens ordinaires, ne cherchant nullement à se mettre en valeur, à se rebeller, à transgresser quoi que ce soit, mais bien au contraire à porter un vêtement solide, sobre et confortable, voire à oublier qu'ils portent un vêtement. A la limite, on pourrait dire que c'est un vêtement protestant – même si son créateur est juif- tant il correspond à l'idéal vestimentaire véhiculé par les valeurs protestantes : simplicité des formes, austérité des couleurs, tentation de l'uniforme.
Dans les années 2000, après des années où le jean cédait devant la suprématie du jogging, il revint en force auréolé de nouveautés techniques : coutures tournantes, tissu élastiss, incrustations de dentelles ou autres, et motifs délavés imitant l'usure du vieux jean (moustache), impressions, etc... . Depuis, il n'a pas quitté nos penderies !
D'après Michel Pastoureau, dans « Bleu, histoire d'une couleur », Seuil
Le Bal de l'Ermitage de février 1903, dernier bal à la Cour des Romanov
Il y a plus de cent ans, toute la bonne société russe est conviée au dernier grand bal de Cour donné au palais impérial de Saint-Pétersbourg, aujourd'hui Musée de l'Ermitage. En souvenir du temps des boyards, les invités sont tenus de porter des costumes de l'ancienne Russie.
"Au cours de ma première saison dans le monde", relate la princesse Varvara Dolgorouky dans ses Souvenirs Au temps des Troïkas, "il y eut un bal en costumes anciens. Les invitations avaient été lancées longtemps à l’avance pour donner le temps de choisir et de préparer robes et habits. Ce fut un grand événement dans la vie de la société de Saint-Pétersbourg comme on n’en avait pas connu depuis très longtemps. On se mit à regarder les portraits de famille, à visiter les galeries de peintures, à étudier les gravures anciennes."
Le Palais d'hiver illuminé un soir de fête
L’activité fut grande dans les ateliers des costumes de théâtre, chez les tailleurs et les modistes. On fit venir de Moscou des tissus d’or et d’argent, brocarts et somptueux velours vénitiens. Des personnes se rendaient exprès à Moscou pour visiter une exposition consacrée aux vêtements, joyaux et étoffes de la Russie antérieure au 17ème siècle. Les hommes, mêmes les généraux au visage grave et les austères hommes d’Etat, attachaient autant d’importance à leur physique que les femmes.
"Au bal, les robes, sans décolleté, étaient relevées par l’ancienne coiffure russe, le kokoshnik, en forme de grande auréole, richement brodé d’or et d’argent et serti de pierres précieuses et joyaux de famille, souvent pesamment broché d’or. Les cheveux des dames mariées étaient cachés, tandis que ceux des jeunes filles étaient ramassés en deux longues tresses parfois entrelacées de rubans et perles. Le talent, le goût, le style de la fameuse couturière moscovite Lamanova étaient extraordinaires. Elle était le génie russe de l’élégance. Nul ne l’égalait, pas même sans doute, les grandes maisons de couture françaises," s’exclame Varvara Dolgorouki.
Les officiers des régiments de la Garde portaient des uniformes des régiments du 18ème siècle ou ceux de dignitaires de l’ancienne Cour de Moscou. "Les habits russes anciens faisaient revivre notre passé, au temps où les modes européennes ne s’étaient pas encore introduites en Russie," continue la princesse Dolgorouky. "L’Empereur avait grande allure en tsar de Moscou, vêtu de brocart écarlate, orné de fourrures et de joyaux. Il paraissait moins grand que son épouse, qui portait une tunique de drap d’or avec des broderies d’argent, et comme coiffure une sorte de mitre byzantine qui rehaussait encore sa taille."
Le tsar Nicolas II et son épouse en costume ancien. La robe de la tsarine est aujourd'hui conservée au musée de l'Ermitage.
Le clou du bal fut une danse russe qui avait donné lieu à des répétitions préalables, exécutées par vingt-quatre couples conduits par un jeune lieutenant du régiment des Chevaliers-Gardes et la comtesse Nadia Tolstoï. Varvara Dolgorouky se retrouve parmi le groupe de jeunes filles, triées sur le volet.
C’est la comtesse Betsy Chouvalov, maîtresse de maison incomparable et femme de grand goût, qui avait conçu l’idée de cette danse. Elle avait soigneusement choisi les exécutants parmi les plus gracieuses jeunes filles et les officiers des régiments de la Garde connus comme les danseurs les plus brillants des salons de Saint-Pétersbourg. "Je dois dire que notre apparition fit sensation, ce fut certainement un succès. La danse fut si bien exécutée qu’elle fut bissée sur le désir spécial de l’impératrice dont le visage, généralement grave, s’était éclairé d’un bienveillant sourire."
A la demande du maître des cérémonies de la Cour, les invités furent priés de se faire photographier dans leur costume d’époque afin de laisser un souvenir de l'événement. L’imprimerie d’Etat édita ensuite un album, tiré à quelques centaines d’exemplaires. Aujourd’hui, maigre trésor emmené en émigration, quelle est la famille russe qui n’a pas dans un tiroir des photos sur carton jauni de parents ou grands-parents en costume d’inspiration byzantine, souvenirs d’un temps à jamais révolu ?
Quelques jours plus tard, la fête fut reprise une deuxième fois au profit du corps diplomatique, dans une salle plus grande du Palais d’Hiver. Tous les représentants des pays étrangers et leurs familles étaient invités : ainsi les filles des ambassadeurs des pays d’Europe occidentale eurent-elles l’occasion unique de danser avec des nobles russes des siècles passés …
"Mais ce bal fut un glorieux chant du cygne," se souvient avec nostalgie la grande-duchesse Olga, soeur du tsar. "Un malheureux incident fut considéré comme un signe prémonitoire : le grand-duc Michel perdit, sans doute pendant une danse, un bijou de très grande valeur qu’il avait emprunté à sa mère pour le porter en aigrette sur sa cape de fourrure. Ce bijou avait appartenu au tsar Paul Ier et l’impératrice le portait très rarement. Nous fûmes tous au désespoir, car jamais on ne le retrouva ..."
"Après avoir dansé toute la nuit, lorsque l’orchestre de la Garde joua la dernière mesure, aucun convive ne sentit le rideau tomber définitivement. Plus jamais des fleurs ornèrent aussi massivement les salons du Palais d’Hiver, plus aucune musique de danse ne se joua sous ses lambris magnifiquement peints. Les temps de grandeur étaient passés. Il n’y eut plus jamais de bal au Palais d’Hiver !"
Nicolas van Outryve d'Ydewalle
Illustrations : ci-dessus, le comte Félix Soumarokov-Elston (1856-1928) et son épouse, la princesse Zénaïde Youssoupov (1861-1939), parents du prince Félix Youssoupov, l'assassin de Raspoutine. - ci-contre, la princesse Elisabeth Nicolaïevna Obolensky en fille de boyard du 17è siècle.
La cour de Russie était réputée pour sa magnificence. La fête bat son plein en ce 11 janvier 1903 dans la grande salle de bal du palais d’Hiver de Saint-Saint-Pétersbourg. Des milliers d’invités parmi les plus hauts dignitaires de la cour, dont le tsar Nicolas II et son épouse, Alexandra Feodorovna, dansent en costume traditionnel russe du XVIIème siècle.
Ils commémorent le célèbre bal qui s’est tenu 20 ans plus tôt. Mais l’élite de l’aristocratie impériale ne sait pas qu’il s’agit du dernier bal costumé des Romanov. Bientôt viendront les troubles de 1905, la Première Guerre mondiale, la révolution bolchevique et la fin de la monarchie. Ce bal a marqué les esprits !
L'album avec les photos du bal, commandé par l'impératrice Alexandra Feodorovna aux meilleurs photographes de Saint-Pétersbourg, y est surement pour beaucoup.
Tous les participants portaient des costumes inspirés de l'époque du deuxième tsar de la dynastie Romanov, Alexis Mikhaïlovitch (XVIIe siècle). Des costumes d'avant la réforme vestimentaire imposée par Pierre le Grand qui décidément a "européanisé" son pays de tous les points de vue. D'ailleurs, lorsqu'on voit ces costumes, on comprend mieux son envie de changement ! Pour le bal, les ateliers spécialisés ont produit brocarts et velours vénitiens, tissus d'or et d'argent. Les joyaux, pierres, perles, dentelles, broderies anciennes ont été largement utilisés...
Le Tsar Nicolas II dans le costume du Tsar Alexis Mikhaïlovitch.
L'impératrice Alexandra Fédorovna, née princesse d’Hesse-Darmstadt. Elle porte un costume inspiré de celui de la Tsarine Marie Ilinitchna Miloslavskaïa.
Le bal s'est déroulé en deux étapes: le 11 février a été organisée une "Soirée" avec concert, spectacle, dîner et bal. L'apogée de la fête, le bal costumé proprement dit, a eu lieu le 13. On écrit souvent que le bal avait lieu dans le palais d'Hiver, mais il faut y ajouter les autres palais adjacents: les "Ermitages" et le théâtre de l'Ermitage.
Le grand-duc Michel Alexandrovitch le frère de Nicolas II. Il est alors héritier du trône (il le restera jusqu'à la naissance du fils de Nicolas II l'année suivante). C'est surement pour cette raison qu'il porte un costume de tsarévitch du XVIIe siècle Le musée de l'Ermitage possède une dizaine de ces costumes et quelques accessoires. Ils proviennent bien sûr des palais nationalisés après le coup d'Etat de 1917.
La grande-duchesse Xénia Alexandrovna (1875-1960), la soeur de Nicolas II, en épouse de boyard (nom des anciens nobles).
Avec son mari, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch (1866-1933), en costume de fauconnier.
La grande-duchesse Marie Pavlovna née princesse de Mecklembourg-Schwerin (1854-1920), la tante de Nicolas II. En épouse de boyard de la fin du XVIIe.
Le fils de la précédente: le grand-duc Andreï Vladimirovitch (1879-1956), le cousin de Nicolas II, en habit de fauconnier.
Le grand-duc Serge Alexandrovitch (1857 - assassiné 1905), l'oncle de Nicolas II, en habit princier du XVIIe.
L'épouse du précédent (et soeur de l'impératrice): la grande-duchesse Elisabeth Fédorovna, née princesse de Hesse-Darmstadt (1864 - assassinée 1918). En habit princier.
La grande-duchesse Marie Guéorguievna, née princesse de Grèce (1876-1940), en paysanne de la ville de Torjok du temps d'Alexis Mikhaïlovitch.
Des représentants des plus grandes familles de l'aristocratie et de la noblesse étaient présents:
Zénaïda Nikolaïevna Youssoupova (1861-1939) en femme de boyard. Excellente danseuse, la ravissante princesse a fait sensation à ce bal. Sa seule "concurrente" en danse était peut-être son amie, la grande-duchesse Elisabeth Fédorovna (voir plus haut).
Avec son mari, le comte Félix Félixovitch Soumarokov-Elston, prince Youssoupov (1856-1928) en costume de boyard.
Maria Nikolaïevna Lopoukhina en épouse de boyard.
L'album avec les photos des participants a été publié en 1904. Il était principalement acheté par les participants eux-mêmes et l'argent était reversé à des oeuvres de bienfaisance. Il a été réédité pour le centenaire du bal, en 2003. Cette réédition fait partie du "fonds des cadeaux présidentiels" destiné à des personnalités russes et étrangères lors de diverses occasions et rencontres à haut niveau.
La princesse Elisabeth Nikolaïevna Obolenskaïa en fille de boyard du XVIIe.
La princesse Maria Pavlovna Tchavtchavadze, née Rodzianko (1876 ou 1877-1958) en épouse de boyard.
La princesse Olimpiada Alexandrovna Bariatinskaïa porte un habit paysan.
Le prince Konstantin Alexandrovitch Gortchakov (1841-1926) en boyard.
La comtesse Varvara Vassilievna Moussina-Pouchkina en épouse de boyard.
La princesse Nadejda Dmitrievna Bélosselskaïa-Bélozerskaïa (1847-1920) en épouse de Boyard
Même des personnes qui n'affectionnaient pas tellement les festivités de la vie mondaine pétersbourgeoise étaient présentes. Par exemple, la princesse Eléna Konstantinovna Kotchoubeï, née princesse Bélosselskaïa-Bélozerskaïa (1869-1944), qui porte l'habit d'une noble polonaise de la Petite Russie.
La comtesse Alexandra Dmitrievna Tolstoaïa, en épouse de Boyard
Le 10 août 1901, deux «misses» anglaises - Miss Moberly et Miss Jourdain - se promènent dans le parc de Trianon, après avoir visité le château de Versailles. L'après-midi est chaud et orageux, mais nos deux promeneuses se sentent cependant en excellente forme. Les voici parvenues au Grand Trianon. Elles le dépassent, le laissant à leur gauche, et rencontrent «une large allée verte parfaitement abandonnée». Elles la traversent et montent un sentier en face d'elles. C'est alors que commencent les étranges « visions ».
«Je fus surprise que Miss Jourdain ne demande pas le chemin à une femme qui secouait un vêtement blanc par la fenêtre d'une construction au coin du sentier, mais (la) suivis, supposant qu'elle savait où elle allait. »
Tout en bavardant, elles grimpent le sentier qui fait un coude aigu vers la droite, dès que sont dépassés quelques bâtiments. «Il y avait trois sentes devant nous, et comme nous vîmes deux hommes un peu en avant sur celle du centre, nous la suivîmes et nous leur demandâmes notre chemin. Plus tard, nous parlâmes d'eux comme de jardiniers, parce que nous nous souvenions d'une quelconque brouette (qui se trouvait) tout près, et de quelque chose qui ressemblait à une bêche pointue, mais c'étaient, en réalité, de très dignes fonctionnaires vêtus de longs habits d'un vert grisâtre, avec de petits chapeaux tricornes. Ils nous indiquèrent notre chemin tout droit. »
Les deux Anglaises reprennent vivement leur route, tout en devisant : « Mais depuis le moment où nous quittâmes le sentier, un extraordinaire abattement m'avait envahie, qui, en dépit de tous mes efforts pour le chasser, devenait de plus en plus profond. Il paraissait n'y avoir aucune raison à cela.»
Le sentier se termine, coupé par un autre, perpendiculaire. Devant nos deux promeneuses, un bois, et, dedans, ombragé par les arbres, un kiosque de jardin circulaire. A côté, un petit siège, avec un homme assis dessus.
Et, « soudain, tout parut non-naturel, et, en conséquence, déplaisant. Même les arbres, derrière la construction, semblaient être devenus plats et sans vie, comme un bois représenté sur une tapisserie ». De plus, il règne un silence absolu et impressionnant.
L'homme assis près du kiosque tourne la tête et regarde les deux femmes. Sa figure est repoussante, son expression odieuse. Miss Moberly se sent effrayée, et c'est pour elle un grand soulagement d'entendre quelqu'un courir dans leur direction, avec une hâte haletante. Elle pense aux jardiniers, ne découvre personne sur les sentiers, mais, presque au même moment, perçoit soudain un autre homme tout près d'elles, plutôt à leur gauche. Il a surgi de derrière un rocher qui bouche la vue à la jonction des sentiers. « La soudaineté de son apparition fut une espèce de choc. »
Le nouveau venu est visiblement un gentilhomme: haute taille, grands yeux sombres, cheveux noirs bouclés et large «sombrero», en un mot, un homme élégant. Mais sa figure est rouge, comme à la suite d'un gros effort, comme s'il avait parcouru une longue route. D'une voix pleine d'excitation, il interpelle les deux Anglaises: «Mesdames, Mesdames, il ne faut pas passer par là!» Il agite le bras et, toujours avec autant de vivacité: «Par ici, cherchez la maison. »
Suivant l'indication du gentilhomme, elles se dirigent vers un petit pont sur leur droite.
Miss Moberly, tournant la tête pour remercier leur guide, découvre, à sa grande surprise, qu'il n'est plus là, mais elle entend à nouveau le bruit de la course, et, «d'après le son, c'était tout près de nous». Fantôme sonore?... Un pont rustique, une cascade, un nouveau sentier sous les arbres, très sombre, et une sensation de tristesse...
Voici enfin la maison annoncée. Elle est entourée d'une terrasse sur les deux côtés. Au pied de la terrasse, une pelouse rustique, et, sur la pelouse, une dame assise, qui dessine.
«Je supposai qu'elle était en train de faire un croquis. (...) Elle nous vit et, lorsque nous passâmes non loin d'elle, à sa gauche, elle se retourna et nous regarda en plein. Ce n'était pas une figure jeune et, quoique plutôt jolie, elle ne m'attira pas. »
Son costume est étrange, aux yeux de la mode 1900, mais nos deux Anglaises n'y attachent guère d'importance. Elles montent à la terrasse, tandis que Miss Moberly commence à éprouver la sensation de s'avancer dans un rêve: «Le silence et l'oppression étaient si contraires à ce qui est naturel!...»
Un peu plus loin, se dirigeant vers un jardin à la française, arrive soudainement un jeune homme qui les interpelle en leur disant que le chemin pour aller vers la « maison », passe par la cour d'honneur. Il leur offre même de les guider. C'est - pense la narratrice - un valet de pied. Et de se retrouver près du premier sentier: elles sont toutes désorientées...
C'est enfin le retour dans Versailles. Elles n'ont, ni l'une, ni l'autre, envie de parler de leur «aventure». Et ce ne sera qu'au bout d'une semaine qu'elles l'évoqueront.
En narrant cet incident dans une lettre, Miss Moberly revoit les scènes du Petit Trianon, éprouve à nouveau la même sensation de rêve et d'oppression anormale. Elle s'arrête d'écrire et demande à Miss Jourdain : - Pensez-vous que le Petit Trianon est hanté ? - Oui, je le pense, répond l'autre sans la moindre hésitation. Alors, elles récapitulent tous les détails bizarres de leurs rencontres et les trouvent de plus en plus étranges. Mais elles sont en désaccord sur un point : Miss Jourdain n'a pas vu la dame qui dessinait. Nouvel élément de mystère et, rappelons-le, phénomène fréquent au cours des apparitions.
Les deux amies décident alors d'écrire, chacune de son côté, le récit de leur après-midi à Trianon. Relations qui, naturellement, ne concordent pas, et qui amèneront les deux femmes à entreprendre de longues et minutieuses recherches historiques et topographiques sur Versailles et sur Marie-Antoinette.
Miss Jourdain a, en effet, eu connaissance d'une tradition selon laquelle on verrait, un certain jour du mois d'août, la Reine assise sur le devant du jardin du Petit Trianon, avec un chapeau léger et une robe rosé. Mieux encore, on rencontrerait, aux alentours, des familiers de la Reine. Et ce jour serait précisément le 10 août, anniversaire de la chute de la royauté.
Detail of Madame de Lamballe reading to Marie Antoinette and her daughter by Joseph Caraud, 1858.
Miss Jourdain revient en France à l'occasion des fêtes de Noël et du Jour de l'An de 1902. (Elle est, comme son amie, Miss Moberly, enseignante dans un collège déjeunes filles.)
Elle retourne à Trianon, le 2 janvier, et elle éprouve la même sensation déprimante: «C'était comme si j'avais franchi une ligne et étais soudain dans une zone d'influence.» De nouvelles «visions» et même des «auditions» aussi étranges que celles de l'été précédent, ajoutent à son malaise.
Nouveau retour, en 1904, des deux misses. Cette fois, tout est normal; les sites et les aspects sont, d'ailleurs, différents... Elles ne peuvent que se documenter sur le Petit Trianon et acheter des livres et des plans du parc de Versailles.
En 1908, Miss Jourdain fait sa quatrième visite à Trianon, et elle y vit sa troisième aventure. Après avoir croisé deux femmes en train de se quereller et atteint le corps de gardes, elle ressent un changement indéfinissable: «J'eus le sentiment d'être entraînée dans un état de choses différent, bien qu'aussi réel », et toujours cette sensation déprimante, avec une difficulté de se mouvoir, comme dans certains cauchemars.
De toutes ces expériences involontaires, Miss Moberly et Miss Jourdain décident de faire un livre. Elles le publient chez Faber and Faber, en 1911, sous le titre fort simple de « An Adventure » (Une Aventure), sous les pseudonymes de Miss Morison et Miss Lamont. C'est un succès immédiat... et durable.
Mais les «fantômes de Trianon» n'ont pas fini de défrayer la chronique. Ils vont se montrer à d'autres: des Américains, les Crookes, au mois de juillet 1908; deux autres Anglaises, en 1928; et un couple de Londoniens en 1955, avec des variations dans les détails, mais toujours avec des costumes de l'Ancien Régime, et parfois accompagnés par cette atmosphère d'oppression, qui a tant frappé nos deux premières héroïnes.
Les sceptiques répondent aussitôt: «Mystification!» Or, elle paraît des plus improbables, cette hypothèse du canular: ces «demoiselles » anglaises, professeurs, et on ne peut plus sérieuses - l'une a 38 ans et l'autre 55 - ne passaient pas pour des fantaisistes.
De plus, elles ont attendu, pour publier le récit de leurs aventures versaillaises, dix longues années, employées à se documenter, à rechercher des témoignages et des preuves.
«Alors, répliquent, sans se démonter, les sceptiques, elles ont été victimes d'hallucinations. »
Passe pour la première fois, mais la répétition de phénomènes à peu près semblables, et non seulement chez Miss Moberly et chez Miss Jourdain, mais chez d'autres personnes - dont certaines ignoraient la «tradition» du 10 août, ainsi que le livre de nos deux Anglaises - cette répétition à des moments variés de l'année, et durant plus d'un demi-siècle, nous paraît relever d'une autre cause que l'hallucination pure et simple, d'une autre cause encore que la suggestion par des hypnotiseurs en veine d'amusement, ou qu'une mise en scène montée par des plaisantins.
Il faut donc chercher une autre explication, peut-être du côté de cette étrange sensation de «dépression», signalée dans plusieurs témoignages sur l'affaire de Trianon.
Il est un peu simpliste d'alléguer le temps lourd et orageux, assez banal pendant la saison d'été. Mais on peut déplacer la question sur un orage magnétique, et rappeler aussi qu'il règne parfois, aux alentours du Trianon, des conditions atmosphériques inhabituelles, lesquelles pourraient provenir, non du ciel, mais de la terre, mais des courants telluriques, ces courants qui auraient peut-être fait choisir Versailles par Louis XIV, pour y édifier sa ville royale. Et cette atmosphère spéciale pourrait déclencher, chez certaines personnes - des Anglo-Saxons, en l'occurrence - des hallucinations.
Mais pourquoi ces hallucinations ont-elles toutes porté - entre 1901 et 1955 - sur une seule, sur une certaine période - celle de la fin du temps de la «douceur de vivre» - et sur une femme mystérieuse, en train de dessiner, qui fait songer à la Reine Marie-Antoinette ? Evidemment parce que le souvenir de celle-ci est lié au Petit Trianon et au Hameau. Pourtant, si l'on applique à ces manifestations paranormales, les lois habituelles en télépathie, de l'agent émetteur et du percipient récepteur, on trouve les percipients, mais on se demande où sont les agents.
Faut-il donc admettre des agents morts depuis longtemps, ayant laissé dans les parages du Trianon, où ils ont jadis vécu, une influence qui, dans certaines conditions, telluriques ou atmosphériques, ou d'un autre ordre que nous ignorons, possède la capacité de déclencher des phénomènes paranormaux chez des visiteurs postérieurs, évidemment doués des qualités des percipients ?
Cette imprégnation, cette influence, laissées par des morts, ne doivent pas être confondues avec la théorie spirite de la survie des désincarnés. Ce n'est pas un «fantôme», mais une simple trace, un vague souvenir audible et visible, une sorte de radiation de corps radioactif pas tout à fait désintégré, comme le laissent supposer les découvertes assez récentes du R.P. Pellegrino, parvenu à mettre au point et à construire une sorte de récepteur TV du passé. Il existe des êtres humains capables de capter les images et les sons des temps révolus: ce sont les voyants, dont quelques-uns «voient» aussi le futur. Et ce sont peut-être de ces voyants qui ont assisté aux fantasmagories de Trianon.
Et si ces fantômes étaient, tout simplement, de véritables fantômes, comme ceux dont nous parle le spiritisme : le fantôme de Marie-Antoinette et ceux de quelques personnes de son entourage, continuant à hanter les lieux qui leur furent chers, dans les dernières années où il faisait bon vivre ?
Pour ceux qui recherchent plutôt des explications scientifiques, les récentes théories sur la relativité et sur les univers parallèles, pourraient fournir des hypothèses explicatives fort ingénieuses, mais hasardeuses : l'esprit voyagerait dans le temps passé, par le truchement de la quatrième dimension qui, avec nos trois dimensions, constitue l'espace-temps einsteinien.
On peut encore faire appel à l'hypothèse, encore plus aventurée, des « portes induites », qui livreraient parfois passage à des événements éloignés dans le temps ou l'espace, toujours par le moyen des univers parallèles. Dans ces « portes induites » se produiraient des phénomènes extraordinaires: de fortes perturbations gravitationnelles, par exemple, allant jusqu'à l'inversion de la pesanteur - une voiture peut, dans ce cas, atteindre le sommet d'une colline en roue libre... Les découvertes de l'avenir n'ont pas fini de nous émerveiller !...
Source : Rhedae Magazine
VIDEO - téléfim - La dernière rose ou les fantômes de Trianon
Tribunal de l'impossible - 10/02/1968 -
Tribunal de l'impossible : En août 1901, deux enseignantes anglaises rencontrent la reine Marie-Antoinette en visitant les jardins de Trianon.Alors qu'elles se promènent et rêvent dans cet endroit célèbre, Miss MOBERLY et Miss JOURDAIN perdent soudain le contact avec la réalité pour vivre une fantastique aventure : elles rencontrent la reine Marie-Antoinette qui, dit-on, hante ces lieux. Voyage dans le temps ? Incursion dans la mémoire ?
Ces deux demoiselles, l'une romantique, l'autre réaliste, ont-elles réellement vécu quelques instants en compagnie de la reine de France où ont-elles seulement rêvé cette scène troublante ? Elles mettent dix ans à se convaincre elles-mêmes, après avoir fait des recherches historiques qui semblent confirmer leurs dires. Puis, aidées de quelques amis, elles rédigent un livre destiné à faire connaître cette extraordinaire aventure.
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livre à lire : "derrière les façades " VERSAILLES au XVIII° siècle racontant
la vie et le labeur des gens servant la Famille Royale.
Le Réveil
La reine se levait à l’heure qu’elle avait marquée le soir avant de se coucher. Son horaire a varié souvent, souvent les années de son règne, choisie généralement suivant les occupations diurnes de la précédente journée.
Marie Antoinette se levait, généralement, entre huit et dix heures du matin. Son reveil est variable
Dauphine, elle restait longtemps au lit. Ecrivant à sa mère, le 12 juillet 1770, elle indique son heure : « Je me lève à dix heures ou neuf heure et demie, et m’ayant habillée, je dis mes prières du matin ensuite je déjeune …. »
Devenue reine, elle se levait plus tôt, Mme Campan, toujours bien informée, indique que :
« La Reine se levait à 8 h du matin, prenait son déjeuner à neuf »
C’était la première femme de chambre qui était chargée de cet office : elle tirait la courtine du coté où la reine dormait. Marie Antoinette restait dans son lit jusqu’à l’arrivée de la femme de garde robe des atours.
La corbeille du matin
La femme de garde robe des atours entrait et déposait une corbeille recouverte d’un grand taffetas, contenant la lingerie du « grand négligé » que la reine allait revêtir pour la matinée.
Plateau « salve » de la toilette de Marie Antoinette
Cette première corbeille contenait plusieurs chemises : la « chemise de baignoire » pour le bain , une « charlotte » pour protéger les cheveux durant le bain , la première « chemise du jour », un « corps », plusieurs jupons, un peignoir, des mouchoirs, des serviettes. Mme Campan a détaillé le contenu de cette corbeille. Mme Campan appelle la corbeille du matin le « prêt du jour ». Cet objet est du ressort de la dame d’honneur.
Outre la gestion de la chambre, la dame d’honneur passait commande, au nom de la reine, pour le linge de la reine, compris le linge de corps, la lingerie d’office et du bain , la lingerie des « toilettes », le linge de maison ( draps, nappes, serviettes, oreillers etc ).Le linge ne concernait pas la dame d’atours. Elle gérait aussi tous les menus objets pour la « Salve », c’est à dire le plateau de vermeil couvert d’un taffetas brodé que l’on levait pour présenter le plateau à la reine, sur lequel étaient déposés ces dits objets : ses boites, ses étuis, son éventail, ses gants, ses mouchoirs, sa montre, ses flacons de senteurs .
La réforme du Petit lever
Selon les règles de l’étiquette et du vivant de la précédente reine, la Surintendante de la Maison, la dame d’atours devaient assister au réveil, au petit lever et à la première toilette de la reine où elles avaient chacune des fonctions bien déterminés. Le Premier Médecin, le premier chirurgien, le médecin accoucheur quand la reine était enceinte, venaient également faire un examen rapide à la reine Entraient également la dame d’honneur qui ne quittait jamais la reine et 4 dames du palais de semaine .La présence permanente de toutes ces dames l’importune et l’agace. Elles étaient là pour la servir mais aussi pour la tenir éloignée du reste du monde.
Marie Antoinette décidera de réduire leur service habituel et les pria de n’apparaître dans sa chambre plus tard, seulement au grand lever qui avait lieu bien plus tard. Après la réforme, elles n’apparaissaient plus au petit lever, hormis peut être Mme de Lamballe dans les premiers temps de sa faveur; dont une des taches était de présenter le plateau du déjeuner à la reine.
Bravant souvent l’étiquette, dés que celui lui est possible et à tout moment, la reine elle même se retire de la grande chambre et se réfugie, suivie de ses seules femmes de chambre, dans ses « Cabinets » afin de vivre en « particulière » à sa guise.
A suivre " la première toilette du matin"
Images : Chambre de la Reine / Présentoir à gants (ou "Salve") de la reine Marie-Antoinette
Le cérémonial du matin Au regard de ces futilités, n’est-il pas curieux de dresser l’imposant état de la Maison de la Reine ou seulement la partie de sa maison qui avait pour attributions de s’occuper de sa toilette. Mme Campan, une des femmes de chambre de la reine, nous a laissé une description précise, ne se contentant pas d’énoncer les différents serviteurs de Marie Antoinette mais donnant le rôle de chacun d’eux les explications les plus détaillées.
Ainsi ,on a pu décrire une journée ordinaire de la reine, en détaillant particulièrement les six toilettes de la souveraine et les divers cérémonials établis par des règles précises , qui les accompagnaient. Les journées de la Reine sont rythmées par le protocole qu’elle cherchera, toute sa vie, à réformer.
A chaque toilette, les choses se répètent comme le matin : Marie Antoinette changeait entièrement y compris de chemises : ce qui explique le nombre impressionnant de linge utilisé journellement. Le Petit lever
Les domestiques
La première femme de chambre n’est là que pour l’étiquette. Elle n’a presque nulle fonction pendant les toilettes, hormis la garde de l’écrin des bijoux et la direction les autres femmes. Elle remplaçait la dame d’honneur pendant les présentations subalternes faites pendant l’heure de la toilette. A vérifier in Genlis Les quartiers de l’année 1789 étaient tenus par Mmes de Miserey, Campan, Thiebaud et Jarjayes Elle introduit aussitôt les domestiques subalternes : d’abord la femme de garde robe ou « porte chaise d’affaires » Mme Campan indique que « Cette femme (...) était introduite, au premier réveil pour enlever les tables de nuit et remplir toutes les fonctions de sa place, elle préparait l’eau pour laver les jambes de la reine » .
Elle se tenait, dans la journée, prête aux ordres, dans une chambre de veille contiguë à la chambre à coucher et à l’antichambre de l’œil de bœuf.
Cette charge étaient exercée à l’année par la même femme . Puis un garçon de la fourrière appelé « feutier » pour faire du feu, si c’était l’été ou remettre du bois si c’était l’hiver.
En même temps, les garçons de la chambre de la reine ouvraient doucement les volets intérieurs des fenêtres, ôtaient le mortier qui brûlait toute la nuit sur la console d’entrefenêtre. Ils ôtaient pareillement la collation de la nuit dite « en cas » à laquelle la reine ne touchait jamais.
La reine dispose de 6 garçons de la chambre, servant par roulement Ces derniers avaient le bénéfice des bougies du grand cabinet, du salon des Nobles, des antichambres et des corridors.
Ses femmes de chambres entraient chez la reine à cette heure là. Elle disposait de 12 femmes « ordinaires » servant par roulement : trois équipes de 4, dont deux étaient de service chaque jour pour 24 heures pendant une semaine. Elles avaient des avantages en nature : à chaque réforme de la « garde robe des atours », elles avaient le droit de « s’emparer » des robes négligées.
La tache principale des femmes de chambre sera, durant les toilettes qui vont suivre, de vêtir la reine et de faire le lit de la reine, aidé des valets de chambre tapissiers pendant l’heure de la messe.
Ensuite, dans les Cabinets, elles étaient, ce qu’étaient les huissiers dans le Grand appartement de la Reine. Là, de service deux par deux, par semaine, elles se tenaient l’une à la porte du cabinet intérieur, l’autre dans un cabinet contigu à la chambre à coucher, annonçant à la reine les personnes qui pouvaient lui parler.
Outre le service de chambre, des cabinets et celui de servir à table, leur rôle était d’aider la reine dans ses ablutions. Elles parfumaient, coiffaient et maquillaient la reine pendant les toilettes.
Toutes les femmes de chambre portaient le matin et dans les « Cabinets » des « petites robes » avec un tablier. Elles étaient nommées les « femmes rouges » à cause de leur robe de service, comme on appelait les « garçons bleus » des appartements du Roi. Les femmes, qui leur étaient subordonnées, était les « femmes noires »
Ces dernières servaient par roulement, six par six. Deux femmes qui étaient en veille la nuit et le matin étaient relevée, pour le jour suivant, par deux autres obligatoirement habillée du grand Habit pendant le toilette de représentation Ce sont elles qui assistent réellement à l’existence dans l’intimité de la chambre et de l’appartement intérieur.
D’autres femmes de service - qu’il ne faut pas confondre entre elles - étaient également présentes durant pendant les toilettes :
La « femme de garde robe des atours » appelée aussi « garde d’atours ». Cette femme était chargée seulement de la garde et de la présentation des effets contenus dans les corbeilles. Il s’agissait d’une lingère sachant coudre.
La « femme de garde robe » appelée aussi « porte chaise d’affaire » s’occupait des meubles de la garde robe d’aisance, du linge d’office et de la préparation de l’eau pour la toilette de Propreté. Nous l’avons déjà rencontrée, car c’était la première domestique qui entrait dans la chambre de la Reine le matin. L’almanach de Versailles de l’année 1780 indique Mme Ronchereuil comme femme de garde robe des atours.
Deux femmes de chambre préposées aux bains de la reine dite « baigneuse etuviste » avaient pour seule fonction celui de préparer l’eau de la baignoire, d’apporter le mobilier du bain dans la grande chambre, de laver et d’essuyer la reine après le bain. Cette charge était exercée par quartier. Un état des domestiques de la reine aux Tuileries, daté de 1792 , mentionne Mme Tatarat comme " première baigneuse étuviste".
Pour être complets dans la liste des serviteurs, servants pendant les toilettes de Marie Antoinette, il faut encore citer un premier valet de chambre, 2 valets de chambre ordinaires, 6 garçons de chambre, le perruquier baigneur étuviste, le premier coiffeur, un tailleur ordinaire, 2 portefaix, une lavandière du linge de corps.
Nous connaissons, pour la plupart, grâce aux almanachs de Versailles, les noms de toutes les caméristes de Marie Antoinette.
Telle était l’imposant service – qui formait le paysage domestique journalier de la Reine - qui s’agitait autour de la chambre ainsi que dans les 3 grandes pièces environnées d’armoires à coulisses ou à porte manteaux que nous évoquerons en fin d’acte.
On voudrait savoir comment agissait le petit monde domestique de la reine, avec quel cérémonial, il était appelé à servir la reine de France. Pour comprendre comment se dérouler les toilettes de la reine, il faut se rappeler qu’une séance d’habillage nécessitait un certain temps et plusieurs femmes nécessaires pour lacer le corps à baleine, bâtir, coudre et ajuster les diverses pièces d’étoffe qui constituaient les robes de l’époque.
Le matin, la première femme de chambre « de quartier », qui avait couchée dans la chambre de la reine ou dans l’appartement entresolé de veille au dessus des « Cabinets » de la reine, se levait ordinairement une heure avant la reine. Elle se faisait habiller par sa domestique puis accédait à la chambre de la reine, encore close et noire. Sa fonction principale était de veiller à l’exécution du service de la chambre et de recevoir les ordres de la reine.
Cela fait, la première femme de chambre et les deux femmes de chambre ordinaires de service restaient seules dans la chambre jusqu’à l’heure que la reine avait commandé de s’éveiller.
La première toilette du matin
La femme de garde robe des atours entrait et déposait une corbeille recouverte d’un grand taffetas, contenant la lingerie du
« grand négligé » que la reine allait revêtir pour la matinée.
Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait alors des bas, le jupon et la robe de chambre ou le négligé selon la saison.
La sélection des « Négligés » pour la robe de toilette et du déshabillé des audiences du matin se faisait le soir, au coucher de la Reine. Ils faisaient partie des commandes faites par la dame d’honneur dans les effets pour la chambre de la Reine.Tous les jours, la femme de garde robe lui lavait les jambes si elle ne se baignait pas.
A cet effet, elle dispose de toute une collection de pots ou " bains de pieds" en tole que l'on rangeait, avec d'autres objets de toiletets, dans la garde robe derrière la grande chambre.
Le Petit lever et le déjeuner
Dés cette toilette faite, on procédait immédiatement au « petit lever » .
Vers 9 heure, ses femmes de chambre revenaient dans la chambre pour lui apporter son déjeuner. On apportait son café ou son chocolat agrémenté d’une pâtisserie viennoise appelé « Kuchen » qu’elle prenait généralement pendant ou après son bain. Marie Antoinette mis à la mode du Kugelhopf introduit en Lorraine par les cuisiniers du Roi Stanislas.
La reine déjeunait selon son envie soit dans son lit, soit debout soit assise à une petite table que l’on roulait devant son canapé ou sur un plateau posé sur le couvercle de la baignoire, si elle déjeunait durant son bain.
On la servait toujours dans d’élégants cabarets de porcelaine de Sèvres, souvent à son chiffre. Elle avait un service complet pour son chocolat du matin, spécialement conçu pour elle, décoré de bouquets de myosotis. Mme Campan confirme en effet qu’elle déjeunait :
« Souvent dans son lit, quelquefois debout, sur une petite table en face de son canapé ».
Dans son lit, elle utilisait, vraisemblablement une des ses « tables mécaniques » qu’elle commandait à son ébéniste Riesner et son mécanicien Mercklein. Pour son canapé, on utilisait alors à une petite table volante que l’on roulait devant elle.
Une des " table mécanique" de Marie Antoinette
Livrée par Riesener le 26 janvier "1 table à écrire N° 3066," (Metropoluan Museum, New York )
Dans le langage de la Cour, on disait qu’il faisait « petit jour » chez la reine. Aussitôt débutait le « petit lever » qui était public. Les personnes possédant les « Entrées » vont assister au petit lever puis au grand lever de la reine.
A 9 heures, les « Petites Entrées » étaient aussitôt admises. Elles étaient possédées, par droit de charge, par la Surintendante de la Maison de la Reine, la dame d’honneur et la dame d’atours.
Autrefois, ces deux dernières dames entraient à ce moment là et assistaient la reine dans ses ablutions toute la matinée.L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine
Mme Campan nous informe que
« la reine déjeunait dans son lit ou levée. Les petites entrées étaient également admises. Elles étaient accordées, de droit, à son premier médecin, au premier chirurgien, au médecin ordinaire, à son lecteur, à son secrétaire du Cabinet, aux quatre premiers valets de chambre du roi, à leurs survivanciers, aux premiers médecins et chirurgiens du Roi. Il y avait souvent dix à douze personnes à cette première entrée. Si la dame d’honneur s’y trouvait ou la Surintendante, c’étaient elles qui posaient la table du déjeuner sur le lit. La princesse de Lamballe a trés-souvent remplit cette fonction. »
L’abbé Vermond - qui cumulait les charges de lecteur et de secrétaire du cabinet - avait audience au réveil de la reine .
La réforme de la reine
Selon les règles de l’étiquette et du vivant de la précédente reine, la Surintendante de la Maison, la dame d’atours devaient assister au réveil, au petit lever et à la première toilette de la reine et à ses ablutions où elles avaient chacune des fonctions bien déterminés.
Le Premier Médecin, le premier chirurgien, le médecin accoucheur quand la reine était enceinte, venaient également faire un examen rapide à la reine
Entraient également la dame d’honneur qui ne quittait jamais la reine et 4 dames du palais de semaine .La présence permanente de toutes ces dames importune et agace Marie Antoinette. Elles étaient là pour la servir mais aussi pour la tenir éloignée du reste du monde.
Marie Antoinette décidera de réduire leservice habituel de ses dames et les pria de n’apparaître dans sa chambre plus tard, seulement au grand lever qui avait lieu bien plus tard.
Après la réforme, elles n’apparaissaient plus au petit lever, hormis peut être Mme de Lamballe dans les premiers temps de sa faveur; dont une des taches était de présenter le plateau du déjeuner à la reine.
Bravant souvent l’étiquette, dés que celui lui est possible et à tout moment, la reine elle même se retire de la grande chambre et se réfugie, suivie de ses seules femmes de chambre, dans ses « Cabinets » afin de vivre en « particulière » à sa guise.
La première toilette du matin
La première toilette
Vers 9h30, les Petites entrées se retirent quand la reine terminait son déjeuner.
Marie Antoinette profite de ce répit pour prendre son bain et procéder à sa toilette sans spectateurs dans l’intimité de sa grande chambre, de son cabinet de toilette ou de son petit appartement du rez de chaussée selon son humeur. C’était l’heure du « bain de la Reine ».
La véritable toilette du jour débutait et allait durer 2 à 3 heures. Les actes de la toilette étaient fort longs, car Marie Antoinette avait une minutieuse et rare propreté. Elle prenait un bain chaque jour.
Il s’agit d’une toilette de propreté. Les ablutions de Marie Antoinette sont longues et complètes. Elle apporta de Vienne des habitudes d’exactes propretés, améliorant l’hygiène en France en donnant le bon exemple à ses sujets. C’est certainement l’une des rares femmes du royaume qui se baignait fréquemment, presque chaque jour.
Les objets de toilette Pour son bain et ses toilettes , en femme coquette et pratique, la reine dispose de toutes sortes de nécessaires de toilette, d’outils raffinés qu’elle entassait dans ses cabinets et que l’on apportait autour d’elle au moment des toilettes : bouilloires d’argent , seaux de tôle peinte pour les pieds, boites à fard, à mouches, coffrets dits « carrés de toilette », coupes de porcelaines, cuvettes, pots, aiguières de cristal de roche, de toutes grandeurs, souvent montés en or.
Elle commanda de nombreux meubles utilitaires d’un goût exquis , souvent reproduits en plusieurs exemplaires pour ses différents cabinets des appartements dans la plupart des châteaux de la Couronne, telles ces « toilettes de campagne », des tables cabaret roulante, tables mécanique et table d’accouchée facilement utilisable dans le lit, des meubles utilitaires spécifique pour la toilette comme des portes-seau de toilette, table de nuit, chaise percée, semainier, armoires et étagères à onguents
Le plus précieux de ces objets de toilette furent ses nécessaires de toilettes.
Le cabinet de toilette, situé derrière la chambre à coucher, conservait la grande et la petite toilette de vermeil. Le nécessaire avait été celui de la mère de Louis XVI, fut restauré et remis aux armes de la reine en 177O. C’était le chef d’œuvre d’orfèvrerie de Thomas Germain, avec les fameuses girandoles et les sucriers en or de la chambre de Louis XV.Le grand nécessaire n’était utilisé que pour la grande chambre pendant le grand lever. La reine disposait d’autres nécessaires de toilette plus ordinaires mais toujours d’une grande élégance comme le petit nécessaire de vermeil de la Dauphine Marie Josèphe ou celui de porcelaine de Sèvres bleu et or similaire à celui qu’elle offrira à la comtesse du Nord. Elle disposa également de plusieurs nécessaires de voyage que l’on emportait lors des voyages ou à Trianon.
La chemise de bain La reine ne se baignait pas nue, mais revêtue d’une chemise comme les femmes de son temps. Les femmes de chambre l’apprêtait pour le bain après l’avoir dévêtue de sa tenue de nuit, une femme de chambre lui passait la première chemise de toile, appelée « chemise de baignoire » et la coiffait d’une charlotte de coton blanc des Indes pour protéger ses cheveux. Il s’agissait d’une pudique chemise de bain doublée et boutonnée jusqu’au col.
Mme Campan a décrit la chemise de bain
« La reine se plongeait dans le bain avec une grande chemise de flanelle boutonnée jusqu’au bas et dont les manches, à l’extrémité ainsi que le collet, était doublés de linge »
Le bain de la Reine
Préférant sa grande chambre, plus chaude et ensoleillée que sa salle de bains des cabinets intérieurs, la reine se faisait rouler un « sabot » au milieu de sa chambre pour son bain quotidien.
Les deux baigneuses et le baigneur étuviste apportaient et préparaient le nécessaire et le mobilier du bain : une baignoire de cuivre, montée sur roulettes, dans un coffre de menuiseries et de cannage , plateaux, marchepied, table de service, récipients, bassins , pots à eau que l’on dissimulé des regards par des paravents apportés pour l’occasion.
Exemple de mobilier pour le bain
La reine utilisa fort peu la petite salle de bains, aménagée pour elle pour son arrivée en France en 1770 dans ses Cabinets intérieurs du chateau de Versailles, jugée probablement trop froide et trop petite. Elle sera rapidement convertie en dépôt pour les accessoires du bain et les collections de la reine.
Aidée de ses « baigneuses », la reine sortait de la baignoire, enlevait la chemise mouillée , se faisait essuyer le corps. Mme Campan a évoqué le bain journalier
CABINET DE TOILETTE Qui a dit que l'on etait sale au trianon ?
« Lorsqu’elle sortait du bain, la première femme de chambre tendait un drap élevé pour la séparer entièrement de la vue de ses femmes, elle le jetait sur ses épaules. Les baigneuses l’en enveloppaient et l’essuyaient complètement. Elle passait une très grande et très longue chemise ouverte et entièrement garnie de dentelles, de plus un manteau de lit en taffetas blanc qui lui recouvrait les épaules. On lui apportait ses pantoufles de basin garni de dentelles.»
A la sortie du bain, la reine s’habillait. Une femme de chambre s’agenouillait et lui passait une seconde paire de bas . Tous les vêtements et le linge, était présentait par la femme de garde robe des atours aux femmes de chambre.
On l’habillait ensuite du « grand négligé du matin » : les femmes de chambre la revêtait de la seconde « chemise du jour », faite de batiste ou de linon et ornée de dentelle, puis d’un jupon ou plusieurs selon la saison et le type de la robe d’intérieur et enfin d’un manteau de lit et d’un négligé de taffetas blanc qui faisait office de peignoir.
Marie Antoinette en « négligé du matin » Tableau de Gautier Dagoty
La lingerie de la reine, contiguë aux salles des Atours renfermaient le linge du « négligé » : des chemises de mousseline, de toile de Hollande, de batiste ou de percale. La chemise, le plus ordinairement, était brodée au bas, garnie à la gorge et aux manches, de dentelles de Valenciennes, de Malines. La Reine se fournissait chez les meilleurs marchands lingers de Paris. La Reine en a un bon nombre : rein d’étonnant à cela quand on sait qu’elle en changeait plus de 5 fois par jour ainsi que de tout le linge. C’est à peine si elles suffisaient
On lui chausse des bas de soie, d’ordinaire blancs, « extra fins, à jours de dentelles ; et riche de broderie » Elle a dans sa garde robe plus d’une centaine de paires. Il y avait tout un assortiment : de qualité différente : bas de coton blancs le plus souvent, bas de soie blanche brodée, bas noirs pour le demi-deuil.
Les souliers, pour la matinée, étaient le plus souvent de peau de couleur ou en étoffe : taffetas ou satin. En une année, la reine commandait et en payait plus de 100 paires, sans compter un certain nombre de paires de l’année précédente.
Exemple de souliers de femmes
Chaussée, Marie Antoinette passe un « corps ». Comme toutes les dames de son temps, la lingerie de la reine conservait toute une collection de corps à baleine ordinaires de percale doublée de dentelles, de basin doublé de percale, de satin blanc doublé de taffetas. La dame d’atours avait sous ses ordres un tailleur « pour les corps » qui fournissait exclusivement la lingerie de la souveraine.
Avec le corps, un simple jupon d’étoffe, de petit basin rayé garni d’un ou plusieurs rangs de dentelles ou d’un petit volant de mousseline brodée. L’hiver, quelquefois on lui mettait de jupons de tricot de coton bordé de dentelles. Mais c’était une exceptions : on en trouvait seulement 6 dans les placards des Atours.
Rien d’autre ensuite : la reine n’avait dans sa garde robe absolument point d’autres linges hormis des pantalons de soie de couleur ou de peau de daim pour monter à cheval.
Elle endossait enfin un peignoir dit « manteau de lit » de percale, de mousseline, de petit basin ou de taffetas. La lingerie en possédait à l’infini de toutes formes, de toutes broderies, et toutes garnitures.
On lui endosse enfin la « robe négligée » - que la reine avait sélectionné la veille au soir à son coucher . Ces négligés étaient fournis par les marchands ordinaires de soieries. Cette tenue pratique permettait un accès facile partout compris dans les petites pièces, les escaliers dérobés ou les cabinets intérieurs là les grands paniers ne pouvaient pas passer à cause de leur circonférence. C ‘était une robe ample souple, battante et volante avec une veste d’intérieur. Au début de son règne, la reine le portait sur un petit panier dit « considération ».
Le peintre Gautier Dagoty la représente ainsi affublée dans un tableau, conservé au château de Versailles.
La toilette Assise soit à sa table de toilette dans sa grande chambre , à celle de son cabinet de toilette ou celle de sa chambre particulière du rez de chaussée, la reine, consacrait quelques temps aux soins du visage, des mains, des ongles, des dents, Elle était aidée, dans ses gestes, par les deux femmes de chambres dont c’était une des taches habituelles, toujours en présence et sous les ordres de la première femme de chambre.
Comme toutes les femmes de condition de son époque, la reine se faisait farder le visage.Cela fait partie intégrante de la toilette. A la Cour, le maquillage a une grande importance : on marque les pommettes et on en couvre presque toutes les joues. C’était l’accessoire obligé de la toilette des femmes du XVIIIe.
On lui nettoie d’abord le visage d’une lotion astringente avant de l’enduire de blanc avec un pinceau. On lui applique sur les lèvres et les pommettes un « rouge du matin » et diverses pommades pour cerner les yeux et les cils. Marie Antoinette se fardait en effet d’une poudre blanche d’amidon et elle usait peu de mouches. Elle n’était pas grande admiratrice de ces artifices de beautés qui étaient d’ailleurs beaucoup moins à la mode sous son régne. Au début du règne, elle aimait mettre un peu de rouge mais bientôt abandonnera cet usage.
On connaît les senteurs, les cosmétiques et les fards qu’elle utilisait. Mais son parfum habituel, conçue pour elle, n’a pas été encore retrouvé. Le récent parfum mis en vente « Sillage de la Reine » n’est qu’une senteur supposée de la Reine. Marie Antoinette se parfumait avec soin. Elle aimait la rose à la folie. utilisait quelques extraits de fleurs d’oranger, de l’eau de lavande.
Pour le rouge, elle dépense des sommes énormes chez Mme Martin, la plus fameuse marchande de rouge de Paris. Mais elle se fournit chez d’autres parfumeurs. Son parfumeur attitré était Jean Louis Fargeon, maître en 1774, installé rue du Roule à Paris. Jean François Houbignant fut également son fournisseur de parfum, établi depuis 1775 à l’enseigne « A la corbeille des fleurs ».
Le repos du bain
Après avoir pris ces soins minutieux où elle employait ses nombreux nécessaires, ses boites à outils de toute espèce pour les dents, pour les mains, pour les pieds, la reine recouchait. La Faculté prescrivait ensuite un moment de repos que l’on passait étendue , c'était d'un usage courant.
Mme Campan confirme que « La femme de garde robe bassinait le lit, les pantoufles étaient de basin garnie de dentelle. Ainsi vêtue, la reine venait se mettre au lit, les baigneuses et les garçons de la chambre enlevaient tout ce qui avait servi au bain. La reine, replacée dans son lit, prenait un livre ou son ouvrage de tapisserie ».
La reine avait pris l’habitude de remonter dans son grand lit afin de se reposer de la fatigue du bain, pour lire ou s’occuper à un ouvrage de dame généralement une tapisserie. Ainsi recouchée, elle conservait sa coiffure de nuit, c’est à dire un bonnet de taffetas blanc. Elle avait eu le soin, le soir avant de se dévêtir , de se faire poudrer les cheveux. Grâce à ces bonnets de soie, la poudre de la veille se conservait facilement jusqu’au lendemain.
Ses appartements - tout châteaux confondus - posséderont toujours , en général, une « chambre de bains » avec un lit de repos servant à cet usage.
On en trouvera une au château de Choisy qu’elle fit aménager à son usage dés 1770, une autre au château de Saint Cloud dans un " appartement des bains" conçu uniquement à cet usage, une autre encore dans ses cabinets avec un « cabinet de toilette » , avec un lit de repos au château de Compiègne .Dans sa dernière résidence , elle disposera d'un élégant cabinet de toilette trés complet avec baignoires, bidet et chaise anglaise avec un lit de repos dans un entresol de son appartement du palais des Tuileries. Exemple d’un lit de Chambre des Bains Petit appartement de la Reine Au Château de Versailles
Dans le va et vient de la toilette, Marie Antoinette trouve le temps d’expédier, avec son secrétaire des Commandements – souvent présent à ces heures là – le travail courant des audiences, de donner des signatures aux brevets et décisions, d’écrire sa correspondance avec d’ élégants écritoires qu’on lui apportait dans son lit.
Elle pouvait, à tous moments, recevoir la visite de ce que l’on nommait depuis Louis XIV les « entrées familières » : Monsieur, le comte d’Artois ou « quelque princesses de la famille royale ». Si il n’avait pas couché avec sa femme, c’était à ce moment là que Louis XVI venait visiter « incognito » la reine.
Première femme de chambre de la reine Marie-Antoinette (1752-1822)
Madame Campan, première femme de chambre de la reine Marie-Antoinette est célèbre pour ses Mémoires, témoignage historique sur la vie de la cour à l’époque de Louis XVI. Proche de la souveraine, elle nous fait pénétrer dans l’intimité de la reine et apporte un nouvel éclairage sur sa personnalité. Mais la véracité de ses écrits est discutée par les historiens contemporains.
Jeanne Louise Henriette Genêt, future Madame Campan, reçoit une éducation lettrée et apprend l’Italien et l’Anglais. A quinze ans, elle entre à la cour de Versailles comme lectrice des filles cadettes de Louis XV. Lors de l’arrivée de Marie-Antoinette à Versailles en 1770, elle est assignée seconde femme de chambre de la jeune dauphine. Madame Campan est officiellement nommée première femme de chambre de la reine, seize ans plus tard, en 1786. Marie-Antoinette lui confie également la charge de trésorière et gardienne de ses bijoux.
Madame Campan devient rapidement la confidente et l’amie de la souveraine, partageant son intimité et les secrets de la cour pendant dix-huit ans. Elle rédige ses Mémoires, sorte de fresque sur la vie de la Cour sous Louis XVI. Elle y dévoile la vie et la personnalité de la reine et offre une vision très personnelle et subjective des événements. Elle s’éloigne de la famille royale lors de la Révolution mais entretient une relation épistolaire avec la reine. Ruinée après la Révolution, elle retourne à sa vocation première d’éducatrice et fonde à Saint Germain un pensionnat de jeunes filles renommé. Reconnue par Napoléon, dont elle avait élevé deux sœurs, l’Empereur la nomme en 1807, directrice de la maison d’éducation de la Légion d’honneur, à Ecouen. Elle conserve ce poste jusqu’en 1814 puis tombe dans la disgrâce au retour des Bourbons.
Le nécessaire de voyage de Marie-Antoinette, grand coffre rectangulaire d'acajou veiné aux angles et pentures en cuivre doré, renfermait à la fois un service de toilette, des accessoires de bureau et de couture, des verres, des flacons taillés en cristal, de la vaisselle d'argent et de porcelaine.
Le service de porcelaine, marqué au chiffre M A entouré d'un semis de fleurettes et de guirlandes de roses, provient de la Manufacture de la Reine sise rue Thiroux à Paris.
Une trentaine de pièces en argent, également gravées au chiffre M A, sont l'œuvre de l'orfèvre Jean-Pierre Charpenat : boîtes, petites assiettes et gobelets...
Les verres à bordure décorée de guirlandes portent également le monogramme de la reine, gravé dans un rond entouré de rubans et surmonté d'un nœud.
Ces femmes étaient les servantes personnelles de la Reine et s'occupaient de satisfaire ses besoins privés. La première femme de chambre assistait à la toilette de la Reine et se chargeait des "présentations subalternes", c'est à dire sans grand habit que seules les dames de la Cour pouvaient porter. Les dames pas encore présentées étaient en "robe de chambre". Présente lors des cérémonies ou les grands officiers de la Maison prêtaient serment devant la Reine. Son rôle était d'offrir à la personne honorée un carré de velours pour s'agenouiller.
Lors des petits couverts, où la Reine dînait seule, la première recevait des officiers du gobelet, serviette, soucoupes et assiettes à la porte de la Chambre et les apportait à la table de la Reine. Elle prenait la table en dehors de la Chambre et la mettait à l'endroit voulu (chambre ou grand cabinet). Puis le plat à la porte de la chambre, les officiers n'ayant pas les entrées de la Chambre. Seuls les plats de fruits (trop lourd) étaient apportés par le contrôleur général de la Bouche.
La première femme de Chambre déposait l'assiette de nourriture devant la Reine, pareil pour la boisson. Les enfants de la première femme de chambre se fiançaient dans la chambre de la Reine en présence de la Famille Royale, et le contrat de mariage était signé chez la Dame d'Honneur par les témoins (généralement la Famille Royale). Nommée par brevet, elles prêtent serment chez la Surintendante ou Dame d'honneur. Au nombre de deux, elles servaient chacune une semaine alternativement.
Gages -1800 livres -logement au château, proche des appartements de la Reine, si maladie. -droit aux chandelles employées ou non, dans la chambre, les cabinets intérieurs et le grand cabinet. Bougies blanches pour la journée et jaune pour la nuit -pourboire
1770-1774
Melle Perrin, Elisabeth =Genevieve Mme Cécile Marguerite Le Moine, épouse Thierry en survivance Baronne de Misery Julie Louise de Berthault de Chemault, baronne de Bibault de Misery
1781-1784
Melle Perrin Marie Élisabeth Noll, épouse Thibault en survivance baronne de Misery (je pense qu'elle est honoraire) Mme Quelpée de Laborde, qui épousera en 1787 Mr Regnier de Jarjayes (ça vous parle ?)
1786-1792
Mme de Jarjayes Mme Thibault Mme Bertholet Campan Jeanne Henriette Genest (16 mars 1752 / 02 octobre 1822)
Les femmes de chambre simples sont douze.
Femme de Chambre
Au nombre de douze, elles servaient en rotation, trois équipes de quatre personnes servant chaque jour pendant une semaine, suivie de deux semaines de "vacances". Pendant les Petits Couverts, les femmes de chambre présentaient les plats de nourriture à la Reine, parmi lesquels Elle faisait Son choix
Gages
1 400 Livres Puis 2000 Livres après 20 ans de service 3000 après 25 ans de service 4000 après 30 ans de service
700 Livres à chaque nouvelle femme pour "robe de chambre, tablier, ameublement"
Gratification à chaque fin de service (200 à 300 Livres par femme de chambre) 400 Livres de droit aux bougies reversé par la première femme de chambre Logement au Grand Commun
1770
Mme Élie Victoire Desportes (+1773)
1771
Madame Antoinette Campan (belle mère de la mémorialiste)
1774
Mademoiselle Marie Élisabeth Noll, épouse Thibault Mme Marie Thérèse de Najac, née Macalla de Dampierre Mme Marie Françoise de Chavignat, née Simonet Destournelles Melle Marguerite Suzanne Beauregard de Belle Isle, sa fille, en survivance (Beauregard la famille dont on parlait l'autre jour ?) Mme Cecile Marguerite Thierry, née Le Moine Melle Marie Marguerite de Hagues d'Hautecourt Melle Marie Louise Éléonore Le Large Mme Antoinette Campan, née Gonet de Longeval Melle Jeanne Louise Henriette Genet (la mémorialiste) en survivance Mme Charlotte Suzanne de Marolles, née Costard Mme Marie Louise Leschevin, née Gautier de Vinfrais(pas de chance dans ses noms !!!) Melle Geneviève Catherine Ranchin de Montaran Melle Laure Indrion Melle Marie Madeleine Marchand
1779
Mme de Ricquebourg (+ 1781)
1781
Mme Louise Françoise Gonet de Vareilles (sœur de la belle mère de la mémorialiste) Mme de Beauvert, sa fille en survivance Mme Marie Thérèse de Najac, née Macalla de Dampierre Mme Marie Françoise de Chavignat, née Simonet Destournelles Melle Marie Marguerite de Hagues d'Hautecourt Melle Marie Louise Éléonore Le Large Mme Antoinette Campan, née Gonet de Longeval Melle Jeanne Louise Henriette Genet (la mémorialiste) en survivance Mme Charlotte Suzanne de Marolles, née Costard Melle Marie Madeleine Marchand Melle Marchand, sa nièce en survivance
1783
Melle Marie Louise Éléonore Le Large Mme Antoinette Campan, née Gonet de Longeval Melle Jeanne Louise Henriette Genet (la mémorialiste) en survivance Mme Charlotte Suzanne de Marolles, née Costard Mme Marie Françoise de Chavignat, née Simonet Destournelles Mme de Malherbes , née Lhonnelet en survivance Mme Marie Thérèse de Najac, née Macalla de Dampierre Melle Marie Marguerite de Hagues d'Hautecourt Melle Marie Madeleine Marchand Melle Marchand, sa nièce en survivance
Mme Louise Françoise Gonet de Vareilles (sœur de la belle mère de la mémorialiste) Mme de Beauvert, sa fille en survivance Mme Hinner Mme Augié, née Gonet de Longeval (sœur de la mémorialiste) Mme Terrasse de Mareilles Mme Gentil Mme d'Horvath en surnuméraire
1792
Mme Marie Françoise de Chavignat, née Simonet Destournelles Mme de Malherbes , née Lhonnelet en survivance Mme Charlotte Suzanne de Marolles, née Costard Mme Augié, née Gonet de Longeval (sœur de la mémorialiste) Melle Marie Marguerite de Hagues d'Hautecourt Mme Gougenot, née Collignon Mme Dumontier Mme Le Vacher, née Saint Aubin
(sa fille Marie Antoinette de Surian, filleule de la Reine a reçu un éventail )
LES PAGES
Les pages faisaient partie de l'école des pages, qui était installée dans la grande écurie à Versailles. C'était un peu l'antichambre des écoles militaires pour ceux qui voulaient devenirs officiers. C'était réservé aux nobles bien sur, et il fallait y montrer patte blanche !
Leurs chambres se trouvaient sous les combles. Elle était dirigée par le grand écuyer, et des professeurs enseignaient les mathématiques, le dessin, l'allemand, la voltige, l'équitation et la danse. Le travail occupait 3 heures le matin, 2 heures l'après midi. Le reste du temps, c'était le service d'honneur au château. Ils devaient accompagner le roi à, la messe, lui tenir son étrier, l'éclairer à son retour de la chasse. Le reste du temps, ils erraient dans les galeries du château, jouaient aux barres ou cherchaient une bonne farce à faire.
C'est un véhicule issu du coche, en général assez lourd, couvert, muni de suspensions et d'une direction par cheville ouvrière. Les deux essieux sont réunis par une poutre centrale.
Le terme « carrosse » apparaît dans la langue française vers 1574, soit près de trente ans après le « coche ». Au début, la différence est peu probante, elle se précisera par la suite. Le coche n'est fermé que jusqu'à la hauteur des accoudoirs et n'a pas de portières, tandis que le carrosse est entièrement fermé, avec des glaces qui permettent de voir tout en étant protégé des intempéries, et a une portière de chaque côté.
Le train avant a des roues nettement plus petites, qui facilitent la manœuvrabilité de la voiture. Le carrosse a deux banquettes en vis-à-vis, l'une à l'avant, l'autre à l'arrière, ainsi que des strapontins devant les portières.
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Le carrosse est suspendu par des soupentes de cuir réglables par un cric, qui sont fixées à des montants de bois, les moutons. Une soupente qui casse entraîne irrémédiablement le renversement du carrosse, avec les conséquences dramatiques qui peuvent en découler. Ce problème ne sera résolu qu'avec l'invention de la berline.
Le siège du cocher n'est plus solidaire de la caisse, mais est fixé sur l'essieu avant. À la fin du XVIIe siècle, apparaîssent les ressorts à lames d'acier, qui remplacent les moutons en gardant sensiblement la même forme (ressorts à la Dalesme, inventés par André Dalesme, mort en 1727). Puis les ressorts dits à la Polignac et les ressorts en C.
Le terme de carrosse désigna aussi bien le véhicule utilisé par la noblesse fortunée pour ses déplacements ordinaires, que le véhicule d'apparat de la cour, extrêmement décoré et ne sortant qu'en des occasions particulières.
L’exposition d’ouverture « Roulez Carrosses ! » est à la fois la première exposition en France consacrée aux carrosses, et la première fois que seront prêtées les berlines et carrosses royaux et impériaux des collections versaillaises.
Une convention de partenariat unit désormais la Région Nord-pas-de-Calais, l’Établissement public du château de Versailles et la Ville d’Arras.
Sur plus de 1000 m2, l’abbaye Saint-Vaast accueillera tableaux, sculptures, traineaux, chaises à porteur, harnachements de chevaux, ainsi que plusieurs carrosses célèbres comme les voitures du cortège du mariage de Napoléon Ier, le carrosse du sacre de Charles X ou l’impressionnant char funèbre de Louis XVIII. Ces oeuvres seront mises en scène au moyen d’une muséographie innovante alliant restitutions, animations, immersion et multimédias.
Un audiovisuel final complètera le propos et le jeune public aura la possibilité de conduire virtuellement un attelage.
Le carrosse de Vachères, voiture dite à la française datant du XVIIIème siècle qui vaut tant par son élégance que par sa rareté.
Carrosse Louis XIV
le carrosse de Napoléon Bonaparte, musée des carrosses, Versailles.
Carrosse Binder et sellerie Hermès réalisées pour le compte de Chambord en 1871
Carrosse Château de Versailles
Carrosse pour enfant
Carrosse Saint Petersbourg
En 1541, Jérôme Cardan équipe le carrosse impérial de Charles Quint d'une suspension composée de deux arbres dont le mouvement de roulement devait éviter qu'il ne basculât. Lors de cette visite de l'empereur, il eut l'honneur de porter le dais de Charles Quint à son entrée à Milan, en tant que recteur du Collège des médecins de Milan.
Ce billet aborde un sujet qui sort du cadre habituel que je me suis fixé en créant ce blog.
J'ai toujours admiré les ouvrages réalisés sous le Premier Empire, dans le domaine des arts décoratifs. Juste pour le plaisir, en voici quelques exemples : 1 - Les porcelaines 2 - L'orfèvrerie 3 - Le mobilier 4 - Les joyaux 5 - Quelques ensembles décoratifs prestigieux
1 - Les porcelaines
Eléments du "Surtoutdu Service particulier de l'Empereur Napoléon 1er" : la pièce centrale (le char), et une paire de candélabres (1809-10 – Louvre). En biscuit de la manufacture de Sèvres. Payé environ 70 000 francs de l'époque, l'ensemble du service se composait de trois éléments : un surtout de table en biscuit (25 pièces), un service d'entrée et de dessert (178 pièces dont 72 assiettes de dessert), et un cabaret à café égyptien (25 pièces). "Service particulier de l'Empereur" - Assiette de dessert. "Palais de Saint-Cloud" (23 assiettes de dessert à Fontainebleau- 19 assiettes de dessert du même service à la Fondation Napoléon - quelques autres dans divers musées : Louvre - Versailles - Sèvres - Malmaison). Le plus beau service de l'Empire. En 2006, le musée Napoléon de Fontainebleau a acquis une assiette de ce service : "Vue du canal de l'Ourcq". Estimée 30/35 000€, elle a été adjugée à 92 500€ !
"Service particulier de l'Empereur" : Glacière d'une paire (Fontainebleau)
Cabaret égyptien de Napoléon 1er (1809-10 – Louvre).
"Service à tableaux" de Joséphine et d'Eugène de Beauharnais. Vue d'une cinquantaine de pièces présentées au château de Malmaison. (Les deux services constituaient un ensemble de 312 pièces ; une centaine de pièces sont conservées au musée de l'Ermitage).
Assiette du "Service iconographique antique" du cardinal Fesch. Profil de Mars
(1810-11 - collection particulière).
Glacière à gorge du "Service iconographique antique" du cardinal Fesch. Profil d'Alexandre
(Collection particulière).
Jacques François Joseph Swebach (1769-1823) : "Service Encyclopédique". Sèvres (1805-06 – Louvre).Service offert par Napoléon Ier à Hugues-Bernard Maret, futur duc de Bassano.
Jean-Marie-Ferdinand Régnier : "Déjeuner Régnier à reliefs" dit aussi Déjeuner Castiglione (1813 – Musée national de Sèvres). Marie-Victoire Jaquotot (1772-1855) : Tasse "Jasmin à pied cannelé" et sa soucoupe : portrait de Joséphine et trophées militaires (1810 – Sèvres).
Antoine Béranger (1785-1867) : Vase de forme étrusque à rouleaux - "L'entrée à Paris des œuvres destinées au Musée Napoléon" (1813 - Sèvres, musée national de la Céramique)
Georget Jean (1763-1823) : Vase fuseau de Madame Mère - "Le Premier consul franchissant les Alpes au col du Grand Saint-Bernard" ; d'après David Jacques-Louis (1811 - Louvre) Vase fuseau avec le "portrait de l'impératrice Joséphine". Sèvres (1813 – Malmaison)
Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) : Vase forme d'œuf, fond bleu lapis (d'une paire), cartel peint par Swebach : "Napoléon entrant à Vienne" (1807 – Versailles)
2 - L'orfèvrerie Aigle de drapeau du 143e régiment d'infanterie, modèle 1804 - par Chaudet et Thomire
(Paris, musée de l'Armée). Bronze.
François Gérard : Portrait de l'Empereur Napoléon 1er en costume de sacre. Il porte les Regalia réalisés par Biennais : la Couronne de feuilles de laurier, le Sceptre, la Main de Justice, le Globe, le Collier de Grand maître de la Légion d'Honneur du 1er type, l'Anneau du couronnement orné d'une émeraude, et l'Epée du Sacre ornée du Régent. A l'exception de l'épée (à Fontainebleau), les Regalia ont été fondus en 1814 par Louis XVIII. Le Trône que l'on voit à l'arrière-plan est celui du palais des Tuileries (actuellement au Louvre). Martin-Guillaume Biennais : "Couronne aux camées", dite "de Charlemagne". Utilisée pour le sacre de Napoléon 1er, parmi "Les Honneurs de Charlemagne" (1804 – Louvre) Nicolas-Noël Boutet (1761-1833), François-Regnault Nitot (1779-1853), Jean-Baptiste-Claude Odiot (1753-1850) : Epée du sacre de Napoléon 1er (Fontainebleau)
Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) : Epée dite aux coraux (Fontainebleau)
Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) : Glaive royal de Westphalie au chiffre du Roi Jérôme (Fontainebleau)
Nef de l'Empereur, par Henry Auguste. Grand Vermeil (1804 - Fontainebleau). Nef de l'Impératrice, par Henry Auguste. Grand Vermeil (1804 - Fontainebleau). Martin-Guillaume Biennais : Service à thé de Napoléon 1er. Livré en 1810. (Louvre). Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) : Ecritoire de Napoléon Ier (1806 – Fontainebleau) Ecritoire du Roi Jérôme, avec le portrait de Madame Mère (musée de la Légion d'Honneur) Nécessaire de voyage de Napoléon 1er, par Martin-Guillaume Biennais (1807 – Louvre) Nécessaire de toilette de Joséphine, par Félix Rémond (Malmaison) Martin-Guillaume Biennais : Nécessaire de voyage de Marie-Louise (Residenz, Munich) Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) : Sucrier et ses douze cuillers de la reine Hortense de Beauharnais (1809-14 – Louvre).
Jean-Baptiste-Claude Odiot (1753-1850) - Pièces du Service Demidoff (en vermeil) - Paire de salières (1817 – Louvre) Paire de candélabres Premier Empire, attribués à Thomire (coll. privée). Paire de candélabres en bronze (c. 1810 - coll. privée)
Gérard-Jean Galle : Paire de Candélabres en bronze doré (coll. privée)
François Rémond : Paire de candélabres au Griffon, en bronze doré.
Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) : Candélabre à six lumières (Malmaison)
Paire de vases en bronze doré, décorés de frises décrivant "Les Triomphes d'Auguste et Alexandre", par Piat-Joseph Sauvage (c. 1804 - coll. privée)
Pierre-Philippe Thomire : Pendule - "Représentation sous l'allégorie de Mars et Minerve, le mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise". (Vers 1810 – Louvre)
Pendule aux "Trois Grâces", biscuit de Sèvres d'après Chaudet, mouvement de Lepaute, Antoine Denis Chaudet (vers 1803 - Malmaison)
André-Antoine Ravrio (1759-1814) : Pendule ornée de deux figures entourant le buste d'Homère
Jean-Joseph Lepaute (1768-1846) : Pendule, Chambre du prince Impérial (Fontainebleau)
Claude Galle : Pendule "La Chute de Phaéton" Pendule-monument conçue par Louis Duguers de Montrosier à la mémoire de Frédéric II, roi de Prusse (1806 - Mobilier national). H : 2,51 m.
3 - Le mobilier François-Honoré Jacob-Desmalter : Trône de Napoléon 1er. Provenance : château des Tuileries (1804 - Louvre)
Trône de Napoléon 1er, exécuté par Jacob Desmalter pour la salle du trône du château de Saint-Cloud (1808 – Fontainebleau)
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : Trône de l'Empereur Napoléon 1er. Commandé par le Sénat le 3 mars 1804 à la maison Jacob (1804 - Paris, Sénat)
Percier et Fontaine : Trône de Napoléon 1er, pour le Conseil Législatif (musée des arts décoratifs).
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : Fauteuil de représentation pour la salle du trône de l'Empereur Napoléon 1er au Palais des Tuileries.
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : Bureau de l'Empereur Napoléon 1er (Fontainebleau)
Fauteuil du bureau de Napoléon 1er aux Tuileries (Malmaison) François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841) : Meuble en bas d'armoire du Grand Cabinet de l'Empereur Napoléon Ier au Palais des Tuileries (1812 – Versailles)
Martin-Guillaume Biennais : "Athénienne de Napoléon 1er". Provenance : chambre de Napoléon 1er au palais des Tuileries (1800-04 – Louvre).
Athénienne de l'Impératrice Joséphine (Château de Malmaison) Tabouret (d'une paire) en X, par Martin-Guillaume Biennais (Malmaison)
Table d'Austerlitz (ou des Maréchaux) commandée en 1806 par l'Empereur (1808-10 – Malmaison)
Jacob-Desmalter : Guéridon
Guéridon circulaire supporté par 3 lions ailés (Louvre)
Serre-bijoux de l'Impératrice provenant du palais des Tuileries (Louvre) Simon Mansion : Commode à secret et abattants (Malmaison) Jacob-Desmalter : Commode à 2 vantaux (1805 - Louvre) Jacob-Desmalter : Secrétaire dit de Bordeaux (1800-05 - Louvre) Pierre-Philippe Thomire : Console (1800-06 - Louvre) Jacob-Desmalter : Table-console (Grand Trianon) Serre-papiers aux armes de l'Impératrice Joséphine, par Martin-Guillaume Biennais (Fondation Napoléon) Table-lit de Joséphine (Malmaison) Fauteuil gondole (série de quatre), avec accoudoir en forme de cygne ; provenant du boudoir de l'impératrice au palais de Saint-Cloud, par Jacob-Desmalter (vers 1804 – Malmaison)
François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter : Table à coiffer, boudoir de l'Impératrice Marie-Louise (Compiègne)
Alexandre Maigret : Métier à broder de Marie-Louise (château de Compiègne) François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter (1770-1841) : Fauteuil, chambre de l'Impératrice Marie-Louise (1809 – Compiègne)
Berceau du Roi de Rome (1811 - Wien, Hofburg). De grands artistes travaillèrent à sa réalisation. Le peintre Prud'hon fit les dessins, les bronziers et orfèvres Thomire et Odiot fondirent et ciselèrent le meuble en argent doré, le sculpteur Roguier modela les figures. L'objet, d'un luxe inouï, figure parmi les plus belles pièces du mobilier impérial. Berceau du Roi de Rome provenant du palais des Tuileries (1811 - Fontainebleau) Barbière du prince Eugène de Beauharnais (Malmaison - acquise en 2004)
4 - Les joyaux Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) : Collier de Grand Maître de l'ordre de la Légion d'Honneur ayant appartenu à Napoléon Ier (1807 – musée de l’Armée)
Etoile de la Légion d’Honneur en diamants, par Nitot, ayant appartenu à l’Empereur Napoléon 1er ; commandée pour son mariage avec l’Impératrice Marie-Louise en 1810 (193 diamants - 126 émeraudes). Acquis en 2004 par un collectionneur français, pour 231 000€.
François-Regnault Nitot : Insigne de dignitaire de la Couronne de Fer de Napoléon Ier. Or, diamants et saphirs (vers 1810 – musée de l’Armée)
Croix de Grand Commandeur de l'ordre de la Couronne de Westphalie du roi Jérôme. Or et perles (Fontainebleau)
François Pascal Simon Gérard, baron : Portrait de l'impératrice Joséphine, en costume de sacre. Parure d'émeraudes, perles et diamants (Malmaison)
Bague du Couronnement de l'Impératrice Joséphine (Château de Malmaison)
Andrea Appiani (1754-1812) : L'Impératrice Joséphine en costume de reine d'Italie. Parure de perles, rubis et camées (Château de Malmaison).
Diadème d’émeraudes et diamants de Joséphine (collection royale de Norvège)
Diadème de perles et diamants de Joséphine (Nitot - coll. Chaumet)
Victor Viger du Vigneau, dit Hector Viger (1819-1879) : L'impératrice Joséphine portant une parure de perles : diadème, collier, bracelet, broche, boucles d'oreilles (Château de Malmaison)
Paire de boucles d'oreilles de la parure de perles de Joséphine (Louvre)
Diadème de camées de Joséphine, offert par Murat (musée Masséna, Nice).
Diadème de cornaline de Joséphine, offert par Caroline Murat (1808 - V&A Museum, London).
Parure de malachites entourées de perles de Joséphine (Fondation Napoléon)
Broche "Brin de laurier" ayant appartenu à Joséphine. Diamants et rubis.
Montre de l'impératrice Joséphine- Réalisée en 1800, en or, émail et diamants, elle est l'un des premiers exemplaires des "montres à tact" inventés par Abraham Louis Breguet vers 1790. Ce système permettait de lire l'heure d'un simple toucher, pour éviter par courtoisie d'avoir à sortir sa montre de sa poche.
Ce diadème de camées sertis de perles a été porté par Hortense de Beauharnais, reine de Hollande, qui l'offrit à sa nièce Joséphine de Leuchtenberg à l'occasion de son mariage avec le prince Oscar de Suède, futur roi Oscar 1er. (collection royale suédoise)
Parure d'opales de la reine Hortense (Château d'Arenenberg, musée Napoléon)
Diadème de saphirs et diamants de Pauline Bonaparte
Diadème aux intailles de Caroline Bonaparte
Demi-parure de Caroline Bonaparte. Croix et pendants d'oreilles, en or, rubis et calcédoine.
Parure d'émeraudes offerte par Napoléon à sa fille adoptive Stéphanie de Beauharnais, par Nitot (1806 - V&A Museum, London).
Salomon-Guillaume Counis : Portrait de l'Impératrice Marie-Louise portant une parure de rubis et diamants. Miniature (Ajaccio).
François-Regnault Nitot : Collier et paire de boucles d'oreilles. Appartient à la parure d'émeraudesofferte par Napoléon Ier à Marie-Louise à l'occasion de leur mariage en 1810 (Louvre)
Ce collier de diamants fut offert par Napoléon à l’impératrice Marie-Louise en 1811 à l’occasion de la naissance de leur fils, le roi de Rome. Le collier partit en Autriche avec Marie-Louise en 1814. (Smithsonian Institution de Washington).
Diadème de perles et diamants de Marie-Louise. François-Regnault Nitot : Parure en or et mosaïques, avec son écrin. Composée d'un collier, d'une paire de bracelets et de boucles d'oreilles ; offert par Napoléon Ier à l'archiduchesse Marie-Louise comme présent de mariage le 28 février 1810 (Louvre)
Montre de col de Marie-Louise (Fontainebleau)
Montre de col de Marie-Louise (Collection P.J. Chalençon)
5 - Quelques ensembles décoratifs prestigieux Salle du trône (Fontainebleau) Chambre de l'Empereur (Fontainebleau) Chambre à coucher de l'Impératrice (château de Compiègne) Salle du Conseil de l'Empereur (Malmaison) Chambre de l'Impératrice (Malmaison) Chambre de l'Empereur (Malmaison)
Bibliothèque de l'Empereur (Malmaison)
Salon des malachites (Versailles, Grand Trianon)
Hôtel de Beauharnais : Le Salon Vert (Ambassade d'Allemagne, Paris)
Hôtel de Beauharnais : Le Salon Cerise (Ambassade d'Allemagne, Paris)
Hôtel de Beauharnais : Le Salon des 4 saisons (Ambassade d'Allemagne, Paris)
Il est possible de trouver sur ce même blog une documentation complémentaire sur les Arts décoratifs sous le Premier Empire en consultant les musées suivants :
La nouvelle Impératrice rappelle beaucoup la Reine. D’ailleurs dans les critiques et les caricatures à son égard on retrouve beaucoup de points communs : quand l’une était l’ « Autrichienne », l’autre sera « l’Espagnole »… les deux sont mondialement connues pour leurs goûts des bijoux, des « robes »… bref des parures . Toutes deux ont donné vie à un style… le style Marie Antoinette enfin reconnu et celui « Louis XVI - Impératrice »…
En plus de tout cela elle voue un véritable culte à la Reine… d’ailleurs ne vit-elle pas dans ses résidences, ses meubles… n’éprouve-t-elle pas elle aussi comme Marie Antoinette une force de caractère, une féminité et un charme sensuel et envoûtant…
On l’a accusée de beaucoup de choses, de crimes… on l’a décrite comme stupide et j’en passe… pourtant Eugénie fut plus fine qu’on ne le croit… en effet la lettre qu’elle adressa à Clémenceau le prouve, une lettre du Kaiser rendue publique en 1920 et prouvant ses volontés d’expansionnisme !!!
D’ailleurs toutes les souveraines succédant à Marie Antoinette auront du mal à « chausser » les pantoufles de Reine… Joséphine lorsqu’elle pénétra dans les Tuileries aurait eu le pressentiment de commencer sa « fin »… elle occupait selon elle « injustement » la place de la Reine… Marie Louise aura toujours en tête l’image de sa grande tante décapitée, Marie Amélie tentera de vivre à l’inverse de la reine pour conjurer le sort… et enfin Eugénie qui elle marchera tant bien que mal dans les pas de Marie Antoinette…
A Saint Cloud, elle occupe en fait les anciens appartements de Louis XVI et non ceux de son égérie la Reine Marie Antoinette. Son appartement donne sur le Parc, huit pièces au premier étage donnant sur le bassin du Fer à Cheval.
Elle refait mettre à neuf cet appartement, peintures et dorures, polissage des marbres et surtout elle ordonne la réparation de la célèbre glace mouvante dans l’ancienne chambre de Louis XVI qu’elle fait transformer en Grand Salon. Elle est respectueuse en tout car il faut insister sur son souci du détail pour la repose des boiseries et la restaurations des éléments et horloges posées pour Louis XVI.
Grand Salon de l’Impératrice – ancienne Chambre de Louis XVI
Comme vous vous en doutez elle adopte le style Louis XVI pour enrichir ses pièces. Par contre l’ameublement est digne de l’éclectisme du IId Empire où tous les styles se confondent dans un joyeux et quelquefois disgracieux mélange !!!
A noter dans son Grand Salon une petite table ayant appartenu à Marie Antoinette et une pendule de Furet de la même époque.
Dans son cabinet de travail :
On retrouve parmi la multitude de styles le canapé de Foliot exécuté pour la Comtesse de Provence à Versailles et des chaises et fauteuils de Séné qui retrouvent grâce à l’Impératrice leur proche emplacement d’origine puisque ce sont ceux du Cabinet de Marie Antoinette.
A cela s’ajoute le bureau cylindre d’Oeben pour Louis XV.
Sa Chambre à Coucher est en fait l’ancien Cabinet Intérieur de Marie Antoinette.Deux commodes à encoignures commandées par Marie Antoinette pour Compiègne s’y trouvaient.
L’Impératrice quittera définitivement ce havre de paix et de bonheur le 7 août 1870 pour regagner paris et les Tuileries dès l’annonce de la défaite de Forbach.
Le 23 août, en accord avec les demandes pressantes du Louvre, elle décide en tant que régente « l’enlèvement de tout ce que vous savez »…En fuite lors de la chute de l’Empereur, c’est le commandant Schneider qui se voit promu régisseur et réalise dans l’urgence le transfert et la protection des œuvres : il sauve ainsi le bureau de Louis XV, les commodes de Marie Antoinette, vingt-deux meubles Boulle !….
la dernière voiture qui partira emportera les tableaux de Vernet et quatre grands lustres de cristal… mais il reste encore beaucoup de choses.
Le 18 septembre, Schneider se trouve à Meudon où il tente là aussi de sauver ce qui peut l’être.
Les ponts de Sèvres et de Saint Cloud sautent au même moment, ouvrant la voie à l’invasion… et les prussiens pénètrent dans le parc du château le 20 septembre…
Ils se contentent de ceinturer le domaine, attendant les officiers avant de forcer les grilles. Ce sera chose faite le lendemain. Les officiers s’installent dans les vestibules et visitent le palais abandonné, palais où cohabitent régisseur et occupant. Très vite on expulse les « administrateurs français » et le 27, sur ordre du Prince Royal de Prusse, les prussiens s’emparent des plans et cartes de la bibliothèque… avant plus tard de transporter l’ensemble des livres vers Versailles. Dès le 1er octobre, la curée commence… le château est pillé, on entasse dans la nouvelle orangerie, l’occupant se sert et on assiste même à des « ventes » improvisés à l’hôtel du sabot d’or… Schneider par deux fois revient et constate le pillage du Palais, sa dégradation, le vandalisme…
Après plusieurs tirs ce fut celui du 13 octobre lancé depuis le mont Valérien qui en atterrissant dans la chambre de Napoléon III, soit l’ancienne Chambre de Marie Antoinette, provoqua les deux jours d’incendies et de disparition complète du château que Marie Antoinette avait marqué de sa touche personnelle…
C'est en 1847 alors âgé de 28 ans que Louis-François Cartier achète l'atelier de joaillerie de son maître d'apprentissage Adolphe Picard, du 29 rue Montorgueil dans le 2e arrondissement de Paris, où il avait travaillé pendant plus de 10 ans en tant qu'ouvrier joaillier.
Il fonde Cartier. Son talent pour réaliser les désirs les plus extravagants de ses clients le rend vite célèbre.
En 1874, il s'associe avec son fils Alfred Cartier qui enrichit la gamme de montres Cartier puis reprend la direction de la maison. Leurs talents attirent les plus grandes fortunes aristocratiques et cosmopolites de l'époque. Alfred Cartier épouse le 30 mars 1898 Andrée-Caroline Worth, héritière du plus important atelier de mode parisien de son père Charles Frederick Worth.
En 1899, Alfred ouvre une nouvelle bijouterie où il s'installe 13 rue de la Paix du 2e arrondissement de Paris, proche de la place Vendôme, une des rues les plus chères de Paris. Il confiera la direction de la Maison Cartier à ses trois fils, Louis, Pierre et Jacque Cartier qui développent la marque partout dans le monde avec succès.
Louis succède à son père et a son grand père à Paris,
Pierre s'établit au 4 New Burlington Street à Londres en 1902 puis au 175-176 New Bond Street en 1909,
Cartier devient la plus prestigieuse joaillerie du monde : le Prince de Galles
(futur Édouard VII du Royaume-Uni) commande 27 diadèmes à Jacques Cartier de Londres pour son couronnement en 1902 et proclame Cartier « Joaillier des rois et roi des joailliers ».
Jacques Cartier est nommé joaillier attitré de la cour d'Angleterre. Toutes les cours royales du monde sont séduites par la marque.
Pierre et Jacques parcourent le monde pour trouver des sources d'inspiration et rapporter les plus belles pierres précieuses de la planète.
En 1904, Louis Cartier invente la montre bracelet « Santos » pour son ami l'aviateur Alberto Santos-Dumont qui désire pouvoir lire l'heure sans lâcher les commandes de son avion.
Louis-François Cartier disparait à l'âge de 85 ans. Il est inhumé dans son caveau familial du cimetière des Gonards de Versailles avec ses successeurs.
La Maison Cartier est à ce jour une référence en matière d'horlogerie joaillerie de luxe, premier producteur mondial de joaillerie.LyaClairedelune
Ce tableau est une réplique de celui de 1885, peint par Heinrich Von Angeli, type du portrait officiel offert aux chefs d'Etat, ici, au président Félix-Faure en 1898. L'éventail donne une touche intimiste à ce grand portrait en pied où la reine porte une couronne et les ordres britanniques dont elle est le Grand Maître. Le dépôt s'explique par le fait que la reine Victoria (1819-1901) a effectué cinq séjours à Nice de 1895 à 1899.
Marie-Antoinette ne supportait plus les robes à panier à cause du corset qui serrait c'est pour cela qu'elle a adopté la fameuse robe sans panier comme le portrait du forum avec sa rose à la main.Les robes à panier étaient magnifiques mais le problème c'était pas pratique à porter.Sous le premier empire de Napoléon les femmes ne portaient que des robes à longue traine, sous le second empire (de Napoléon III) les robes à panier réapparurent une légende dit que l impératrice Eugènie aimait l'époque de Marie-Antoinette et q'elle avait récupéré plusieurs objets ayant appartenu à la reine.
certes, Marie-Antoinette s'est lassée de l'ampleur des paniers de 5 à 6 mètres de circonférences et a préféré les robes à polisson, petit panier qui ne galbait que le dos de la silhouette, mais ce n'est pas pour cela qu'Elle (et toutes les femmes avec Elle) a abandonné l'usage du corset.
Pensez-vous qu'Elle ne porte qu'une chemise de corps sous cette robe en gaulle? Son maintien, mais surtout la finesse de Sa taille dépendait de Son corset qu'Elle ne quittait donc jamais...La nuit même Elle portait un corps allégé en baleine mais bien maintenu tout de même ... Le jour de Son exécution, Elle portait encore un corset, on le devine au maintien de la silhouette qu'a esquissée David...
Selon certaines infos, les robes de Marie Antoinette ont servi à faire des vêtements religieux.
Je n'en sais pas plus. Mais, compte tenu que les Tuileries ont été pillées, on peut se dire que beaucoup d'objets ayant appartenu à la reine ont été éparpillés dans la nature. Des effets ont ainsi sans doute atterri chez les gens les plus inattendus.
D'autre part, la reine réformait souvent sa garde-robe et offrait à cette occasion des pièces à ses femmes. Des robes ont pu être conservées dans des familles nobles par cette voie.
Marie-Antoinette devait mesurer environ 1,63m Selon les notes de Madame Eloffe, Elle faisait 109cm de tour de Poitrine et 58 cm de tour de Taille
Alors d'après ce qu'elle a trouvé, je la cite en grande partie, il semble que de 1791-1792, Marie-Antoinette commande des redingotes, des robes à la turque, des pierrots et quelques grands habits (pâques, toussaint, jour de l''an), d'après des derniers fournisseurs (Bertin/Eloffe) et même les mémoires de la comtesse de Boigne évoque les pierrots.. Quelques circasienne ou à l'anglaise sont également évoqué ainsi que des caracos et fichus bouffants mais toujours sans surcharges
Robe parée: appellation contemporaine qui désigne des robes ouvertes sur une jupe de forme différente (à la française ou à l’anglaise avec jupe retroussée) distinguées par un décor brodé réparti sur les parements, les manches et le devant de la jupe.
Cette robe a été retrouvée il y a peu dans l’inventaire du Royal Ontario Museum qui l’aurait achetée en 1925 et aurait été réalisée par Rose Bertin, LA Rose Bertin.
Il n’est pas totalement certain que cette robe ait bien appartenu à Marie-Antoinette. Mais quiconque a commandé la réalisation de cette robe a fait preuve d’un goût tout simplement extraordinaire… Il suffit de voir les photos des détails de cette robe en cliquant sur la photo pour comprendre ce que je veux dire.
La broderie des monogrammes sur le linge de maison était également une manière infaillible de ne pas perdre son linge au lavoir. Sachant que cette opération se faisait une seule fois avant les épousailles et que le linge (draps, taies d’oreillers, nappes, etc…) étaient si chers qu’on ne les lavaient qu’une ou deux fois dans l’année… Cela donne à réfléchir quant aux moeurs et habitudes d’antan…
Et puis il y avait tous les exercices de Marquoirs ou de Samplers, qui sont légèrement différents de nos marquoirs français, qui étaient des exercices de broderies pour jeunes filles, justement pour l’apprentissage des monogrammes… Principalement des jeunes filles qui allaient travailler comme petites-mains ou gouvernantes dans les grandes maisons de Maîtres, car on ne confiaient se genre de tâches qu’aux personnes de confiance de la maisonnée…
La plupart des autres jeunes filles des maisons moins fortunées confectionnaient elles-mêmes leurs vêtements, n’ayant pas les moyens de s’offrir les services d’une modiste, et les décoraient de broderies et de dentelles. On peut voir un bon exemple de cela dans le film “Bright Star”.
film de Sofia Coppola: « Marie-Antoinette »
Robe de MARIE ANTOINETTE
Marie-Antoinette a fait appel aux plus célèbres artisans et ébénistes de son temps pour réaliser les meubles luxueux qui décorent ses appartements. Adam Weisweler, Table à écrire (1784),
Tout cela pour dire qu'avant d'être impérial, ce célèbre diamant a été royal, puisque c'est Philippe d'Orléans, Régent de France, qui en a fait l'acquisition (au nom du jeune Louis XV).
Cette pierre avait déjà été proposée à Louis XIV (en octobre 1714), qui n'avait pu l'acheter en raison de l'état catastrophique des finances à la fin de son règne.
Ce diamant de 140,64 carats, acheté 2 millions de livres françaises en 1717 (à Thomas Pitt), était estimé à 6 millions de livres en 1719, et à 12 millions en 1791, lors de l'estimation des biens de la Couronne.
A titre de comparaison, la fonte, en 1689, de la totalité du mobilier d'argent (soit 20 tonnes de métal précieux), n'avait rapporté à Louis XIV que 2 millions de livres.
Le "Régent" (nom du diamant) a été utilisé par le jeune Louis XV dans une parure de diamants qu'il portait sur l'épaule, sur la Couronne de son sacre. Comme il a été dit Napoléon 1er l'a fait sertir sur la garde de son épée du sacre
(mais il l'avait déjà fait alors qu'il était Premier Consul).
Dégagé le 22 juin 1801 par le Consulat, le Régent est considéré comme talisman par Napoléon, qui le fait sertir sur la garde de son épée de parade de 1803, puis sur celle de l'épée du sacre de 1804. Puis enfin sur le pommeau du glaive impérail de 1812.
Emporté par Marie-Louise en fuite le 29 mars 1814, il est rendu à Louis XVIII dès le 11 avril 1814. Il fut ensuite serti sur la couronne du sacre de Charles X (maintenant disparue), puis en pierre amovible, sur un bandeau à la grecque de l'impératrice Eugénie. Il est exposé, serti sur ce chaton amovible, dans la galerie d'Apollon, au Louvre.
L'épée aujourd'hui exposée à Fontainebleau :
Aujourd'hui, le Régent a été retiré de cette épée et est conservé au Louvre.
Et plus tard, Eugénie l'a fait insérer dans la première version d'un diadème de diamants, appelé "diadème grec".
Si vous voulez voir des photos des Regalia (instruments du sacre des souverains de France : épées, couronnes, etc.), vous pouvez aller sur mon site :
Et n'oubliez pas de consulter les "notes" explicatives sur les Regalia à l'époque impériale. Bonne visite.
Voici son histoire
" Le Régent,un des plus beaux diamants du monde, a une histoire intéressante et bien documentée. Il fut trouvé en 1701 à Golconde, dans la mine Partial ; à l’état brut, il pesait 410 carats. Il fut vendu tel quel à Thomas Pitt, alors gouverneur de Madras, pour environ cent mille dollars. En 1717, Pitt le vendit, toujours brut, à Philippe, duc d’Orléans et régent de France.Son prix s’était élevé à plus de six cent cinquante mille livres sterling. Il fut ensuite taillé en brillant à Londres et réduit à 140,5 carats. Il prit depuis ce moment le nom de Régent et fit partie du Trésor royal de France. Il figurait sur la couronne que Louis XV arbora lors de son sacre en 1722, et Marie-Antoinette le porta fréquemment comme bijou.En 1792, le diamant fut volé avec le Bleu de France et d’autres joyaux de la Couronne. Contrairement à bon nombre d’entre eux, on le retrouva rapidement. En 1797, il fut mis en gage par le gouvernement, mais racheté cinq ans plus tard. Pour son sacre en 1804, Napoléon Bonaparte fit sertir ce grand diamant dans la garde de son épée. Lors du couronnement de Charles X en 1825, le Régent ornait la couronne royale et il y resta jusqu’au jour où on le plaça sur le diadème de l’impératrice Eugènie. En 1887, les joyaux de la Couronne française furent vendus aux enchères, à l’exception du Régent qui prit le chemin du Louvre, où il se trouve encore aujourd’hui. Pendant la seconde guerre mondiale, on le dissimula dans du plâtre, derrière le marbre d’une cheminée duchâteau de Chambord. Après les hostilités, il a repris sa place initiale."
Enquête l'affaire du vol des diamants de la Couronne
« On volé les bijoux de la Couronne ! » Le fait divers émeut Paris en septembre 1792. Depuis il a fait rêver bien des amateurs d’histoires à scandale. Lodace vous dévoile quelques secrets sur cette affaire.
Le vol des diamants de la Couronne, en septembre 1792, compte parmi les énigmes favorites des amateurs d’histoire à scandale. La version « officielle », celle des petits voleurs accomplissant un larcin relevant du fait divers, version reprise par les historiens contemporains, n’est pas satisfaisante. C’est ce qui a permis sans doute une floraisons d’interprétations des plus délirantes. Ainsi Édouard Drumont, l’auteur de « La France juive » (1886), met en cause les joailliers et bijoutiers juifs de la capitale qui furent, selon lui, les principaux receleurs et revendeurs des diamants subtilisés par les petits voleurs.
Peu lui importe que les patronymes d’origine juive qui apparaissent dans le cours de l’instruction désignent non pas des prévenus mais des témoins cités à l’audience ! Au-delà du « cas » Drumont, il reste que certains faits troublants demeurent inexpliqués et que les commanditaires du vol n’ont jamais été identifiés.
La tentation était grande de reprendre l’enquête. Un observateur de taille : les archives les plus précieuses sur le sujet, celles qui eussent définitivement levé le voile sur cette curieuse affaire, ont brûlé : il s’agit des actes du conseil provisoire de la Commune insurrectionnelle du 10 août 1792, détruits dans l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris en 1871.
C’est donc moins à un travail d’enquêteur que d’archéologue que l’historien doit se livre. Pour reconstituer le déroulement des faits, il lui faut explorer telle séries des Archives nationales, puis telle autre des Archives de Paris, qui le renvoie au Minutier central (ce fonds d’archives considérable et très bien conservé qui contient tous les répertoires et minutes des notaires parisiens). C’est à ce prix seulement que, peu à peu, des témoignages ignorés, des copies de procès verbaux des sections, des inventaires inexploités, une fois assemblés, éclairent cette affaire d’un jour nouveau.
Reprenons les faits : dans la nuit du 16 au 17 septembre 1792, la police surprend quelque voyous au moment où ils viennent de faire main basse sur les bijoux et diamants de la ci-devant (depuis le 10 août) Couronne de France. Un seul cri dans tout Paris : « Le Garde Meuble est volé ! Les diamants de la Couronne sont enlevés ! » Les journaux se montrent prudents.
Le mardi suivant, « Le Patriote français », rédigé par Brissot s’exprime sur l’affaire avec une réserve calculée car les spoliateurs ont été servis, plus qu’ils n’auraient pu l’être, par le hasard : ce vol audacieux et considérable ne peut avoir été commis par des voleurs ordinaires. « Le Thermomètre du jour », qui passe pour être payé et inspiré par le ministre de l’Intérieur Roland, est plus disert : il laisse entendre clairement que l’opération a été dirigée « de haut » ; il insinue de plus que les sentinelles qui faisaient le guet, les patrouilles qui circulaient sur la place avaient reçu des consignes : elles sont intervenues à un moment où le vol était largement consommé.
De fait, lorsque sous les colonnades du Garde Meuble, à l’angle de l’actuelle place de la Concorde et de la rue Saint-Florentin, on met la main sur ces voleurs, on récupère quelques mauvais diamants roulés dans des mouchoirs ; les plus prestigieux, tels que le « Grand Diamant bleu », « Le Régent » et le « Sancy », ont déjà disparu.
Il aurait suffi de moins pour que, les rivalités entre girondins et montagnards aidant, l’affaire prenne, avant toute enquête, une tournure politique. Les montagnards et les membres de la Commune accusent d’impéritie le ministre de l’Intérieur, Roland, qui a dans ses attributions la responsabilité du Garde-Meuble national. Il est vrai que le ministre n’a pas su imposer son autorité : c’est sur lui aussi que retombera plus tard la responsabilité de la disparition de la correspondance secrète de Louis XVI découverte dans une armoire de fer aux Tuileries et qu’il avait été chargé d’inventorier.
Par une lettre à la Convention, reproduite dans les journaux, le ministre se disculpe en ces termes : « Le vol du Garde-Meuble n’aurait point été commis sans doute s’il y avait eût une garde plus nombreuse et surtout plus vigilante. Cependant plusieurs réquisitions avaient été faites à ce sujet et réitérées de la manière la plus pressante ; j’en fais joindre ici les copies certifiés… » Roland conclu qu’il a été l’objet d’une machination politique à laquelle il lui paraît inutile de donner, faute de preuves, une trop grande importance.
Le plus urgent est de rassurer l’opinion, après une instruction d’un mois, on livre à la justice quelques-uns des malandrins pris sur la dénonciations des premiers. Dix-sept passent en jugement, cinq sont acquittés et douze condamnés à mort. Parmi ces derniers, cinq seront exécutés, les autres bénéficieront de sursis puis, l’année suivante de remises de peine. Cependant, chacun peut remarquer que le Tribunal criminel a assimilé les accusés à des agents de la contre-révolution en appliquant l’article II de la 2ème section du code pénal : « Toutes conspirations et complots tendant à troubler l’État par une guerre civile, en armant les citoyens les uns contre les autres ou contre l’autorité législative, seront punis de mort. »
Les interrogatoires subis par les accusés n’aident en rien à retrouver les principaux diamant qui ont, aux yeux de l’opinion, tout comme les autres objets contenus dans le Garde-Meuble, une importance symbolique égale, sinon supérieur à leur valeur réelle.
Qu’est-ce que le Garde-Meuble ? Un magasin de dépôts mais aussi un musée, dont les salles ont été disposées pour permettre au public de visiter ses collections une fois par semaine. On peut y voir les armures des rois de France, les lits de parades de la cour, la chapelle du cardinal de Richelieu, ainsi qu’une collection des tapisseries unique au monde. Dans l’une de des salles du premier étages sont enfermés dans des vitrines les diamants montés en parure.
C’est François Ier qui, en faisant don à l’État, par lettres patentes, de ses pierres les plus estimées, était à l’origine du trésor des joyaux de la Couronne. La plupart des parures provenaient d’Anne de Bretagne, qui les tenait de Marguerite de Foix. Il y avait notamment un diamant connu au XVIème siècle sous le nom de la « Belle Pointe ».
Plus célèbre encore, un rubis de 206 carats portait le nom de « Côte de Bretagne ». Son sort avait été lié à deux autres gros rubis qui, après bien des aventures lors des guerres de Religions et plus tard encore, réintégrèrent le mobilier de la Couronne grâce à Colbert.
La « Côte de Bretagne », pierre brute, fut portée par les souverains, taillée en dragon tenant la Toison d’Or dans sa gueule. Sous le règne d’Henri IV, apparut un personnage dont le nom demeure lié à l’histoire des diamants de la Couronne : Nicolas Harlay de Sancy. Il possédait plusieurs diamants sur lesquels il empruntait des sommes considérables qu’il mettait à la disposition du roi.
L’un des joyaux reçut son nom (le Sancy) ; il fut vendu à Jacques Ier, roi d’Angleterre. Lors de la Révolution anglaise, Henriette de France, fille d’Henri IV, sieur de Louis XIII et épouse de Charles Ier d’Angleterre l’emporta avec elle. Pressée d’argent, elle donna en gage en 1655 en même temps qu’un autre, le « Miroir du Portugal », au duc d’Épernon. La reine les racheta peu après tous les deux pour les vendre en 1657 au cardinal de Mazarin qui, a sa mort les laissa à Louis XIV avec seize autres diamants de premier ordre. Au XVIIIème siècle, deux pierres extraordinaires entrèrent dans le trésor : le « Grand Diamant bleu » et le diamant de la maison de Guise. Quand au fameux « Régent » visible au musée du Louvres, l’achat, en 1717, en a été conté par Saint-Simon dans ses « Mémoires ».
Lors du sacre de Louis XV, on le plaça au centre du bandeau de la couronne, elle-même surmonté d’un fleur de lys dont la pierre centrale était le « Sancy ». A la veille de la Révolution et jusqu’en 1792, la garde des objets de la Couronne était assuré par le sieur Thierry, issu d’une famille d’ancienne et haute domesticité.
La protection de Louis XVI, dont il était l’un des quatre premiers valets de chambre, lui avait permis de constituer une fortune immense . Sous ses ordres venait immédiatement Lemoine-Crécy, son beau-frère, qui possédait la charge de garde général de la Couronne. A partir de 1789, Thierry délaissa sa baronnie de Ville-d’Avray pour occuper avec toute sa famille des somptueux appartement aménagés au Garde-Meuble même, dans l’actuel ministère de la Marin.
Trois jours avant la tentative de fuite de la famille royale, en juin 1791, l’Assemblée décide de faire procéder à l’inventaire complet des bijoux et diamants du Garde-Meuble. Remis en septembre 1791, le rapport d’inventaire, comparé au précédent, révéla que le trésor avait perdu de sa valeur sous le règne de Louis XVI. C’est seulement en 1792 que Thierry est appelé à la barre de l’Assemblée pour répondre de l’état du Garde-Meuble. Il lui est enjoint de se tenir « aux ordres des commissaires » : c’est un avertissement à cet administrateur d’Ancien Régime soupçonné d’infidélité.
On commence à craindre que le trésor ait été confié à des gardiens peu fidèles ou susceptibles de se laisser séduire : comment expliquer autrement la provenance des énormes subsides distribués depuis 1790 dans un but contre-révolutionnaire ? A divers objets il manque des portions d’or, des perles ou des pierres précieuses. Le bruit court alors - et on est aujourd’hui fondé à le croire - que Thierry aurait, sous le couvert de réparations ou de retaille, vendu en secret des diamants à l’étranger.
Une note détaillée (AN, T 399) dans les papiers de Lemoine-Crécy, révèle comment ce dernier marchandait des diamants avec les joailliers hollandais, par l’intermédiaire des fameux banquiers Vandenyver.
La famille royale avait, il est vrai, une fâcheuse tendance à confondre ses bijoux personnels avec ceux de la Couronne : en effet, si les monarques en avaient la libre disposition - les diamants notamment servait à gager les emprunts - ils n’avaient nullement la propriété de ces objets. En 1785, Marie-Antoinette avait tant et si bien modifié la monture d’une parure de rubis qu’il fut bientôt impossible de distinguer ce qui était du Garde-Meuble et ce qui lui appartenait.
Elle avait, pour finir, obtenu du roi que la parure entière lui fut donnée en propre. Le journaliste Gorsas se fit d’autre part l’écho dans son « Courrier » de la maladresse insigne de Marie-Antoinette qui avait emporté le « Sancy » avec elle lors de l’épisode de Varennes.
Dès lors, on trouve fréquemment dans les rapports les plus officiels, la mention d’arrestations, par diverses municipalités, de cargaisons de bijoux et de pierres précieuses en route, semble-t-il, pour l’étranger. Le navire « La Jeune Cécile » est arrêté à Quillebeuf avec une cargaison de bijoux destinée à la reine de Portugais. Le Comité des Recherches est alerté d’autre part sur « L’opportunité de garder la maison [château] de M. Thierry de Ville-d’Avray […] pour empêcher qu’on ne la pille et qu’on en puisse distraire les diamants de la Couronne susceptibles de s’y trouver » (AN D XXIX, 36, dossier 375).
Dans un tel contexte, alors que les lois sur les biens des émigrés, votées par l’Assemblée en mars-avril 1792, s’efforcent de mettre sous surveillance les biens les plus précieux et les plus aisément transportables pour les empêcher de passer en pays ennemi, il est impensable que, dans l’entourage du roi, on ne se soit pas interrogé sur la destination des diamants de la Couronne en cas d’événement grave.
Dès le 20 juin 1792, si l’on tient au rapport d’enquête, « Louis Capet, voulant mettre à l’abri tous les diamants et richesses déposés au Garde-Meubles, fit engager l’épouse du sieur Lemoine-Crécy, par Thierry son valet de chambre, à enlever dudit Garde-Meuble tous ces objets et à les cacher dans une armoire pratiquée dans le mur de son alcôve, derrière le chevet du lit, ce qui fut fait ».
Un artisan menuisier au service de Thierry avoue d’ailleurs aux autorité qu’il s’est « chargé de faire faire des cachettes en divers endroits du Garde-Meuble et dans les châteaux [Ville-d’Avray et Montregard] de Thierry » et a « pareillement établi des petits coffres-forts pour des voitures, pour que le citoyen Thierry puisse plus commodément porter de l’or à Valenciennes... » (AN F7 4774.90).
Le dimanche et le lundi précédent le 10 août 1792, qui marque la fin de la monarchie, six malles sortent furtivement du Garde-Meuble. Elles appartiennent au gendre de Thierry, Baude de Pont-l’Abbé, et sont acheminées par Azèle, son homme de confiance, chez Prévost d’Arlincourt, ex-fermier général qui, comme la plus part de ses anciens collègues, avait fait passer des fonds en territoire ennemi. Que contiennent ces malles ? Nul ne le sait. Au Garde-Meuble, on s’attend à un événement d’importance. Aux Tuileries également, on brûle du courrier, des archives, et on attend.
Le 10 août, tandis que les combats font rage dans la cour du château des Tuileries, tandis que l’Assemblée déclare le roi suspendu, la Commune insurrectionnelle prend diverses mesures d’urgence, notamment celle de poser des scellés au Garde-Meuble. Bien que les actes et les registres aient été détruits, on sait que le citoyen Jean-Bernard Restout (1732-1795), commissaire de la section des Tuileries, qui se chargea de le faire, en présence de Thierry et de Lemoine-Crécy, le 11 août.
Mais demeure une inconnu, et non des moindres : les grands diamants étaient-ils toujours dans leur coffre ? Il semble qu’aucune vérification n’ait été faite puisque, c’est seulement le 14 août que l’Assemblée décide de procéder à un inventaire du Garde-Meuble. Thierry est arrêté le 14 août et c’est son beau-frère, Lemoine-Crécy, qui assure l’intérim de la garde du Mobilier national. Le successeur de Thierry est nommé par Roland, le ministre de l’Intérieur : son choix, sur la recommandation de l’énigmatique Pache, s’arrête sur … Restout. Il entrera en fonction sitôt l’inventaire effectué.
A partir de ce moment, les événements sont de plus en plus troublants, à la fois par la lenteur avec laquelle l’opération est menée et par une série de coïncidences incitant à penser que toutes les mesures avaient été prises pour favoriser un vol providentiel, rendant inutile toute vérification.
Le 31 août 1792, des commissaires nommés par l’Assemblée des joailliers parisiens - hostiles à la Révolution -, Lemoine-Crécy et Restout se réunissent au Garde-Meuble. Troublé, Lemoine-Crécy déclare d’emblée que « lors de l’apposition des scellés par les commissaires de la Municipalité sur une des portes de lui, sieur Crécy, il avait déclaré que pour plus grande sûreté, il avait cru devoir retirer de la salle des bijoux les diamants dit de la Couronne pour les déposer dans un cabinet attenant à son appartement ».
On lit en effet dans le procès-verbal qu’il fit retirer de son appartement neuf coffrets fermés qui furent, en présence des commissaires, replacés dans la salle des bijoux. La suite est reportée au lundi suivant. Cette journée est tout entière consacrée, non pas à l’inventaire des diamants, mais à celui des objets en bronze. Le lendemain c’est le tour des pièces d’orfèvrerie, et ainsi de suite jusqu’au 6 septembre, date du dernier procès verbal d’inventaire.
Ce jour-là, les neuf coffrets censés contenir les diamants n’ont toujours pas été ouverts. Pour des raisons obscures, les choses traînent de plus en plus : tel joaillier convoqué pour la séance suivante n’est pas là - il prétend n’avoir pas reçu d’ordres -, si bien que le vol du Garde-Meuble a lieu quelques jours après sans que personne, même pas le ministre de l’Intérieur Roland, ne sache ce que renfermaient les neuf coffrets de diamants retrouvés fracturés et vides.
En novembre, le procès des « petits voleurs » a lieu. On avait retrouvé sur eux que quelques diamants. Au reste, si l’on compare le nouvel inventaire, (Archives de Paris DU1 29), fait le 8 janvier 1793, à celui de 1791, il apparaît qu’il restait bien peu de chose du trésor de la ci-devant Couronne de France. Ce qui surprend aussi, c’est la facilité avec laquelle les « petits voleurs » se sont introduits dans le Garde-Meuble, l’enquête montrant que l’opération se déroula même en trois nuits consécutives, du 13 au 16 septembre 1792, date à laquelle une patrouille les prit en fait.
On s’étonne encore que, malgré les réclamations de Restout auprès de Santerre, commandant de la Garde nationale de Paris, la surveillance n’ait pas été renforcée : il n’y avait, le 9 septembre, que six homme au lieu de vingt, comme prévu, autour du Garde-Meuble : il ne s’en trouvait que « quatre à cinq au poste du côté droit de la rue Saint-Florentin, qu’un seul » (AN, F7-4774 90 V p.11).
Restout est-il sincère et ses « réclamations » ne sont-elles pas destinées à le couvrir ? Les déclarations d’un garde, Michel, au Tribunal révolutionnaire, en 1794, jettent un doute : il indique à Fouquier-Tinville comment, la veille du vol, vers onze heure du soir, Restout l’a fait monter dans ses appartements pour lui recommander de « laisser ses portes ouvertes en posant une sentinelle à la porte [sic], à quoi Michel a dit qu’il ne pouvait pas ».
De l’interrogatoire, il ressort encore un peu plus tard, qu’on lui a offert du vin et que, un peu plus tard, on l’a fait descendre un étage plus bas, dans un salon élégant, où il y avait plusieurs femmes « qui se mirent à vouloir l’amuser en le caressant de toutes manières possibles [..] Ferme dans les principes, il ne fut pas tenté d’écouter les dames du second [non plus] que les messieurs du troisième » (AN, W 376, p. 67 à 66).
Soupçonné de connivence avec les véritables voleurs du Garde-Meuble, Restout est arrêté en 1793 et « oublié » en prison, jusqu’au 9 thermidor, date à laquelle il est libéré.
Il mourra un an après. Thierry de Ville-d’Avray, arrêté en août 1792, est massacré à la prison de la Force le 6 septembre. Le citoyen Duvivier, parent de Mme Lemoine-Crécy et fondé de pouvoir du mari de celle-ci, est reconnu coupable « d’avoir distrait des objets du Garde-meuble » et condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire. Son exécution est suivie, en prairial, par celle de Mme Lemoine-Crécy, impliquée dans la « conspiration de l’étranger », puis par celle d’Alexandre Lemoine-Crécy, en messidor.
Leur dossiers d’instruction sont décevants car les interrogatoires qu’ils subissent, au moins officiellement, sont restés confidentiels. Curieusement, c’est plusieurs mois après son arrestation que Lemoine-Crécy, protégé, semble-t-il par Fabre d’Églantine, fut identifié par le Comité de sûreté général comme étant « beau-frère de Thierry » et comme ayant été « détenteur des diamants du Garde-meuble » (AN, AF+ 11 290, F°70).
Mais où donc sont passé les diamants ? La thèse officielle - celle des petits voleurs du 16 septembre - à laquelle, faute de mieux, Roland dut souscrire et que les girondins, soupçonnés, traînèrent comme un boulet, donna le champ libre aux interprétation des agents royalistes.
La duchesse de Fleury, agent de l’Angleterre, parle du député Carra, envoyé par Danton pour remettre au duc de Brunswick « grand amateur de diamants », quelques exemplaires des diamants de la Couronne : tout cela « à la connaissance de Danton et du vertueux Roland qui, pour une fois, paraît avoir su tenir sa langue devant sa femme » (Journal, Paris, 1981, p 80).
Le comte d’Allonville, lui, raconte comment un autre député, Billaud-Varenne, fut envoyé en grand secret auprès de Brunswick pour « acheter » la victoire de Valmy (Allonville, « Mémoires secrets », Paris 1838). Selon lui,
le produit des pillages des Tuileries et du Garde-Meuble aurait été utilisé par Danton, ministre de la Guerre en septembre 1792, pour corrompre le général prussien.
Mais la propagande contre-révolutionnaire trouve aussi trace des diamants de la Couronne dans la valise de l’ambassadeur français de Sémonville enlevé par les Autrichiens alors qu’il était en route vers Constantinople pour acheter la neutralité de la Turquie … Plus extraordinaire est la thèse lancée par l’auteur anonyme de l’ « Histoire secrète de l’espionnage pendant la Révolution » (Francfort, 1799, p 141) :
« S’il est possible de croire un coquin qui en accuse un autre, on doit soupçonner Pétion [le maire de Paris] et Manuel [procureur syndic de la Commune] d’avoir dirigé le vol du Garde-Meuble. Fouquier-Tinville en donne au moins une preuve marquante dans son exposé contre Manuel : « Tous les auteurs du vol arrêtés, dit-il, ont été reconnus pour avoir été relâché des prisons dans les journée des 2 et 3 septembre ; c’étaient dont des voleurs adroits épargnés à dessin ». »
L’accusation lancée contre Pétion est pareillement développée dans la dénonciation inédite d’une prisonnière des geôles de la Terreur, la citoyenne Ferniot, qui semble avoir joué le triste rôle d’indicatrice. Elle accuse ouvertement Pétion et l’administrateur de police Samson du Perron d’avoir favorisé sinon organisé le vol avant le 10 août 1792.
Sous sa plume apparaissent encore les noms de Collenot d’Angremont et des ducs de Brissac et de Broglie qui seraient chargés de mettre en lieu s^r le précieux dépôt. « Après cette affaire faite, le restant du Garde-Meuble entre les mains des voleurs de Paris ».
Avec toues les réserves qui conviennent sur la crédibilité d’un témoignage, celui-ci n’en confirme pas moins Pétion, le maire de Paris, entretenait secrètement jusqu’au 10 août, des relations privilégiés avec la famille royales. C’est ainsi qu’il pourrait avoir aidé au succès de l’opération. D’autres personnages, Soltho-Douglas, Samson du Perron et Delattres ((d’après lesTouchard-Lafosse in Souvenirs, 1840, III, p 259) qui était chargé de l’inventaire de 1791) avaient, quant à eux, partie liée avec la contre-révolution royaliste que Collenot d’Angremont avait montée à l’instigation des Tuilerie.
Santerre lui-même qui comme Pétion, aurait été acheté par des conseillers occultes de Louis XVI pour empêcher le 10 août, avait fait preuve d’une négligence des plus suspectes en ce qui concerne la surveillance du Garde-Meuble.
Le 20 frimaire an II, Voulland, membre du Comité de sûreté général, déclara à la Convention la découverte (sans préciser chez qui, par qui et comment) du plus beau diamant, le « Régent ». Trois mois après, le Comité de sûreté général assurait avoir découvert le « Sancy » et quelques petits diamants de moindre importance. Mais les doutes subsistent : le 4 avril 1794, la Commission temporaire des Arts charge le citoyen Nicot d’assurer la « vraie estimation » des diamants.
Le rapport, en date du 25 floréal, est imprécis et ne comporte que des généralités : « Il est évident que les puissances coalisées n’ont cessé, depuis la Révolution, de nous enlever par le moyen de leurs agents les trois quarts des objets les plus précieux que nous possédions en ce genre, et cela dans l’espérance de nous les revendre le double du prix de leur acquisition. » Quelques jours plus tard, Cambon monte à la tribune et déclare à la Convention :
« Vos Comités de salut public, des finances et de sûreté générale vous prient d’ordonner le levée des scellés apposés sur le diamant qu’on croit être celui qu’on appelait « Pitt » (l’autre nom du « Régent ») et qui était estimé à douze millions » à des fins d’expertise. Le rapport, confidentiel, n’est pas connu, ce qui évidemment jette un doute sur la valeur des trouvailles du Comité de sûreté générale.
C’est seulement après la Révolution qu’une partie seulement du Trésor fut reconstitué. Racheté, échangé, saisi chez un particulier ?
On s’interroge encore sur la date et les circonstances dans lesquelles le « Régent » réintégra le Trésor. En l’an IV, les fournisseurs étrangers exigeaient des garanties : le « Régent » fut consigné à la banque de Bâle au profit du banquier berlinois Treskow, fournisseur de chevaux, qui fut désintéressé en fructidor an VI (août 1798). La pierre fut presque aussitôt remise en gage au profit d’un banquier hollandais qui la garda jusqu’en ventôse an IX (mars 1801). Le « Sancy » passa successivement entre les mains du marquis d’Iranda, puis de Godoï et du roi d’Espagne qui, pour les besoins de la guerre, le vendit à la famille Demidoff.
D’autres pierres furent fractionnées, vendues, dispersées et font, encore aujourd’hui, sous une taille différente, la fierté de collections étrangères. Le « Grand diamant bleu », qu’on retrouve au XIXème en Angleterre, a été acheté en novembre 1984, pour la somme record de 4,6 millions de dollars (idem euros) par un marchand arabe lors d’une ventes aux enchères à Genève.
En tous points, le vol des diamants de la ci-devant Couronne fut un succès pour ses organisateurs : girondins et montagnards se montrèrent incapables de surmonter leur antagonisme pour rechercher les vrais coupables, se bornant à se relancer périodiquement la responsabilité du vol. Il eût d’ailleurs été peu habile de donner un retentissement particulier à cet événement, sans importance en soi, - mais dont la nature risquait de contrarier singulièrement l’opinion. L’affaire fut donc « enterrée », d’autant plus vite que, dès novembre 1792, la découverte de « l’armoire de fer » et la perspective du jugement de Louis XVI mobilisaient l’attention des uns et des autres.
Les grands diamants de la Couronne de France.
Nom
Poids taillé
Origine
Dernière localisation
Le Régent ou le Pitt
136 carats
Indes
- France : 1792 - Réapparaît après la Révolution - Réintègre le Trésor sous l'Empire.
Le Miroir du Portugal
?
Indes
- France : 1792
Le Grand Diamant Bleu ou le Hope
68 carats --- XVIII ème siècle 44 carats --- XIX ème siècle
Indes
- France --- 1792 - Angleterre : XIX ème siècle - États-Unis : 1958 - Vendu à Genève 14,6 millions de dollars : 1984
Le Sancy
53 carats
?
- France : 1792 - Espagne : XIXème siècle - J. Demidoff : 1828 - Maharadjah de Patialia : 1865 - France : 1936
Boucheron: épingle à cravatte en saphir, or et diamants, vers 1878
La mode des bijoux archéologique arrive très tôt en France et débute réellement vers le XVème siècle avec les guerres d'Italie. et puis par vagues successives avec les découvertes archéologiques du XVIIIème ( Pompéï, Herculanum), pour reprendre de plus belle et connaître son " âge d'or "avec l'expédition en Égypte de Bonaparte. Tout au long du XIXème la mode se poursuit avec les découvertes en Etrurie, Assyrie, le canal de Suez, et les artisans et bijoutiers du monde entier offrent un grand diffusion de leurs créations dès la première expo universelle de 1851. la mode prend en France le nom de " style étrusque ", en Angleterre " d'antic revival ". Notons qu'avec quelques bijoutiers Français comme F; Boucheron, Prospère Eugène Fontenay, et Jules Wièse, les meilleurs dans ce domaine-là sont, et restent bien entendu les Italiens, normal !
la collection acquise par le marquis de Campana, autorisé à fouiller Ostie le long de la Via latina en 1831, fut incomparable et relança la mode. cette collection de bijoux formait un groupe " à part ", composée de bijoux étrusques trouvés dès 1820, mais aussi de bijoux grecs, hellénistiques,romains et bysantins. certains mêmes étaient des pastiches créés avec des fragments anciens, par la maison Castellani, dont il s'entoura pour restaurer les bijoux.
les Castellani retrouvèrent les techniques anciennes et en firent commerce avec succès, en Italie, et en Europe. la collection Campana est au Louvre depuis 1861, la plus grande partie, rachetée par Napoléon III, une autre partie par Nicolas II, le reste éparpillé en Europe et au final très peu en Italie.
je vous ai parlé de la micro mosaïque, elle est née à Rome en 1775 " smalti filati ".
un parure égyptienne, vers 1878, Émile Philippe, qui reprend les techniques des artisans du nouvel empire :
la broche, dont le revers est gravé de motifs identiques à ceux enrichis d'émail sur l'endroit, idem pour les pierres ornementales.
de Prosper Fontenay, entre 1867 et 73, or, diamants, granulation
détails ;
un autre de Fontenay,vers 1870, étrsuque on pourrait dire diamants émail et or :
une paire de boucles d'oreilles des Castellani vers 1860/62:
paire de boucles d'oreilles, assez classiques, vers 1878 aussi :
de la maison Castellani, vers 1860/62 :
parure :
détail du peigne :
boucles d'oreilles, vers 1870
enfin un exemple de pastiche de la maison Castellani dans collection Campana : datant de 1859, composé de 23 scarabées en cornaline ( Vè-IIIè av JC) dans des montures en or, 24 perles creuses (VIè av JC ), terminé par deux dauphins en feuilles d'or de fabrication Yarentine faisant fermoir ( débIIè av JC).
quelques exemples de bagues de Jules Wièse :
agrafe de manteau :
une brohe en or filigrané, perles, cabochons de saphirs :
les bijoux égyptiens de cette époque sont quand à eux bien souvent en or avec des motifs émaillés.
voici quelques exemples de bijoux toujours de la amison Castellani, vers 1870 :
boucle d'oreille en mosaïque cloisonnée, et or :
le pendentif assorti :
broche paon :
broche scarabée en mozaïque de verre polychrome cloisonnée d'or, stéatite :
broche poisson :
un bracelet de la Maison Morel et Cie, vers 1848, perles de verres recouvertes de nacre, et bronze de deux couleur :
enfin une broche, sur cheveux tressés, je sais, je sais....mais le monogramme plaira à majesté ! ( et aux autres aussi j'imagine !)
De cette couleur, nous connaissons Le grand Condé :
Pour en revenir à Marie-Antoinette, rappelons ici que la reine, lors de grandes occasions, accessoirisait ses tenues d'apparat avec quelques grosses pièces de la couronne : Dont le célèbre Sancy :
Le diamant bleu, retaillé et devenu le Hope (nous en avons déjà parlé ici) :
Mais aussi le De Guise et le Miroir du Portugal...aujourd'hui disparus. Il faut y ajouter les fameux Mazarins, numérotés et nommés comme tels, par exemple cinquième ou sixième (pour les deux plus gros en forme de poire). Grand collectionneur de pierres précieuses (notamment), le cardinal les avait offerts à Louis XIV. 18 pierres d'exception : nombre d'entre-elles volées en 1792, retrouvées ou vendues par les gouvernements qui ont succédés à la Révolution
Pour rester dans la noirceur, je vous propose alors ce magnifique et célèbre diamant noir. Pour le coup, cela ne me gênerait pas de le porter.
Pire que la malédiction de Toutankhamon. Les malheurs que le célèbre Diamant bleu a engendré autour de lui ont fasciné des générations d’observateurs, tout aussi émerveillés par la beauté étrange du joyau, dont la couleur, un bleu changeant, variait selon la lumière.
Il y a exactement 60 ans, au beau milieu du mois de janvier 1950, la France découvrait le diamant : l’actrice Denise Darcel, qui n’avait peur de rien, se faisait photographier à New York en arborant le diamant à son cou. Le Diamant maudit, au cou de Denise Darcel
Ce fut une exclusivité pour Paris Match. L’hebdomadaire naissant s’était rendu à New York pour photographier le « Diamant du malheur », appelé aussi le « Hope ».
Harry Wilson, son propriétaire, avait autorisé l’actrice et chanteuse française Denise Billecard, devenue Denise Darcel avec le succès aidant, à poser en arborant le joyau à son cou, sous l’œil vigilant de policiers armés. L’héroïne du film Bastogne (1949) et future vedette du western Vera Cruz (1954, avec Gary Cooper), que les américains ont vite surnommé la « Jane Russell française », fut alors envahie de frissons. Le Diamant bleu, de 44,52 carats, est en effet l’une des pierres les plus précieuses et les plus connues au monde… mais aussi la plus dangereuse.
Personne ne connaît l’origine du diamant, sans doute propriété de la dynastie hindoue des Telegu au moyen-âge.
Il passait pour être l’une des manifestation du dieu Siva. Jean de Tavernier, un aventurier, le vendit à Louis XIV. Mal lui en a prit : la légende raconte qu’il fut dévoré peu après par des chiens dans une forêt des environs de Versailles.
Nicolas Fouquet, superintendent des finances du royaume, eu le privilège de le porter lors d’une fête : le lendemain il fut arrêté et emprisonné jusqu’à la fin de ses jours. Le Roi Soleil accorda le même privilège à Madame de Montespan : Elle tomba peu après en disgrâce. Un siècle plus tard Marie-Antoinette et son amie la princesse de Lamballe ne purent résister à la tentation de porter l’étrange diamant : la première fut guillotinée et la seconde fut violée , massacrée et déchiquetée en prison.
Dérobé à la Révolution, on retrouva le joyau à Amsterdam en 1830.
Il fut racheté par un financier britannique, Henri Thomas Hope. Le malheur s’empara de ses descendants : Francis Hope, Duc de Newcastle, offrit le diamant à son épouse l’actrice May Yohe.
Il fut ruiné et cette dernière le quitta… avant de mourir de misère (à son tour) dans les ruelles des docks sordides de Newcastle. En 1901, son nouvel acquéreur, un joaillier américain, fit faillite.
Le diamant tomba alors entre les mains du français Jacques Collot : il devint fou et se suicida.
Il avait peu avant vendu le joyau au prince Poniatowski, de Varsovie : celui-ci tua sa maîtresse dès qu’elle eut porté le diamant pour la première fois… avant de s’écrouler à son tour, poignardé par un révolutionnaire. Le « Hope » échoua alors dans la poche d’un bijoutier grec, qui le revendit à un sultan turc : rapidement, le premier mourut en tombant dans un précipice et le second, après avoir tué sa femme, perdit son trône.
En 1909, Halid, nouvel acquéreur du Diamant bleu, mourut noyé en mer. En 1912 les McLean le rachetèrent : morts, ruines et divorces furent le lot de la famille. Madame McLean, épouvantée, déclara que « tous nos malheurs ont commencé avec l’achat de ce diamant ». Et c’est alors que Harry Winston, un des plus grands diamantaires au monde, en prit possession en 1949.
Le mauvais sort semble s’être arrêté depuis. L’histoire montrera que Harry Winston, pas plus que Denise Darcel, n’ont connu de malheurs particuliers, même si l’actrice dut interrompre sa carrière à Hollywood après avoir refusé certaines avances. Le joaillier new-yorkais a fait don du Diamant bleu au Smithsonian Instuitute de Washington.
Aujourd’hui encore il y est visible, dans une pièce réservée.
Photo
Tarzan and the Slave Girl. Denise Darcel fut la vedette de ce film tourné en 1950, peu après s’être emparée de la légende du Diamant bleu. Le Diamant maudit, au cou de Denise Darcel
Dans la glyptique, qui est l’art de graver les pierres fines, il faut distinguer deux techniques : l’une qui consiste à graver les pierres en creux, l’autre qui consiste à les graver en relief. La première de ces techniques produit les intailles ou pierres gravées ; la seconde, les camées.
L’art de graver des scènes mythologiques et des divinités, sur des pierres, coquillages ou autres supports qui s’y prêtent, est très ancien.
Bijoux et médaillons richement décorés, ont été souvent retrouvés dans différents sites archéologiques, comme à Pompei et à Herculanum, et ceci montre que les objets avec des motifs gravés représentant des divinités étaient déjà en vogue à l’époque des Romains. Les fouilles archéologiques de Pompei ont exhumé des exemples de camées exécutés même sur pierre de lave.
Les premiers exemples de taille utilisés pour les sceaux remontent à quatre mille ans, en Mésopotamie ; d’autres exemples, appartenant à la XII° dynastie égyptienne, aux environs de 1750 av. J.-C., sont exposés au Metropolitan Museum de New-York, et il s’agit de gravures en relief sur pierre en forme de scarabées utilisés également en tant que sceaux.
Le premier camée employé comme ornement de bague et de boucles d’oreilles, fut fabriqué dans la Grèce antique aux alentours de 400 av. J.-C.
Le coquillage n’était pas encore en usage. On faisait appel à des minéraux tels que la cornaline rouge, le jaspe, l’onyx et la malachite, sans toutefois parvenir à rendre l’effet polychrome ; à l’exception de l’agate qui, de par sa nature géologique à strates de teintes différentes, se prêtait mieux aux premières réalisations d’incision à relief doux.
Le terme moderne de camée, emprunté de l’italien cameo, est de même origine que camaïeu. Les camées étant le plus souvent gravés sur des agates à plusieurs teintes superposées, l’artiste tirait parti de la polychromie naturelle de la pierre pour donner à son sujet, au moyen des couches multicolores, l’aspect d’un camaïeu.
Comme aujourd’hui encore, l’ébauche était taillée sur la couche supérieure de couleur plus claire, ce qui permettait de faire ressortir le dessin par rapport à la couleur du fond.
Les sujets préférés des Grecs anciens ont toujours été des profils de femme, des divinités, ainsi que des personnages de la mythologie.
Au premier siècle av. J.-C. le savoir-faire des artistes grecs parvint à Rome ; les camées devinrent à la mode dans les classes les plus aisées et on en produisit de formats variés à des fins purement ornementales .
Camée argent, matière coquille " le roi David jouant de la harpe "
Monture argent, pierre " l'amour et psyché "
Calcédoine et or
Sur des boucles de ceinture
Grenat et coquille d'œuf :
Un peu plus tardif, ce médaillon-broche d'époque Louis Philippe , onyx, or et perles:
bracelets second empire, du moins de la seconde partie du XIXème :
un autre, or émail et perles
Parure en corail, dahlias
bracelet d'Emile Froment Meurice, argent, et métal doré orné d'émaux et d'opale, deux femmes et coffret " vinaigrette " ( petit coffre à vinaigres odoriférents, parfums, ou sels pour réanimer, ou alors tout simplement des cheveux )