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Par Dona Rodrigue le 3 Janvier 2014 à 13:11
L’histoire de la mode : Paul Poiret
L’histoire de la mode, épisode III. Nous sommes au début du siècle, Paul Poiret quitte la maison de couture de Charles Frederick Worth pour se lancer dans l’aventure de la couture. Tout s’enchaîne très vite pour celui qui commença chez Doucet : il ouvre en 1903 sa maison de couture avec comme ambassadrice Gabrielle-Charlotte Réju (alias Réjane), jeune actrice sous les feux de la rampe. L’effet est immédiat : Paris se l’arrache !
Il a alors l’idée ingénieuse de retirer le corset des robes des femmes, puis de simplifier les froufrous et apparats : exit les dentelles et les postiches. Ses coupes très contemporaines font scandale, la simplicité de son style et la mise en valeur de la poitrine des demoiselles choquent : la révolution de la silhouette Belle Epoque est en marche.
Sa renommée dépasse les frontières de la capitale pour atteindre les côtes américaines, son surnom « the king of fashion » fera le tour du monde, si bien que les copies des ses créations s’arrachent sous le manteau.
Le style Paul Poiret est singulier : les épaules deviennent désormais le point d’appui de la silhouette qui libère la taille, il déplace la ceinture sous la poitrine marquant davantage la féminité, il laisse de côté les techniques de ses maîtres et écarte les pièces à manches trop construites. Cette simplification du trait qui est certes sa particularité pouvait alors se retrouver chez Vionnet.
Sa signature ? L’art du drapé emprunté à la tunique grecque autant qu’au kimono cocon ou aux caftans d’Afrique du Nord. L‘orientalisme, en vogue à cette période, est une marque typique des inspirations de Paul Poiret, qui oscille entre les ballets russes et les Mille et Une Nuit.
Mais n’oublions pas que Poiret fut le fer de lance du style Art déco et celui qui démocratisa le turban orné d’une aigrette que sa femme arborait fièrement aux folles soirées parisiennes. Fort de sa grande réputation, il invente les produits dérivés (Parfums de Rosine ainsi que la ligne pour la maison Martine), son aura inonde le Tout-Paris et l’intelligentsia n’a d’yeux que pour lui : Constantin Brancusi, Robert Delaunay, André Derain, Kees Van Dongen, Raoul Dufy avec qui il lance des imprimés audacieux, Marie Laurencin, Henri Matisse, Picabia ou Picasso …
Ses innovations ne s’arrêtent pas là, ses dernier faits en date resteront dans les annales : il décide de moderniser la jupe et lance la jupe-culotte et la jupe entravée, et cette audace lui vaudra un nouveau scandale.
La fin de la Première Guerre Mondiale commence à faire souffrir les florissantes affaires de la maison Poiret, le style ne correspond plus à la demande plus utilitaire des femmes. La crise de 1929 aura raison de ses ardeurs et coulera définitivement sa maison de couture. Il continua d’innover et inventa la gaine souple qui aujourd’hui encore permet aux femmes de garder une silhouette délicate. L’histoire de la mode n’est pas toujours faite de faste et de bonheur car Paul Poiret mourra en 1944 seul et pauvre.
sources1910La mode, en particulier la Haute Couture est à l’honneur depuis plusieurs mois à Paris, à travers l’exposition Fashioning Fashion au Musée des Arts décoratifs (retrouvez un article sur l’expo dans le blog) et depuis le 2 mars à l’Hotel de ville avec l’exposition Paris Haute Couture.
Plusieurs couturiers tels que Callot Soeur, Charles Frederick Worth ainsi que Paul Poiret, entre autres, sont exposés dans ces deux évènements. J’aime particulièrement le travail de ces trois couturiers, leurs créations me font voyager dans un exotisme fantasmé, les matières et détails des tissus, des broderies m’enchantent et me fascinent. Il me semblait donc pertinent de vous présenter l’un d’entre eux, Paul Poiret, qui fut un grand couturier et dont les oeuvres sont encore aujourd’hui une véritable source d’inspiration.
La petite histoire de M. Poiret
Paul Poiret (1879-1944) fut le premier couturier a s’affranchir du corset et donc, a libérer le corps des femmes qui rappelons-nous, était entravé dans un corset pour obtenir une silhouette en S, additionné a des tournures.
Il est considéré comme le précurseur du style Art Déco et invente en 1906 “le style héllénique”, composé d’une série de modèles sans corset et à taille haute.
Paul Poiret fut fortement influencé par l’éxotisme de l’époque (l’Orient et le Japon) et par les couleurs vives. Nous sommes en 1911, les modes orientalistes hissent Paul Poiret au sommet de sa gloire et la traduction des Milles et Une Nuits ainsi que la présénce des Ballets Russes à Paris alimentent cette passion pour l’Orient. Il créera les “culottes harem” et les jupes “entravées” qui feront scandale à l’époque. Sans oublier sa marque de reconnaissance, le fameux turban d’inspiration orientale que sa femme Denise rendra célèbre.
L’influence culturelle du Japon est importante également à cette époque et aura un impact sur l’art et la litterature. Le “japonisme” inspire Poiret à travers les motifs, les étoffes, les coupes des vêtements comme notamment le kimono japonais.
Mais la crise de 1929 aura raison de la Maison Paul Poiret qui devra fermer. Après la permière guerre mondiale, la clientèle délaissera ce style exubérant et coloré pour un style plus épuré à la Coco Chanel…
Les créations de Paul Poiret
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