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    La provocation comme arme de guerre ?

      

      

    Les zazous étaient un courant de mode de la France des années 1940. Il s'agissait de jeunes gens reconnaissables à leurs vêtements anglais ou américains, et affichant leur amour du jazz.

     

    Origine du nom :

    Le terme de zazou vient de la chanson Zaz Zuh Zaz, de Cab Calloway.

     

     

     

    Les Zazous, ça ressemblait à ça :


    "Les cheveux frisottés,
    Le col haut de dix-huit pieds,
    Ah ils sont zazous !
    Le doigt comme ça en l’air
    Le veston qui traîne par terre
    Ah ils sont zazous !
    Ils ont des pantalons d’une coupe inouïe
    Qui arrivent un peu en haut des genoux
    Et qu’il pleuve ou qu’il vente, ils ont un parapluie,
    De grosses lunettes noires,
    Et puis surtout,
    Ils ont l’air dégoûté.
    "

      

    Attitude pendant la guerre :

    Pendant l'Occupation, les zazous exprimèrent leur non-conformisme et leur opposition au régime en organisant des concours de danse, qui les opposaient parfois aux soldats allemands.

      

    Lorsque les lois raciales de Pétain et des Nazis obligèrent les Juifs à porter l'étoile jaune, un certain nombre de zazous, par défi, s'affichèrent avec une étoile jaune marquée Zazou, Swing ou Goy[.

      

      

      

    Ils furent arrêtés et conduits au camp de Drancy avant d'être relâchés.

    Par bravade, ils portaient des vêtements trop longs à une période où le tissu était rationné, ils gardaient les cheveux longs alors qu'un décret vichyste faisait des cheveux récupérés chez le coiffeur une matière première d'intérêt public pour la confection de pantoufles. Enfin, ils mettaient un point d'honneur à être toujours équipés d'un parapluie qu'ils n'ouvraient jamais.

     

      

    L'existentialisme :

    Les zazous étaient contemporains de l'existentialisme. Boris Vian en était un exemple typique. Il n'a cependant jamais revêtu l'habit du zazou, comme le prouve Claire Julliard dans sa biographie de Boris Vian (Gallimard, 2007).

     

      

    On entend beaucoup parler des zazous dans le milieu swing. C’est d’ailleurs un mots utilisé dans la plupart des chansons de variétés françaises des années 40. Mais que cela veut-il dire au juste ? Quel est sa relation avec le swing ?

    Tout d’abord un peu d’histoire. La définition du Zazou ne saurait être élaborée sans au préalable parler du jazz, de la guerre, des nazis et de la France. Car c’est là qu’ils sont nés. Sans jazz, il n’y a pas de swing et sans swing, pas de zazous.

    Nous sommes en 1940. La France est divisée en deux.

      

    Les Nazis occupent Paris et les collabos, à la morale ultra conservatrice, régissent à coup d’interdictions une jeunesse morose et ennuyée.

     

     

    Depuis les années 30, on était témoin en France d’un intérêt tiède des français pour le jazz. Pendant la guerre, c’est une véritable explosion de concerts qui éclate aux quatre coins du pays et dans les caves de Paris. Ces concerts réunissent des salles pleines à craquer de jeunes tapant du pied aux rythmes effrénés des musiciens de jazz français. Les Petits Swing sont nés.

     

      

    Le swing en France devra beaucoup à Charles Delaunay alors Secrétaire Général du Hot Club de France. C’est lui qui sera à l’origine du premier festival de Jazz. Sous l’occupation Nazi, Delaunay sait que même si le jazz est toléré, ce n’est qu’une question de sursis. Il décide de faire jouer par les musiciens de jazz français des hits américains sous couverture de titres français. Ainsi camouflés, ils n’ont pas de mal à passer la censure allemande. Ainsi St-Louis Blues devient La Tristesse de St-Louis, Tiger rag est rebaptisé La Rage du Tigre et Some Of These Days, Bébé d’Amour…

     

      

    Tel que prévu, l’entrée en guerre des Etats-Unis contre le 3eme Reich met fin à toute tolérance de musique américaine sur l’Hexagone. Grâce à ce subterfuge, le jazz et le swing français qui connaît alors son heure de gloire peut continuer en toute tranquillité.

     

     

     

     

    Le mot Zazou arrive tout droit des Etats-Unis. Certains l’attribuent à Cab Calloway pour sa chanson « Zah Zuh Zah » , d’autres répliquent qu’ils s’agit là des célèbres onomatopées lancées par les chanteurs noirs pendant leur « skat » et plus précisément d’un certain Freddy Taylor. C’est lui qui aurait importé la mode vestimentaire des Dandy noirs dès l’avant guerre… Zazouzazouzazouuhé! l’hymne swing est vite repris par les médias de l’époque. Ainsi, les Petits Swings deviennent les Zazous.

     

     

    Johnny_HessLe Roi du swing, c’est Johnny Hess. Auteur du tube « Je suis swing », il est le premier musicien de Charles Trenet. Avec lui il composera plusieurs titres swing français dont le fameux « Ils sont zazous ». Depuis l’apogée du swing, les artistes français se doivent d’être « dans le vent ». Le truc branché de l’époque est de faire figurer coûte que coûte le mot swing dans le titre de son film ou de sa chanson.

    Les disques se font de plus en plus rares faute de matériel de production au milieu de l’occupation et un disque de Django Reinhardt s’échange maintenant pour 2 voire 3 livres de beurre! Eh oui, c’est la guerre et les jeunes ont besoin de divertissements.

     

     

      

    Mais à quoi ressemble donc cette jeunesse férue de jazz et de chanteurs noirs américains? Sous le régime des collaborateurs français sympathiques aux idées « d’ordre » du 3eme Reich, Jeunesse, un magazine militant pour une jeunesse debout prend en aversion ces étudiants crasseux et dégénérés que sont les zazous.

    Selon eux ils s’agit de jeunes qui troublent l’ordre public et la morale bien pensante : « Voici le spécimen de l’Ultra swing 1941 : Cheveux dans le cou entretenus dans un savant désordre, petite moustache à la Clark Gable, veste de tricot sans revers, pantalon rayés, chaussures à semelles trop épaisses, démarche syncopée…) ».

     

     

    zazou3Les Zazous, c’est d’abord un mouvement de révolte contre le régime en court. Un mouvement de révolte par l’inertie. Car ces jeunes passent leurs temps dans les cafés à refaire le monde et se moquer de la politique du moment. C’est une provocation gratuite, spontanée mais calculée. Ils se cachent dans les cinémas, dans les caves et dans les surprises parties. Mais de toute façon, on retrouve le Zazou partout dans Paris. Deux lieux de prédilection : la terrasse du Pam Pam sur les Champs Elysées et le Boul’Mich (Le Boulevard St-Michel près de la Sorbonne). Les Zazous des Champs Elysées viennent d’une classe bourgeoise et plus âgée.

     

      

    Ils sont facilement reconnaissables à la terrasse de leur Q.G. Les après-midis, ils les passent à faire du vélo aux Bois de Boulogne. Dans le Quartier Latin, le zazou se cache dans les caves du Dupont-Latin ou du Capoulade. Situés à côté de la Sorbonne, les cafés ne désengorgent pas d’une population estudiantine et lycéenne.

      

      

    Entre les cafés et les cinémas leurs cœurs balancent… C’est peut-être la raison pour laquelle encore aujourd’hui on trouve autant de cinémas autour de l’Université. Une grande majorité d’entre eux montrent des films d’auteurs d’époque ainsi que le célèbre film culte swing Hellzapoppin’, et ce depuis des lustres!

     

     

    zazouqsPour les zazous, jouer l’esprit de contradiction est primordial. Ne pas être dupe et accessoirement s’arranger pour le faire savoir constitue un élément essentiel de la philosophie zazou. Cette prise de position et cette attitude « je m’en foutiste » leurs amènera beaucoup de problèmes dès 1942. Faute de ne plus pouvoir dénoncer de Juifs en cavale, le mouvement Jeunesse Populaire Français partira à la chasse aux zazous à travers la France. Plusieurs zazous sont tabassés.

    Ils deviennent l’ennemi n°1 de cette jeunesse collabos conditionnée par le gouvernement vichiste. Il est vrai que la vue de ces jeunes, évachés dans les cafés, cachés dans les cinémas et terriblement ironiques sur la situation actuelle peut suffire à rendre certains légèrement irrités au moment où on tente de redresser une France qui s’épuise à se défendre de l’Occupant Nazi.

    Faute de pouvoir justifier d’une activité professionnelle pendant la journée, plusieurs d’entre eux sont envoyés à la campagne pour les moissons. Les moins chanceux d’entre eux seront attrapés par des jeunes de leurs âges opposés à leurs idées et tondus sur place, en plein milieu de la rue.

     

    Avec ces événements, le déclin des zazous est annoncé. La plupart d’entre eux se terrent dans les salles de danse et attendent la fin de la guerre. Vers 1944, un nouveau style entre à l’ordre du jour. Il s’agit toujours de jazz mais nous sommes maintenant à St-Germain des Prés, et plus précisément dans ses caves.

    C’est Boris Vian, fervent amateurs de jazz et bon copain des zazous qui mène la revue. Dans l’un de ses romans Vercoquin et le Plancton, il décrit très bien l’ambiance de fêtes zazous organisées par le Major. La jeunesse branchée s’appelle maintenant Bobby-Soxers. Les Rats des Caves sont nés… Mais ça c’est une autre histoire!

     

      

    sources : wikipedia et photos google

    ://mediathpecaire.wordpress.com/2009/11/06/zazou-ou-etre-swing-sous-loccupation/

     

     

     

     

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