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  • BOUQUETS de FLEURS

     

     

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  • GUIRLANDES

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  • LES ORTIES TEXTILES

    Les orties textiles

     

    (D'après un article paru en 1884) Les substances textiles ont, dans l'industrie française, un rôle des plus importants. Malheureusement l'agriculture est incapable jusqu'à ce jour de fournir à nos fabriques de tissus la totalité des matières premières nécessaires à leur travail. En 1879, par exemple, l'importation s'en est élevée à 950 millions de francs, près d'un milliard.
     

    Il y aurait intérêt à introduire dans l'agriculture française des plantes d'une culture facile, et dont les fibres, bien supérieures comme longueur et comme résistance à celles du coton, du chanvre et du lin, se rapprocheraient de la soie par leur souplesse et leur éclat. On trouve ces qualités dans plusieurs espèces d'orties, dont les deux principales sont l'Ortie de Chine (Urtica nivea) et la Ramie (Urtica utilis, Urtica tenacissima).

    Les orties textiles sont vivaces comme celles de nos pays ; circonstance favorable, car elle évite la peine de les semer chaque année, ainsi qu'on est obligé de le faire pour le lin ou le chanvre. Quelques botanistes en font un genre particulier, le genre Boehmeria, parce qu'elles sont dépourvues de dards, ce qui en rend le maniement facile.
     

     

    L'ortie de Chine ou ortie blanche appartient aux climats tempérés et convient, par conséquent, à la plus grande partie de la France : elle pousse très vigoureusement et peut donner deux et même trois coupes dans une année.

     

     

    La ramie, originaire des îles de la Sonde, se cultive à Java, à Sumatra et dans les provinces méridionales de la Chine. On pourrait l'acclimater dans le midi de la France. Sa puissance de végétation est encore supérieure à celle de l'ortie blanche, et l'on en tire souvent quatre récoltes par an. Il paraît, en outre, que ses feuilles nourrissent un ver particulier qui donne une fort belle soie.

     

     

    Les fibres textiles des orties sont fort longs (plus de 50 centimètres), et d'une ténacité telle qu'un fil d'ortie de la grosseur d'un fil à coudre ordinaire ne peut être cassé à la main. Elles sont remarquables par un éclat et un brillant qui donnent aux tissus en fil d'ortie l'apparence d'étoffes de soie. Beaucoup de voyageurs ont pris en effet pour des vêtements de soie les robes inusables que les Chinois se transmettent en héritage, et qu'ils fabriquent avec l'ortie.

     

    Cette différence semble avoir été connue des anciens : Pline dit, en effet, qu'il faut distinguer le vêtement de soie (vestis bombycina), fabriqué avec la matière produite par le bombyx du mûrier, et celui qui est lissé avec des fils provenant d'un arbre de l'Inde et qu'on appelle vestis serica.
     

     

    La culture des orties textiles ne présente aucune difficulté. Elles se multiplient très aisément par le semis, par le bouturage ou le marcottage, par la division des pieds, et surtout par la section des racines souterraines ou rhizomes en morceaux de 4 à 5 centimètres de long. Bien qu'elles exigent des climats différents, l'ortie blanche et la ramie préfèrent les terres légères, mais riches, fraîches sans être marécageuses. Un léger ombrage leur est favorable. Résistant très bien à la sécheresse, elles acquièrent par des irrigations une taille plus considérable.
     

     

     

    L'utilisation des orties textiles présentait une difficulté sérieuse : c'était l'extraction des fibres et leur séparation des autres parties de la tige. Les procédés purement manuels dont les Malais et les Chinois font usage ne peuvent être appliqués en Europe, à cause du prix élevé de la main d'oeuvre. Le rouissage, tel qu'on le pratique pour le lin et le chanvre, est une opération malsaine : elle produit des émanations pestilentielles et doit être bannie de l'industrie. Elle a d'ailleurs le défaut d'altérer les fibres, quand elle n'est pas conduite avec le plus grand soin.

     

    La décortication des tiges d'ortie peut, il est vrai, se faire par des procédés mécaniques, sans rouissage préalable, à la condition que les tiges aient été desséchées. Mais ce résultat ne saurait être obtenu en toute saison : il faut pour cela des conditions climatiques spéciales ; et l'on s'exposerait à voir pourrir une récolte, faute d'un temps favorable à sa dessiccation. Aussi le gouvernement des Indes anglaises a-t-il offert une prime de 125 000 francs pour la meilleure machine ou le meilleur procédé de traitement, à l'état vert, des tiges de ramie.
     

     

    Le problème est aujourd'hui résolu : Les tiges de ramie nouvellement récoltées sont soumises en vases clos, dans des caisses en bois par exemple, à l'action de la vapeur ou de l'air chaud. Au bout de quelques minutes, la chènevotte se sépare avec la plus grande facilité de la couche corticale contenant toutes les fibres utilisables. L'écorce s'enlève par lanières exemptes de tout débris ligneux, et, d'un autre côté, aucune parcelle de filasse ne reste sur la chènevotte.
     

     

    Ce mode de traitement a été découvert par M. A. Favier, ancien élève de l'école polytechnique. Grâce aux travaux de M. Frémy, l'opération peut être complétée : ce savant a trouvé le moyen de débarrasser les lanières d'écorce du ciment végétal qui les empâte, et par conséquent d'isoler, de dégommer et de blanchir les fibres d'ortie, de façon à les obtenir dans toute leur longueur, avec toute leur solidité et leur éclat. On peut ensuite en faire des fils ou des cordages, les tisser ou les teindre, les employer à la fabrication du plus beau linge de table et de corps, ou bien en confectionner de magnifiques étoffes, pour les vêtements et l'ameublement.

     

    SOURCES : http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/r281,costumes-du-xiiie-au-xve-siecle,5.html

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    Tout commence par la découverte, il y a un an, dans les fonds anciens de la collection de minéralogie du Muséum National d’Histoire naturelle, d’une copie en plomb d’un très grand diamant. C’est pour François Farges, chercheur au Département Histoire de la Terre, et son équipe internationale, le point de départ d’une incroyable enquête historico-policière qui va les mener sur les traces du mythique « diamant bleu de la Couronne ». En effet, il s’avère que cette réplique – réalisée avant sa transformation – et celle du plus célèbre des joyaux des rois de France, volé en 1792.
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    Ramené des Indes, en 1668, par le grand voyageur et commerçant Jean-Baptiste Tavernier, cet énorme diamant brut pesant 115,28 carats est présenté à Louis XIV qui décide aussitôt d’en faire l’acquisition. La facture de Tavernier indique : « 220.000 livres pour un grand diamant bleu, en forme de cœur, court, taillé à la mode des Indes, pezant 112 ks 3/16 ». En 1671, le roi en confie la taille à Jean Pitau, son joailler, qui va en faire un chef d’œuvre de l’art lapidaire du baroque français.
      
    Le résultat est impressionnant : d’un bleu foncé exceptionnel, la nouvelle pierre se présente désormais sous la forme d’une rose centrale – la fameuse rose de Paris – en sept facettes, d’une symétrie parfaite et d’un éclat incomparable. Elle ne pèse plus que 69 carats. Après le « Sancy », le diamant devient ainsi le deuxième plus important joyau de la Couronne de France. Louis XIV le fait monter sur un bâtonnet d’or émaillé pour s’en servir comme épingle de cravate.
      
    .... SUITE de l'ARTICLE.... cliquer sur ce lien...
     
     
     
     
     
     
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    Le diamant Daria-e nour

      

    Daria-e nour ( Diamant d'Iran le Darya-e nour )



    Le Daryā-e nour (en persan : دریای نور, mer de lumière), aussi transcrit Daria-e nour ou Daria-i-nor, est un des plus grands diamants taillés du monde, pesant 182 carats (36,4 g).
    Sa couleur, rose pâle, est l'une des teintes les plus rares pour un diamant. Le Daryā-e nour fait partie actuellement des joyaux de la couronne iranienne.

    Histoire
    Ce diamant, comme le Kohinoor, a été extrait des mines de Golkonda en Inde, et se retrouva en possession des empereurs moghols. En 1739, Nader Shah envahit l'Inde et met Delhi à sac; il s'empare ainsi du trésor moghol incluant le Darya-i-noor, le Kohinoor, le Trône du Paon et d'autres objets. Tous ces trésors sont transportés en Perse par Nader Shah et le Darya-i-noor est resté dans ce pays depuis cette date.

    Après la mort de Nader Shah, le Darya-e nour sera donné à son petit-fils, Shahrokh Mirza, en héritage. Puis il passe en possession de Alam Khan Khozeimeh, et plus tard de Lotf Ali Khan Zand, un membre de la dynastie Zand d'Iran. Agha Mohammad Shah, fondateur de la dynastie Kadjar, défait les Zand, et le Darya-e-noor devient propriété des Qajars. Fath Ali Shah Qajar a son nom inscrit sur l'une des faces de ce diamant. Plus tard, Nasser-al-Din Shah Qajar le porte souvent sur un brassard. Il croyait apparemment que ce diamant était l'un de ceux montés sur la couronne de Cyrus le Grand. Quand les étendards ne sont plus de mode, il porte ce diamant en tant que broche. En certaines occasions, cette pierre précieuse a été confiée aux soins de personnages importants du pays, ce qui est considéré à l'époque comme un signe d'honneur. Il a été éventuellement gardé caché dans le musée du trésor du Palais du Golestan jusqu'à l'époque de Mozaffaredin Shah. Celui-ci le portera comme décoration d'un de ces couvre-chefs quand il visite l'Europe en 1902.

    Reza Shah, fondateur de la dynastie Pahlavi, porte ce diamant comme une décoration sur son casque militaire à l'occasion de son couronnement en 1926. Il a également été utilisé par Mohammad Reza Shah Pahlavi au cours de la cérémonie de son couronnement en 1967.


    Association possible
    En 1965, une équipe canadienne qui mène des recherches sur les joyaux de la couronne iranienne conclut que le Darya-e-Noor semble avoir fait partie d'un diamant rose plus grand encore qui a été monté sur le trône de l'empereur moghol Shah Jahan, et qui a été décrite dans le journal du joaillier français Tavernier en 1642, qui l'appelait le Diamanta Grande Table. Ce diamant semble être retaillé en deux pièces ; la grande partie issue du diamant deviendra le Darya-e nour ; la petite partie que l'on estime peser 60 carats (12 g) deviendra le diamant Noor-ol-Ein, actuellement monté dans un diadème appartenant à la collection des joyaux de la couronne iranienne.

      

    sources : lien  SOURCES http://croissantdelune.centerblog.net/rub-Les-diamants.html

      

     

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  • Le diamant bleu de la couronne

      

    Diamant bleu de la Couronne

    Le diamant bleu de la Couronne est un grand diamant bleu de Louis XIV. Il est ramené d’Inde en 1668, retaillé par Pitau en 1673 et volé en 1792. Son plomb, découvert en 2008, suggère que ce diamant de la Couronne est à l'origine du diamant Hope apparu en Angleterre après le vol.

    Histoire
    Dans les années 1668, un certain Jean-Baptiste Tavernier revient du sultanat de Golconde avec une série de très beaux diamants. Le plus grand de ces diamants pesait 112 et 3/16 carats de l’époque, soit 115,16 carats métriques modernes. Il s’agissait à l’époque du plus grand diamant bleu connu, également connu sous le nom de « diamant bleu de Tavernier ». Malgré qu’il est écrit que le diamant semble avoir été extrait dans les années 1610 de la mine Kollur (ou Gani en Telugu) près de Golconde, on n’en au aucune preuve. Golconde est maintenant une cité-forteresse en ruines près de la localité actuelle d’Hyderabad, dans l’état indien d’Andra Pradesh. Le diamant avait été repoli suivant l’usage indien de l’époque, c’est-à-dire suivant les faces naturelles de cristallisation et de clivage du diamant. On cherchait à garder la gemme la plus grosse possible, aux dépens de la brillance.


    Retaille du diamant indien
    En décembre 1668, Tavernier revint en France avec une série de diamants, dont le grand diamant bleu foncé et deux autres d'un bleu plus clair. En 1669, Tavernier vendit le diamant bleu à très bon prix à Louis XIV. En 1671, le roi ordonna que la gemme fût retaillée dans le goût occidental de l’époque, c’est-à-dire pour améliorer sa brillance. La lourde responsabilité de la taille du diamant bleu de Tavernier incomba au « Sieur Pitau », le joaillier de la Cour.

    Jean Pitau a certainement proposé un dessin exceptionnel pour convaincre le Roi et Colbert de financer la taille à un prix équivalent à environ un dixième du prix d’achat du diamant de Tavernier. Après deux ans de travail, le diamant de Tavernier était retaillé sous une forme triangulaire. Le nouveau diamant fut appelé par Colbert le « diamant bleu de la Couronne » (« French Blue » pour les anglicistes). Il pesait 69 ± 0,02 carats. Ce diamant était un chef d’œuvre de travail lapidaire, dû notamment à sa double symétrie impaire (d’ordre 3 et 7) et la perfection de sa taille. Le diamant était serti dans une sorte de broche que le roi portait à son foulard (« cravate »).


    Toison d’or
    En 1749, Louis XV demanda au joaillier Pierre-André Jacquemin (1720-1773) d’inclure le diamant bleu dans l’insigne de l’ordre de la Toison d’Or de la parure de couleur du roi. Louis XV possédait un certain nombre d’insignes de la Toison d’Or, mais deux étaient particulièrement magnifiques. La Toison dite de la « parure blanche » est composée de quatre grands diamants (dont le très beau second Mazarin de 25,37 carats) et de nombreux autres plus petits (175 ainsi que 80 rubis ; le tout évalué en 1791 à 413 000 livres). Quant à la Toison de la parure de couleur, elle présentait un feu d’artifice de grandes gemmes de couleur (jaune mais aussi bleu, blanc et rouge). M. Horovitz possède deux gravures de cette deuxième Toison, qui semblent avoir été proposées par Jacquemin au souverain, dont une avec le diamant bleu.

      

    La version finale de la Toison d’Or de la parure de couleur contenant le diamant bleu est surtout connue par le moule en plomb que réalisa probablement Jacquemin après avoir fabriqué le joyau. C’est ce plomb que Germain Bapst (1853-1921) fera publier. Malgré diverses recherches, cet objet majeur n'a pas encore été retrouvé. Cette insigne magnifique, chef d’œuvre absolu de l’orfèvrerie rococo, comprenait le superbe diamant bleu qui, selon cette tradition chevaleresque, « protège » la toison d’or proprement dite (et ses 112 diamant peints en jaune) des flammes (serties de 84 diamants peints en rouge) crachées par un dragon en « rubis balay » (spinelle) de 107,88 carats.

      

    Ce dragon est la « Côte de Bretagne », retaillée ainsi pour cette occasion par Jacques Guay (1711-1793) et visible au Louvre, seul vestige de cet insigne. Le grand brillant « Bazu » de 32,62 carats et d’une « eau un peu céleste », trois « topazes d’Orient » (saphirs jaunes), quatre diamants en forme de brillants de 4-5 carats et la bagatelle de 282 diamants décorent la queue et les ailes du dragon ainsi que des deux palmes qui entourent le dragon sans oublier les deux bélières de l’insigne. L’insigne avait été évalué à plus de trois millions de livres durant la Révolution, rien que pour les gemmes.


    Le vol de 1792
    Hélas, la Toison d’Or et son grand diamant bleu furent volés lors du sacage dramatique de l’hôtel du Garde-Meuble entre les 11 et 16 septembre 1792. La très grande majorité des joyaux de la Couronne qui y étaient exposés ont été dérobés pendant cinq jours par une trentaine de brigands.

    La publication et la diffusion de l’inventaire en 1791 par une première République un peu naïve a certainement fini de convaincre les voleurs d’agir en des temps troublés par la destitution du Roi, les massacres de septembre et l’invasion par l’est des austro-prussiens commandés par le duc Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick et décidés à rétablir la monarchie en France.

    Bien que la majorité des grandes gemmes royales seront heureusement récupérées, les plus grands insignes royaux de chevalerie ainsi que de nombreux objets majeurs disparurent définitivement.

    Origines obscures du diamant Hope

    Vingt ans après, un diamant bleu de 45,5 carats apparaît outre-manche. La gemme est décrite par John Francillon (1744-1816), un lapidaire londonien, avec la permission d’un certain Daniel Eliason (1753-1824), un négociant de diamants de la même ville. Cette « apparition » correspond exactement à vingt ans et deux jours après le saccage du Garde-Meuble, c’est-à-dire deux jours après la prescription légale du vol. Étonnement, il a fallu attendre Barbot en 1856 pour lire que ce « nouveau » diamant eut possiblement été retaillé depuis le « diamant bleu de la Couronne ».

      

    Le premier propriétaire véritablement reconnu de ce « nouveau » diamant bleu est Henry Philip Hope (1774-1839), qui donnera donc son nom à la gemme. Le diamant alla de propriétaire en propriétaire, jusqu’au moment où il fut généreusement donné par Harry Winston (1896-1978) à la Smithsonian Institution de Washington en 1958. Selon le Gemmological Institute of America, le diamant Hope (45,52 carats) est un diamant bleu unique (« fancy bleu-gris sombre » avec très peu d’inclusions - VS1).


    Recherches récentes en France et aux États-Unis

    De nombreuses recherches ont cherché à déterminer si le diamant Hope fût effectivement retaillé à partir du diamant bleu de la Couronne pour dissimuler son origine française. Ce travail implique des modélisations précises à trois dimensions du diamant bleu de la Couronne.

    Hélas, ce diamant mythique français n’est précisément connu que par une série de deux gravures de Lucien Hirtz, publiées par Bapst en 1889. Dans son anthologie des Joyaux de la Couronne de France, Morel s’essaie à une reconstitution de ce diamant, en se basant sur ces deux gravures de Bapst.

      

    Morel a légèrement mais significativement étiré le dessin de Hirtz du diamant bleu aux dimensions de Brisson pour qu’il puisse contenir le diamant Hope. Dès lors, les études récentes américaines montrant que le Hope était « définitivement » retaillé à partir du diamant bleu de la Couronne sont assujetties aux erreurs intrinsèques de Brisson. Kurin en 2006 signale que ces imprécisions suggèrent qu'un modèle fiable du diamant bleu de la Couronne doit être connu pour définitivement trancher cette question.


    Dernières découvertes

    Par une coïncidence temporelle assez extraordinaire, le seul et unique modèle en plomb du diamant royal français a récemment été découvert en 2007 dans les collections du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Cette découverte a pu montrer que le diamant bleu était bien mieux taillé que ce que l'on pendait auparavant. Le modèle montre aussi que le diamant Hope en est vraisemblablement issu, retaillé entre 1792 (date du vol du diamant français) et 1812 (date d'apparition du diamant bleu anglais).

      

    Finalement, il semble, d'après les archives du Muséum que c'est Henry Philip Hope qui a possédé le diamant volé et le diamant retaillé à sa mort en 1839. Il apparaît donc comme la personne au centre de la retaille du diamant bleu entre 1792 et 1812 ; les joailliers londoniens Eliason et Françillon ayant servi de prête-nom pour dissimuler le propriétaire effectif du diamant volé.

     SOURCES http://croissantdelune.centerblog.net/rub-Les-diamants.html

     

     

     

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    J'avais une merveille chez moi depuis des dizaines d'années chez moi, un truc trouvé chez une vieille tante, qui m'avait interessé et que je n'avais pas jeté.

    Le Bloc Hyalin. A l'époque j'avais découvert que c'était l'ancêtre de l'after- shave, mais je ne voulais surtout pas essayer la Pierre pour ne pas l'user.

    Depuis quelques semaines, la télé, les journaux, les radios, nous rebattent les oreilles et la vue avec des publicités vantant les mérites de la pierre d'Alun, je me suis souvenu de ma boite, rangée avec un tas de petites boites anciennes que j'affectionne.

    Vous me direz "c'est un blog de gemmologie ou de produits de beauté?"

    Vous avez a moitié raison!! mais la Pierre d'Alun (la vraie) est un minéral!!!

    Alors cette pierre d'alun?...tout d'abord, celle qui est dans la boite.


    Si ce n'était la dureté, on pourrait croire que c'est du cristal de Roche!
    Elle sert depuis longtemps, cette pierre d'Alun, on s'en servait déjà dans l'antiquité dans la teinturerie comme mordant.
    L'alun du grec"Alas" le sel, ou alun de potassium, est donc un sel minéral nommé aussi sulfate double d'aluminium et de potassium ayant pour formule chimique KAL(SO4)², 12 H²0, et il est extrait aussi bien en Syrie, qu'au Pérou et dans de nombreuses régions du monde.
    Cette pierre d'Alun a de grandes qualités , astringentes, hémétiques, et hémostatiques.
     

    Comme c'est un antiseptique et un astringent, il est utilisé comme déodorant, et c'est justement a cause de toutes ces pubs dont nous abreuvent depuis peu la Radio, l'Internet, la Télé que j'ai ressorti ma boite.

     
    Cette pierre de Cristal, laisse après avoir été humidifiée une légère couche de sels sur la peau , cela va combattre les bactéries responsables des petites mauvaises odeurs,.. on ne transpire plus et cela ne bloque pas les pores de la peau.
    C'est donc naturel à 100%, et de plus.. cette pierre peut durer plusieurs années!
    La pierre d'Alun de potassium est à base d'alunite naturelle extraites de mines et citée dans le Larousse des pierres précieuses.
    Mais voila, les réserves ont été un peu épuisées, il faut de la main d'oeuvre..!, il n'en faut pas plus pour que la chimie nous trouve un produit synthétique.
    Si vous voulez de la pierre d'Alun naturelle, exigez la "POTASSIUM ALUM" et faites bien attention qu'il ne vous soit pas fourgué de la "AMMONIUM ALUM" qui elle est synthétique.
    Le "Canard" s'en mêle

    Cet Ammonium Alum est fabriqué a partir de résidus de l industrie lourde, comme le sel d'Ammonium Thaîlandais qui est fabriqué à partir du Nylon et qui est un sous produit du caprolactame . Ces produits sont fabriqués en Asie.
    Pour l'odeur, c'est "beurk" donc on ajoute d'autres produits.
    La pierre naturelle se reconnait facilement car elle est translucide ou transparente, la synthétique est opaque!!
    Des images et des films télés à voir à cette adresse:
    http://www.pierre-alun.com/

    Et puis grâce à Internet j'ai pu découvrir que depuis 1878 la maison Feret , successeur de monsieur Dalbis, continue a commercialiser la vraie pierre d'Alun
    Rendez vous sur son site très complet.
    http://www.bloc-hyalin.fr/news-2-fr.html

    C'est une petite, mais très petite entorse aux sujets généralement développés sur ce Blog

    Avec mes remerciements posthumes à ma grand tante "Margot" qui m'a logé 152 rue de la Roquette (coté "prison", comme on disait à l'époque, par opposition au coté "putes" à Paris (la rue de Lappe La Bastille!), pendant six ans à mes débuts en bijouterie.)
    A l'arrière grand père qui entassait toutes sortes de choses dont Tatie a hérité. C'est de son balcon que j'ai pu voir l'interminable cortège qui accompagnait "Edith Piaf" au "Père Lachaise" de François d'Aix de la Chaise, le beau cimetière voisin, alors que enterré le même jour, Jean Cocteau avait parait-il peu de monde pour l'accompagner; mais cela n'intéresse pas grand monde ...donc au prochain sujet!


    N'oubliez pas de cliquer sur les publicités sur ce blog, cela fait plaisir à mes annonceurs, et cela permet au blog de se financer (très peu...mais!)
     
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  •              Les pierres précieuses
                         Les gemmes

     

    Mythes et épopées, pillages, trahisons…
    La vie des pierres est une longue aventure, qui commence dans les profondeurs de la Terre…

    Les critères.

    Pour recevoir le nom de gemme, un minéral doit répondre à plusieurs critères:
    de dureté, d'éclat, de transparence, de couleur et aussi de rareté.
    C'est pourquoi seules quelques espèces minérales peuvent être désignées sous cette appellation. Utilisées en joaillerie dès les civilisations anciennes, les gemmes font l'objet, depuis lors, d'un véritable travail artistique.
    Substances minérales et organiques remarquables, susceptibles d'être taillées ou polies et utilisées en joaillerie.
    Parmi les gemmes, on réserve l'appellation de pierres précieuses à quatre espèces minérales, peu répandues dans les roches mais très recherchées pour leur grande beauté et leur conservation exceptionnelle :
    le diamant, le rubis, le saphir et l'émeraude.
    Les pierres fines désignent toutes les autres gemmes minérales transparentes, voire translucides : aigues-marines, topazes, chrysobéryls, tourmalines, améthystes, zircons, opales, etc.
    Les pierres ornementales translucides ou opaques sont, entre autres, les jades, les turquoises, les lapis-lazulis, les agates, les jaspes, etc.
    Enfin, on désigne également sous le nom de gemmes certaines substances organiques telles que l'ambre, les coraux, le jais, l'ivoire, l'odontolite et les perles.

      

      

    Ce n’est pas sans raison que les pierres précieuses évoquent avant tout l'Orient, son raffinement et son luxe, même si aujourd'hui c’est la Couronne britannique qui détient un des plus beaux trésors de la planète. Bien avant Rome, souverains et peuples connaissent et aiment de nombreuses pierres dont ils font des bijoux, des sceaux, des objets ou des amulettes.
    À Babylone, dès 2 500 ans avant J.-C., les artisans gravent les textes sur des cylindres en lapis-lazuli venus d'Afghanistan. En Égypte, on exploite depuis le premier millénaire avant J.-C. des mines d'émeraudes à l'éclat un peu vitreux, dont les reines raffolent. La turquoise arrive du Sinaï, l'opale d’Europe centrale, l'améthyste des Indes, l'obsidienne d'Arabie. Saphirs et rubis sont rares. Ils sont l'apanage des princes orientaux, qui vivent dans un luxe inouï et fournissent au compte-goutte leurs précieuses pierres tirées de mines birmanes ou ceylanaises.

    Marco Polo, à la fin du XIIe siècle, ne voyage jamais sans ses précieux saphirs de Ceylan, qui lui vaudront la confiance du grand Khan lui-même.
    Au XVIe siècle, l'Europe découvre les magnifiques émeraudes du Nouveau Monde. Les chargements d'or et de pierres envoyés par les conquistadors sont si importants qu'ils font de l'Espagne le pays le plus riche du monde occidental. Le hasard sert les intérêts des conquérants : la mine de Muzo est ouverte après qu'un colon ait trouvé, fichée dans le sabot de son cheval, une belle pierre d'un vert lumineux. La qualité de la production dans la mine de Muzo est exceptionnelle. Mais à quel prix ? En effet, les Indiens réduits en esclavage y travaillent dans des conditions épouvantables. C'est du Nouveau Monde que vient la fameuse émeraude de Cortès, la "Reine Isabelle", une pierre oblongue de 964 carats, d'une limpidité unique. 

    Le Diamant. 

    Forme minérale du carbone, le diamant est placé au sommet de la hiérarchie des pierres précieuses ; il est également employé à diverses fins industrielles.
    Les diamants se présentent sous plusieurs formes, parmi lesquelles le diamant véritable (gemme cristallisée), le bort, le ballas et le carbonado. Le bort est un type de diamant cristallisé imparfait, extrêmement dur et de couleur foncée. Le terme bort est parfois aussi appliqué aux minuscules fragments. Le ballas est un agrégat sphérique, compact, de minuscules cristaux de diamant d'une grande dureté et d'une grande résistance. Le carbonado, quelquefois nommé diamant noir, est une catégorie de diamant opaque, gris ou noir, sans clivage. Le carbonado, le ballas et le bort sont tous utilisés par le lapidaire pour la taille et le polissage du diamant ; ces pierres garnissent notamment la surface des disques de sciage et de meulage.


    Formation du diamant
    Diamant

     

    Le Rubis. 

    Le rubis est une pierre précieuse.Variété rouge et transparente de corindon, un oxyde d'aluminium (Al2O3), sa couleur, due à l'oxyde de chrome, varie selon les spécimens du rouge rosé au rouge dit rubis, et du carmin à un rouge violacé profond, appelé « sang de pigeon ».

       

     Les pierres transparentes aux teintes les plus foncées sont les plus recherchées. Lorsqu'ils sont taillés en cabochon, certains spécimens montrent des astérismes ; c'est-à-dire qu'une étoile à six branches peut être observée à l'intérieur de la pierre. De tels rubis, appelés rubis étoilés, sont également très recherchés. De nombreuses pierres qui ne sont pas des rubis sont cependant appelées rubis. Le balais ou rubis balais, par exemple, est une variété de spinelle. Le rubis de Bohême est du quartz rose. Le rubis de Sibérie est de la tourmaline rouge ou rose. Le rubis d'Amérique, le rubis du Cap, le rubis du Montana et le rubis des montagnes Rocheuses sont des variétés de grenat.

     

    Le Saphir. 

    Le saphir est une pierre précieuse, variété transparente et bleue du groupe des corindons.

      

    Bien que le terme saphir soit souvent appliqué aux variétés de gemmes du groupe des corindons de toutes les autres couleurs hormis le rouge, le saphir véritable est d'un bleu profond, la couleur la plus recherchée étant le bleu bleuet appelé bleu Cachemire.
    Incolore, le corindon précieux est nommé saphir blanc. Le corindon jaune porte le nom de saphir jaune, saphir doré ou topaze d'Orient. Les pierres roses pâles sont appelées saphirs roses. Les diverses couleurs du corindon sont dues à la présence de petites quantités d'impuretés comme le chrome, le fer ou le titane, dans l'oxyde d'alumine (Al2O3) dont ce minéral est principalement composé.

     

    L'Emeraude. 

    Elle était connue dans l'Antiquité, non seulement pour sa beauté, mais aussi pour les pouvoirs de guérison des maladies des yeux qu'on lui attribuait.

      

    Variété verte du béryl, l'émeraude a une dureté de 8 et une densité de 2,7 à 2,9. Elle a une composition et des propriétés peu différentes des autres types de béryl, mais elle contient suffisamment de chrome pour avoir une couleur d'un vert profond. Les émeraudes contiennent parfois des matériaux souvent appelés soie, qui donnent à la gemme une apparence mousseuse. Les spécimens sans défaut, d'une couleur et d'une taille intéressantes, sont extrêmement rares et à poids égal, d'une valeur supérieure à celle du diamant. Les émeraudes de l'Antiquité étaient extraites principalement des mines d'Égypte.
    De très gros spécimens ont été découverts en Sibérie, et, de nos jours, la plupart des gemmes sont extraites en Colombie.

      

    Dans certaines gemmes, notamment les opales, des zones de couleur brillantes peuvent être observées à l'intérieur de la pierre.

      

      

    Ces zones changent de teinte et de dimension quand on bouge la pierre. Ce phénomène de jeu de lumière diffère de l'éclat et de la dispersion ; il est causé par l'interférence et la réflexion de la lumière par de minuscules irrégularités et fissures à l'intérieur de la pierre. Les opales montrent également des réflexions laiteuses ou nuageuses à l'intérieur de la gemme. Les gemmes qui ont une structure fibreuse montrent des réflexions internes irrégulières semblables à celle de la soie mouillée ou moirée. Plusieurs gemmes possèdent cette propriété optique, appelée chatoyance, notamment l'œil-de-tigre et l'œil-de-chat.

    La réflexion de la lumière par une gemme est une autre propriété optique des gemmes nommée éclat.
    L'éclat des gemmes est caractérisé par les termes suivants : métallique, adamantin (comme le diamant), vitreux comme le verre cassé, résineux, graisseux, soyeux, nacré ou terne. L'éclat est particulièrement important lors de l'identification des gemmes à l'état brut.
    Une gemme ne peut pas toujours être identifiée à sa seule vue. Il est donc nécessaire de s'en remettre aux mesures des propriétés optiques qui peuvent être déterminées sans endommager la pierre. 

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    Source :Webencyclo - Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2002





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    Une émeraude de 1 kg 245 , on comprend que les techniciens de "GEMFIELDS" prennent leur temps pour analyser ce cristal.
    C'était aussi le problème du diamant le "Cullinan", les frères Assher avaient pris une année de réflexion avant de le cliver.
    Car cette pierre ne peut rester ainsi!, d'un seul tenant en pendentif! la cliente qui la porterait aurait vite une lordose cervicale.
    C'est en plein pays "Bemba" en Zambie qu'elle a été découverte , les Bembas représentent 30% de la population Zambienne, ils sont répartis dans une région qui va du Katanga Oriental à la Zambie. En Zambie la langue officielle c'est l'Anglais, mais la langue véhiculaire est le swahili, car il y a plus de 70 langues bantoues parlées dans ce pays, certaines provinces ont 19 langues, le "Copperbelt" en a trois.

    Il fallait donner un nom à ce cristal d'émeraude brute, ce fut "INSOFU" qui veut dire Eléphant en Bemba.
    Le "Copperbelt"(ceinture de cuivre) est très riche en minerais divers , c'était l'épine dorsale économique de la Rhodésie britannique jusqu'à la chute des cours du cuivre en 1973.
    Les premières émeraudes de Zambie provenaient de la mine de Miku découverte vers 1928, mais la production ne démarra qu'en 1967. les gites d'émeraudes de Kamakanga furent découverts en 1974 , une compagnie fut crée en 1976.

    "Insofu" analysée sous de puissants éclairages fibres optique"

    La mine de Kamakanga est une des mines pionnières dans la région de Kabufu, loin de moi de vous faire gonfler la tête en vous expliquant que la région de Kabufu est située à l'intérieur d'une unité géologique appelée la ceinture mobile du lufilien ou Lufilian!

    Les régions du Copperbelt en Zambie et en République démocratique du Congo sont issues d'une ancienne chaîne de montagne, l' arc lufilien, qui se forma lorsque deux parties de l' écorce continentale , le craton du kalahari et le craton du Congo, se rencontrèrent. Cette collision n'est que l'une des nombreuses qui se produisirent il y a tellement longtemps, entre 700 et 500 millions d'années pour former le super continent du Gondwana, mais revenons à l'émeraude de Zambie.

    Les cristaux d'émeraude de qualité qui sont extraits (a part la découverte d'Insofu) pèsent de 80/100° de carats à 20 carats. La couleur peut aller du vert bleuté au vert clair, vert grisâtre, vert vif a vert foncé, mais il leur manque un petit "truc" un "je ne sais quoi" pour atteindre le vert des émeraudes de Colombie.


    Mais qui sait? les techniciens de Gemfields nous parlent d'une émeraude exceptionnelle "d'une très belle couleur verte".
    Pour moi.., mais la perception de la couleur et de l'intensité sont différentes d'un individu à un autre..., je crois que les inclusions contrairement au diamant, sont très importantes pour l'eclat des émeraudes
    L' émeraude a un indice de réfraction somme toute, assez faible 1,57 en moyenne, et l'éclat vient des inclusions liquides qui parsèment les cristaux? La lumière pénètre la pierre et est réfléchie par ces givres liquides qui agissent comme des miroirs
    Une émeraude pure, c'est une émeraude sans vie, et si vous prenez une émeraude de synthèse, vous le verrez au premier coup d'oeil et curieusement ce sont celles qui ont des inclusions veliformes ou des clous de cristallites noirs qui sont les plus attirantes.
    Néanmoins je préfère les "Zambies" aux émeraudes du Brésil.

    Gérard Grospiron, un grand lapidaire et marchand français disait que l'émeraude est la plus féminine des pierres , ce qui consacre sa beauté mais qui fait allusion à sa fragilité (Oh le Macho!)
    Mais reconnaissons à Gerard et Claude Grospiron , que c'est en effet une pierre qui craint le chaud, le froid et à laquelle toutes les formes de choc sont extrêmement nuisibles, et je rappelle qu'il faut se méfier des nettoyages aux ultrasons que certains détaillants bijoutiers proposent sans avoir conscience de ce que cela provoquer....

    Mais c'est cette féminité qui nous fait aimer les émeraudes.

    Ma mère était de chevelure Auburn et les émeraudes lui allaient à ravir, j'ai connu aussi une autre femme qui adorait les émeraudes (et les améthystes) et qui était rousse, Nicole Millinaire Russel, Duchesse de Bedford, elle avait d'ailleurs l'age de ma mère, était la troisième femme du Duc de Bedford , femme pétulante, pétillante, gourmande, agréable, seduisante, etc.
    Ancienne productrice de télévision française dans les années 50.
     

    Je me souviens d'une anecdote (entre autres) nous visitions ma ville "Rouen" Au passage, une gaffe, je dis au Duc, "je vous emmène à la Cathédrale..., arrivés à l'intérieur, j'ajoute.., je vais vous montrer le gisant du Duc de Bedford, votre ancêtre qui a fait bruler Jeanne D'Arc " Hou..ouille. ouille, que n'avais je dit! et j'eus un cours magistral sur les titres de Noblesse Anglais qui sont créés plusieurs fois.C'est bien un Bedford qui avait fait bruler Jeanne d'Arc à Rouen, mais pas de sa lignée.
    Bedford Russel était de la quatrième création en 1694.

     

    Puis nous continuons notre visite vers l'Hotel de Ville de Rouen et passons devant un antiquaire, or si vous ne le savez pas Woburn Abbey abrite un village d'Antiquaires ou se rendent les marchands du monde entier, cinquante et une boutiques dont les devantures proviennent de magasins originaux sauvés de villes dans toute l'Angleterre et qui contiennent des trésors.
    Et John Russel Duc de Bedford, rentre dans ce magasin d'Antiquité de la rue de l hôpital à Rouen, madame l'antiquaire ne lève pas le bout de son nez, et il faut qu'il insiste pour qu'elle lui donne le prix d'une petite bouteille en verre (pas terrible mais je n'y connais peut être rien) Il décide de l'acheter et Nicole la Duchesse me confie "mon mari collectionne un tas de pou-pouilleries comme celle là" quand on connait la richesse du mobilier de Woburn Abbaye....!!!!
    De plus l'antiquaire sans bouger de son siège lui demande"je vous l'emballe?" "s'il vous plait" et elle prend sur le coté un exemplaire du journal Paris Normandie et emballe la bouteille.

     

     

     

    Votre serviteur à gauche avec la Duchesse surprise de l'accueil à la gare de Rouen, j'avais mis le paquet, fait venir de vrais bobbies, un bus a deux étages, une rolls royce pour l'amener de la gare au Frantel place de la Cathédrale ou je la recevais, un orchestre anglais de Jazz jouait depuis une demie heure dans le hall de la gare (merveilleuse sonorité) et les gens dansaient en plein midi.

     

    C'était en 1976

     

    Elle s'en est souvenue et est revenue.

     

     

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    Le premier anneau triple fut créé par Louis Cartier pour Jean Cocteau en 1920.

     

    Le poète avait ébauché une théorie rapprochant le symbole de la Chevalière et celui des anneaux de la planète Saturne.
     

    Cocteau avait fait la connaissance de Louis Cartier pendant la Première guerre mondiale dans un hôpital militaire.
     

    Rencontrant Louis Cartier, il lui définit avec plus de précision ses idées sur la symbolique de ces trois anneaux.
     

    Il commanda deux de ces anneaux . Un pour lui...,et l'autre pour Raymond Radiguet l'auteur du diable au corps.

    Ces anneaux après avoir connu une gloire internationale, sont toujours à la mode . Ces trois anneaux enchevêtrés, avaient été fabriqués en fils demis joncs, platine,or jaune, or rose 750/1000° (18 carats) 
    source Cartier et Anne Ward.
     

    Longtemps considérée dans les milieux initiés, comme « la » bague d'amour des homosexuels, que ces derniers portaient à l'instar de Cocteau et de Radiguet à l'auriculaire, son histoire originelle a peu a peu disparue.

    Dans les années 1970, cette bague fut lancée en série et en trois tailles et est devenue une alliance de mariage, de plus en plus demandée par les couples hétérosexuels.


    Entre autres Jean Cocteau disait
    "Si je préfère les chats aux chiens, c'est parce qu'il n'y a pas de chat policier"


    Cliquer sur l image pour agrandir et voir les trois anneaux sur les doigts de Jean Cocteau



     

     
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    Le "Spinelle" est une pierre précieuse sous estimée, les spinelles rouges font partie de mes pierres précieuses préférées.
     
    Pourtant le Rubis lui fait trop d'ombre. Avant la découverte des principes de la chimie et de la physique moderne, seul, l’éclat, la dureté et la couleur des pierres étaient le fondement de classification des pierres.
     
    La plupart des "rubis historiques "ne sont que des Spinelles, je vous propose de découvrir l'un des plus célèbres d'entres eux,
     
      
    Le Rubis du Prince Noir
    La couronne, refaite en 1838 pour la reine Victoria serait la plus précieuse du monde : elle comprend 4 rubis dont le "Prince noir" placé au centre, 11 émeraudes, 16 saphirs (dont le saphir des Stuarts), 277 perles et 2 783 diamants (dont un des plus gros fragments du Star of Africa) ; la reine la porte pour le couronnement et l'ouverture du Parlement. Il a donc fallu attendre les progrès de la physique et de la chimie pour s'apercevoir que ce "Rubis" célèbre, était un "Spinelle"
    . Avant le XIXème siècle, le rubis, le spinelle rouge et le grenat étaient souvent confondus et appelés "escarboucles".
    Les rubis balais, mentionnés par Marco Polo sont originaires du Badakhchan province montagneuse de l'extrême nord-est de L'Afghanistan, cette appellation "rubis Balais" longtemps employée en France est interdite.
    Explication Doublet grenat verre
     
    Doublet grenat verre
      
    Depuis les années 20, le spinelle est produit de façon synthétique. Il sert à la fabrication de doublets (pierres dont une moitié est naturelle et l'autre synthétique) et à l'imitation de nombreuses gemmes, notamment le grenat, l'améthyste, le zircon, le saphir, le rubis et, mais surtout celle de l'aigue marine.

     

    Combien de gens ai-je déçus en quarante ans parmi ceux qui m'ont amené les splendides "aigues marines" de la famille, qui n'étaient en réalité que des spinelles bleus synthétique.
    "Mais Mr Richard, c’est impossible, je la tiens de ma grand mère"
    Faites attention, de nombreux bijoux vendus en brocantes, chez les Antiquaires ou dans les salles des ventes comme "Aigues marines", ne sont que des spinelles synthétiques.

    Mais j'insiste, allez chez un Joaillier, demandez lui de vous présenter ou de vous faire venir un Spinelle rouge, vous serez surpris.


     
     
     
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    Le diamant Rouge, rare parmi les rares
      
      
    Ronald Winston (successeur d’Harry Winston, célèbre joaillier de la Fifth Avenue) a dit :
    « Je pense que c’est l'objet le plus rare sur la terre, mon père n’a jamais vu un octaèdre rouge et pourtant, il avait tout vu »
      
    Du rouge au pourpre, ce sont vraiment les plus rares et exceptionnels de tous les diamants fantaisies (fancy diamonds) on sait maintenant que leur couleur rouge est due à la présence de traces d’azote.
      
    Alors Ronald Winston, contrairement à son père, a pu enfin, en 1988, acheter la rareté de la rareté, un diamant rouge provenant d’Inde. Le « Raj Red » (2cts 23).
      
    Il est apparu sur le marché en 1988 et Ronald Winston a du débourser 2 millions de dollars par carat pour tenir dans ses mains un diamant rouge vieille mine qui venait d’Inde. Une goutte de sang du géant Balla, ce géant qui selon la légende indienne, est à l’origine de tous les gisements des pierres du continent.Le diamant avait appartenu au Maharadja de Nawanagar, qui possédait aussi un diamant magnifique et étrange, de couleur Olive, « l’œil de tigre » qui pèse 61 carats 50.
      
    Cette goutte de sang du géant aurait été achetée ensuite, par le Sultan de Bruneï qui possède aussi le Hancock Red Oct. 95 qui atteignit presque le million de dollars le carat en 1987,ce diamant est un taille brillant, Il a été adjugé le 28 avril 1987 chez Christie’s pour 880 .000 $, énorme! mais c’est le prix de la rareté bien que pour ce prix vous avez juste un diamant d’un peu plus de 6 m/m.
      
    Ces diamants rouges naturels sont tellement rares qu’on les a tenus longtemps pour hypothétiques.

      
    C’est encore « Christie’s » qui le 15/11/2007 fait monter les enchères à 1.826 809€ pour un diamant de couleur « pourpre rouge » quasiment rouge de 2carats 26, c’est le célèbre joaillier de Bond Street , Laurence Graff, qui l’acquiert.Bague ci-dessus.
    On peut citer le De Young red qui est un diamant taille brillant dont toutes les facettes sont divisées par deux, ce qui lui donne plus de brillance.
      
    Il a une légère nuance de brun, ce qui lui donne un ton plus grenat, certains pensent qu'il est originaire de l'Inde. Il a été légué par son propriétaire , Sidney de Young, en 1987 au Smithsonian Institute de Washington D.C A droite ci-contre
      
    Un diamant taillé en radiant de 1ct 92 a été vendu à New York le 24/10/2001 il se nomme le Phillips de Pury.
      
    Deux ou trois autres diamants , mais qui tirent plus sur le violet, ont été aussi vendus ces dernières années

    Mais , peut être le plus beau sur la photo ci-contre:
    Le Moussaief Red
    Il pèse 5 carats 11 , taille troîdia, une fois acheté , il a pris le nom de sa propriétaire , madame Moussaief , autre célèbre Joaillère de Londres.
    Il provient de la mine de diamant alluvionnaire "Triangolo" au brésil

    Madame Aliza Moussaief aime bien les diamants de couleur, puisqu'elle est propriétaire d'un diamant de 6 carats 04 de couleur Bleue, un diamant très pur taille émeraude, le prix est tellement énorme que je ne le cite pas .
    "L'important c'est d'aimer" les pierres précieuses

    Merci a Hubert Bari pour certaines notes.

      

      

      

    Sources :

    http://richardjeanjacques.blogspot.com/2008/10/le-diamant-rouge.html

      

      

      

     

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    L'étoiles des Indes:
    Il pèse 563,35 carats, c'est le plus gros et le plus célèbre des saphirs étoilés.

      

      

    Il a été découvert il y a 300 ans environ, à Ceylan (Sri Lanka) ou se trouvent encore de très beaux saphirs dans les sables et les graviers des anciens lits de rivière. JP Morgan, célèbre industriel, doublé d'un grand financier le possédait dans sa collection et l'offrit au Musée d' histoire naturelle de New York. 

      
      
      
      
    Des aiguilles de rutile lui donnent un aspect laiteux et soyeux, Ces aiguilles de Rutile produisent un effet connu sous le nom d'astérisme qui est la propriété résultant de l'apparition d'une étoile superficielle à la surface de certaines pierres due à des inclusions de fines aiguilles cristallines. Ces pierres sont taillées et polies dans le sens du cristal, en cabochon uniquement, pour mieux accentuer cet effet d'étoile. Et l'étoile, selon l'angle sous lequel vous l'observez, suit votre regard.

    Le Saphir "Logan" 

    Saphir de Birmanie

    Le Saphir Logan pèse 423 carats, Son nom vient de Mrs John Logan qui l'a donné au Smithsonian Institute de Washington en 1960.
    Il est taillé en coussin, et serti au centre d'une broche avec autour, 20 diamants de 8O/100° de carats chaque.


    Saphir de Roumanie

     

    Un saphir « historique » de 378 carats,

     

    originaire du Sri Lanka,ce saphir de la taille d'un oeuf est remarquable et apparaît pour la premièrefois dans les registres de la maison Cartier en1913. Il est alors serti sur une parure avec sept autres saphirs plus petits. Les petits saphirs sont par la suite retirés de la parure. Le bijou a été acheté en 1921 par le roi Ferdinand de

     

    Roumanie pour son épouse, la reine Marie de Roumanie,petite fille de la reine Victoria d’Angleterre et du tsar Alexandre II de Russie. Le saphir a été revendu vers 1947 lorsque le petit fils de la reine Marie a fui la Roumanie. C’est le joaillier américain Harry Winston qui l’a alors acheté. En 2003 il a été remis en vente,et a été adjugé à un acheteur Anonyme

     

    Le saphir des Stuart

    Le saphir des Stuarts fut serti sur la couronne royale de Charles II. Ce saphir a une très belle couleur rappelant celle des saphirs de Ceylan et possède une valeur historique importante.
    Jacques II d'Angleterre l'emporta avec lui lors de son exil en France, il l'a transmise à son fils Charles Edouard, puis il a appartenu à Henry Bentinck .

    A la fin des Stuarts,tous les biens royaux furent légués en 1807 au roi George III.

    Aujourd'hui le saphir Stuart est placé dans l'arrière de la couronne Royale et fait partie intégrante de la Couronne d'Elisabeth II à coté du saphir d'Edouard le Confesseur
     


     
    Le Saphir "RUSPOLI"

    le Ruspoli, pèse 135,80 carats), trouvé au Bengale, il avait été trouvé par un marchand de cuillère en bois mais originaire de Ceylan se trouve au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.

     

    Cette gemme exceptionnelle est le véritable "grand saphir de Louis XIV". Il est aussi connu sous le nom de "Ruspoli", nom de la famille romaine qui le possédait avant le roi de France , la maison Ruspoli l'avait vendu ensuite à un prince Allemand puis à un joaillier Français qui l'avait cédé au Roi de France

    Contrairement au Sancy et au Bleu de France, cette pierre n'a pas été volée lors du grand vol des joyaux de la Couronne en septembre 1792.

    Taillé en Rhomboedre (sans aucun rapport avec des faces cristallines naturelles). On aperçoit à la lumière, les zones de couleur Il mesure 39 x 29 mm. Il est poli à plat sur toutes ses faces. Il est pratiquement sans défaut.

     

    L'Etoile d'asie:

     

    L'étoile d'Asie est un saphir Birman étoile de 330 carats

     

    acheté au départ par le Maharadjah de Johdpur,puis ce célèbre saphir a été en possession de Martin Leon Ehrmann, tres grand collectionneur de gemmes connu de par le monde, qui le cède en 1961 au smithsonian institute , de Washington

     

     

     TSAR BLEU

     

    Le tsar bleu, est un saphir de 260 carats qui appartenait à la grande duchesse Wladimir, je manque de renseignements sur cette pierre.
    L étoile de Bombay

    Le Star of Bombay, saphir de 182 carats (36,4g) conservé au Smithsonian Institute, présente un astérisme remarquable.


     

    C'est un saphir , "bleu, bleuet" couleur caractéristique des saphirs de l'ile de Ceylan
     

     
     

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    1900-1920
    Les beaux jours des chapeaux

    Entre 1900 et 1920 la vie des femmes en Europe change profondément. Après la première guerre mondiale, rien n'est plus comme avant. La mode, comme toujours, accompagne ces bouleversements et particulièrement la mode du chapeau.

    Commençant le siècle comme un plateau de taille moyenne, orné d’une délicieuse garniture et perché sur une coiffure modérée, le chapeau ne cesse de s’élargir. Vers 1910, son envergure oscille entre 40 et 50 cm. Les plumes font fureur et des oiseaux entiers se posent parfois sur la tête de ces dames. L’usage du ruban est également démesuré. Pour accommoder l'énorme calotte de ces chapeaux dinosaures, la coiffure des femmes gagne en volume grâce aux mèches postiches et aux rouleaux de crin. La femme bourgeoise, bel ornement dans une Belle Epoque, met des heures à s'habiller et se coiffe plusieurs fois par jour.


    Après la guerre et jusqu’aux années 20, un nouveau style se dégage : le chapeau devient plus petit, asymétrique, épousant la forme d’une cloche. Plus ou moins sobre, il emboîte la tête jusqu'aux sourcils à la faveur des nouvelles coiffures à cheveux courts. En réponse à une demande nouvelle de bouger et penser librement, le corps se libère enfin du corset, des épaisseurs de sous-vêtements et des chapeaux gigantesques.

    Comme un papillon léger échappé du carcan de sa chrysalide, la femme moderne prend son envol.



     Le Blog de Pippa Cleator

     
    la galerie Lumière des Roses & Pippa Cleator présentent


    LES BEAUX CHAPEAUX

    Exposition qui a eu lieu , du 10 au 18 octobre 2009

    12-14 rue Jean-Jacques Rousseau 93100 Montreuil - Fr
    Métros Bérault (L1) - Robespierre (L9) - RER A Vincennes
     







     
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    Costumes
    Mode enfantine

    Etat des connaissances :

     

    A la différence des Anglo-Saxons qui ont rédigé déjà depuis plusieurs années des ouvrages sur la mode de l'enfant, les historiens du costume français ne se sont guère intéressés à ce sujet. Depuis le célèbre ouvrage de Philippe Aries, seules des histoires sociales de l'enfant ont vu le jour.
    Seront présentées ici les prémices d'une histoire qu'il reste à écrire et qui sont fondées sur le travail réalisé pour la préparation de l'exposition : "La mode et l'enfant" qui s'est tenue à Galliera de mai à novembre 2001.


      

      

      

    On ne considérera tout d'abord que le bébé.
     

    La layette

    Etude réalisée à partir des documents, périodiques, gravures, costumes et accessoires, conservés à Galliera et à partir des ouvrages généraux des bibliothèques publiques.
    Etat des collections de Galliera : costumes et accessoires

    Les pièces exceptionnelles ayant plus facilement traversé le temps que les vêtements d'usage, le musée ne possède que trois chemises de bébé du XIXe siècle, quelques corsets, mais de belles guimpes, brassières, robes... sans compter de magnifiques bonnets et chaussons et de remarquables tenues de baptême. Les collections sont moins riches pour la seconde moitié du XXe siècle, la recherche du pratique et du confort l'emportant sur la beauté des vêtements qui, par ailleurs, circulent beaucoup d'une famille à l'autre.
     

    Image du Blog ancoco.centerblog.net

      

    Les principales étapes de la modernisation de la layette du XIXe siècle à nos jours


    Le maillot :

     

    A la différence des Anglais qui renoncent à emmailloter le nourrisson dès 1820, le bébé reste en France bien serré dans ses langes jusqu'à la Grande Guerre ; toutefois à partir de la fin du XVIIIe siècle, la petite planche en bois qui maintenait ses jambes droites disparaît progressivement. Quant aux bandelettes, leur usage n'est plus de mise après la Première Guerre mondiale. Les langes perdent leur caractère coercitif, leur fonction étant de maintenir l'enfant au chaud. En France, après 1968, on abandonne facilement cette pratique jugée d'un autre âge.

     

     

      

      

    Dès 1762, dans son roman : "Emile ou de L'éducation", Jean-Jacques Rousseau s'élève contre le maillot, déclarant que : " le nouveau-né était moins à l'étroit, moins gêné, moins comprimé dans le placenta qu'il n'est dans les langes..." De nombreux médecins néanmoins en relèvent les aspects positifs, ainsi, le docteur Blondet écrit encore en 1953 : " le maillot français est encore la meilleure façon d'habiller les nouveaux-nés... les trois premiers mois l'hiver pour le jour, les six premiers mois pour la nuit". Ainsi le maillot, pensait-on autrefois, avait trois fonctions, permettre le développement des jambes du nourrisson, en les maintenant droites, faciliter le port de l'enfant par les nourrices, conserver la chaleur.

     

      

      

    Plus profondément dans une société restée rurale, cette pratique, pensait-on, exerçait sur le nourrisson une action civilisatrice qui l'éloignait du caractère animal qui, comme l'a expliqué Françoise Loux, pouvait toujours se manifester.

     

    La féminisation de la layette :


    Depuis le Moyen Age, les bébés sont comme les femmes, habillés de robes. Cependant, la féminisation de la layette se développe au XIXe siècle : les principales pièces de la garde-robe féminine, des sous-vêtements aux manteaux, sont adaptées au bébé. Cette tendance se renverse à partir des années 1920, avec les prémices de la masculinisation qui s'accentue plus encore après 1950.

     

    A la Belle Epoque, le trousseau des femmes et des bébés est pléthorique. Dans les familles aisées, on assiste à une accumulation de guimpes, jupons, robes, bonnets, chaussons qui nécessitent un entretien constant et délicat mais qui permet de différencier les familles fortunées des plus modestes.


    La différenciation sexuelle :

     

    Deux éléments vont permettre d'afficher la différenciation sexuelle : les couleurs puis le vêtement. Le rose, employé jusqu'alors indifféremment pour les garçons et les filles, est progressivement réservé à partir de 1910 aux filles tandis que le bleu est dévolu aux garçons. Le blanc considéré comme neutre est néanmoins toujours très apprécié. Au cours des années 1920, on assiste à un glissement des âges, phénomène fréquent dans la mode, la culotte portée par les garçons plus grands est introduite dans le vestiaire des tout-petits, avec une déclinaison du fameux costume baby, blouse boutonnée à une culotte alors très courte ; la robe, quant à elle, devient progressivement la tenue du bébé de sexe féminin.

      

    Après la Seconde Guerre mondiale, cette caractéristique tend à disparaître, la situation se renversant, le pantalon est porté progressivement par les fillettes quel que soit leur âge.

     

      

    L'hygiène
    L'invention du tissu éponge modifie l'aspect des couches, qui deviennent très absorbantes ; en conséquence, elles diminuent de taille et changent de forme, de carré elles sont taillées en triangle et comportent en leur centre une partie en éponge. Dès 1911, sont fabriquées des couches culottes imperméables mais on reproche au caoutchouc de provoquer des rougeurs ce qui limite leur commercialisation. A la fin des années 1930, des couches hygiéniques, absorbantes et désodorisantes sont créées pour les enfants et les malades. Des plaques prédécoupées sont mises dans le commerce au cours des années 1950, tandis que les couches traditionnelles sont améliorées grâce aux fibres synthétiques. La couche jetable entre définitivement dans les moeurs après 1970 avec l'élévation du niveau de vie.

     

      

    La barboteuse
    C'est en 1905 qu'apparaît la barboteuse, alors destinée aux petits enfants âgés de 2 à 4 ans. Mais après la guerre de 1914-1918, elle est aussi utilisée pour les bébés. Ce vêtement dérive du costume de gymnastique. En 1920, sa coupe suit la mode et se simplifie, ses lignes sont droites et la culotte raccourcit. Au cours des décennies suivantes, la culotte bouffe à nouveau comme à sa création. La barboteuse a moins de succès dans les années 1970, sa forme se modifie avec son retour à partir des années 1980.

     

      

    De la grenouillère à la combinaison
    Inventée par l'Américain Walter Arzt, introduite en France en 1960, la grenouillère est d'abord connue sous le nom de sa marque Babygro. Réalisée en maille élastique dite stretch, elle est facile d'entretien grâce au mélange de coton et de fibres synthétiques. Confortable, agréable au toucher, elle est tissée façon velours ou éponge. La combinaison n'est pas en soi un vêtement nouveau : utilisée depuis très longtemps, elle se développe de façon spectaculaire à la fin du XIXe siècle, en particulier avec des articles de bonneterie pour adultes et pour enfants ; mais ce qui est révolutionnaire, c'est d'oser montrer des enfants ou des bébés ainsi revêtus le jour. Autrefois on préférait cacher ce type de vêtement qui n'était pas considéré comme suffisamment élégant. Le principe de la combinaison est encore exploité pour la création de vêtements de dessus qui, dans ce cas, s'inspirent de tenues de travail, portées, par exemple, par les aviateurs, les pompistes ou plus tard les cosmonautes. Cinquante ans plus tard, ce type de vêtement est toujours d'actualité.

      

      

    Mode enfantine

     

    Trousseau du bébé du XIXe siècle à nos jours

    Comme le vestiaire de la femme, le trousseau du nourrisson est très riche, son entretien est néanmoins facilité par l'emploi presque exclusif du coton blanc, en toile et en piqué, quelques pièces sont en flanelle (jupon, brassière), en laine tricotée (brassière).

      

    Vêtements de dessous
    Sur la chemise croisée dans le dos, le bébé porte un corset, bande en flanelle taillée en biais qui s'adapte à la rotondité du ventre ; dès trois mois, un corset en toile renforcée permet bientôt d'y attacher le lange anglais, culotte boutonnée contenant les couches taillées, soit dans du vieux linge, soit achetées dans le commerce. Sur la chemise et le corset, viennent les brassières qu'il est fréquent de superposer, particulièrement en hiver. La première est en flanelle, la seconde en piqué de coton. Cette dernière peut être remplacée par une guimpe dont la partie supérieure est souvent incrustée de dentelle et ornée de fines broderies, et de plissés religieuse.

     

      

    Jupons et jacksons
    Le nourrisson porte comme les femmes des jupons, mais à la différence de ceux des femmes, ils sont montés sur un corsage à bretelles et boutonnés dans le dos. C'est probablement au milieu du XIXe siècle qu'en apparaît un nouveau type appelé jackson ; sa particularité est de posséder un corsage croisé dans le dos, dont les pans se nouent devant ; sa jupe très longue est parfois fendue devant, de haut en bas. Au cours des années 1930, le jackson devient robe, ou bien perd sa jupe se transformant ainsi en cache-cœur. Dernier avatar du jackson, sa transformation en robe jardin.

     

      

    Vêtements de dessus

     

      

    Cache-maillots et robes

    Dans les familles fortunées, un cache-maillot, robe à la jupe très longue, fait disparaître les langes à la vue de tous. Cette robe, qui va progressivement suivre la mode, est utilisée jusqu'en 1970. Lors de certaines circonstances, le bébé est revêtu d'une robe, dite de sortie, à la fin du siècle. Elle se singularise par la beauté de ses broderies, ses dentelles, ses plissés de sorte qu'elle est facilement confondue avec la robe de baptême. Il est difficile de distinguer aujourd'hui ces deux types de robe, seul le contexte permet de choisir. Dans les familles fortunées, les robes de baptême étaient généralement en dentelle de Valenciennes.
     

      

    Manteaux et capes
    Les vêtements de dessus se développent surtout à partir de 1830, jusqu'alors, on se contente souvent d'envelopper les enfants dans des châles, pratique qui restera longtemps en usage dans les campagnes. On distingue le manteau de la cape : le premier ou douillette est coupé comme une robe, sa longue jupe est fendue devant et son corsage est recouvert d'une cape de sorte qu'on la différencie peu de la cape ou pelisse. Parmi les plus beaux conservés dans les musées, bon nombre sont en tussor et ornés de mousseline plissée et de dentelle, comme celle dite d'Irlande, la plupart de ces manteaux sont en soie ouatinée l'hiver, en piqué de coton blanc l'été. Quand l'enfant commence à marcher, il revêt les mêmes modèles mais plus courts. Le burnous, qui reprend alors celui porté par les femmes dès la monarchie de Juillet, fut employé dès la seconde moitié du XIXe siècle, puis au cours des années 1930-1940.

     

      

    Coiffures
    La tête du nouveau-né est protégée par le béguin, en toile fine sans ornementation, simplement fermé par des liens à hauteur de la nuque. Cette coiffure disparaît après la Grande Guerre, le chauffage se répandant dans les appartements.

    Le béguin est recouvert d'un bonnet qui reflète la situation sociale de la famille. Il est orné dans la première moitié du XIXe siècle de broderie blanche, puis dans la seconde moitié du siècle, de dentelle, souvent mécanique, et de rubans en soie.
    Pour sortir, le bébé porte un autre type de bonnet en soie plus épaisse. Autour de 1900, il est orné d'un bavolet qui recouvre le cou, c'est la capote. Dans l'entre-deux-guerres, il est souvent en laine tricotée selon un modèle toujours en usage dans les années 1950-1960. Il sera parfois remplacé par la cagoule.

     

    Le bourrelet
    Comme le montrent d'anciennes gravures, lorsque l'enfant commence à marcher, sa tête est recouverte d'une coiffure appelée bourrelet. Elle est constituée d'une sorte de bandeau large en étoffe rembourrée, qui enserre étroitement le crâne de l'enfant à la hauteur du front et de la nuque, maintenu sur la tête par deux rubans croisés. L'étoffe sera progressivement remplacée par de la paille, plus légère. Le bourrelet disparaît après 1920.

     

      

      

    Image du Blog ancoco.centerblog.net

    Chaussons, souliers
    A la suppression du maillot, le nourrisson porte des bas en coton ou en laine et des chaussons en laine tricotée, en piqué de coton en flanelle ou encore en soie. Vers 1880 certains sont assortis aux cache-maillots. Vers l'âge de 10 mois, le bébé est pourvu de souliers plats en tissu notamment en soie, mais aussi en agneau. Il faut attendre les années 1950, pour que soit créé un modèle adapté aux tout-petits, mis au point par Babybotte, le bloc-talon, c'est-à dire la semelle se prolongeant sur l'arrière de la chaussure, formant contrefort et soutenant la cheville. Sous l'influence du sport, les tennis et les baskets entrent dans le vestiaire du bébé.

     

      

    Fichus, bavoirs
    Longtemps, on a utilisé pour les nourrissons des fichus croisés sur la poitrine qui maintenaient leur tête droite et avec laquelle on épongeait la salive, l'apparition des bavoirs ne date que des années 1830-1840. Aussi les premiers sont-ils taillés dans des linons très fins ; l'emploi du piqué de coton les rend bientôt plus pratiques. Sous le Second Empire, ils adoptent la forme corselet que l'on retrouvera au tournant des années 1970. Notons que certains d'entre eux sont tricotés en fil de coton. En 1910, est créé le bavoir dit américain, dont les deux pattes de côté sont prolongés par des rubans. Après avoir connu une éclipse, le bavoir est à nouveau utilisé mais souvent confondu avec la serviette de table. A la fin du XIXe siècle, ils sont particulièrement spectaculaires avec leurs broderies et leurs dentelles blanches.

     

      

    Lit de présentation
    Autrefois les parents entretenaient des relations lointaines avec leurs enfants et a fortiori les nourrissons, aussi les bonnes d'enfant avaient-elles l'habitude de présenter les bébés dans des lits de présentation. La plupart étaient d'une grande somptuosité, réalisés en soie ou en organdi, assortis pour certains à une brassière et à un bonnet.

     

      

    Les tenues de circonstance : la robe de baptême
    L'ensemble était traditionnellement composé de différentes pièces : un béguin qui, ayant touché les huiles saintes, était considéré comme sacré, un manteau recouvrant le maillot, un coussin de présentation et un linge ouvré pour envelopper l'enfant. Plus tard, on prend l'habitude d'utiliser des robes s'inspirant du XVIIIe siècle : le corsage et la jupe sont ornés de deux triangles, dont les deux pointes se rejoignent à la taille.

      

     

     

    Le vestiaire du tout-petit aujourd'hui

    Dès les années 1960-1970, des créateurs de mode s'intéressent aux bébés, en particulier les femmes. Elisabeth de Senneville, Chantal Thomass, Lolita Lempicka, agnès b. imaginent pour leurs propres enfants, des tenues qui reprennent les coloris des vêtements qu'elles ont conçus pour les adultes. Ainsi les nouveaux-nés sont habillés en noir, en rouge vif, comme en violet. Après le triomphe de la grenouillère, les bébés sont aussi en salopette puis en survêtement.
     

      

    Avec la disparition de la notion de classe d'âge, les bébés portent aussi bien la grenouillère que des pantalons à plis, accompagnés, par exemple, d'un pull à col roulé semblables à ceux que peut revêtir leur père. Quant aux bébés de sexe féminin, ils peuvent avoir des versions réduites des tenues maternelles. Fabricants et parents tentent de faire franchir le plus rapidement possible les étapes de la petite enfance à leurs rejetons. Dès un an, les grandes marques habillent le bébé en préadolescent. Cette démarche, vêtir le bébé en adulte, est néanmoins différente de celle du XIXe siècle, car les parents ne se donnent plus pour modèles à leur progéniture.
     

      

    Aujourd'hui la layette s'est simplifiée aussi bien dans les types de vêtement que dans ses formes : brassières ou bodys inspirés des bodys féminins, t-shirts, couches jetables, survêtements, salopettes, peu de barboteuses et de robes à smocks, ainsi que la réduction de nombreux vêtements portés par les adultes, en particulier pour le sport.
     

      

      

    Le rôle de la mode dans l'habillement du bébé
    Si la mode adulte influence la layette, n'en exagérons pas le pouvoir. Certes, on est sensible aux similitudes typologiques ou formelles, mais les différences sont tout aussi nombreuses. De la fin du XVIIIe siècle à 1865, cache-maillots, robes de jour, de sortie ou de circonstance sont une déclinaison des robes de femme : mêmes décolletés, mêmes coupes des manches et mêmes ornementations.

      

    Cependant l'emploi exclusif de la couleur blanche pendant tout le siècle et même au-delà, va bientôt différencier les deux vestiaires. Sous la Restauration, la couleur est de nouveau à la mode pour les femmes alors que les bébés sont tout de blanc vêtus. A partir de 1865, la coupe de robes de bébé se fige et n'évolue plus jusqu'à la fin du siècle.

      

      

      

    La forme est semblable à celle de la tenue de baptême mais aussi à celle de la robe de femme alors en vogue. C'est une réactualisation de la robe à la française : en une pièce pour le bébé, constituée devant de deux triangles se rejoignant à la taille. Grâce à l'ornementation, néanmoins, on peut dater les robes de bébé réalisées pendant les trente années suivantes.

      

    Quels motifs donner à cette nouvelle stabilité ?

      

    On en distinguera deux, en premier lieu, l'impossibilité de marquer la taille du bébé alors même que les femmes la mettaient en valeur ; en second lieu, le caractère historicisant de cette robe ne pouvait que convenir à cette époque qui en raffolait. A la fin du siècle, c'est la robe américaine qui devient le modèle, ces tenues amples sans taille marquée, ont souvent un grand col à la pierrot, déjà en vogue sous Louis XVI.

      

      

    Au cours des années 1920, les robes droites sont très courtes tandis qu'on commence à revêtir les tout petits de costumes esquimaux, faits d'un pantalon collant et du pull long. Dans l'entre-deux guerres, le bébé, là encore, adopte les vêtements des petits enfants, en particulier la fameuse robe à smocks tandis que le bébé garçon est progressivement en costume Baby.
     

      

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    Vêtements de dessus
    Manteaux et pelisses, apparus vers 1830-1840, reprennent le modèle employé alors par les adultes des deux sexes : longue cape à collet utilisée pour le bébé pendant cent vingt ans, et dont les tissus et les ornements changeront au fil du temps, piqué de coton brodé ou garni de broderie anglaise pour l'été, ottoman ouatiné et souvent brodé pour l'hiver. Ils sont courts quand le bébé commence à marcher.

      

    Dans les années 1920, ces manteaux raccourcissent et se font plus légers. L'été, ils sont confectionnés dans des crêpes de Chine.
     

     

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    Le bébé aujourd'hui
    La layette n'a pas échappé à la révolution des années 1960. Tandis que les femmes s'habillent sous l'influence de Courrèges comme des petits enfants et même des bébés, ces derniers sont revêtus de couleurs vives.

      

      

      

    Au cours des années 1960, le rouge est très apprécié, le violet, l'orange, le noir font une entrée en force dans la layette pendant la décennie suivante. Agnès b., Sonia Rykiel proposent des combinaisons, des pulls noirs pour tout petits.

      

    A partir de 1975, l'historicisme qui se développe dans la garde-robe des adultes trouve sa correspondance chez le bébé, avec un retour des grands classiques. Cependant, il est moins vêtu en bébé qu'en petit enfant. Le temps du bébé va raccourcissant, il ne dure plus que quelques mois. Ainsi, aujourd'hui un bébé fille d'un an peut être habillée comme une préadolescente.

      

      

      

    Les caractéristiques de la mode adulte se retrouvent pour la plupart dans la mode enfantine : nostalgie du passé avec des tenues à l'anglaise, décidément indémodables, vêtements s'inspirant de toiles de maître, originalité d'ensembles de créateurs allant d'Elisabeth de Senneville, Jean-Rémy Daumas, Chantal Thomass à Jean-Charles de Castelbajac, auxquels on ajoutera les réalisations des Belges sans oublier, bien entendu, les adultes miniaturisés. La couture de grand luxe a aussi sa place, même si son impact est sans grande influence.

      

    Tout compte fait, les bébés fashion's victims sont rares, bien que la presse aime s'en faire l'écho.

      

     

     

    Image du Blog ancoco.centerblog.net

    SOURCES : http://www.paris.fr/loisirs/Portal.lut?page_id=6130&document_type_id=4&document_id=12843&portlet_id=13751&multileveldocument_sheet_id=452

      

    photographies GOOGLE

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  • Depuis toujours, le tricot habille l’enfant

     

     

    ▲à g. : Fragment de tricot de coton au point jersey, décor jacquard,
    Égypte période copte, XIe-XIIe siècles,
    Le Coton et la mode, 1000 ans d’aventures, catalogue d’exposition (2000-2001), page 29
    Musée Galliéra, Éditions Skira, Paris (épuisé)
    à dr. : Chaussette enfant, Fustat (Égypte), XIe-XVe siècle
    Textile Museum, Washington sur Dar Anahita's

     

     

    ▲à g. : Tunique d’enfant en laine tricotée, Antinoë (Égypte), entre 331 et 641 (époque copte)
    Musée du Louvre, Paris
    au centre et à dr. : Chemise veste et moufle en laine tricotée pour enfant, XVIe siècle
    Museum of London, Londres
    (Pour en savoir plus, lire les fiches détaillées de chaque objet sur le site du musée)

    Dès qu’on a pu filer et tisser la laine, on l’a aussi tricotée [Lire ici sur Les Petites Mains]. Dans les campagnes où on y a facilement accès, la laine tricotée est une réponse pratique et économique aux besoins vestimentaires des familles. Dans certaines régions, le tricot devient à partir du XVIe siècle une activité de revenu complémentaire pour les familles pauvres. Cette habitude est encouragée par les œuvres de bienfaisance. Même pratiqué de façon non professionnelle, le tricot devient un gage de bonne éducation et de vertu morale pour les femmes et jeunes filles [Lire ici : la représentation de la tricoteuse sur Les Petites Mains].

     

     

     

    ▲à g. : Portrait de bébé, par Mary Beale, vers 1690-1730
    Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Chemise veste d’enfant en coton tricoté, XVIIe siècle
    Album : Knitting Items from the Collection, Victoria and Albert Museum, Londres

     

     

    ▲à g. : Bas pour enfant en tricot de soie rebrodé, XVIIIe siècle
    Museum of Fine Arts, Boston
    à dr. : Brassière pour bébé en tricot de coton, XVIIIe siècle
    passée en vente chez Christie, Londres

     

     

    ▲à g. : Ensemble bonnet, brassière et manches amovibles en laine tricotée main pour bébé,
    Angleterre, entre 1800 et 1850
    Album : Knitting Items from the Collection, Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Robe pour bébé tricotée en coton, 1851
    Victoria and Albert Museum, Londres
    Ce modèle, réalisé par Sarah Ann Cunliffe, fut primé à la première Exposition Universelle
    de Londres, en 1851 (médaille visible en haut à gauche de la photo).

     

     

    ▲à g. : Petite fille portant des mitaines tricotées, début XIXe siècle
    galerie photo_history sur Flickr
    à dr. : Mitaines en soie tricotée, vers 1860, sur corsetsandcrinolines

    Au XIXe siècle, les travaux d’aiguilles sont enseignés aux filles à l’école. Certains prix décernés aux articles tricotés présentés aux grandes expositions universelles sont réservés aux productions des orphelinats et autres maisons de type hospice. Ils distinguent des pièces d’une grande dextérité, considérées comme des chefs-d’œuvre. Il s’agit souvent de pièces de layette en tricot de laine ou de coton. On combine parfois sur la même pièce les techniques tricot et crochet.

     

    Les productions domestiques utilitaires, dont les modèles de base n’ont sans doute guère changé au fil des siècles, concernent tout particulièrement les petites pièces du vestiaire des bébés et des enfants, faciles et rapides à exécuter. Chaussettes et bas sont fabriqués industriellement sur des métiers, mais on en tricote aussi pour usage personnel dans les familles. Les musées conservent quelques brassières de coton datant du XVIIe et du XVIIIe siècle, mais peu de pièces domestiques modestes, recyclées et portées jusqu’à l’usure.

     

     

     

    ▲à g. : Chaussettes en grosse laine tricotée, XVIIe siècle
    Rijksmuseum , Amsterdam
    à dr. : Moufles en laine pour enfant, à motifs jacquard, rapiécées, XIXe siècle
    Museum of Fine Arts, Boston

    Le tricot de laine tient les enfants au chaud

     

    Quand le moindre refroidissement peut mettre en danger les enfants – la pénicilline n’arrive en Europe qu’en 1945 – les vêtements de laine maintiennent les enfants au chaud. Pourtant, dans son ouvrage de référence sur la mode enfantine, Dictionary of Children’s Clothes – 1700s to Present, Noreen Marshall remarque que l’étude de photographies de groupes d’enfants, par exemple d’écoliers, montre qu’avant 1890, les enfants de condition modeste ne portent guère de vêtements de dessus tricotés, mais le plus souvent des vestes trop grandes ou trop petites, trop usées aussi pour être bien chaudes.

     

    Ainsi, les brassières et chemises de laine plus ou moins finement tricotées des bébés sont intercalées entre des vêtements de coton blanc, faciles à entretenir : celui du dessous protège le vêtement des sécrétions de l’organisme, celui du dessus protège le corps des vêtements de dessus faits dans des textiles moins confortables. Le vêtement tricoté est un vêtement utilitaire qui ne se montre pas. On ne le trouve pas élégant, il n’est pas soumis aux phénomènes de mode. Avant le milieu du XIXe siècle, les travaux de tricot sont plutôt considérés comme une basse besogne, ils sont réservés aux institutions de bienfaisance et d’assistance, aux hôpitaux et aux prisons.

     

     

     

    ▲à g. : Publicité pour « sous vêtements hygiéniques » en lainage à la ouate de tourbe
    du Docteur Rasurel, 1897, sur live auctionneers
    au centre et à dr. : Combinaison pour enfant en tricot mécanique de coton
    dans Dictionary of Children’s Clothes – 1700s to Present, Victoria & Albert Museum, Londres
    On nomme « combinaison » ce vêtement pour enfant : il est en effet littéralement
    la combinaison entre une chemise et une culotte. Celle-ci, datée entre 1900 et 1940, est en tricot ;
    les combinaisons de laine de la fin du XIXe - début XXe ont la même coupe.

     

     

    ▲à g. en ht et en bas : Chemise body pour bébé en fine laine blanche tricotée, vers 1896-1898
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    au centre : Publicité pour les « sous vêtements hygiéniques » du Docteur Rasurel,
    par Lenonetto Cappiello, 1906 sur Camard et Associés
    à dr. : Chemise et caleçon en laine tricotée pour enfant
    dans Dictionary of Children’s Clothes – 1700s to Present Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲à g. : Pull fille, finement tricoté en laine rouge, vers 1900
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    Dans les années 1850-1860, pour une meilleure santé, les hygiénistes
    recommandent de porter un jupon de flanelle de laine rouge.
    au centre : Portrait de Lady Ottoline Morrell Julian Ottoline Vinogradoff enfant, 1910-1911
    National Portrait Gallery, Londres
    à dr. : Pull pour petit garçon, tricoté en laine écrue, vers 1881-1883
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Jupon tricoté pour petite fille, 1866, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Jupon tricoté en laine jaune et rayures zig-zag multicolores, vers 1885-1890
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Jupon tricoté pour petite fille, 1860, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Jupon tricoté et crocheté en laine écrue et rayures zig-zag roses, vers 1880-1910
    Wisconsin Historical Museum , Madison

     

     

    ▲à g. : Jupon pour enfant, La Mode illustrée, 1862
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Combinaison pour enfant en laine tricotée, à rayures verticales bicolores, vers 1890-1899
    Wisconsin Historical Museum , Madison

     

     

    ▲à g. : Pull gilet pour fille en laine tricotée chinée marron rebrodée, vers 1860-1869
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Veste à manches courtes pour petite fille, 1864, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay

    À partir du milieu du XIXe siècle, et plus encore la fin XIXe-début XXe, les habitudes changent. La scolarisation obligatoire des enfants préconise « un esprit sain dans un corps sain », on favorise la pratique sportive, y compris pour les filles. Les « bains de mer » ne sont plus réservés à l’élite. Parallèlement, « hommes de science » et hygiénistes redécouvrent les vertus de la laine et recommandent de porter des «lainages sanitaires» à même la peau [Lire ici : la vogue des lainages sanitaires sur Les Petites Mains]. Tout cela va contribuer à mettre la laine « à la mode », elle gagnera peu à peu le vêtement de dessus.

     

    Tricot de laine et mode enfant

     

     

     

    ▲Costumes marins en jersey, 1881 catalogue Hilder & Godbold, Angleterre
    dans Dictionary of Children’s Clothes – 1700s to Present, Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Garçonnets en costumes marins en jersey, vers 1900
    pool Vintage Kids sur Flickr

     

     

    ▲à g. : Costume marin en jersey pure laine, hiver 1911-1912
    catalogue général des Galeries Lafayette sur Commons Wikimedia
    à dr. : Petit garçon aux dominos, photographe anomyme, vers 1886
    Bibliothèque nationale de France, Paris

     

     

    ▲Portrait de famille, fin XIXe siècle, galerie lovedaylemon sur Flickr

     

     

    ▲à g. : Pull garçon rayé à col châle, en laine tricotée, marque Lorenz, vers 1900-1915
    Wisconsin Historical Museum , Madison
    à dr. : Garçonnet en pull rayé, vers 1900
    album Edwardian children sur Flickr

     

     

    ▲à g. : Enfants en habits tricotés, vers 1925 pool Vintage Kids sur Flickr
    au centre : Catalogue de tricot Madame n°183, décembre 1924
    sur journ@ux-collection.com
    à dr. : Petite fille en costume de laine tricotée, Portugal, vers 1925
    sur Photos d’Enfances

     

     

    ▲à g. : Modèles de tricot, couverture de Mon Ouvrage n°218, 15 mars 1932
    sur journ@ux-collection.com
    au centre : Portrait de Philippa Selina Mather (née Bewicke-Copley) et David Godfrey Bewicke-Copley
    par Alexandre Bassano, 1933, National Portrait Gallery, Londres
    à dr. : Modèles de tricot, couverture de Mon Ouvrage n°366, 15 mai 1938
    sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲à g. : Pull en en laine, tricotage jacquard des îles Shetland, vers 1931
    Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Les princes d’Angleterre Andrew et Edward, 1966, sur royalteurope

     

     

    ▲à g. : Petite fille en gilet tricoté, inspiré du style des îles d’Aran, 1942
    sur Photos d’Enfances
    au centre : Pull tricoté en laine, dans le style des îles d’Aran, 1945
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Modèles de tricot dans le style des îles d’Aran, 1960
    sur The Retro Knitting Company

    Dans les années 1885, les manufactures de jersey se spécialisent, le célèbre costume marin des enfants est réalisé en épaisse maille jersey de laine ou de coton. On s’habille de manière plus décontractée en bord de mer, on porte des pulls. À partir des années 1910 apparaissent de plus en plus sur les photographies, des enfants vêtus, même à la ville, de pulls tricotés – ce sont surtout des garçons. L’activité tricot se développe par nécessité pendant la guerre, puis s’ancre durablement dans les habitudes féminines.

     

    Il faudra attendre les années 1920 pour que la laine tricotée évolue en vêtement concerné par la « mode ». La pratique du sport va se répandre et se démocratiser pour devenir un style de vie, tendance amplifiée en 1936 par les congés payés [Lire ici : le sportswear des Années folles et : la maille est associée à la modernité sur Les Petites Mains].

     

    Cette mode favorisera le développement d’un style confortable, typiquement enfantin, avec chandails et culottes de maille boutonnées ensemble et courtes robes. Le chandail ou pullover de sport, qui intéresse désormais les couturiers, se fait créatif. Il s’inspire parfois des techniques traditionnelles locales du tricot, comme le jacquard nordique coloré et le tricot irlandais à torsades et reliefs.

     

    Le pull est un vêtement confortable, souple et extensible qui « grandit » avec l’enfant : on détricote le modèle devenu trop petit, on le retricote en plus grand avec des rayures, des pièces contrastées (poignets, côtes), en réutilisant si nécessaire plusieurs vieux vêtements. Les techniques textiles du XXe siècle n’auront de cesse de développer cette notion de confort, d’élasticité, de douceur…

     

     

     

    ▲à g. : Publicité pour les laines du Pingouin, vers 1950, sur Femmes en 1900
    à dr. : Robe layette tricotée main, marque Jaboté, vers 1960
    sur Kentucky Rain Vintage

     

     

    ▲à g. : Publicité Petit Bateau, tricots Crylor, sur Delcampe
    à dr. : Pull Petit Bateau en fibre polyamide Ban-Lon, vers 1970
    sur Kentucky Rain Vintage

     

     

    ▲à g. : Publicité Absorba, 1968, sur memory-pub
    à dr. : Robe tricotée bicolore en acrylique, Absorba, vers 1970
    sur Kentucky Rain Vintage

     

     

    ▲Pull tricoté à rayures en modal et polyamide, Absorba, vers 1980
    sur Kentucky Rain Vintage
    à dr. : Publicité Absorba, « Les enfants sont comme ça », vers 1980, sur Delcampe

    Dans les années 1960-1970, la facilité de lavage, la rapidité de séchage, l’absence de repassage, le choix multiple des coloris font des fibres synthétiques un matériau particulièrement adapté au vêtement d’enfant qui a besoin d’être lavé souvent. L’offre des marques de prêt-à-porter en tricot est riche et variée, même si on considère les tricots faits maison comme plus élégants et raffinés. Le vêtement tricoté reste un basique incontournable de la mode layette et enfant.

     

    La layette

     

    Ce sont les Anglais, toujours pragmatiques, qui lancent les premiers la mode de la layette tricotée à la main. Elle ne commence à se répandre qu’à partir des années 1870-1880. Les magazines féminins conseillent d’habiller chaudement les bébés d’une robe de laine dès leurs premiers pas, en raison de son confort et sa souplesse. On ne se cache plus pour tricoter à la maison petites vestes, robes, bonnets, cache-langes et culottes à chaussettes intégrées. On considère jusqu’à la moitié du XXe siècle que coudre et tricoter le trousseau de son bébé est la plus saine des occupations pour une future mère.

     

     

     

    ▲à g. : Brassière en laine tricotée, vers 1890-1899
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Brassière tricotée mains proposée par un magasin de nouveautés, Le Caprice (journal), 1887
    dans La Mode et l’Enfant 1780… 2000, Musée Galliéra, Paris

     

     

    ▲à g. en haut : Bavette au crochet, La Mode illustrée, 1866
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à g. en bas : Bavette au crochet, vers 1870-1899
    Wisconsin Historical Museum , Madison
    à dr. : Chemise brassière de bébé en laine tricotée
    Wisconsin Historical Museum , Madison

     

     

    ▲à g. : Bonnet en laine crochetée pour garçon, vers 1861-1862
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    au centre : Bonnet pour bébé, La Mode illustrée du 2 novembre 1873
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Bonnet en laine tricotée pour fille, vers 1850-1869
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Bonnets pour bébés en coton tricoté, rebrodé de perles de verre, orné de dentelle et ruban,
    XIXe siècle, Museum of Fine Arts, Boston
    au centre : Bonnet d’enfant, rebrodé de perles de verre, début XIXe siècle
    The Elizabeth Day McCormick Collection, Museum of Fine Arts, Boston
    à dr. : Bonnet de bébé en coton tricoté, rebrodé de perles de verre, orné de dentelle, XIXe siècle
    Museum of Fine Arts, Boston
    En cliquant sur le lien, on peut voir, en haute résolution sur le site du musée,
    le magnifique travail de tricot rebrodé de perles de verre [en anglais : beadwork] de ces bonnets .
    Le travail - que certains différencient du tricot pur, est très proche des modèles
    de réticules pour femme de la même époque
    [Lire ici : Les ouvrages de dames, réticules et autres bourses du XIXe siècle sur Les Petites Mains]

     

     

    ▲à g. : Bonnet pour bébé en coton écru tricoté rebrodé de perles de verre, 1856
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    au centre : Bonnet de bébé en coton tricoté, rebrodé de perles de verre, XIXe siècle
    Museum of Fine Arts, Boston
    à dr. : Modèle de bonnet tricoté pour enfant, 1865, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay

     

     

    ▲à g. : Bonnet en coton tricoté, 1860
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Bonnet au crochet pour layette de bienfaisance, 1874
    Le Journal des Demoiselles, boutique Au Fil du Temps sur e-bay

     

     

    ▲à g. : Bonnet en coton tricoté, XIXe siècle, Museum of Fine Art, Boston
    au centre : Bonnet au crochet pour enfant, 1865
    La Mode illustrée, boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Chaussette pour enfant en coton tricoté, début XIXe siècle
    Museum of Fine Arts, Boston

     

     

    ▲à g. : Chaussons en crochet pour bébé, 1865, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Chaussons pour bébé en laine tricotée noire rehaussée de jaune, 1880-1889
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Modèle de chausson pour bébé, 1861, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Chausson pour bébé en laine tricotée moutarde rehaussée de blanc, 1877
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Modèle de chausson pour bébé, 1866, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Chausson pour bébé en laine tricotée écrue, orné d’un double ruban, 1905-1915
    Wisconsin Historical Museum, Madison

     

     

    ▲à g. : Modèle de chausson bottine pour bébé, 1862, La Mode illustrée
    boutique Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Chausson pour bébé en grosse laine tricotée de couleur magenta, 1877
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    La couleur mauve et ses dérivés sont à la mode depuis qu’en 1856,
    William Henry Perkin a réalisé la synthèse chimique de la mauvéine ;
    cela a permis la préparation et l’invention de nouvelles molécules colorantes.

     

     

    ▲à g. : Brassière tricotée en laine blanche, ornée de ruban rose à l’encolure,
    vers 1920, Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Catalogue de tricot, modèles layette, collection Bleuet n°9,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲à g. : Portrait d’une mère et de son enfant, 1924, galerie bitsorf sur Flickr
    à dr. : Ensemble layette en laine écrue tricotée de la marque Glenroyal
    Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲ g. : Ensemble layette, gilet, bonnet et chaussons tricotés en coton blanc et rose, rebrodé,
    vers 1944-1946, Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Catalogue de tricot, modèles layette, collection Recko n°3,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲g. : Catalogue de tricot, modèles layette, Tricot de Paris n°60,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com
    au centre : Trois ans en tricot, modèles à tricoter soi-même
    Modes et Travaux, 1951, sur aiguilles et autres choses
    à dr. : Petite fille en robe tricotée, Allemagne ou Autriche
    vers 1945, sur Photos d’Enfances

     

     

    ▲à g. : Robe tricotée mains, vers 1970-1980, sur Kentucky Rain Vintage
    à dr. : Catalogue de tricot, modèles layette, L’Officiel du Tricot n°25,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲à g. : Catalogue de tricot modèles layette, Bernat n°27,
    année non renseignée, galerie cemeterian sur Flickr
    à dr. : Réédition d’une brassière ancienne en laine tricotée pour bébé
    sur muitomaisanorte

     

     

    ▲à g. : Catalogue de tricot, modèles layette, La Layette de Mon Tricot,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com
    au centre : Catalogue de tricot, modèles layette, Patons n°717,
    année non renseignée, galerie megsmaw06 sur Flickr
    à dr. : Catalogue de tricot, modèles layette, L'Art du Tricot n°6,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲à g. : Catalogue de tricot, modèles layette, La Mode pratique,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com
    au centre : Portrait d’enfant en robe de laine tricotée, vers 1949
    galerie lovedaylemon sur Flickr
    à dr. : Catalogue de tricot, modèles layette, Collection Azur n°90,
    année non renseignée, sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲ g. : Bonnet et chaussons en laine tricotée jaune, vers 1954-1956
    Wisconsin Historical Museum, Madison
    à dr. : Modèle d’ensemble layette Sirdar Sunshine, Harrap Bros (Sirdar Wools) Ltd,
    vers 1955-1965, Victoria & Albert Museum, Londres

    Dans les années 1920, comme pour l’enfant, la layette tricotée promeut des règles de confort nouvelles, qui vont durer. On aime les panoplies. On assortit les bonnets et les chaussons. Les modèles basiques sont agrémentés de brassières et de bavoirs brodés. On préfère le blanc, mais la répartition des coloris rose-bleu entre garçons et filles s’enracine [Lire ici : bébé rose - bébé bleu, sur Les Petites Mains]. Le jaune fait son apparition dans les années 1930.

     

    Quand le plaisir de tricoter l’emporte sur l’utilité

     

     

     

    ▲à g. et au centre : Catalogues de modèles de tricots des années 1930, années non renseignées
    à dr. : Catalogue de modèles de tricot, La Mode pratique n°13 du 30 mars 1935
    sur journ@ux-collection.com

     

     

    ▲g. : Couverture du magazine Elle n°15 du 27 février 1946
    au centre : Couverture du magazine Elle n°95 du 9 septembre 1947
    Archives magazine Elle
    à dr. : Garçonnets en pull de laine tricotée, pool Vintage Kids sur Flickr

     

     

    ▲g. : Patron modèle de cardigan et de short Patons and Baldwins Ltd, Créations Weldon,
    vers 1950-1955, Victoria & Albert Museum, Londres
    au centre : Patron modèle de mini-robes roses, marque Hayfield, vers 1960, sur etsy
    à dr. : Patron modèle d’ensembles gilets/jupe/pantalon pattes d’eph’, Cortinac, vers 1970
    sur buggsbooks

     

     

    ▲Pages de modèles de tricots pour bébés
    100 Idées n°1 de décembre 1972 et n°111 de janvier 1983
    sur le blog des centidéalistes : rubrique Tricot à la mode 100 Idées

     

     

     

     

     

    ▲Pages de modèles de tricots pour enfants
    100 Idées n°4 de septembre 1973 (à g.), n°60 d’octobre 1978 et n°119 d’octobre 1983
    sur le blog des centidéalistes : rubrique Tricot à la mode 100 Idées

     

     

    ▲Pages de modèles d’accessoires en tricot pour enfant,
    100 Idées n° 112, février 1983 sur le blog des centidéalistes : rubrique Tricot à la mode 100 Idées

    La généralisation d’un prêt-à-porter abordable, le travail des femmes et autres mutations sociales vont peu à peu confiner l’activité tricot au loisir. Dans le domaine de la layette plus que tout autre, le temps du tricot prolonge le plaisir de la ferveur maternelle ou grand-maternelle à l’enfant chéri. De la débutante à l’experte, de la tradition à l’ultra-mode, dans un esprit pratique ou ludique, chacune peut trouver dans les nombreuses publications de catalogues et magazines spécialisés « le » modèle à tricoter soi-même.

     

     

     

    ▲Bonnet pointu en alpaga, tricoté par Marie-Pierre pour Appoline, sur Bigmammy

    (à suivre : 100 ans de tricot enfant avec Le Petit Écho de la Mode)

      

    SOURCES : merveilleux blog "Les petites mains"

    http://les8petites8mains.blogspot.com/search/label/ann%C3%A9es%201920

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  • ►Le tricot : une occupation féminine convenable

     

    ▲à g. : Portrait de Elisabeth de la Vallée de la Roche, par Michel-Pierre Hubert Descours, vers 1771
    Bowes Museum, Barnard Castle
    à dr. : Sac à ouvrage pour dame, vers 1790, Angleterre
    dans Sacs à main, A. Johnson, Editions Könemann

     

    ▲à g. : Coussin à aiguilles en soie, tricoté main, XVIIIe siècle
    Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Femme tricotant, par Francoise Duparc, vers 1750-1760
    Musée des Beaux Arts de Marseille sur leparisaquasistain

     

    ▲à g. : Coussin à aiguilles tricoté, aux initiales « MM », Angleterre
    entre 1730 et 1769 Victoria & Albert Museum, Londres
    au centre : Portrait de Madame Lepage, par Guillaume Dominique Jacques Doncre, 1797
    sur wikigallery
    à dr. : Paire de gants longs tricotés, Amérique, fin XVIIIe début XIXe siècle
    Musée des Beaux Arts, Boston

     

    ▲à g. : La Tricoteuse endormie, par Jean-Baptiste Greuze, 1759
    Huntington Library, San Marino
    à dr. : Chaussette tricotée main ayant appartenu au Dauphin Louis-Charles
    sur Musée Louis XVII

    Au XVIIIe siècle, le tricot à la main est très à la mode, quand il devient l’occupation convenable des femmes de l’aristocratie. A Trianon, Marie-Antoinette ne joue pas seulement à la bergère, elle tricote. Plus tard, au Temple, elle fera chercher aux Tuileries, par la fille de son geôlier Tison, des aiguilles à tricoter en ivoire – certaines sont passées en vente publique en 2003, 30 670 euros la paire ! Le raffinement des accessoires de tricot et des sacs à ouvrage à base sculptée et au corps volumineux, le plus souvent en soie, reflète le statut social de la « dame de qualité » qui les possède.

     

    ▲à g. : Ecole anglaise de « bienfaisance » pour filles, vers 1795
    Bristol City Museum and Art Gallery, Bristol
    à dr. : Bas tricotés en coton, France, XVIIIe siècle, Musée des Beaux Arts, Boston

    Avec la « découverte » de l’enfance via notamment de l’Emile de Jean-Jacques Rousseau [Lire Les Petites Mains : Mode adulte - mode enfant (2) : la robe blanche ], on commence à se préoccuper de l’« éducation » des filles, qui ont bien sûr « naturellement » le goût des travaux d’aiguilles, qui « conviennent » à leur « fragilité physique ». Mais, dans les pensionnats et les couvents, ces apprentissages varient selon que la jeune fille est « bien née » ou qu’elle devra « gagner honnêtement sa vie ». Pour la première, il s’agit surtout de se constituer un trousseau et d’occuper la vacuité de son temps libre à autre chose que de « mauvaises lectures » – on nommera cela bien plus tard le bovarysme. Pour la seconde, un enseignement trop léger l’assignerait à des ouvrages ordinaires, moins monnayables sur le marché de la mode, secteur économique en plein essor, en demande croissante de petites mains habiles.

     

    Les Tricoteuses jacobines, par Pierre-Etienne Lesueur, entre 1789 et 1799
    Musée Carnavalet , Paris

    Le tricot est une activité traditionnellement dévolue aux femmes, qu’elles exercent en privé, dans l’intimité de leur foyer. C’est précisément cette image conventionnelle de la femme qui nourrit le mythe contre-révolutionnaire des « féroces et vulgaires poissardes » tricoteuses jacobines de l’An II. Représentées des aiguilles et un tricot à la main, elles troublent l’ordre « naturel » des choses en exerçant leur activité en public, en se mêlant de plus des délibérations de la Convention, activité politique réservée aux seuls hommes. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce passionnant sujet d’histoire féminine, je vous renvoie à l’analyse de cette image sur le site L’Histoire par l’image, et à l’article de l’historienne Dominique Godineau sur le site Révolution française.

     

    ▲à g. : Servante à son ouvrage, par Jean Baptiste Siméon Chardin, vers 1760
    National Museum, Stockholm
    à dr. : Bonnet tricoté main, doublé, en laine, vers 1740-1760
    Rijksmuseum, Amsterdam

     

    La Classe manuelle, école des petites filles (Finistère), par Richard Hall, 1889
    Musée des Beaux Arts, Rennes sur sur Agence photographique de la RMN

     

    ▲à g. : La Classe manuelle, école des petites filles (détail), par Richard Hall, 1889
    Musée des Beaux Arts, Rennes
    à dr. : La Leçon de tricot, par Joseph Gabriel Tourny, 1889
    Musée du Louvre sur Agence photographique de la RMN

    Le tricot a des vertus qui dépassent les autres travaux d’aiguilles, car on peut l’interrompre pour le reprendre à tout moment. Il permet donc à la femme de tirer parti de tous ces «temps perdus» que l’on ne doit pas gaspiller en conversation, ou pire encore en lectures frivoles. A ce titre, il sera largement enseigné dans les institutions et les écoles aussi bien religieuses que laïques pendant tout le XIXe siècle. Un siècle plus tard, en 1948, alors que De Gaulle accorde enfin le droit de vote aux femmes françaises et qu’on lui pose la question « Allez-vous en prendre au gouvernement ? », il répond : « Oui, à un sous-secrétariat d’État au tricot ». On ne s’étonne donc pas, devant cette survalorisation du tricot et ses conséquences sur l’assujettissement des femmes, que le tricot soit longtemps honni des mouvements féministes.

    Les premiers recueils de modèles

     

    ▲à g. : Instructions on Needlework and Knitting (Instructions pour les travaux de couture et de tricot)
    Pupils of the National Model Female, 1838, Victoria & Albert Museum, Londres
    A l’intérieur, on a trouvé une lettre envoyée par une certaine Miss M.A. Smith
    qui envoie le livre à son institutrice pour la remercier de ses enseignements.
    à dr. : Recueil de modèle pour apprentissage, Instruction book
    The National Society's Instructions on Needlework and Cutting Out, National Model Female School, Dublin, Ireland
    1835, Victoria & Albert Museum, Londres

     

    ▲à g. : Industrie, par Charles Baxter, 1867
    Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Page de couverture d’une méthode scolaire de travail manuel, France, XIXe siècle
    collection privée, Archives Charmet sur The Bridgeman Art Library, Londres

    Au XIXe siècle, le tricot est, avec la broderie, l’une des principales activités des institutions de charité, hôpitaux, prisons, on y tricote principalement des bas et des vêtements pour enfants. Le premier recueil de modèles publié en Angleterre est Instructions on Needlework and Knitting [Instructions pour les travaux de couture et de tricot] de la National Society, qui le destine à l’apprentissage du tricot dans les écoles de charité de l’Église anglicane. Il date de 1838.

    On peut le considérer, lui et ses semblables, comme l’ancêtre de nos recueils de modèles, même si l’absence d’information sur la taille des aiguilles, la tension du fil ou autres notations standardisées rend la réalisation des modèles extrêmement difficile pour une tricoteuse non experte. On y voit le modèle final miniaturisé. De semblables recueils ont certainement circulé dans de nombreuses institutions d’Europe occidentale.

     

    ▲Echantillons de modèles, XVIIIe siècle, probablement Allemagne
    Musée des Beaux Arts, Boston

     

    ▲Page du livre d’échantillons de Elizabeth Hume, entre 1846 et 1875
    Victoria & Albert Museum, Londres

    Il est évident que certaines tricoteuses se font leurs propres recueils d’échantillons, répertoire de points et de motifs, avant que n'existent les manuels et les fascicules de modèles de grilles. Jane Gaugain est la première Anglaise à publier, en 1846, ses «recettes de tricot», comme on les appelle alors en Angleterre, référence à une autre activité féminine, la cuisine. Elle est la première à utiliser des abréviations pour décrire les points employés.

    Les publications mentionnant des ouvrages à réaliser soi-même commencent à se répandre dans les années 1810, surtout en Allemagne, pour la confection de bourses en tricot rebrodé de perles de verre ou d’acier. Les instructions sont imprimées sur papier millimétré. En France, les publications de mode se développent surtout sous la Restauration – comme le Journal des Demoiselles à partir de 1833.

     

    ▲Pages de La Mode illustrée
    à g. du 6 novembre 1864, à dr. du 27 mars 1864
    Au Fil du tempssur e-bay

    Ces publications prennent un caractère plus bourgeois sous le second Empire et se diffusent en province. Elles fournissent des patrons et des explications détaillées pour des ouvrages à réaliser patiemment, en couture, tricot, crochet, dentelle et broderie. Ainsi, La Mode illustrée et son supplément, journal familial créé en 1859, qui trouve son lectorat dans la petite bourgeoisie, compte 40 000 abonnées en 1866, et bien plus de lectrices, car les journaux circulent.

     

    ▲Modèles proposés par La Mode illustrée, journal de la famille, entre 1860 et 1865
    Au Fil du Tempssur e-bay

     

    ▲à g. : Portrait de Mary Isabella Grant, par Francis Grant, vers 1845 sur wikigallery
    à dr. : Modèle de châle paru dans La Mode illustrée, 1861
    Au Fil du Tempssur e-bay

     

    ▲à g. : Jeune fille tricotant, par Alexandre Dubourg, vers 1860-1865
    Musée Eugène Boudin, Honfleur
    à dr. : Modèle de chausson pour enfant paru dans La Mode illustrée, 1865
    Au Fil du Tempssur e-bay

    Répertorier les modèles dont les journaux offrent les grilles et les modèles est impossible, tant ils sont divers. Le choix est vaste : vêtements pour toute la famille – du bébé à la «dame âgée», en passant par les vêtements de chasse du maître de maison, et divers accessoires du costume et articles de décoration utiles à la maison ; il varie des basiques domestiques aux modèles « de luxe » – on se plaint déjà de l’uniformisation des produits manufacturés ! Ce serait une erreur de croire que les premiers sont exécutés par les tricoteuses modestes, les seconds par les plus aisées ; un ouvrage exceptionnel est mieux payé pour les unes, quant aux autres elles tricotent aussi pour les ventes de charité qu’elles patronnent et les indigents qu’elles secourent.

    Réticules et autres bourses du XIXe siècle

     

    ▲à g. : Portrait des deux soeurs Harvey, par Jean Auguste Dominique Ingres, vers 1804
    Musée du Louvre sur L’Histoire par l’image
    au centre : Réticule en soie et coton, tricoté main, Angleterre, vers 1800-1825
    The Metropolitan Museum of Art , New York
    à dr. : Modèle de bourse réticule paru dans le Journal des Demoiselles, 1855
    Au Fil du Tempssur e-bay

     

    ▲à g. : Bourse tricotée en fil de soie, doublée soie, vers 1800-1849
    Victoria & Albert Museum, Londres
    en médaillon : Modèle de bourse ananas paru dans La Mode illustrée, 1864
    Le modèle « ananas » a dû avoir un gros succès pendant plusieurs années,
    tous les musées du monde en conservent.

     

    ▲à g. et au centre : Réticule ananas tricoté porté avec une robe de taffetas de soie jaune
    et châle de tulle de soie noire
    Angleterre, vers 1803, Kyoto Costume Institute, Kyoto
    à dr. : Réticule ananas, vers 1800-1829, Victoria & Albert Museum, Londres

     

    ▲Sac en fil de soie tricoté, XIXe siècle
    Victoria & Albert Museum, Londres
    en médaillon : Modèle paru dans La Mode illustrée, 1861
    Au Fil du Tempssur e-bay

    Au début du XIXe siècle, les petites bourses et autres réticules font fureur dans la mode. Elles sont nées des poches nouées autour de la taille, portées sous les paniers pendant l’Ancien Régime ; à la Révolution, on jette les paniers avec le vêtement de l’Ancien Régime, les poches restent, externes. Les gazettes se moquent de ces « ridicules », mais en 1805, toutes les femmes en portent : ce sont les débuts du sac à main des filles.

     

    ▲à g. et à dr. : Modèles de bourses à deux coulants parus dans La Mode Illustrée, 1862
    Au Fil du Temps sur e-bay
    au centre : Bourses à deux coulants, Angleterre, XIXe siècle
    Victoria & Albert Museum, Londres

     

    ▲à g. et à dr. : Modèles de bourses à deux coulants parus dans La Mode Illustrée, 1862
    Au Fil du Temps sur e-bay
    au centre : Bourse à deux coulants, XIXe siècle
    The Metropolitan Museum of Art, New York
    Le motif de la palmette persaneest à la mode depuis la fin du XVIIIe siècle.

    Un autre succès, plus tardif, au second Empire sont les bourses à deux coulants. Cette mode prend son origine dans la coutume médiévale de conserver ses pièces d’or dans une chaussette [en anglais : stocking purse]. Au XIXe siècle, hommes et femmes suspendent ces bourses à leur ceinture. Une minuscule fente dissimulée laisse difficilement échapper son contenu, d’où leur autre nom de bourses d’avare [en anglais : misery purse].

     

    ▲à g. : Bourse tricotée, XIXe siècle, The Metropolitan Museum of Art, New York
    au centre : Modèle de bourse paru dans La Mode illustrée, 1860
    Au Fil du Temps sur e-bay
    à dr. : Sac tricoté, Europe, 1880
    The Metropolitan Museum of Art, New York

     

    ▲à g. : Réticule tricoté, Allemagne, vers 1810-1830
    The Metropolitan Museum of Art, New York
    à dr. : Modèle paru dans La Mode illustrée, 1864
    Au Fil du Tempssur e-bay

    On peut voir un grand nombre de ces sacs et bourses sur les sites du Victoria & Albert Museum de Londres, du Museum of Fine Arts de Boston, et du Metropolitan Museum of Art de New York [Mots clefs : bag, purse, reticule, pouch]. J'en profite pour dire qu'en suivant les liens sous les images des Petites Mains, on aboutit souvent à des informations plus précises sur l'objet montré. A découvrir aussi sur le blog History Knits One More Stitch des réalisations faites à partir de modèles anciens. Sur la boutique Au Fil du temps e-bay, que je cite très souvent sur Les Petites Mains, on peut acheter des patrons et grilles de modèles.

    Les progrès de la teinture et la vogue des « lainages sanitaires »

     

    ▲à g. : Trousse d’aiguilles à tricoter de la marque Sunflower de Bassat Powell, tailles 11 à 19, en acier
    vers 1870-1890, Victoria & Albert Museum, Londres
    au centre : Photographie de jeune fille tricotant, auteur anonyme, vers 1880
    Musée national de l'Éducation – INRP , Rouen
    à dr. : Fils de laine teints chimiquement, Angleterre, vers 1850-1899
    Victoria & Albert Museum, Londres

    A partir des années 1850, les premiers fils de laine teints chimiquement offrent aux tricoteuses du second Empire un plus large choix de couleurs, plus vives et plus chatoyantes. Le fil de laine absorbe particulièrement bien la couleur, le rouge profond et le mauve sont les préférés.

    Par ailleurs, les « hommes de science » et les hygiénistes de la fin du XIXe siècle, dans un esprit de « réforme » de la mode qui touche surtout les pays anglo-saxons [Lire Les Petites Mains : la robe de réforme], préconisent le port de tissus bruts, sans fibres végétales, à même le corps. Ils redécouvrent les vertus de la laine. Le Docteur Gustave Jaeger de l’Université de Stuttgart publie en 1878 un ouvrage qui décrit tout le bien apporté par le port de sous-vêtements de laine à son propre organisme. En Angleterre, le « Sanitary Woollen System » est créé la même année, qui propose ses « lainages sanitaires ». Dès 1877, le docteur Rasurel, en France, invente un mélange de laine et de ouate de tourbe, bien entendu « encore plus performant », qui préfigure déjà le Thermolactyl de Damart (il ne sera inventé qu’en 1953). Marcel Proust, asthmatique, en porte ; plus tard, l’Armée française en fournira à ses soldats dans les tranchées…

     

    ▲à g. : Publicité pour les sous-vêtements du Docteur Rasurel, vers 1890 sur 1.stdibs.com
    au centre et à dr. : Modèles de dessous en laine tricotée
    parus dans le Journal des Demoiselles, 1894 (ceinture) et 1901 (jupon)

    On recommande donc dans toute l’Europe de porter des « lainages sanitaires » sous les vêtements : jupons et pantalons pour les femmes, gilet pour les hommes. Tout cela contribue à mettre la laine à la mode. On achète le plus souvent ces dessous, mais on les tricote aussi soi-même, les journaux fournissent toutes sortes de modèles.

    La représentation artistique de la tricoteuse

     

    ▲à g. : La Cour, par William Sidney Mount, 1836
    Nelson Atkins Museum of Art, Kansas City
    à dr. : La Tricoteuse, par Auguste Georges Blondel, vers 1849
    Musée des Beaux Arts, Rennes

     

    ▲à g. : La Dame en noir, par Carolus Duran, 1859
    Palais des Beaux Arts, Lille
    à dr. : Tricoteuse bretonne, par Eugène Boudin, 1865
    Musée Boudin, Honfleur

     

    ▲à g. : Bergère tricotant dans la campagne de Barbizon, par Jean-François Millet, 1860-1862
    Musée des Beaux Arts, Boston
    à dr. : La Leçon de tricot, par Jean-François Millet, vers 1860
    Art Museum, Saint Louis

    Par sa vocation exemplaire d'édification pour les filles, la tricoteuse représente parfaitement les enjeux et conventions de la vie quotidienne des femmes et jeunes filles du XIXe siècle. Qu’elles soient riches ou pauvres, jeunes ou plus âgées, le tricot est d’une certaine manière le révélateur de leurs devoirs et qualités de femmes douces et attentives à leur foyer, de maîtresses de maison au paraître efficace sans ostentation, de chrétiennes humbles et travailleuses, soucieuses d’économie domestique.

     

    ▲à g. : Le Tricot, par Francis Grant, fin des années 1860
    à dr. : La petite Tricoteuse, par Albert Anker, 1891
    Musée Oskar Reinhart am Stadtgarten, Winterthur

     

    ▲à g. : Les filles de l’artiste, par Fritz von Uhde, 1896
    à dr. : Fillette tricotant, par Julian Alden Weir, 1908

     

    ▲à g. : Jeune fille tricotant, par Albert Anker, 1884
    à dr. : La Leçon de tricot, par Lee William Hankee, 1914
    Musée d’Orsay, Paris

    Peindre une tricoteuse, c’est peindre la féminité idéale : les mères attentives, les fillettes obéissantes et leurs grandes soeurs, les grands-mères respectées, l’intimité des foyers, les jolies bergères et vachères qui emploient leur « temps perdu » dans un idyllique décor pastoral, le balbutiement amoureux du promis qui tient pour sa promise l’écheveau de laine qu’elle roule en pelote...

     

    ▲à g. : Jeune femme au tricot, par Berthe Morisot, vers 1883
    à dr. : A la plage, par Auguste Renoir, 1883
    The Metropolitan Museum of Art, New York

     

    ▲à g. : Clotilde, par Paul Louis Dessar, vers 1893
    Musée franco-américain du château de Blérancourt
    à dr. : Les Tricoteuses, par Henri Martin, 1913
    Musée d’Orsay, Paris
    sources : Agence photographique de la RMN et WikiGallery

    C’est donc bien en icône que la figurent les peintres à travers les innombrables représentations de La Tricoteuse ou La Leçon de tricot qui traversent le siècle – jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale transforme à la fois cette vision et la pratique du tricot.

     

    Sources : MERVEILLEUX BLOG de "Les petites mains"

    http://les8petites8mains.blogspot.com/search/label/education%20%28filles%29

     

     

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  • Des dessous « hygiéniques » fin XIXe au sportswear des Années folles

     

     

     

    ▲à g. : Le Chalet du cycle au bois de Boulogne, par Jean Béraud, fin XIXe-début XXe siècle
    Musée de l’Île-de-France, Sceaux sur Agence photographique de la RMN
    Les élégantes viennent au Chalet du cycle exhiber leur garde-robe sportive, la grande nouveauté,
    c’est la culotte bouffante qui permet de montrer ses jambes, ce qui n’est possible que par la pratique de la bicyclette.
    à dr. : Sweater en laine, France, vers 1895, The Metropolitan Museum of Art, New York

     

     

    ▲à g. : Sweater cardigan en laine, Amérique, vers 1900-1903 The Metropolitan Museum of Art, New York
    à dr. : Carte postale des montagnes du Doubs intitulée « Sports d’hiver, départ du bolide, 60 à l’heure », vers 1900

    Dans la lignée de la fin du XIXe siècle et la vogue des lainages « hygiéniques » utilisés pour les vêtements de dessous puis les tenues de sport, la mode des vêtements en tricot se développe au début du XXe siècle. L’hiver à Saint-Moritz, on s’équipe d’un bonnet, d’une écharpe, d’un pull et de chaussettes de laine pour pratiquer les sports de plein air comme le patinage, la luge, le ski, le hockey ; les autres saisons, on porte d’élégants et confortables sweaters [de l’anglais to sweat : transpirer] et ensembles de maille pour la chasse et les parties de campagne, la plage à Deauville et le vélocipède au bois de Boulogne.

     

     

     

    ▲à g. : Gabrielle Chanel photographiée à Deauville vêtue d’un ensemble de tricot, 1913
    à dr. : Costumes en jersey de Chanel, illustration, première parution dans Les Elégances parisiennes, juillet 1916
    Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris sur Life.com

    Gabrielle Chanel est à juste titre considérée comme une pionnière du vêtement en tricot. En 1913, elle ouvre sa boutique à Deauville ; en 1916, elle rachète à Jacques Rodier (tisserands depuis 1852) un stock de jersey habituellement utilisé pour la bonneterie ; elle y réalise des modèles de tailleurs à veste trois-quarts et jupes raccourcies et des marinières. Mais elle n’est pas la seule à apprécier sa souplesse, sa douceur et son confort : d’autres couturiers s’enthousiasment pour le djersabure de la maison Rodier, comme Jean Patou, ou André Gillier, le futur inventeur de la fameuse maille piquée Lacoste deux décennies plus tard.

     

     

     

    ▲à g. : Ensemble en tricot, publié dans le magazine Madame, 1921
    boutique Au Fil du Temps sur e-Bay
    à dr. : Tailleur sport Lanvin, photographié au Bois de Boulogne par les Frères Séeberger, hiver 1922
    Les Séeberger, photographes de l'élégance, 1909-1939, BnF, Paris

     

    ▲à g. : Suzanne Lenglen dans un ensemble en maille de Jean Patou, 1926, sur examiner.com
    à dr. : Pullover en soie et laine, par Lucien Lelong, 1927 The Metropolitan Museum of Art, New York

     

     

    ▲à g. et à dr. : Sweater en laine et soie, Angleterre, vers 1929
    The Metropolitan Museum of Art, New York
    au centre : Robe Chanel, photographiée à Deauville, le jour du Grand Prix,
    par les frères Séeberger, 29 août 1928,
    Les Séeberger, photographes de l'élégance, 1909-1939, BnF, Paris

    Le style de vie des années 1920, qui se veut libre et pratique et exige qu’on ait l’air «sport», voit le triomphe de la maille et des pullovers – le terme apparaît à cette époque. Certes le soir, on brille dans des tenues luxueuses et pailletées, mais en journée, la base de la garde-robe, c’est l’ensemble sport (sportswear), le plus souvent en maille, souple, pratique, confortable.

     

    On porte le sweater sans col, à manches longues ; on l’appelle cardigan quand il s’ouvre sur le jumper qui s’enfile par la tête ; le chandail – qui viendrait de « marchand d’ail », est à manches courtes, long et décolleté en V ; le pull-over est à manches longues ; quant au gilet, il se boutonne devant. On porte ces articles tricotés à la taille basse sur des jupes courtes, c’est l’allure « garçonne ». Paul Poiret, le couturier vedette de la Belle Époque, n’apprécie guère cette mode : « Autrefois une robe était autre chose qu’une jupe plissée avec un sweater. Ah ! on pouvait alors faire de belles choses avec de beaux tissus que la femme préférait aux jerseys et aux tissus de sport ! » déclare-t-il dans L’Art et la Mode en 1927. Ces toilettes sont immédiatement adoptées par les Américaines, plus rationnelles et moins conformistes que les Françaises.

     

    Du tricot utile de la guerre au tricot de loisir

     

     

     

    ▲à g. : Cartes postales françaises « patriotiques », 1914-1918
    sur sur le blog France/Allemagne : Mémoires de guerres

     

     

    ▲à g. : Femme tricotant (photographie choisie pour la couverture de
    No idle hands : The Social History of American Knitting, Ann Macdonald, Ballantine Books, 1990)
    sur Flickr Vintage Knitting
    à dr. : Une partie du stock des 125 636 chaussettes tricotées pour les soldats à Sydney,
    photographie G. A. Hills, mai 1917
    sur Knitting for our boys, Galerie de photos de State Library of New South Wales collections sur Flickr

    Un tel engouement pour les tenues en maille, relayé par des couturiers renommés, ne peut que profiter au tricot domestique, qui depuis la Première Guerre mondiale s’est répandu dans toutes les couches de la société. Pendant la guerre, femmes, enfants, et même les soldats blessés immobilisés, tout le monde tricote « patriotiquement », en très grand nombre, des chaussettes, des mitaines, des genouillères, des bonnets et des écharpes pour les soldats du front. Les dames de la haute société, qu’on aperçoit dans les rubriques mondaines des journaux, se font infirmières ; elles passent leur temps à tricoter, partout, dans les trains, au théâtre, au restaurant, à la maison, dans les écoles… On les représente même parfois le tricot à la main lors des présentations de mode des maisons de couture, le journal Les Modes raconte très sérieusement ce genre d’anecdotes dans ses articles. On dit que les soldats reçoivent tant d’articles tricotés qu’ils s’en servent pour astiquer leurs armes !

     

     

     

    ▲à g. : Tricotin soldat, 1915 sur Musée national de l'Education, Rouen
    au centre : Catalogue de tricot, modèles spéciaux pour soldats, 1914-1918, sur The Vintage Knitting Lady
    à dr. : Recueil de modèles de tricots pour les poilus, La Femme et la Guerre sur Musée virtuel militaire

     

     

    ▲à g. : Tunique tricotée en soie blanche, anonyme, vers 1921
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929, du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra
    à dr. : Tunique nouvelle au crochet en lacet de soie, magazine Madame, 1922
    boutique Au Fil du Temps sur e-Bay

     

     

    ▲à g. : Ensemble tricoté de Joseph Paquin, photographié au Bois de Boulogne par les Frères Séeberger, 1925
    Les Séeberger, photographes de l'élégance, 1909-1939, BnF, Paris
    à dr. : Pullover moderne au tricot, magazine Mon Ouvrage, 1929
    boutique Au Fil du Temps sur e-Bay

     

     

    ▲à g. : Casaque nouvelle au tricot rayé, magazine Madame, 1921
    boutique Au Fil du Temps sur e-Bay
    au centre : Jumper à col en V, tricoté en soie de couleur rouille, et petit sac à gland, vers 1920
    Getty Images sur aufeminin.com

     

     

    ▲à g. : Annonce publicitaire pour les fils à tricoter La Redoute, revue L'Illustration, 1926
    sur le blog Les Mailles de Francinelle
    à dr. : Publicité pour les Laines du Pingouin de la Lainière de France, Roubaix, 1929
    sur hprints.com

    Les femmes de toutes conditions sociales prennent ainsi l’habitude de tricoter, et pour longtemps. Après la guerre, le tricot devient un loisir, même s’il reste aussi dans les familles une manière économique de s’habiller utile, confortable et de manière originale. Les magazines de mode continuent, comme au XIXe siècle, à proposer des modèles de tricots à réaliser soi-même, mais aussi désormais des modèles en maille en coupé-cousu à faire fabriquer par sa couturière. Certains de ces articles de guerre vont faire leur entrée dans le vestiaire de la mode : c’est le cas de la cagoule. A partir des années 1920, les filatures françaises proposent la vente de laine au détail, par correspondance, via la presse féminine et familiale ; au début, il s’agit juste pour elles d’écouler leurs fins de séries.

     

    La maille est associée à la modernité

     

     

     

    ▲à g. : Pullover, Madeleine Vionnet, photographie dépôt de modèle, 23 août 1924
    au centre : Ensemble en maille, Jean Patou, photographie dépôt de modèle, 10 août 1926
    à dr. : Pullover, modèle Champion, Lucien Lelong, photographié par Edigio Scaioni, 1928
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929,
    du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra

     

     

    ▲à g. : Coco Chanel posant dans un de ses ensembles cardigan et pull, 1929
    Hulton Getty Picture Collection sur Life.com
    à dr. : Publicité pour les tissus en lainage et jersey Chanel, 1934 sur hprints. com

     

     

    ▲à g. : Ensembles Jean Patou, photographiés à Deauville par les Frères Séeberger le 14 août 1927
    Les Séeberger, photographes de l'élégance, 1909-1939, BnF, Paris
    au centre : Sweater en laine, Amérique, vers 1920 The Metropolitan Museum of Art, New York
    à dr. : Ensembles cardigans Wilson's of Great Portland Street, Londres, mai 1928
    Brooke/ Hulton, Getty Images dans Decades of Fashion

     

     

    ▲à g. et à dr. : Devants de jumpers ou sweaters en trompe-l’œil, tricotés main
    par Madame Azarian pour Elsa Schiaparelli, 1927-1928
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929 , du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra
    au centre : Jumper au motif noeud en trompe-l’œil tricoté main, Elsa Schiaparelli, 1927
    Victoria & Albert Museum, Londres

    Cette simplicité des lignes de la mode 1920 pousse les couturiers et les artistes à rivaliser d’audace dans le choix des motifs. En 1924, Madeleine Vionnet fait figure de précurseur en proposant des chandails aux motifs géométriques bicolores. Jean Patou, Lucien Lelong, Jane Régny présentent des modèles colorés à rayures ou à diagonales, à motifs géométriques, héraldiques ou en trompe-l’œil – comme la cravate, gros succès de cette mode « à la garçonne ». En 1927, Elsa Schiaparelli lance sa célèbre première collection tricotée main avec cols, cravates et nœuds en trompe-l’œil, ou foulard incrusté ; le modèle à nœud a été très souvent copié, le Jardin des Modes en a publié une version simplifiée dans son numéro de février 1929.

     

     

     

    ▲à g. : Maillot de bain tricoté main, Sonia Delaunay, 1928
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929 du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra
    à dr. : Projets de maillots de bain, Sonia Delaunay, 1928
    Fashion and Fabrics, Jacques Damase Thames and Hudson (1991) sur Flickr

     

     

    ▲à g. et à dr. : Les danseurs Lydia Sokolova, Anton Dolin, Bronislava Nijinska et Leon Woizikowsky
    des Ballets Russes de Serge Diaghilev en costumes de maille pour Le Train bleu, 1924
    Hulton Getty Picture Collection sur Victoria & Albert Museum, Londres
    au centre : Costumes en maille créés par Coco Chanel pour le ballet Le Train bleu, 1924
    Victoria & Albert Museum, Londres

    A travers l’image d’une femme mince, indépendante, qui bouge, la maille est associée à la modernité. Elle inspire les artistes cubistes et Art déco, dont certains refusent la distinction trop nette entre les « beaux-arts » et l'art décoratif ou appliqué. En 1924, Coco Chanel crée les costumes en tricot du Train bleu des Ballets russes, dont l’histoire se déroule dans une station balnéaire, un monde qu’elle connaît bien. Sonia Delaunay dessine des vêtements à motifs géométriques et coloris vifs, notamment des maillots de bain en tricot.

     

     

     

    ▲à g. : Tenue de ski tricotée photographiée à Saint-Moritz, Jean Patou, 1924
    Getty Images dans Decades of Fashion
    à dr. : Chandail de ski AA Tunmer & Cie porté sur une culotte de ski, auteur anonyme, vers 1927
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929, du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra

     

     

    ▲à g. : Jupe pour le sport, publicité Amy Linker, 1925 sur hprints
    à dr. : Patinage à Saint-Moritz, 1926 Nationaal Archief sur Flickr

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    ▲à g. : Pull Louise Boulanger en cashmere et angora, 1928
    The Metropolitan Museum of Art, New York
    à dr. : Publicité Jane Regny, dessinée par Ernst Dryden, 1927 sur hprints

     

     

    ▲à g. : Marie-Rose, Bibi, Dani et Simone sur la plage d’Hendaye, par Jacques-Henri Lartigue, août 1927
    Exposition Les Années Folles, 1919-1929, du 20 octobre 2007 au 29 février 2008, Musée Galliéra
    à dr. : Ensemble de bain Jean Patou, photographié par George Hoyningen Huené pour Vogue,
    1er juillet 1928 sur condenaststore.com

     

     

    ▲à g. : Publicité pour les maillots de bain Jantzen, la marque au logo baigneuse rouge, 1929
    sur le blog interviewmagazine
    au centre : Maillot de bain Jantzen, vers 1920 sur collectibles-articles.com
    à dr. : Modèle de maillot de bain à tricoter, vers 1920 sur The Retro Knitting Company

     

     

    ▲à g. : Femmes en pyjamas de plage à Bandol, Carte postale Yvon, vers 1920
    à dr. : Tenue de plage, griffe Jean Patou Sport et Voyages, vers 1929
    Kyoto Costume Institute, Kyoto

    On a aujourd’hui bien du mal à s’imaginer porter un maillot de bain de laine tricotée. Pendant ces années 20, le succès des activités sportives favorise la mode des vêtements en maille – le maillot de bain n’est qu’un exemple parmi d’autres, et il vient de loin ! Le maillot féminin du XIXe siècle couvrant, opaque et long ressemble plus à une robe qu’à un maillot. L’engouement pour les sports d’eau et la nouvelle mode du teint hâlé des années d’après-guerre vont progressivement imposer un maillot de bain inspiré de celui des hommes, moulant, ne gênant pas les mouvements pendant la nage, souvent rayé bleu et blanc. Seul le jersey de laine ou de coton répond alors à cette exigence, même si l’eau salée finit par rétrécir les lainages et le soleil pâlir les couleurs. Certaines femmes portent sous leur maillot de bain une « gaine de plage ».

     

    Article emblématique de ce nouveau style de vie sportif, le maillot de bain fait fureur. Grâce à ses recherches techniques, la société américaine Jantzen a l’idée d’intégrer des fibres élastiques dans ses maillots de bain tricotés à côtes, le maillot s’ajuste au corps et ne se déforme plus à l’usage. En France, pas une femme du monde ne manque de porter les maillots de bain siglés « JP. » – c’est une première, du couturier Jean Patou, réputé exceller dans la création de modèles balnéaires. Les maisons de couture ouvrent des rayons spécialisés. Une décennie plus tard, pour se démarquer des « congés payés » en maillots tricotés « faits maison » qui arrivent sur les plages, on portera l’élégant pyjama de plage en jersey.

     

    Sources : MERVEILLEUX BLOG de "Les petites mains"

    http://les8petites8mains.blogspot.com/2011/01/histoire-du-tricot-le-tricot-au-xxe.html

     

     

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    Sous l’Ancien Régime le rouge est l’archétype de la couleur, la première de toutes les couleurs. Pendant des siècles un beau vêtement est un vêtement rouge. Cela s’explique sans doute par le fait que c’est dans la gamme des rouges que la teinturerie du monde occidental parvient aux meilleurs résultats, aux couleurs les plus stables, les plus éclatantes et les plus nuancées.

     

    ►Le rouge, couleur du luxe et de l’aristocratie

    Déjà dans la Rome impériale, le rouge, qu’on fabrique avec une substance colorante liquide extraite d’un coquillage rare récolté en Méditerranée, le murex, est réservé à l’Empereur et aux généraux. Cette technique se perd avec l’épuisement des principaux gisements de murex de Palestine et d’Egypte. Les teinturiers du Moyen Âge utilisent le kermès des teinturiers ou graines écarlates, un insecte parasite de type cochenille vivant sur le chêne kermès en Espagne et autour de la Méditerranée. La récolte est laborieuse, la fabrication hors de prix. Mélangé à un mordant comme l’étain, le kermès donne le fameux écarlate, spécialité de la famille Gobelin, magnifique, lumineux, résistant. Ces colorants rouges restent chers. Les seigneurs du Moyen Âge continuent donc à porter cette couleur du luxe.

     

    ▲Portrait de Charles VII, par Jean Fouquet, vers 1445-1450,
    Musée du Louvre sur Wikipedia
    Le roi est immortalisé dans un habit de velours écarlate bordé de fourrure ;
    tous les jeunes hommes et les nobles,
    comme Guillaume Jouvenel des Ursins, chancelier de France,
    ou Etienne Chevalier, trésorier, se faisaient ainsi représenter.
    (voir les portraits de Jean Fouquet sur le site de la BnF).

     

    ►Le velours, l’autre distinction du luxe

     

    Le velours est né dans le Cachemire sous le nom de duvet de cygne, puis développé en Perse où les Italiens le découvrent, l’importent et en reprennent la technique. Lié à l’épanouissement de l’industrie de la soie dont il est le plus souvent tissé, le velours se répand dans les grandes villes italiennes de Gênes, Venise, Milan et Florence au XIVe siècle. En 1347, le Grand Conseil de Venise autorise les tisseurs veloutiers à se constituer en corporation, au XVe siècle leur maîtrise est grande comme l’attestent des pièces conservées. En France, ces velours importés d’Italie sont très appréciés, mais on ne sera capable de les tisser qu’à la fin du XVIe siècle.

     

    ▲à g. : Portrait de femme à la fenêtre, par Fra Filippo Lippi, vers 1440-1444, The Metropolitan Museum of Art
    à dr. : Morceau de velours, Italie, vers 1450, Los Angeles County Museum of Art

    ▲à g. : Portrait d’Isabelle du Portugal, épouse de Philippe III duc de Bourgogne, Wikipedia
    à dr. : Fragment de tissu de velours, Italie, première moitié du XVe siècle,
    Agence photographique de la RMN / ph. Gérard Blot

    ▲à g. : Portrait de jeune femme de profil, par Domenico Veneziano, vers 1465,
    Gemälde Galerie, Berlin sur Wikipedia
    à dr. : Fragment de velours, Venise (Italie) Los Angeles County Museum of Art

    Histoire du VELOURS

    ▲à g. : Donatrice en prière (détail), retable par Petrus Christus, 1450-1460, Wikimedia Commons
    au centre : Tryptique du jugement dernier, par Hans Memling, 1467-1471, Wikimedia Commons
    à dr. : Portrait de Marguerite d'Autriche, par Jean Hey ou le Maître de Moulins,
    vers 1490, The Metropolitan Museum of Art

     

     

     

    Le velours est un tissage spécifique. Le principe de départ d’un tissage est une chaîne tendue entrecroisée de fils de trame dans le sens de la largeur. Le velours nécessite deux chaînes : la première chaîne de fond qui forme la base et assure la solidité du tissu et une seconde chaîne pour les boucles. Une baguette appelée fer passe entre les deux chaînes. Quand on retire ces fers, le tissu montre sur l’endroit des petites boucles ou arceaux, les poils. On rase à deux millimètres et on aplanit les poils des pannes de velours unis ou cramoisis ; ceux des pannes de velours ciselés sont coupés à différentes hauteurs, réalisant de somptueuses arabesques aux effets changeants, les décors naissent des effets de surface. Dès le XIVe siècle, les décors orientaux animaliers laissent la place à la mode italienne des semis et rinceaux de feuilles et de fleurs stylisées.

     

    ▲à g. : Les fiançailles, Ecole de Ferrare, 1470, Gemälde Galerie, Berlin sur Wikipedia
    à dr. : Fragments de tissus de velours, Italie, XVe-XVIe siècles,
    Agence photographique de la RMN / ph. Franck Raux

     

    La fabrication coûteuse du velours, le savoir-faire et la lenteur de son tissage ainsi que la cherté de ses matériaux de base en font l’étoffe la plus recherchée et la plus luxueuse de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance. Quand Venise délègue en 1502 ses ambassadeurs au mariage du duc de Ferrare avec Lucrèce Borgia, ceux-ci se présentent au public en costume de cérémonie dans la grande salle du Sénat, toute la ville défile pour les admirer ainsi que les deux manteaux rouge cramoisi bordés de fourrure destinés aux jeunes époux. Le velours partage avec le rouge cette notion de luxe aristocratique, quand on est un puissant de ce monde on aime se vêtir de velours rouge « cramoisi ». Ce terme sous-entend, non pas un rouge éclatant et vif comme on le décrit aujourd’hui, mais un velours uni d’une qualité excellente. Les techniques des XIVe et XVe siècles ne permettent pas d’obtenir facilement une grande surface de couleur vraiment unie, l’uni se trouve donc valorisé, économiquement, socialement et symboliquement, une étoffe unie est une étoffe « pure ».

     

    ▲à g. : Portrait présumé de Madeleine de Bourgogne (donatrice) sous le portrait de Marie Madeleine,
    par le Maître de Moulins, vers 1490-1495, Musée du Louvre sur Wikimedia Commons
    au centre : Le tryptique de Sir John Donne de Kidwelly (détail), par Hans Memling, 1478, National Gallery, Londres
    à dr. : Tryptique de Jean des Trompes (détail), par Gérard David, 1505,
    Musée Groeninge, Brugges sur Wikimedia Commons

     

    On trouve en 1483, dans l'inventaire des biens de Charlotte de Savoie, reine de France èpouse de Louis XI : « une robe de velours cramoisy brun, fourrée de rampens, à un grant gict et collet de janetes de la longueur de la beste » estimée à 35 écus ; « une robe de velours cramoisy brun, fourrée de martres de pais, à grant gict de martres subelines de la longueur de la beste » – qui devaient ressembler à celles des images ci-dessus, ainsi qu’une « une pièce de velours cramoisy de Millen, contenant quatre aulnes et demye ».

     

    ▲à g. : Panne de velours rouge à décor floral, Italie, Victoria & Albert Museum
    au centre : Velours rouge à décor en soie jaune d'or à décor floral, 1er quart 16e siècle,
    Musée national de la Renaissance, Ecouen sur Agence photographique de la RMN / ph. René-Gabriel Ojéda
    à dr. : Portrait d’Isabelle de Portugal, reine d’Espagne épouse de Charles Quint, par Le Titien, 1548,
    Musée du Prado, Madrid

     

    ▲à g. : Portrait de Jane Seymour, par Hans Holbein, 1536-1537, Kunsthistorisches Museum, Vienne sur Wikipedia
    à dr. : Portrait d’Anne de Clèves, par Hans Holbein, vers 1539, Musée du Louvre sur Wikipedia
    (voir ici le superbe projet de deux créatrices à partir de ce portrait)

    ▲à g. : Le prince Don Carlos d’Autriche, fils de Philippe II roi d’Espagne, par Alonso Sanchez Coello, 1557,
    Musée du Prado, Madrid
    à dr. : Pourpoint et chausses, reproduction de costume réalisée au XIXe siècle
    dans un tissu fin XVIe - début XVIIe siècle, Espagne, Los Angeles County Museum of Art

     

    ►Les lois somptuaires

     

    Apparues au XIVe siècle en Italie, puis en France, variables d’une ville à l’autre, des lois somptuaires rappellent qu’on s’habille selon son rang ou selon sa classe. En 1294, Philippe IV de France, dit le Bel, institue des lois somptuaires pour contenir l'extravagance des costumes. Jusqu’au XVIIe siècle, des centaines vont se succéder pour réglementer ou interdire la consommation ostentatoire de produits de luxe ou d’importation. Elles précisent quels tissus doivent être portés, interdisent les broderies, les dentelles, les ornements en or ou en argent… Le but avoué est de protéger les industries nationales et la balance commerciale des pays.

     

    ▲à g. : Mariage de Louis de France, duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, le 7 décembre 1697,
    par Antoine Dieu, Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles,
    sur Agence photographique de la RMN / ph. Daniel Arnaudet / Gérard Blot
    en ht à dr. : Portrait en pied de Louis XIV âgé de 63 ans en grand costume royal (détail),
    par Hyacinthe Rigaud, 1702, Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles sur Wikipedia
    en bas à dr. : Chaussures d’homme, troisième quart XVIIIe siècle, Palais Galliéra,
    Musée de la mode de la ville de Paris sur Base Joconde

    C’est Louis XIV, bel homme de sa personne mais de petite taille, qui lance la mode des chaussures à talons rouges, sa couleur préférée avec le marron. Cette mode se répand très vite, se poursuit sous Louis XV, et sans qu’aucun règlement ne le leur réserve expressément, seuls les grands seigneurs admis à la cour font peindre en rouge les talons de leurs chaussures.

     

    ▲à g. et au centre : Napoléon Bonaparte, premier consul, représenté devant une vue de la ville d'Anvers en 1803,
    par Jean-Baptiste Greuze, 1803-1806,
    Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles sur Agence photographique de la RMN / ph. Gérard Blot
    à dr. : Habit offert par la ville de Lyon au 1er Consul, 1800,
    Châteaux et Musées Malmaison et Bois-Préau sur Agence photographique de la RMN

    Sous le Consulat, Napoléon Ier, qui comprend l’importance économique de la production textile française, relance l’activité des soyeux lyonnais en leur faisant des commandes publiques. Ils le remercieront en lui offrant ce splendide habit de velours rouge (trop souvent exposé, il a aujourd’hui perdu ses couleurs d’origine) qu’il portera pour la signature du Concordat en 1800.

     

    Les gentilhommes du duc d’Orléans dans l’habit de Saint-Cloud, par Félix Philippoteaux (1839)
    d'après Louis Carrogis dit Carmontelle, 1770, Les Arts décoratifs, Musée Nissim de Camondo

    Au fil des siècles, le costume est devenu une représentation politique de l’apparence selon la classe à laquelle on appartient, un enjeu de pouvoir qui permet aux puissants de maintenir leurs privilèges. En instituant une ségrégation vestimentaire qui frappe en priorité les bourgeois et les membres du commun, les lois somptuaires visent surtout à empêcher d’imiter l’aristocratie et à imposer une manière de se vêtir en fonction de la catégorie sociale à laquelle on appartient. Cependant elles ne sont guère efficaces, les bourgeois enrichis des sociétés urbaines et parisiennes préfèrent payer l’amende plutôt que de se plier aux interdits.

     

    ▲à g. : Ex-voto à Sainte-Geneviève offerte par la municipalité de la ville de Paris,
    par Nicolas de Largillière, 1694-1696,
    église Saint Etienne du Mont, Paris sur Wikimedia Commons
    au centre : Portrait dit de Madame de Monginot et de son époux, attribué à François de Troy, 1710-1713,
    Musée des Beaux-Arts, Nantes sur Agence photographique de la RMN / ph. Gérard Blot
    à dr. : Conseiller de Paris, par Nicolas de Largillière, 1703, Detroit Institute of Arts

    ▲à g. : Portrait de Victor Marie d'Estrées, par Nicolas de Largillière, 1710,
    collection privée sur Wikimedia Commons
    à dr. : Habit d’homme, sur Base Joconde

    ▲à g. : Portrait d’Antoine Gaspard Grimod de la Reynière, par Maurice Quentin de La Tour, 1751,
    Musée Lécuyer, Saint-Quentin sur Wikimedia Commons
    au centre : Habit d’homme en velours rouge, France, vers 1750 1770, The Metropolitan Museum of Art
    à dr. : Portrait de Nathaniel Sparhawk, par John Singleton Copley, 1764, Museum of Fine Arts, Boston

    ▲à g. : Portrait du tsar Paul Ier de Russie enfant, par Vigilius Eriksen, 1766
    au centre : Portrait de François de Bourbon, par Madame Vigée Lebrun, 1790
    à dr. : 1 Portrait de Charles William Lambton enfant, par Thomas Lawrence, 1825
    sur Wikipedia

    La souplesse, le brillant et le moelleux qui caractérisent le velours de soie rouge en feront pour longtemps encore le tissu le plus noble et le plus luxueux, signe d’opulence et de raffinement. La démocratisation du velours ne se fera qu’à partir du XIXe siècle, qui verra l’ouvrier revêtir le traditionnel pantalon largeot en velours côtelé de coton ou de laine pour sa chaleur et sa solidité, mais ceci est encore une autre histoire.

     



    Voici, tout spécialement pour toi Sylvie, un choix de vêtements de velours rouge tous plus somptueux les uns que les autres. J’aurais bien aimé bien sûr te les offrir en vrai, mais il faudra que tu te contentes d’un essayage imaginaire ! Bon alors, on dirait que tu serais une princesse et que tu aurais tout ça pour de vrai dans tes armoires…

     

    ▲à g. : Portrait de la comtesse Sophie Marie de Voss à 16 ans, par Antoine Pesne, vers 1746,
    Château de Charlottenburg sur Wikimedia Commons
    à dr. : Casaquin de velours rouge, vers 1700-1725,
    Palais Galliéra, Musée de la mode de la ville de Paris sur Base Joconde

    ▲à g. : Portrait de jeune femme dite Elisabeth de Beauharnais, par Nicolas de Largillière,
    Musée de Grenoble, 1701-1711, sur Flickr
    à dr. : Portrait de Marie-Antoinette, par Madame Vigée Lebrun, 1785,
    Château de Konopiste sur le magnifique 18th century blog

    ▲à g. : Manteau de cour en velours de soie, vers 1804,
    Châteaux et Musées Malmaison et Bois-Préau sur Agence photographique de la RMN
    à dr. : Sacre de l’empereur Napoléon Ier et couronnement de l’impératrice Joséphine, le 2 décembre 1804, par Jacques Louis David, Musée du Louvre, Paris, sur Agence photographique de la RMN / ph. Hervé Lewandowski

    ▲à g. : Portrait de Madame de Senonnes, par Jean Auguste Dominique Ingres, 1814,
    Musée des Beaux-Arts, Nantes sur Agence photographique de la RMN / ph. Gérard Blot
    à dr. : Portrait de Louise, reine des Belges, par François Xavier Winterhalter, 1841 The Royal Collection, Londres

    ▲à g. : Madame Charles E. Inches (Louise Pomeroy), par John Singer Sargent, 1887,
    Musée des Beaux-Arts de Boston
    à dr. : Manteau Dolman de velours rouge, vers 1885, Victoria & Albert Museum, Londres

    ▲à g. : Cape en velours de soie rouge, Paul Poiret, vers 1920
    à dr. : Cape en velours de soie rouge, Maison Worth, vers 1930-1940
    The Metropolitan Museum of Art, New York

     

     

    ▲à g. : Manteau Cristobal Balenciaga, photographié par Richard Avedon, 1950, par divima_is_divine sur Flickr
    à dr. : Manteau en velours de soie pour le soir, Cristobal Balenciaga, Automne-Hiver 1950-1951,
    The Metropolitan Museum of ArtNew York

    ▲à g. : Ensemble jupe et caraco de velours rouge, Christian Dior, vers 1950, sur Rice and Beans Vintage
    à dr. : Robe de velours rouge pour le soir, Christian Dior, photographiée par Sacha, 1957

     

    SOURCES : MERVEILLEUX BLOG de "Les petites mains"

    http://les8petites8mains.blogspot.com/search/label/velours

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  • Guildes et corporations se structurent autour du travail de la bonneterie

     

    Lorsque les guildes et corporations commencent à apparaître, la technique du tricot est probablement maîtrisée, le tricot devient rapidement une activité artisanale et commerciale, dont les bonnets et les chausses sont le produit principal. A Paris, des artisans regroupés en corporation fabriquent principalement des bonnets, d’où le nom bonneterie [on prononce bon’tri] qui qualifie l’ensemble de la production de tricot. On trouve trace d'un « chappelier » qui vend aussi des chausses « faictes à l'aiguille » en 1387. Le Petit Robert mentionne les origines du mot en 1449 – la langue française est la seule à lier l'art du tricot au bonnet.

     

    ▲Marchands de bas, vers 1560, Musée national allemand, Nuremberg
    (Il s’agit d’une caricature sur le crédit et les mauvais payeurs.)

    Les bonnetiers forment l’un des sept grands corps de métiers médiévaux. Les archives témoignent d’une organisation à Paris dès 1268, lorsque le prévôt Etienne Boileau réunit dans le Livre des métiers tous les règlements de police qui régissent l'industrie et le commerce à Paris. Mais cela reste exceptionnel, l'apparition des guildes en Europe occidentale date plutôt du XVe et du début du XVIe siècle, qui correspondent à l’essor du tricot : celle de Troyes, future capitale de la bonneterie, date de 1505. L'Angleterre voit naître ses premières corporations au cours du XVIe siècle, l'Alsace et l'Allemagne, ainsi que d'autres villes françaises, enregistrent des guildes au début du XVIe, celles de Vienne, Dresde, Prague au début du XVIIe.

     

    Gants, bas de chausses, bonnets et chapeaux tricotés en maille endroit

     

    Pour des raisons de confort et de parfaite adaptation du tricot à certaines parties anatomiques, les articles réalisés sont d’abord les gants, les chausses et les bonnets ou chapeaux. Le tricot va aussi répondre à la nouvelle mode près du corps qui apparaît à partir des années 1350.

     

     

    ▲à g. : Gant pontifical en soie tricotée de Pierre de Courpalay
    premier quart du XVe siècle, Musée National du Moyen Âge Thermes de Cluny
    à dr. : Saint Augustin, père de l'Eglise (détail), par Pedro Berruguete Juste de Gand, vers 1460-1480
    Musée du Louvre, Paris sur culture. fr

     

     

    ▲Gants liturgiques en soie tricotée, Europe, vers 1550-1600
    Museum of Fine Arts, Boston

     

     

    ▲à g. : Saint Grégoire, par Francisco de Zurbarán, 1626
    Musée des Beaux Arts, Séville
    à dr. : Gants liturgiques en soie rouge tricotée et à crispins, vers 1600-1625
    The Metropolitan Museum of Art, New York

    Les gants tricotés se répandent dès le bas Moyen Âge, pas seulement pour le vêtement liturgique. [Lire Histoire du Tricot (1), les origines]. La tradition du port du gant qui représente l’autorité – le gant, objet de prestige, symbolise la main et le pouvoir de celui qui le revêt, remonte à la Gaule, l’Église l’a reprise à son compte pour asseoir son influence. Le gant de prélat n’est jamais en peau, matériau « impur » d’origine animale, on le tricote en fil de soie, parfois d’une seule pièce – en rappel de la tunique du Christ (Saint Jean mentionne cette tunique que le Christ porte pendant la cruxifixion, il précise qu’elle est faite d’une seule pièce, sans couture, les soldats ne se la partagent pas mais la tirent au sort entre eux). En 1070 le pape autorise tous les abbés à porter des gants de soie brodés d’une croix. La couleur indique la fonction : gant blanc pour le pape, rouge pour le cardinal, violet pour l’évêque.

     

     

     

    ▲Portrait de Galeazzo Maria Sforza, duc de Milan, par Piero del Pollaiuolo, vers 1471
    Galerie des Offices, Florence sur Wikimedia Commons

     

     

    ▲Jan van Wassenaer, vicomte de Leyde et gouverneur de la Frise, par Jan Mostaert, vers 1520-1522
    Musée du Louvre sur Wikimedia Commons

     

     

    ▲à g. : Portrait de Henry Saville, secrétaire latin de la reine Elizabeth Ière
    par Sylvester Harding, British Museum
    à dr. : Paire de gants de soie tricotés, probablement espagnols
    Museum of Fine Arts, Boston

    Jusqu’au XIVe siècle, le gant de parure est le plus souvent en fil de soie et brodé. C’est un gant fin tricoté à cinq doigts. À la Renaissance, les doigts s’arrondissent, le gant se pare de larges manchettes de tissu de soie façonné ou brodé, qu’on appelle crispins. On rebrode parfois le dos de la main, et même les doigts. Dans Le Roman de la Rose, la Dame porte des gants de fil blanc, qui symbolisent ses mains blanches et propres et signifient son appartenance sociale (cela durera jusque dans les années 1960 ; on verra même, au XIXe siècle, les enfants de la bonne société jouer dans les bacs à sable, gantés de blanc).

     

    Ces gants de tricot fin bien ajustés protègent efficacement les mains du froid et arrivent à concurrencer la nouvelle mode des gants de peau, le plus souvent en chevreau, qu’on parfume à partir de 1533 – arrivée à la cour avec Catherine de Médicis. Ce ne sont pas les mêmes confréries qui confectionnent les gants de peau et les gants tricotés. Dans les inventaires des biens et dans les statuts des corporations de tricoteurs, on trouve aussi la trace de gants d’hommes et de femmes et d’enfants de meilleur marché, en laine ou en soie, à un seul doigt.

     

     

     

    ▲à g. et à dr. : Chausses tricotées, XIVe siècle
    Bayerisches Nationalmuseum, Münich
    au centre : Examen d’un patient, extrait du
    Liber notabilium Philippi Septimi, francorum regis, a libris Galieni extractus
    Guy de Pavie, 1345, École italienne, XIVe siècle, Musée Condé, Chantilly

     

     

    ▲à g. : Le Triomphe de Mardochée (détail), gravé par Lucas van Leyden, 1515
    sur Calisphere University of California
    à dr. : Boulevart en laine tricotée, XVe siècle
    Staatliche Kunstsammlungen Historisches Museum, Dresde
    Le boulevart est un court haut de chausses rattaché à la ceinture,
    il couvre seulement l’enfourchure et le haut des cuisses ;
    porté pendant la seconde moitié du XVe, sa mention dans les textes et les exemples sont rares.
    Celui-ci, en tricot, qui s’inspire de la mode des crevés est d’autant plus une curiosité.

    L’autre production des artisans tricoteurs, ce sont les bas tricotés, qui entrent en revanche en usage assez tard. On appelle encore chausses ces vêtements du bas du corps, ancêtre des chaussettes et bas. Vers le VIIe siècle, elles sont courtes et couvrent juste le pied et la jambe. Avec la mode du XIVe siècle, qui voit le costume masculin considérablement raccourcir, elles forment deux tubes de toile parfois séparés, parfois fermés et cousus – pour répondre aux virulentes critiques de « déshonnesteté ». Elles remontent jusqu’au haut des cuisses et même à la taille, et s’attachent au bas du pourpoint à l’aide d’aiguillettes. Au XVIe siècle elles se divisent en hauts et bas de chausses : à partir de cette époque le terme chausses désigne le haut de chausses – qui se transformera bien plus tard en culotte, puis en pantalon ; le bas de chausses deviendra juste le bas.

     

     

     

    ▲à g. : Portrait présumé de Henri IV enfant, École française, vers 1555
    Musée de Pau sur Agence photographique de la RMN
    à dr. : Bas de soie tricotée pour enfant, fin du XVIe siècle
    sur Deutsches Strumpfmuseum

     

     

    ▲à g. : Le Jardin de la noblesse française, Gentilhomme tirant l'épée
    gravé par Abraham Bosse d'après Jean de Saint-Igny, 1629
    sur Expositions BnF
    à dr. : Bas de chausses tricotés, à porter dans les bottes, Angleterre, 1640
    Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲Bas en lin écru pour homme, Angleterre, vers 1660-1670
    Victoria & Albert Museum, Londres
    Ce bas n’est pas tricoté mais tissé et cousu, bien que les bas tricotés
    soient déjà couramment portés à cette époque ;
    on trouve que la coupe en biais sur mesure galbe mieux la jambe.

     

     

    ▲Bas et chaussettes tricotés en coton et soie rebrodés pour enfants,
    Museum of Fine Arts, Boston

    Les chausses de toile ou de drap de laine doivent être collantes et bien tirées, aussi sont-elles confectionnées sur mesure ; pour ceux qui n’en ont pas les moyens, elles sont formées de bandes de tissu enroulées autour de la jambe qu’on maintient comme on peut. Même taillées en biais dans le tissu c’est nettement moins adaptable que les articles en tricot de laine ou de soie, pourtant ce n’est qu’au cours du XVe et du XVIe siècles, que les chausses tricotées vont remplacer le tissu, au moins dans les classes sociales supérieures. Jusqu’au XVIIe siècle, on tricote à la main, aux aiguilles, en coton, en laine, et même dans des mélanges, de grandes quantités de bas pour hommes, femmes et enfants, unicolores ou façonnés.

     

     

     

    ▲à g. : Portrait de Matthäus Schwarz à l’âge de cinq ans quatre mois ; il apprend l’alphabet.
    Banquier d’Augsbourg né en 1497, Matthäus Schwarz fait exécuter à vingt-trois ans
    une série de vignettes le représentant dans tous ses costumes, à tous les âges de sa vie.
    Ils sont regroupés dans le Livre des costumes (Trachtenbuch) conservé à la BnF, Paris
    à dr. : Bonnets en laine tricotée, XVIIe siècle, Rijksmuseum, Amsterdam
    Ils sont plus tardifs que l’image de Matthäus Schwarz, mais les modèles ont peu évolué en un ou deux siècles.

     

     

    ▲à g. : Portrait de Nikolaus Kratzer, par Hans Holbein le Jeune, 1528
    Musée du Louvre sur Wikimedia Commons
    à dr. : Chapeau en laine tricotée et feutrée, Angleterre
    The Metropolitan Museum of Art, New York

    ▲à g. : Le Mariage paysan (détail), par Pieter Bruegel vers 1568

     

    Kunsthistorisches Museum, Vienne
    à dr. : Chapeau en laine tricotée et feutrée rouge pour jeune garçon, Londres
    entre 1500 et 1550, Victoria & Albert Museum, Londres
    La couleur est passée avec le temps. 

     

    Les « coiffures » tricotées sont nombreuses et de formes variées. On trouve bien sûr des bonnets basiques qui se répandent dans toute l’Europe, plus ou moins semblables à ceux d’aujourd’hui, on les porte la nuit ou sous une autre coiffure, heaume ou capuchon. On dit parfois que le béret est inventé en France au cours du XIIIe siècle. Irena Turnau, spécialiste de l’histoire de la bonneterie européenne, regrette qu’il n’existe aucune étude historique sur le chapeau tricoté.

     

     

     

    ▲à g. : L’Homme au chapeau rouge, par Le Titien, 1516
    Musée du Louvre sur Wikipédia
    à dr. : Chapeau en laine tricotée et feutrée, Angleterre, XVe siècle
    Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲à g. : Portrait de Erasme de Rotterdam, par Hans Holbein le Jeune, 1523
    Kunst Museum, Basle (Allemagne) sur Wikimedia Commons
    à dr. : Chapeau en laine tricotée et feutrée, Londres, entre 1500 et 1550
    Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲à g. et à dr. : Portraits de Sir Thomas Southwell, par Hans Holbein le Jeune, 1536 et 1537
    sur Wikimedia Commons
    au centre : Chapeau en laine tricotée et et feutrée, Londres, entre 1500 et 1550
    Victoria & Albert Museum, Londres

    ▲à g. : Portrait d’un écolier de douze ans, par Jan van Scorel, 1531

     

    Musée Boijmans Van Beuningen Rotterdam sur Wikimedia Commons
    à dr. : Chapeau de jeune garçon en laine rouge tricotée et feutrée, Museum of London, Londres.
    La couleur est passée avec le temps, sa bordure ajourée
    est destinée à accueillir des passementeries et décorations. 

     

     

     

    ▲à g. : Chapeau en laine tricotée, XVIe siècle, Rijksmuseum, Amsterdam
    à dr. : Portrait d’un inconnu, par Nicholas Hilliard, 1588
    National Gallery, Londres sur Wikimedia Commons

     

     

    ▲à g. : Les joies du patinage, par Hendrick Avercamp, vers 1630-1634
    Rijksmuseum, Amsterdam
    à dr. : Chapeau en laine tricotée, acheté en Hollande par le tsar Pierre Ier de Russie,
    Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

    Certaines formes de ces bonnets sont très élaborées et forment de véritables chapeaux, comme on peut en voir sur les portraits de Dürer, de Cranach ou de Holbein le Jeune. On les fabrique, au XVIe et au XVIIe siècle, à Strasbourg et autres villes d’Alsace et d’Allemagne méridionale, et aussi en Hollande. On les tricote en fil de laine, car cette matière « prend » particulièrement bien la couleur – souvent rouge ou noire, mais ils peuvent être aussi bleus ou verts, on les foule pour imiter le velours, on les feutre pour les rendre plus raides sur les bords et résistants à l’eau, la technique est répandue. [On peut lire sur Le manteau de ma grand-mère, par Sabine, l’essentiel des techniques de travail de la laine]. Les élégants les agrémentent de passementerie, de plumes ou de broches.

     

    Le tricot, une technique à la fois artisanale et domestique

     

    Les pièces conservées montrent que les tricoteurs médiévaux, qui tricotent en rond, ne pratiquent que la maille endroit, le point jersey envers commence à être utilisé au cours du XVIe siècle, mais uniquement en décoration. On tricote à l’aiguille, jusqu’à quatre et cinq pour les formes compliquées, c’est la qualité des aiguilles autant que la dextérité de l’exécutant qui déterminent un tricot de qualité. En France et en Angleterre on utilise le plus souvent des aiguilles en bois ou en os, en Espagne, de fines aiguilles métalliques. On travaille aussi au crochet. Le tricotage à la main au XVe et XVIe siècle a atteint un niveau élevé dans la plupart des pays européens, tant en termes de qualité que de variété des articles produits : gants, bas, vêtements d’enfants, chemises, caleçons, pantalons, gilets, capuchons…

     

     

     

    ▲à g. et à dr. : Devant et dos d’un gilet tricoté en laine pour enfant,
    Museum of London, Londres
    au centre : Jeux d’enfants, par Pieter Bruegel l’Ancien, vers 1560
    Kunsthistorisches Museum, Vienne

     

     

    ▲Moufles pour enfant en laine, XVIe siècle, Museum of London, Londres
    à dr. : Chaussette en laine tricotée, vers 1650-1700
    Rijksmuseum, Amsterdam
    Ce type d’article populaire est rarement conservé dans les musées.

    Outre ces productions artisanales des tricoteurs de métier, souvent de grande qualité, et réservées à la soie, tricoter à la main des vêtements utilitaires est une pratique courante à la campagne, où on a facilement accès à la laine. Le tricot devient au XVIe siècle, dans certaines régions, une activité non négligeable de revenu complémentaire pour les familles pauvres. En production dite domestique, les petites pièces d’usage courant pour bébés et enfants sont fréquentes, faciles et rapides à réaliser, mais les musées conservent peu de ces pièces modestes, portées jusqu’à l’usure.

     

    Les tapis tricotés et autres chefs-d’œuvre d’ouvriers tricoteurs

     

     

     

    ▲Tapis en laine tricoté à la main, Strasbourg, 1761
    Victoria & Albert Museum, Londres
    Celui-ci est tardif puisqu’il date du XVIIIe siècle, mais de tels tapis
    sont cités dans les statuts de 1607 des tricoteurs de Strasbourg.

    On conserve dans certains musées – plutôt des pays de l’Europe centrale, on suppose que la technique est née en Italie, des pièces de tricot façonné très décoratives, qui rappellent les tapis. Moins coûteux qu’une tapisserie qu’ils remplacent, on les utilise aussi comme dessus de lit ou de table. Ils exigent une grande habileté technique de la part du tricoteur, au point que leur exécution figure une sorte d’examen de passage pour entrer dans certaines corporations.

     

     

     

    ▲Tunique tricotée à la main, en fil de soie et fil d’argent,
    Italie ou Angleterre, vers 1600-1625, Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲Veste tricotée à la main, en fil de soie et fil d’argent, bordure en lin,
    vers 1625-1650, Victoria & Albert Museum, Londres

     

     

    ▲à g. : Veste pour femme tricotée à la main, en fil de soie et fil d’argent, non montée, envers et endroit,
    Italie ou Angleterre, vers 1600-1625, Victoria & Albert Museum, Londres
    à dr. : Portrait de jeune femme, par Lucas Cranach l’Ancien,
    Galerie des Offices, Florence sur Artrenewal
    Le tricot, qui n’est porté qu’en vêtement d’intérieur,
    reprend les couleurs et les motifs de la mode.

    Ainsi les tricoteurs à façon qui désirent entrer dans la guilde de Strasbourg doivent-ils produire un chapeau, une veste de laine, une paire de gants à doigts et un tapis tricoté à motif floral. On peut considérer ces pièces comme des chefs-d’œuvre de compagnons. Dans la réalité, une seule personne tricote rarement une pièce dans sa totalité, les différents morceaux sont confiés à plusieurs tricoteurs selon leur habileté, qui répètent chacun le même morceau, sous la direction du maître.

    La mécanisation du tricot des bas et chaussettes du XVIIe siècle

     

     

     

    ▲à g. : Machine à tricoter de William Lee, fin XVIe, début XVIIe siècle
    à dr. : Planche « Bonnetier » de L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, 1751-1772
    sur Wikipédia

    Le rendement trop faible du tricotage à la main pour répondre à la demande croissante va imposer la mécanisation. William Lee, un vicaire de Calverton, près de Nottinghamshire, invente en 1589 la machine à tricoter les bas et chaussettes. On raconte que l’idée lui est venue pour aider son épouse, qui pratique le tricotage professionnel à la main. D’un seul coup de main, on peut tricoter un bien plus grand nombre de mailles. Lee a du mal à imposer sa machine, qui n’est brevetée qu’en 1599, ne trouve son succès que via la France de Henri IV – elle sera pourtant à la base du développement considérable des premières manufactures de bonneterie anglaises. Celles-ci défendent jalousement leurs savoir-faire et technique, jusqu’à ce que Jean Hindret s’en empare, sur ordre de Colbert, pour fonder en 1656 la première manufacture de bas de soie au métier de France, au Château de Madrid à Neuilly-sur-Seine ; elle compte soixante-dix-neuf compagnons en 1672.

     

    On va désormais marquer la différence entre les produits manufacturés et les « ouvrages de dames », même si les modèles des uns et des autres restent longtemps très proches. Dans les prochains articles, je délaisserai les premiers – dont les conséquences économiques et sociales vont pourtant influencer la mode, pour ne m’intéresser qu’aux seconds. A suivre, donc…

      

    SOURCES : superbe blog "Les petites mains"

    http://les8petites8mains.blogspot.com/2010/11/histoire-du-tricot-du-xive-au-debut-du.html

     

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    Peut-être l’aurez-vous déjà remarqué dans la page de liens ci-contre, Les Petites Mains ne peuvent que soutenir un concept comme Golden Hook, qui lie mode, tradition d’un savoir faire de qualité et relation intergénérationnelle. Ce site, lancé il y a deux ans par Jérémy Emsellem, propose en effet de faire tricoter vos bonnets et écharpes par des grands-mères. Pour ceux qui veulent se lancer eux-mêmes dans le tricotage, les grands-mères de Golden Hook donnent des cours particuliers jusqu’au 23 octobre au BHV Rivoli à Paris. Mais Les Petites Mains, c’est à la fois la tête et les mains ! Aussi, pour vous cultiver en tricotant – ou tricoter en vous cultivant, voici une Petite Histoire du Tricot en plusieurs épisodes.

    Je dédie cette série d’articles à deux des lectrices tricoteuses de la première heure des Petites Mains, Marie-Françoise et Marie-Pierre.

    Nålbinding ou tricot ?

    Il n’est vraiment pas facile de se lancer dans une histoire du tricot. Peu de livres ou de publications existent sur le sujet. Les fragments et éléments anciens des musées, extrêmement fragiles, sont moins nombreux que ceux du tissage, qui lui sont antérieurs ; si la pointe aiguë de l’aiguille à coudre ne laisse guère de doute quant à son usage, il n’en est pas de même pour l’aiguille à tricoter – appelée petite trique ou tricot au XVIe siècle, d’où le nom donné à la technique, l’aiguille est alors en bois. On constate aussi que si des légendes existent de déesses et héroïnes antiques qui comme Arachné ou Pénélope tissent, on n’en connaît aucune qui tricote. La Bible rapporte une robe tricotée du Christ et il existe d’autres mentions écrites de vêtements tricotés, on dira donc avec prudence que les premiers tricots datent du début de notre ère. Car les historiens eux-mêmes s’interrogent sur ce qu’il convient d’appeler « tricot » ou non !

     

     

    ▲Paire de chaussettes de laine (nålbinding), vers 300-500, Égypte, Victoria & Albert Museum Londres
    Séparant les orteils, elles devaient être portées avec des sandales.

     

    ▲Chaussette viking (nålbinding) des fouilles de Coppergate, York Archeological Truste, York [en viking : Jorvik]

    En effet, les trouvailles archéologiques les plus anciennes auraient été faussement considérées comme du tricot, alors qu’elles sont réalisées en nålbinding. Ce nom viking désigne un tissu structuré en spirale, dont l’élasticité ou la rigidité dépend du point et de la largeur du matériel utilisé. La technique du nålbinding est pratiquée par les Romains, les Égyptiens et divers peuples des pays d’Europe du Nord et de l’Est aux environs du IVe siècle. Certains historiens du textile le considèrent comme l’ancêtre du crochet et du tricot. [En anglais, il est traduit par : knotless netting, needle looping ou encore single needle knitting]. Cette technique permet la formation de boucles entrelacées, le plus souvent torses, à l'aide d'une aiguille à chas et d'un fil ; en général, le travail est circulaire.

    La naissance du tricot

    Comme la technique du tissage s’est développée sur le modèle de la vannerie et du tressage, le tricot prend modèle de la maille des filets, connue au moins vers 1500 avant notre ère. On parle alors de technique sprang – qui permet de fabriquer une sorte de filet avec des fils tendus sur un cadre à tisser rudimentaire et torsadés entre eux ; le chaînon exécuté d’un fil continu passe verticalement alors que dans la technique du tricot il est horizontal. Les historiens ont aussi confondu son résultat avec la dentelle résille ou le tricot.

    Selon l’historienne Irena Turnau, on suppose que la technique de transition entre la technique sprang et le tricot est la fabrication de textiles sur châssis pratiquée par les nomades de l’Afrique du Nord. Une des sectes coptes transforme ces châssis en aiguilles mobiles. Plus tard on découvre le même processus au Pérou. Il faut en effet trouver une solution et entrecroiser les techniques pour réaliser certains articles, par exemple pour protéger les doigts du froid.

     

    ▲Chaussette XIIe siècle, probablement trouvée à Fustat, Egypte
    Textile Museum, Washington

     

    ▲Chaussette d’enfant, période musulmane incertaine entre XIe et XVe siècles,
    probablement trouvée à Fustat, Égypte, Textile Museum, Washington
    On peut trouver les explications détaillées (en anglais) pour réaliser une copie de ces chaussettes
    sur le site de Anahita al-Qurtubiyya Visitez aussi sa page Medieval Muslim Knitting

    Pour certains historiens, les plus anciens vestiges de pièces de tricot, au sens propre du terme – c’est-à-dire le résultat d’un même fil enroulé sur lui-même en boucles, appelées mailles, à l’aide de plusieurs aiguilles et qui donne un tissu extensible – se composent de chaussettes, ou plus exactement de fragments de chaussettes coptes trouvées en Égypte, entre le XIe et le XIIIe siècles. Ce sont des pièces fines, le plus souvent dans des tons de coton blanc et indigo, peut-être « tricotées » à l’aide de plusieurs aiguilles, peut-être à l’aide d'une aiguille et des doigts de la main gauche, il est en effet difficile de savoir si elles ont été réalisés à plat ou en rond. Selon Irena Turnau, on ne peut pas affirmer qu'elles ont été tricotées sur plusieurs aiguilles, le même résultat pouvant être obtenu au moyen du nålbinding. Il faudrait une trouvaille archéologique associant articles tricotés et aiguilles pour le prouver.

    Si c’est du tricot, vu la qualité du travail réalisé, la variété et la complexité des motifs décoratifs, on se dit que la technique pourrait être en effet plus ancienne, vraisemblablement aux premiers siècles de notre ère. La provenance exacte et la difficulté de datation de ces chaussettes à un ou deux siècles près, comme d’ailleurs tout ce qui concerne l’art copte est le fait du manque de rigueur des fouilles archéologiques à l’origine de leur découverte.

    Le tricot se diffuse en Europe

    La technique du tricot, due donc probablement aux Coptes, gagne les pays du monde islamique via les conquêtes des Arabes : la Syrie en 632, Jérusalem en 635 – ce qui va provoquer les Croisades, l'Égypte en 640, le Maghreb en 647 ; ils montent ensuite vers le Portugal et l'Espagne en 711, la Sicile en 720, la France où comme chacun sait ils sont arrêtés à Poitiers en 732, les Maures restent en Espagne jusqu'en 1492.

     

    ▲à g : Gants liturgiques épiscopaux dits de Saint Rémy, en soie blanche tricotée ;
    ils comportent une plaque circulaire d'argent ciselé et doré cousue en son centre,
    abbaye basilique Saint-Sernin sur Culture.fr
    à dr. : Gant liturgique, en soie, or et cuir, cathédrale de Rodez, XVIe siècle - début XVIIe,
    photographie Musée Fenaille - Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron sur Musées de Midi-Pyrénées

     

     

    ▲Paire de gants liturgiques épiscopaux, en soie et bande d’argent, tricotés main,
    Espagne, XVIe siècle, Victoria & Albert Museum, Londres

    On admet qu’au Xe siècle, le tricot s’est répandu dans toute l'Europe. Toujours selon Irène Turnau, l’unification culturelle des pays chrétiens va participer à sa diffusion dans les pays européens. Religieuses et artisans tricotent pour les églises. Le développement du tricot est accéléré par des prescriptions liturgiques qui apparaissent en 785. Elles imposent aux évêques et prêtres de porter, pendant la consécration du pain et du vin pendant la messe, des gants non cousus, bien ajustés aux doigts. Ils sont d’abord tricotés en soie naturelle ou blanche, puis colorée, souvent en rouge, jamais en noir. Les premières mentions de gants liturgiques spécifiques datent du Xe siècle ; les plus anciens qui nous sont parvenus en France sont conservés à la basilique Saint-Sernin à Toulouse, ils datent du XIIIe siècle et témoignent du haut niveau technique de tricotage à la main de l’artisan bonnetier qui les a réalisés.

     

    ▲Chausses et souliers dits de Saint Germain, abbé de Moutiers-Grandval,
    près de Délémont (Suisse), photo Musée jurassien, Délémont,
    dans Histoire du Costume de François Boucher p. 159.

    Ces gants liturgiques sont conservés dans les trésors des églises et des cathédrales du bas Moyen Âge, ils sont mentionnés dans les textes dès le IXe siècle. On y trouve aussi de nombreuses bourses et petits sacs tricotés en rond et en jacquard avec des fils de soie pour déplacer et accueillir les reliques de saints. En Suisse sont conservés des bas et jambières tricotés entre le VIIe et le IXe siècle.

     

    ▲Housse de coussin mortuaire de Fernando de la Cerda (1255-1275)
    monastère Santa María la Real de Huelgas, près de Burgos (Espagne), vers 1275 sur L'Ost du Dauphin
    On peut voir une reconstitution de ce motif sur le site de Susanna von Schweissguth

    On ne manque pas de citer aussi les housses de coussins tricotées, datant des XIIe et XIIIe siècles, provenant des tombes royales du monastère Santa María la Real de Huelgas, fondé par le roi Alphonse VI de León et de Castille pour abriter le mausolée de sa famille. Le plus ancien, pourpre, or et blanc, entièrement tricoté au fil de soie et point jersey très serré (80 mailles pour 10 centimètres carrés), placé sous la tête du prince Fernando de la Cerda, mort à vingt ans en 1275 est intact. Les motifs en jacquard à fils tirés représentent des fleurs de lys et des aigles encastrés dans des losanges sur une face, des châteaux à trois tours (ceux qui ont donné leur nom à la Castille) et des rosettes dans des octogones sur l'autre face. Il est bordé de glands verts un peu abîmés aux quatre coins et d’une lisière où se répète le mot barakah [en arabe : bénédiction], cette inscription atteste l’origine arabe de ces coussins.

     

     

     

    ▲Vierge tricotant une petite robe pour l’enfant Jésus avec quatre aiguilles,
    par le Maître Bertam von Minden,
    volet droit du retable de l’autel de la Sainte Vierge à l’église de Buxtehude (Allemagne)
    vers 1400-1410, sur Wikimedia Commons
    Tricoter avec quatre aiguilles n’est pas courant en Allemagne à cette époque,
    Maître Bertam a séjourné en Italie avant de réaliser ce retable,
    il y a vraisemblablement découvert cette méthode.

    Dès le XIVe siècle, la technique du tricot s’est fortement répandue en Europe du Sud et dans certaines villes allemandes autour de la Baltique. La peinture la montre avec précision en représentant des madones dites « au tricot ». Le tricot se fait en rond, sur un jeu de quatre ou cinq aiguilles, probablement métalliques, non crochetées, tenues par les paumes, le fil dans la main droite. De fait les tricoteurs utilisent alors de deux à cinq aiguilles pour tricoter des fils de coton, de soie ou de laine, ils pratiquent déjà le jacquard.

    Parallèlement à cette évolution de la technique dans l’Europe méridionale, vers le Xe siècle, colportée par les envahisseurs normands, l’usage de tricots en grosse laine, exécutés au crochet ou sur de grosses aiguilles en os ou en bois, s’est introduit dans le Nord de l’Europe : Norvège, Finlande, Islande, îles anglo-normandes et plus généralement toutes les régions de culture celte. Des fouilles archéologiques en Lettonie, Pologne et certains pays scandinaves l’attestent.

    Ce sont donc l’expansion de l’Islam, les invasions normandes, les Croisades, le commerce et les conquêtes qui permettent la diffusion de la technique du tricot. On raconte que les marins espagnols de l’Invincible Armada, naufragés sur les côtes des Îles Orcades et des Îles Shetland en 1588, auraient enseigné l'art du tricot aux pêcheurs autochtones. On dit aussi que les Conquistadores auraient appris à tricoter à l'Amérique du Sud, hypothèse aujourd’hui remise en question. L’histoire du tricot se construit au fur et à mesure des trouvailles et solutions techniques individuelles et locales, elle se prête mal aux généralisations. A chaque fois, le tricot s’enrichit des cultures et des traditions des peuples qui le découvrent.

    (à suivre : Histoire du tricot (2), du XIVe au début du XVIIe siècle)

      

      

    SOURCES : superbe blog de "Les petites mains"

     http://les8petites8mains.blogspot.com/2010/10/histoire-du-tricot-origines-1.html

     

     

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