• HISTOIRE de la LINGERIE

     

     

     

    Bernardino Luini, Jeunes filles au bain, XVIe s., fresque de la Villa Rabia alla Pelucca, Milan 

    Sous-vêtements

    Sens dessus-dessous... la lingerie

     

     

     

    La Villa Romana del Casale en Sicile a été construite à la fin du IIIe siècle. Elle compte une trentaine de pièces décorées de 3500 m² de mosaïques. On peut notamment y admirer des mosaïques mettant en scène des femmes, pratiquant des activités sportives. Elles portent des tenues légères qui ressemblent beaucoup à nos maillots de bain deux-pièces. L'une des pièces a d'ailleurs été baptisée « Chambre des jeunes filles en bikini ».

     

     

    Villa Romana del Casale

     

    Mosaïque de la Villa Romana del Casale. By LaurPhil

     

    Il semble donc évident que les sous-vêtements ont changé, en fonction des modes, mais non guère évolués depuis la Grèce antique.

    Le retour des grosses chaleurs est l'occasion rêvée d'alléger nos tenues... et le prétexte idéal pour se pencher sur ce que cachent d'habitude les corsages, pantalons et jupes.

    Bouts de tissu parfois minuscules mais éléments primordiaux de nos garde-robes, les sous-vêtements en disent long sur l'évolution de nos sociétés. Ouvrons les tiroirs de nos aïeux pour aller fouiller dans leurs dessous...

    Isabelle Grégor
     
     
     

    Il suffit de peu...

    Aphrodite appuyée sur un terme et ajustant son strophion, vers 50 av J.C, Paris, musée du LouvreSans risque, on peut penser que nos ancêtres de la Préhistoire n'avaient pas encore l'usage des sous-vêtements. Peu confortable, la peau de bête !

    Attendons donc la naissance du tissu au Néolithique et la généralisation des pagnes, puis laissons passer les siècles pour voir apparaître les premières formes de soutien-gorge, chez les Grecques du Ier millénaire av. J.-C.

     

    Jeune femme portant une bande de tissu sur les seins, IIIe s., mosaïque de la villa du Cesale à Piazza Armerina, SicileSimple bande, l'apodesme, qui deviendra fascia chez les Romains, était noué sous ou sur les seins pour permettre aux jeunes filles d'effectuer notamment des activités sportives.

    Déesse aux serpents, 1600 av. J.-C., musée d'Héraclion, CrêteLes plus malchanceuses avaient recours à un mamillare de cuir pour réduire quelque peu une poitrine trop formée au goût de l'époque.

    Pour les femmes des peuples barbares, la liberté est de mise, et le restera jusqu'à la fin du Moyen Âge. Côté soutien, notons l'arrivée de ce qui ressemble à un premier corset pour mettre en valeur la poitrine des déesses crétoises. Efficace !

     

     

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    Soutien gorge moyen âge Le soutien-gorge n'est pas une innovation moderne.

    Ce sous-vêtement existait bien avant le corset comme en témoigne la découverte de quatre soutiens-gorge datant du Moyen-Âge dans un château autrichien.

     

      

    L'archéologue Beatrix Nutz a précisé que les sous-vêtements avaient été mis au jour en 2008, mais que cette découverte était passée inaperçue auprès des médias.

     

    Plusieurs soutien-gorges mis à jour par une équipe d'archéologues dans une pièce cachée du château Lengberg en Autriche en 2008 -et dévoilés dans le numéro d'août 2012 du BBC History Magazine- sont étonnament mordernes par rapport à l'époque de leur création. D'après les experts, les premiers soutien-gorges ne seraient en effet apparus que 100 ans après la date de confection de ces pièces retrouvées dans la région du Tyrol.

     

    Ces sous-vêtements ont été datés par carbone 14 de la fin du XIVe siècle au début du XVe siècle.


    L'une des pièces est identique aux soutiens-gorge modernes.

     

    Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les femmes ne portaient pas de corset au Moyen Âge.

    Le corset est un sous-vêtement baleiné maintenant la taille et le ventre. Il a fait son apparition à la Renaissance.


     Dans l’Antiquité, L’ancêtre de la chemise est la tunique, et avec une coupe droite (formant un T), portée tant bien par les hommes que par les femmes comme sous-vêtement. Les Romains les portent sous la toge ou la stola, la tunica exterior (tunique ample aux manches courtes) puis la tunica interior ou subucula (tunique moins longue en lin pourvue de manches, apparue au IIIéme siècle.

     

     

    Le Moyen Âge nu sous sa chemise !

     

    Carlo Crivelli, Saint Roch, 1490, Londres, Wallace CollectionLe Moyen Âge ne craignait pas la nudité ni le mélange des sexes : jusqu'à la Renaissance et même au-delà, aucun baigneur n'aurait eu l'idée de se rafraîchir dans une rivière ou aux bains publics en gardant un vêtement sur soi ou en s'isolant de l'autre sexe !

    Pourtant, c'est à cette époque que commence à s'imposer l'usage de la chemise portée sous les vêtements, voire dans le bain.

    Généralement en lin et confectionnée à la maison,

    «la chaisne» avait pour rôle de servir de «zone tampon» entre les habits de tous les jours et la peau qu'elle protégeait du désagrément des frottements avec des tissus souvent rugueux.

     

     

    Solide, elle présentait aussi l'avantage d'être aisée à nettoyer : à elle de recevoir toute la crasse ! L'eau était en effet encore vue d'un œil soupçonneux et on préférait changer de chemise plutôt que risquer sa santé à se laver...

     

    Au XVIe siècle, il était réservé aux femmes de la haute société. Il n'a jamais été fait référence du port

    Finalement, la chemise parvint à dépasser ce rôle ingrat en acquérant au fil des siècles broderies et manchettes, et en se faisant de plus en plus visible, voire même en s'incrustant la nuit et se couvrant de dentelles à partir du XVIe s.

     

     

    La plus ancienne chemise préservée fut découverte dans une tombe de la première dynastie égyptienne vers 3 000 av. J.-C. Entièrement en lin: elle dispose d’épaules et de manches finement plissées, ainsi qu’une petite frange sur le bord du tissu.

      

    Au Moyen-Age, la chemise homme se portait comme chemise de nuit ou sous vêtement. Répandue parmi la population occidentale, elle est en lin, ortie, chanvre (laine ou coton pour les plus aisés). Les manchettes et col n’y figuraient pas encore et on y trouvait à la place une couture que l’on pouvait ajuster à sa convenance. Les chemises étaient visibles sur les personnages de condition modeste : bergers, paysans prisonniers et pénitents.

    Identique pour les hommes comme pour les femmes, c’est un vêtement sobre, non teint, parfois rehaussé de motifs. Pour des raisons d’hygiène, la chemise est blanche et se fait bouillir. Le chainse est identique à la chemise (à l’exception peut-être du col absent chez la chemise, les deux sont fendus à l’encolure, plissés ou non, plus larges sur le bas pour les femmes) Les chemises ont une unique couture qui peut être resserrée ou boutonnée.

      

    Les Croisés rapportent des Croisades les tuniques portées par les Perses dont les manches coupées séparément et cousues aux emmanchures donnent la structure définitive à la chemise.

    Après la guerre de cent ans et l’épidémie de la grande peste, les nouvelles techniques de tissage et de teinture, développées par l’industrie du textile des Flandres qui profite de sa neutralité lors de cette guerre, répondent à la croissance démographique, de meilleures conditions de vie et le désir de luxe de l’aristocratie.

      

      

    Hommes et femmes : la scission

    À la fin du Moyen Âge, vers le XIVe s., la mode commence à différencier les deux sexes, de plus en plus désireux de mettre leurs atouts en valeur.

    Côté femme, c'est la réapparition du principe du corset sous la forme d'une «cotte».

    Cette tunique à lacets serre la taille sans pour autant mettre les seins en valeur : parce qu'ils doivent être petits, ils sont souvent enserrés dans des bandelettes.

     

    Le roi de France Henri II (31 mars 1519 à Saint-Germain-en-Laye - 10 juillet 1559 à Paris  )Pour finaliser l'ensemble, rien de tel que le vertugadin ou garde-infant inventé par les Espagnols.

    Jeanne de Portugal aurait été la première à porter cette robe renforcée par une armature à cerceaux en bois. C'était afin de dissimuler une grossesse.

    Pour les messieurs, le raccourcissement audacieux du pourpoint qui ne couvre plus le haut des chausses (sorte de bas) oblige à trouver une solution d'urgence : ce sera la «braguette» (le mot aurait été inventé par Rabelais).

    C'est à l'origine pièce de tissu triangulaire ajoutée aux chausses.

      

      

    Au XVe siècle, la chemise se voit ajouter un col et commence à devenir un vêtement masculin. Les chemises du XVIe siècle, mises en évidence par les décolletés carrés, très ouverts ou le bas des manches des vêtements, sont confectionnées dans des tissus plus fins (notamment la soie), s’ornent de broderies (dentelle, jabots au niveau du col et des poignets, cordelette serrant et nouant le col, fraises), sont parfois plissées et se ferment par des boutons.

     

     

     

    Mais, rapidement, elle prend une forme proéminente plus suggestive grâce à un peu de rembourrage, notamment sous l'influence de la soldatesque, parée d'armures qui mettent en valeur toute la silhouette !vertugadin

    «Couvrez ce sein que je ne saurais voir !» (Molière, Tartuffe, 1664)

    Championne de la Contre-Réforme catholique, c'est l'Espagne de Charles Quint qui impose aux femmes une tenue à la rigidité sévère grâce à un curieux outil, le busc, sorte de lame épaisse amovible glissée dans le revêtement avant du corset. Fini les formes souples de la Renaissance ! Il faut désormais montrer par sa prestance les qualités de son âme.

     

     

    - Corset porté à l'époque de Catherine de Médicis, 1590, musée de la Renaissance, château d'ÉcouenEt la tendance n'est pas près de disparaître grâce à la diffusion des baleines, plus malléables, dont l'usage se répand jusqu'aux classes inférieures de la société. Leur nom vient de ce qu'elles sont confectionnées à partir des fanons de cétacés.

    Sous Louis XIV, le corset se fait outil de séduction avec la gourgandine qui se lace sur le devant, véritable invitation à la découverte avec ses petits nœuds baptisés «boute-en-train» ou «tatez-y»...

    En 1675, l'autorisation enfin accordée aux couturières de réaliser les corsets, jusqu'alors chasse-gardée des tailleurs, donne un peu d'air aux coquettes qui peuvent s'en remettre à des mains féminines plus compréhensives.

     

     

    Mais les épidémies de malaises ne cessent pas pour autant : comment supporter, en pleine digestion, un plexus comprimé ? Vite, apportez les sels ! (…)

    C’est au 18eme siècle qu’apparaissent des matières plus nobles dans la composition des chemises homme. Ainsi, la chemise se porte comme un vêtement à part entière et non comme un sous vêtement, on l’exhibe et les cols sont considérablement agrandis et ornés de dentelles. Ornements riches symbole d’une distinction sociale.

     

     

    1865

     

     

    Pendant des siècle, femmes et hommes vécurent sans cet accessoire qui est une invention relativement récente, et son "utilité hygiénique" l'est encore plus !

     

     du corset au Moyen Âge. Il a été porté par une majorité de femmes, de toutes les couches sociales, aux XVIIe et XVIIIe siècles principalement et jusqu'au début du 20e siècle.Decouverte de soutiens-gorge datant du Moyen-Age en Autriche

    Culotte moyen âge

     

    Depuis la nuit des temps, et encore au Moyen Age (401-1500), femmes et hommes allaient les fesses nues sous leurs jupes et leurs pantalons, et ce jusqu'au milieu du XIX° siècle, et personne ne s'en offusquait, bien au contraire.

    La bienséance voulait que les femmes vertueuses devaient aller sans culotte, et que cette dernière (ancêtre du pantalon) était réservée aux femmes aux moeurs légères, aux vieilles dames et aux malades pour se protéger du froid, ainsi qu'aux servantes (uniquement lorsqu'elles faisaient les carreaux). Les jeunes filles de moins de 14 ans portaient également cette sorte de panty bouffant en coton, mais devaient le quitter passé cet âge.

     

       

      

    En effet, une femme de qualité se contentait d'un jupon ou d'une chemise de toile fine, ornée de dentelle d'Alençon et ne portait aucune culotte dessous. Tandis que les hommes de classes aisées, depuis l'Ancien Régime, portaient la culotte de l'époque, un vêtement moulant couvrant séparément les jambes, de la ceinture jusqu'aux genoux ou mi mollets (le pantacourt d'aujourd'hui), accompagné de bas.

     

     

     

    Au XVI° siècle, malgré la tentative de Catherine de Médicis d'imposer le caleçon aux dames de sa cour, le costume des femmes en général, qu elles soient de grande ou de petite condition, resta la même et le redevint pour sûr apres elle.

     

    C'est durant la révolution française (vers 1790), que le pantalon (inventé par les gaulois) refis surface grâce aux révolutionnaires qui l'arboraient en signe de contestation : c est pourquoi les aristocrates les appelèrent des "sans culottes".

    Mais ce n'est qu'au cours du XIX°siècle que "le pantalon de lingerie" commenca à être porté comme sous vêtement.

      

     

    Il fut importé d'Angleterre où il etait porté par les jeunes filles lors de leurs séances de gymnastique. A l époque, on lui prédit un avenir éphémère, car celui ci dépassait très légèrement de la robe, à la hauteur des chevilles. Les stylistes le fient alors plus court et comme par sa longueur il ressemblait à l ancien vêtement d'homme, ils appelèrent ce nouveau sous vêtement "culotte". Elle était fermée pour les hommes, mais les femmes la portaient essentiellement fendue pour permettre la miction et les rapports sexuels.

     

    De plus, avec l'arrivée de la crinoline, la culotte s'imposa comme une obligation. En effet, chaque femme s'asseyant dans ces paniers de métal, renversait sa robe et laissait voir l'intégralité de ses jambes et de son sexe. Si elle se penchait en avant, le phénomène se reproduisait dans l'autre sens, laissant impudiquement voir ses fesses.

     

     

     

    Il fallut attendre bien plus tard pour voir apparaître la "petite" culotte.

    C'est à partir du XX°siècle, que les petites culottes telles que nous les connaissons, se démocratisent et font leur entrée dans le quotidien des femmes grâce, notamment, à l'invention de Pierre Valton, le père de la célèbre marque "petit bateau".

    Au début de ce siècle, elles sont larges avec des fronces à la taille retenues par une ceinture boutonnée. Elles sont fendues, les jambes descendant jusqu'aux genoux sont terminées par un volant souvent superbement brodé. En effet, à cette époque, la mode des robes moulantes rendent ces culottes génantes, et plutôt que de revenir en arrière et ne pas en porter (pour des raisons d hygiène), la mode crée la culotte courte (également appelée short) qui s arrête donc au dessus du genou.

    Peu à peu, elles se ferment et, comme les jupes, diminuent de longueur pour ne plus avoir de jambe du tout. Les fronces de la taille sont remplacées par des pinces, le bas de la jambe se termine par un ourlet souvent ajouré, avec sur le coté, une broderie assortie à celle du devant de la chemise.

    Les années suivantes firent raccourcirent davantage la culotte et lui donnèrent le visage qu'on lui connaît désormais, jusquau string des années 1980, et là c'était pour la discrétion.

     

     

    Ce n'est donc que depuis deux siècles seulement, qu'en France, l'Homme utilise la culotte comme sous vêtement, mais à la campagne, dans les années 40, beaucoup n en portaient toujours pas.

     

     

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