L’œil du bien aimé, peint à la main, sous forme de bijou porté en tant que preuve d’amour… Ces figurines insolites sont présentées au Musée des Arts Premiers de Birmingham – Alabama (USA). L’exposition “The Look of Love” permet au public de découvrir la centaine d’œuvres de la collection des Skier, un couple d’américains qui se passionne depuis vingt ans pour ces bijoux originaux et précieux.
Un catalogue, richement illustré et renseigné, prolonge l’exposition.
Il replace la mode peu connue du “lover’s eye” dans son contexte historique et social, celui de l’Angleterre de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècle.
C’est un bijou qui est la représentation d’un être cher. Il permet à la personne qui le porte de se souvenir de l’être aimé momentanément ou définitivement absent.
Ce type de bijoux “lover’s eye” est né en Angleterre, en 1784. Cette année là, le Prince de Galles, futur George IV, tombait amoureux de Maria Fitzherbert, qui était veuve et catholique… C’était d’autant plus problématique que l’héritier du Trône, encore très jeune, devait obtenir l’accord du roi son père pour se marier.
Toutes ces complications faisaient hésiter la jeune femme. Pourtant, un an plus tard, après de nombreuses péripéties – (fausse?) tentative de suicide, fuite sur le continent… – le mariage eut lieu clandestinement. Le prince héritier avait emporté l’adhésion de sa femme en lui offrant une reproduction de son œil, peint par le miniaturiste Richard Cosway. Peu de temps après leurs noces, Maria Fitzherbert – elle avait gardé son nom – commandait au même artiste le portrait de son œil à elle, pour le prince. La mode était lancée ; elle allait durer quelques décennies.
Le portrait devient le bijou sentimental le plus couru du XVIème siècle. Le XVIIIème siècle verra l’apogée de la miniature, petite peinture sur émail ou autres matériaux, sur laquelle figure le plus souvent un portrait.
A la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, il arrive fréquemment que le portrait prend la forme d’une reproduction de l’œil du bien aimé. Offrir ce type de portrait devient alors le gage d’un amour éternel.
L’aristocratie anglaise commandait ces portraits miniatures montés en bijou : pendentifs, broches, bagues, médaillons… Il pouvait aussi s’agir d’objets fonctionnels tels que des clés de montres ou des boites contenant des cure-dents ou des petits morceaux de tissus destinés à masquer des imperfections cutanées.
1810
Ces bijoux de petit format permettait qu’ils soient portés ou transportés facilement.
1830
Le Dr David et Mme Nan Skier, de Birmingham, possèdent aujourd’hui la plus importante collection de “lover’s eyes”: environ le dixième des 1000 pièces répertoriées dans le monde. Ils l’ont commencée en 1993, par l’acquisition d’une bague chez un antiquaire.
Beaucoup de ces broches ou pendentifs sont en perle, ce qui n’est pas étonnant souligne Graham C. Boettcher, conservateur du musée de Birmingham, dans le catalogue de l’exposition. En effet en raison de sa pureté et de sa forme lisse, la perle fine ne renvoie-t-elle pas à l’amour ? Le corail est, lui aussi, largement utilisé car les bijoux en corail étaient de manière générale très populaires à l’époque géorgienne.
Ils avaient en outre l’avantage de pouvoir être portés aussi bien le jour que le soir.
De plus, la couleur franche du corail est sensée lui conférer le pouvoir de repousser le malheur. Seul ou combiné avec des perles naturelles, le grenat, sous toutes ses couleurs, se trouve également sur de nombreux bijoux “lover’s eyes”.
Cette gemme est considéré comme un symbole d’amitié. Comme dans toute bijouterie sentimentale, il n’est pas étonnant aussi d’y trouver des cheveux.
Plus rares et plus chers, les diamants véritables ne sont qu’exceptionnellement utilisés. Les pièces qui en comportent ont vraisemblablement appartenu à des membres de la famille royale britannique. Par ailleurs, Graham C. Boettcher remarque que seuls deux spécimens de broches de la collection Skier incorporent la turquoise.
Grandement appréciée pour sa couleur unique et sa beauté naturelle, cette pierre a été utilisée avec parcimonie dans les bijoux géorgiens et victoriens.
Si améthyste et topaze sont également peu présentes dans la collection Skier, c’est parce que ces pierres fines ne sont devenues à la mode qu’au milieu du XIXème siècle, alors que l’usage des « lover’s eyes » avait disparu.
Lover’s Eye Brooches
http://candicehern.com/regencyworld/
Victorian Mourning Brooch - Irish Lover's Eye - by mabgraves
L’œil du bien aimé, peint à la main, sous forme de bijou porté en tant que preuve d’amour… Ces figurines insolites sont présentées au Musée des Arts Premiers de Birmingham – Alabama (USA). L’exposition “The Look of Love” permet au public de découvrir la centaine d’œuvres de la collection des Skier, un couple d’américains qui se passionne depuis vingt ans pour ces bijoux originaux et précieux. Un catalogue, richement illustré et renseigné, prolonge l’exposition.
Il replace la mode peu connue du “lover’s eye” dans son contexte historique et social, celui de l’Angleterre de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècle.