• Histoire de la MODE ( I )

    Vie quotidienne - Vêtements - la mode en occident - 1 -


    Aussi loin que nous remontions dans notre Histoire, nous voyons combien les hommes et les femmes ont cultivé le souci de leur apparence. La mode en est l'expression. Elle permet à chacun de se mettre en valeur, de se faire estimer et désirer, mais aussi de s'identifier à son groupe social et à son temps.

    C'est si vrai qu'aujourd'hui, le plus sûr moyen de dater une peinture ancienne ou une oeuvre d'art est de détailler les vêtements et les parures des personnages qu'elle représente.


    Au commencement... la feuille de vigne ?



    Faute de poils ou de plumes, l'être humain a dû faire marcher très tôt son intelligence pour se protéger du climat. Et le plus pratique était encore de se servir sur ceux qui en avaient : voici donc les premiers hommes recouverts de fourrures douillettes. Très tôt, nos ancêtres inventent l'aiguille : un outil modeste mais essentiel pour la confection de vêtements cousus. Les peaux de bêtes tannées ont la faveur des habitants des régions froides. Certaines populations, comme les Mongols, fabriquent aussi des feutres par malaxage de poils ou laines. Ce sont les premières étoffes. À la faveur de la sédentarisation, les habitants des régions chaudes ou tempérées se mettent aussi à tisser les fibres végétales (lin) ou animales (laine).

    Et pourquoi ne pas se servir de la seconde peau pour marquer son rang ? Des colliers de dents feront l'affaire, agrémentés de coquillages, plumes ou os qui tiennent souvent lieu dans les régions chaudes de seuls costumes.

    Mais nos Adam et Ève ont mangé le fruit défendu qui leur a révélé leur nudité : le vêtement a donc eu également pour fonction de préserver leur pudeur.


    Antiquité : simple mais pratique



    La chaleur de l'Égypte ne laissant guère de place à la fourrure, les habitants de la vallée du Nil font un triomphe au lin qui leur permet de créer fourreaux et pagnes tout en légèreté.

    Légèreté peut rimer avec confort, élégance et même sophistication. Les fresques de l'ancienne Égypte détaillent avec précision le vêtement des hommes et des femmes, des souverains, des nobles, des danseuses, aussi bien que des paysans. Le souci de la mode apparaît très tôt : la «Parisienne» de Crète (1500 ans avant notre ère) en est la preuve presque vivante avec son fin profil au discret maquillage.



    Dans la Grèce antique, les dames, comme les messieurs, s'enveloppent dans un «chiton» à taille unique qui s'agrafe sur l'épaule et se serre à la taille. Ces vêtements sont généralement de couleur brune mais les classes supérieures s'autorisent des couleurs vives.

    Plus tard, les patriciens romains portent couramment la tunique, ne réservant l'encombrante toge de six mètres qu'aux grandes occasions. La couleur reste rare, mais tous n'hésitent pas à faire étalage de leurs richesses à l'aide de somptueux bijoux.

    Plus pudiques que les Grecs, les Romains ne pratiquent pas la nudité au gymnase et certaines fresques nous montrent de jeunes femmes athlètes dans un «bikini» d'allure très moderne.



    Byzance, profitant des échanges avec l'Extrême-Orient et de l'acclimatation des vers à soie, rompt avec l'austérité romaine.

    Les représentants des classes supérieures s'enveloppent de très riches costumes de coton et de soie colorés. Les empereurs d'Orient cultivent une pompe somptueuse dont la pourpre est le symbole.



    L'Empereur Justinien (Basiqique San Vitale, Ravenne,VIème siècle)

    Les Gaulois, moins rustres qu'on ne l'entend dire parfois, diffusent l'usage des braies ou pantalons. Il s'agit de vêtements cousus et, comme ils s'adaptent à la forme et aux mouvements du corps, il n'est pas besoin de les ôter dans les tâches ardues, aux champs ou à l'atelier, comme c'est le cas avec les simples tuniques.



    Jusqu'à la fin du Moyen Âge, cette tenue évolue peu. Les pauvres, il est vrai, n'ont guère le choix de l'habillement et revêtent ce qu'ils trouvent : hardes, chemises, tuniques, braies...


    Lorsque le corps se fait armure

    Des tatouages aux lourdes armures de la Renaissance, l'homme s'est toujours ingénié à protéger son corps contre toute agression. Casques de bronze des Spartiates, cottes de mailles des croisés et gilets pare-balle modernes font partie de la panoplie adoptée par le soldat à travers les siècles pour mettre son corps à l'abri.



    Le vêtement militaire peut aussi avoir une fonction pratique, en permettant de distinguer les armées, mais aussi plus psychologique : il s'agit d'impressionner l'ennemi par des couleurs criardes ou des formes agressives. Parfois, l'habit du soldat parvient à se faire une place dans la vie civile, à l'image du trench-coat ou «manteau de tranchée» qui fit les beaux jours du cinéma noir américain.


    Moyen Âge : du hennin à la poulaine

    Aux temps carolingiens apparaît dans la classe supérieure une tenue plus ou moins spécifique, telle qu'elle ressort de la description que le chroniqueur Eginhard fait de l'empereur Charlemagne : «Il portait la tenue nationale c'est-à-dire franque ;... un haut-de-chausse attaché avec des bandes protégeait ses membres inférieurs et des souliers, ses pieds, et il couvrait ses épaules et sa poitrine d'une jaquette ajustée... Sur le tout, il jetait un manteau bleu»



    La «tapisserie de la reine Mathilde» nous offre une représentation réaliste des Occidentaux, essentiellement des guerriers, aux alentours de l'An Mil. Les hommes portent culottes et tuniques ; ils sont imberbes, avec une coupe au bol. Rien à voir avec les temps mérovingiens, un demi-millénaire plus tôt, quand les cheveux courts et le visage glabre étaient le propre des ecclésiastiques.



    Dans la deuxième moitié du Moyen Âge, l'apparence devient peu à peu signe d'appartenance sociale. Les groupes et les corps de métiers tendent à se différencier par la forme ou la couleur de leur tenue qui devient plus variée et riche grâce aux apports des croisades.

    À partir de 1380, on porte la «houppelande», un confortable manteau sans manches aussi baptisé «robe», mais elle passera de mode au milieu du siècle suivant.

    Au XVe siècle, la garde-robe se divise horizontalement et le corps se corsète, le vêtement en soulignant les formes, tant masculines que féminines.



    L'homme s'habille d'une veste courte serrée à la taille avec une ceinture : le «pourpoint». Il porte des chausses (ou bas) protégées au niveau des pieds par des «poulaines» (chaussures étroites et effilées, parfois si longues qu'il faut les renforcer avec du métal). La mode, au milieu du XVe siècle, est aux bas bicolores (chaque jambe d'une couleur).

    La femme, qui se doit d'être élancée, met sa taille en valeur avec un corsage et une jupe tout en gagnant encore des centimètres à l'aide d'un chapeau comme le fameux hennin, sorte de cône qui fait fureur à partir de 1450 environ. Mais l'esthétique veut aussi qu'elle souligne la rondeur de son ventre.


    Agnès Sorel, inspiratrice de la mode



    La mode vient généralement d'en haut. Agnès Sorel, maîtresse officielle du roi Charles VII de 1444 à 1450, est considérée par ses contemporains comme la plus belle femme de son temps.

    Sûre de ses charmes, elle n'hésite pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes «aux ouvertures de par-devant par lesquelles on voit les tétons» (Jean Jouvenel). Elle s'épile aussi le front à la poix pour en accentuer la hauteur et cette pratique est imitée par toutes les coquettes de la Cour.


    Renaissance : l'Italie à la pointe

    A l'Italie de la Renaissance on doit Vinci, Michel-Ange et la fourchette. Mais on sait moins qu'elle apporta aussi à l'Europe le décolleté plongeant et la braguette, pièce de tissu rembourrée mettant en valeur la puissance de son propriétaire et servant accessoirement de poche.



    C'est également à la fin du XVe siècle et au début du suivant que se multiplient les fentes dans les brocards et velours : ces ouvertures ou «crevés» viennent, semble-t-il, des lansquenets suisses ou allemands qui, en déchirant leurs vêtements et en les raccommodant avec de la soie ou des brocarts, veulent apparaître plus intimidants, à la manière de nos contemporains qui déchirent leurs jeans pour signifier leur dédain des conventions sociales. La haute société masculine du XVIe siècle s'approprie cette mode pour donner à voir la splendeur de ses dentelles de Flandres ou de ses étoffes fines importées, via Venise, des régions d'Asie.

    Et pourquoi ne pas créer des pièces détachables, que l'on peut intervertir à l'envie ? C'est le cas des manches, attachées au vêtement à l'aide de lacets dits «aiguillettes». Complétez avec une fraise, col plissé et empesé de plus en plus volumineux, et vous obtiendrez une tenue luxueuse, bien éloignée des costumes ordinaires du peuple...



    Aiguillettes

    Notons qu'en cette période de la Renaissance, la mode masculine manifeste plus d'exubérance que la mode féminine ! C'est un phénomène assez rare dans l'Histoire pour être relevé.



    François 1er

    Notons encore que, de François 1er à Henri IV, la barbe fait un retour en force après plusieurs siècles de dédain. Elle disparaîtra aussi vite qu'elle est venue pour ne plus réapparaître qu'à la fin du XIXe siècle.

     

     

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