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    L'histoire du talon haut

     

     

    Il y a deux types de femmes dans le monde: celles qui avancent leur poitrine rebondie et celles qui ont des jambes.

    Je préfère me référer aux secondes (on ne peut pas tout avoir!) et m'élancer à talons perdus dans le monde, en défiant parfois les lois de l'apesanteur.

    Mais d'où vient le talon ?

    Il est dit qu'il est né dans l'ancienne Egypte où les bouchers portaient des talons pour éviter le sang au sol… Charmante vision! Les cavaliers mongols mettaient des talons à leurs bottes pour mieux tenir dans leurs étriers.

     

     

    La mode des talons hauts a vu le jour à Venise au XVIe siècle avec le port des chopines, une espèce de souliers «plate-forme» pourvus d'une semelle de bois pouvant s'élever jusqu'à 60 centimètres! Peu de temps après, et pour la plus grande satisfaction des hommes et des femmes, les bottiers abaissent le devant des chopines, créant ainsi le talon haut tel que nous le connaissons aujourd'hui. Le premier document relatif aux talons hauts « esthétiques » date de 1533 : Catherine de Médicis - une reine de petite taille, mais d’intelligence diabolique - fait venir ses talons de Florence à l’occasion de son mariage avec le Duc d’Orléans. Le style qui tue est immédiatement adopté par la cour de France !

     

     

     

     

    Au XVIIème siècle, tous les nobles s’avancent en vacillant sur des talons d’au moins 12 cm, en signe de distinction sociale. Même les hommes en portent malgré l’inconfort : leur poids pousse le pied vers l’avant et, ce qui n’arrange rien, la chaussure gauche n’est pas conçue différemment de la droite. Ils marchent donc en canard ! Si le talon haut donne aux femmes une démarche ondulante parfois maladroite, il oblige ces messieurs à se dandiner. Pour éviter de tomber, beaucoup s’aident de cannes qui leur servent d’appui. Mais peu importe la démarche. A leurs yeux, elle est royale car elle les propulse au sommet.

     

    Largement portées du XVè au XVIIIè siècle, les chaussures à talons compensés avaient alors un rôle pratique à défaut d’une fonction esthétique. Elles permettaient en effet de protéger les vêtements des projections de boue et des déchets jonchant le sol.

     

    A la Renaissance et plus particulièrement à Venise, ces chaussures étaient notamment portées par les courtisanes, et étaient surélevées grâce à des plateformes en bois. Elles sont apparues quelques années plus tard comme un accessoire de mode et un outil pour afficher son statut social. Appelées alors « chopines », ces chaussures disposaient d’un talon dont la hauteur pouvait mesurer jusqu’à 60 cm. Les femmes élégantes de l’époque utilisaient ainsi cet artifice pour afficher l’importance de leur statut.

     

     

    On dit que Louis XIV, réputé petit, aimait se grandir avec des talons hauts qui, combinés à sa perruque, lui donnaient 30 centimètres de plus! Louis XIV eut même l’idée de porter des talons rouges, comme on le faisait déjà en Angleterre, et les courtisans l’imitèrent. Le talon rouge devint signe distinctif de la noblesse. On ornait le dessus du soulier de rosettes et de flots de rubans fort coûteux qui firent place, au XVIIIe siècle, à des boucles d’argent serties de pierres précieuses. Les souliers étaient alors de véritables écrins avec des pierres précieuses sur les contreforts, qu’on appelait des « venez-y voir », par coquetterie.

     

    Le XVIIe Siècle

     

    Les femmes européennes déambulaient avec les talons hautes de 5 pouces et elles se servaient de cannes. Parce que la classe ouvrière ne pouvait pas porter les chaussures non pratiques, les talons représentaient le luxe et privilège.

     

    En 1660, Louis XIV a porté des chaussures à talons rouges. Dans le XVIIe et le XVIIIe siècle, le talon rouge et la décoration dentelle argent était le style Rococo. Ce style a représentait la classe privilège.

     

     

    La Révolution française coupe la tête… et les talons. La hauteur des chaussures chute avec la monarchie et tous les « citoyens » - nivelés par le bas - adoptent la démarche de l’homme moderne : un pas élastique dans des chaussures à talon plat. Dès 1795, pour la première fois depuis des millénaires, les riches bougent avec autant d’aisance naturelle que le peuple. Le talon haut est mort. La botte, martiale, fonctionnelle, égalitaire, domine le XIXè siècle. Même les dames en portent, sous le nom de… bottine.

     

    Beaded leather evening slippers by Hook, Knowles & Co., British, ca. 1897. On this pair of slippers, the novel beadwork design, the meticulously trimmed bow, and the topstitching of the heel are noteworthy indicators of the high quality. The use of beadwork on the vamp and the tiered bow form are characteristic features of the period. Bronze kidskin, produced by dyeing the leather with cochineal, came in and out of fashion for dressy women's shoes throughout the 19th and early 20th centuries. 

    Retour du talon fin XIXème siècle avec luxe et luxure. Il réapparait en effet avec les femmes de petite vertu. Fin XIXème siècle, une cocotte parisienne importe la mode aux USA, dans un bordel de Nouvelle Orléans. Remarquant l’incroyable pouvoir sexuel de ces “chaussures françaises”, la patronne commande les mêmes pour toutes ses employées, jusqu’à ce que, en 1888, une manufacture du Massachusetts se lance dans la fabrication locale de talons… Les Etats-Unis découvrent avec une horreur (mitigée d’excitation) l’incroyable pouvoir de séduction de ces diaboliques chaussures.

    vintage French silk shoes 

    The shoemaker (late 19th century)

    Bottier France XIXè siècle

     

    1925 shoes

    1925

     

     

    André Perugia, 1931

     

     

    Oscillant perpétuellement entre la mode et le discrédit, les talons atteignent de nouvelles cimes avec l’avènement du talon aiguille en 1952, inventé sur le même principe que le gratte-ciel : une armature en métal enfermée dans une mince coque plastique supporte tout le poids du corps. On ne sait pas à qui appartient l’idée : Ferragamo, Albanese of Rome et Dal Co dessinent tous des talons aiguilles en Italie vers 1953, à l’époque où Roger Vivier en donne sa version à Paris. Les talons aiguilles sont longtemps interdits dans les avions car ils trouent le plancher. A l’entrée de certains bâtiments publics, on offre aux femmes un sac où ranger ces chaussures moralement incorrectes. Considéré comme un symbole d’agression, de provocation et de sensualité, le talon aiguille devient l’emblème du mauvais genre. Et pourtant, aucune « fashionable », aussi respectable qu’elle soit, ne peut se permettre de porter autre chose. Les 10 cm imposent la norme.

    Glamour - May 1955  by Leombruno-Bodi #vintage #glamour 

    L'histoire du talon haut

    Avec l’aide de l’aéronautique et de ses alliages, les stylistes s’emparent des chaussures pour en faire des chefs d’œuvres d’équilibre et de virtuosité. Roger Vivier invente le talon épine au début des années 60, avec des pointes dissymétriques. Il invente aussi le talon en forme de virgule, de bobine, de boule, d’aiguille, de pyramide ou d’escargot. Jean-Paul Gaultier lance la chaussure « mille pattes » ornée de multiples talons. Christian Louboutin met au point des talons aux courbes suggestives comme des croupes, appelés « Marilyn ». Vivienne Westwood a créé les chaussures parmi les plus hautes de la mode (photo ci contre), faisant ainsi tomber Naomi Campbell en plein défilé ! Ce ne sont plus des chaussures, ce sont des sculptures sur patte. Des attentats à l’équilibre ! Mais peu importe foulures, fractures et scolioses à vie, ce qui compte n’est-ce pas « d’aimer ses souliers à en mourir » ? C’est notre créateur chouchou qui le dit : Manolo Blahnik !

     

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    • Talon abattu : talon évasé vers le haut, créant un profil en surplomb ;
    • kitten heel : petits talons aiguille d'une hauteur comprise entre 3,5 et 5 centimètres ;
    • Talon aiguille : talon haut, de plus de 7 cm, et très effilé vers le bas. Il peut atteindre des hauteurs de 15 cm ;
    • Talon baraquette : talon plat et débordant à gorge rectiligne ;
    • Talon bas ou talon plat : talon de faible hauteur dont les faces supérieures et inférieures sont parallèles ;
    • Talon bobine : talon haut creusé sur son pourtour et évasé vers le bas ;
    • Talon bottier ou talon rainuré : talon haut et large fait de lamelles de cuir superposées ou donnant cet aspect ;
    • Talon chiquet : talon très plat constitué d’une unique lamelle de cuir. Ce type de talon se trouve souvent sur des ballerines par exemple ;
    • Talon collant : talon dont le pourtour est au même niveau que celui de la chaussure ;
    • Talon compensé ou semelle compensée : talon qui se prolonge sous la cambrure pour se raccorder à la semelle.
    • Parfois appelé talon plein ou talon wedge ;
    • Talon crayon ou talon stiletto : talon aiguille très haut qui reste fin jusqu'à la semelle ;
    • Talon cubain ou talon quille : talon large, de hauteur moyenne, dont les profils sont rectilignes et dont l’arrière est en pente légère vers l’avant ;
    • Talon débordant : talon dont le pourtour est en saillie par rapport à celui de la chaussure ;
    • Talon en talus : talon évasé vers le bas et dont la surface au sol est plus grande que la surface d’emboîtage (inverse du talon abattu) ;
    • Talon français : talon plat à gorge incurvée et dont l’arrière est en pente vers l’avant ;
    • Talon haut ;
    • Talon italien : talon haut collant et abattu sur toutes ses faces ;
    • Talon Louis XV : talon haut de profil concave et au surplomb très accentué ;
    • Talon recouvert : talon dont le revêtement extérieur est le même que celui de la chaussure ;
    • Talon semi-compensé : talon compensé dont la surface inférieure sous la cambrure est légèrement creusée.

    Note : une talonnette est une demi-semelle se plaçant à l'intérieur de la chaussure

     

    SOURCES :

    SUPER BLOG

    - http://www.folles-de-manolo.com/Talons.html

     

     

    LIEN SUPERBE

    HISTOIRE DE LA CHAUSSURE de ROMANS, chaussure française

    http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1697

     

     

     

     

     

     

     

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    HISTOIRE DU ROUGE

     

    Ce n’est pas d’hier que l’être humain se farde les lèvres.

    On aurait commencé à le faire dès l’Antiquité égyptienne, il y a plus de 4000 ans.

    Deux mille ans plus tard, à l’époque romaine, les empereurs rehaussaient apparemment leur bouche d’une pointe de rouge. Plus près de nous, au 16e siècle, les femmes rougissaient leurs lèvres avec un mélange à base de poudre d’insectes.

     

      

    Au 17e siècle, ce sont des pommades au jus de raisin qui servent de rouges à lèvres aux belles.

     

      

    En 1840, la maison GUERLAIN commercialise Ne m’oubliez pas, le premier tube de l’histoire du maquillage moderne.

     

    Pierre-François Guerlain

      

    Les formules continuent de se raffiner, et 1928 marque la naissance en France du premier rouge à lèvres longue tenue: Rouge baiser, élaboré par le chimiste Paul Baudecroux.

    Depuis, la technologie du rouge ne cesse de se perfectionner.

    Aujourd’hui, les maisons de beauté rivalisent d’ingéniosité pour peaufiner leurs formules, leurs textures et leurs étuis.

     


    LES 80 ANS DES ROUGES Shiseido :
     

    Cette maison nipponne fondée en 1872 lance son premier beni ou rouge à lèvres en 1922.

    À l’époque, la tradition japonaise réserve l’usage des luxueuses formules colorantes aux célébrations.

    En 1929, Shiseido commercialise ses premiers tubes de rouge à lèvres. Six ans plus tard, la maison innove en lançant des sticks mini format, parfaitement adaptés à la femme moderne.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine pénurie de matières premières, Shiseido offre des tubes de rouge en bois aux travailleuses volontaires des usines de munitions. Encore aujourd’hui, l’esprit d’avant-garde qui associe l’esthétique orientale à la technologie la plus pointue continue d’animer la compagnie.

    Dernier en lice, le Rouge parfait, un tube surdoué qui bénéficie des dernières trouvailles technologiques: un pigment rouge translucide, qui apporte une luminosité hors du commun, et une poudre à double effet, qui règle la couleur en fonction de la lumière ambiante. Résultat, un rouge à la texture divine qui laisse les lèvres souples et brillantes.

     

      

    LE ROUGE DES PASSERELLES
     

    À Paris, à Londres ou à New York, le rouge a enflammé les défilés des collections automne 2009.

    Chez Christian Lacroix, l’éclat des bouches rubis dans des visages presque nus donnait un look sophistiqué à l’extrême.

    Chez Ruffian, l’allure moderne et décontractée était rendue par des lèvres rouge vif, des sourcils bien définis et une chevelure savamment décoiffée.

    Au défilé de Vivienne Westwood, les teints d’albâtre contrastaient joliment avec les lèvres cramoisies.
    Les mannequins de Jasper Conran, rétro à souhait, avaient laqué et coiffé leurs cheveux en chignon, ourlé leurs yeux d’eyeliner et peint leurs lèvres cerise.

    Du côté de Carlo Tivoli, on a vu des bouches mordues, des regards nimbés de khôl et des pommettes sculptées de fards orangés.

     

     

     

    LES ICÔNES D’HIER...

    Blanche-Neige
    Un teint d’opale contrastant avec une bouche cerise.

    Joséphine Baker
    Une peau d’ébène et un sourire irrésistible.

    Elizabeth Taylor
    Une brune piquante aux yeux perçants et aux lèvres vibrantes.

     

      

    Marilyn Monroe
    Une blondeur incandescente, des courbes sinueuses et une bouche ultra sensuelle.



    ... ET CELLES D’AUJOURD’HUI


    Madonna
    Une idole planétaire qui dégaine son bâton de rouge à chacune de ses métamorphoses.

    Scarlett Johansson
    Une Marilyn à la bouche incendiaire qui a ramené le glamour sur le tapis rouge.

    Dita von Teese
    Une pinup sulfureuse qui arbore 24 heures sur 24 des faux cils et une bouche écarlate.

    Gwen Stefani
    Une pop star platine qui ne sort jamais sans son rouge pompier.

    et puis l'histoire du ROUGE BAISER le fabuleux rouge à lèvres de nos Mères et grand mères !!

    C'est un bâton rigolo évoquant Marilyn Monroe qui, le premier, séduisit Jean-Marie, petite poupée blonde en résine ornée d'un col de (vraie) fourrure, commercialisée par Revlon. Notre expert en parfumerie et Art déco auprès des tribunaux croisa la chose lors d'une rencontre annuelle de l'International Perfume Bottle Association (IPBA) aux Etats-Unis. Marilyn n'allait pas rester seule longtemps. Dans les placards du collectionneur, elle est rejointe par 250 tubes, certains élégants, d'autres kitsch, tous différents.

    Mordu, Jean-Marie l'est! Sa trouvaille la plus ancienne?

    Un "étui-glissette" en papier carton signé Roger & Gallet vers 1880. Jusque-là, le fard à lèvres, liquide ou crémeux, se distribuait en fiole ou pot et s'appliquait d'un pinceau tremblotant. Enfin vint le raisin, une pâte teintée à la pulpe de raisin noir. Il se présente en boudin. Pour le loger, on lui invente un tube à bouton pressoir. Rechargeable.

    En 1915, un certain Maurice Lévy, outre-Atlantique, dépose un brevet pour un bâton à système coulissant. Eurêka! Le rouge, bientôt, sera sur toutes les bouches. "Il est le symbole de l'émancipation!" s'enthousiasme Martin-Hattemberg.

    Au XIXe siècle, seules les dames légères, comédiennes ou demi-mondaines, usent de cosmétiques voyants.

    La guerre de 1914-1918: les hommes sont au front, les femmes relèvent la tête.

    Elles se maquillent. D'un geste de défi, elles se refont une beauté en public. Et elles fument! Le tube de Rouge Baiser ressemble à un briquet. Pour mieux vous allumer, messieurs...

     



    Rouge baiser

      

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    Histoire de la Toile de Jouy ( tissu imprimé du XVIIIè siècle)

     

     La mécanisation progressive des techniques d'impression

    A partir de l'imitation du procédé indien, la technique a évolué vers une mécanisation permettant une production plus massive. Durant les dix premières années (1760-1770), l'impression à la planche de bois fut la seule technique utilisée, permettant des impressions polychromes. la toile provenant de France , de Suisse, des Indes était d'abord lavée dans l'eau de La Bièvre, puis battue au fléau pour la débarrasser de son apprêt ; plus tard des batteries mécaniques remplaceront ces manipulations.

      

      

      

      

    Une fois séchée elle passait à la calandre pour en aplanir le grain. Au préalable, les motifs avaient été gravés en relief sur les planches de bois. Ce n'étaient pas les couleurs elles-mêmes que l'on imprimait mais des mordants -sels de fer et d'alumine- qui, appliqués sur la toile, permettaient l'obtention des couleurs désirées.

    Après l'impression, la toile était plongée dans un bain de bouse de vache afin d'éliminer l'excès d'épaississant, puis lavée. Les toiles passaient ensuite dans un bain de teinture - racine de garance - qui révélait les couleurs sur les parties de toile empreintes de mordants. Par garançage on obtient une gamme de couleurs du rouge foncé au rose tendre, du noir au lilas, violet, bistre.

      

      

      

      

    Le fond de la toile devenu rosâtre, celle-ci devait être exposée sur les prés pour blanchir. Le jaune et le bleu étaient imprimés directement sur la toile. Le vert était obtenu par superposition de bleu et de jaune jusqu'en 1808 date à laquelle Samuel Widmer, neveu d'Oberkampf, découvrit le " vert solide " bon teint en une seule application.


    Histoire de la Toile de Jouy ( tissu imprimé du XVIIIè siècle)

    Après le travail de finition des pinceauteuses, certaines pièces recevaient un apprêt. Composé d'un mélange de cire et d'amidon, il était appliqué sur la toile qui passait ensuite à la calandre à chaud. Pour satiner ces pièces elles étaient lissées à la bille d'agate ou de cristal fixée à l'extrémité d'un bras articulé - le lissoir.

      

      

    A partir de 1770, l'impression à la planche de cuivre gravée en creux permit les impressions monochromes, ce fut le début des scènes à personnages qui ont rendu si célèbres les toiles de Jouy.

      

    En 1797, un brevet écossais de 1783 fut mis en application, l'impression au rouleau de cuivre. La machine fonctionnant en continu permettait la production de 5000 mètres par jour. C'était un gain de temps considérable par rapport à la planche de cuivre.


      

    Vers la fin du Grand Siècle (le XVIIe), dans toutes les cours d'Europe et surtout celle de Louis XIV à Versailles, la mode est aux toiles de coton peintes d'éclatantes couleurs et importées d'Asie. En habillement comme en ameublement, l'engouement pour ces "indiennes" est tel que le commerce en est d'abord strictement règlementé, avant d'être libéralisé sous Louis XV.

    Oberkampf installe alors sa manufacture à Jouy-en-Josas dès 1760 et la fabrication de ses toiles peut commencer. Louis XVI lui accorde même le titre prestigieux et envié de "Manufacture royale". Mais la concurrence grandissante dans le secteur finira par contraindre à l'arrêt de sa production et à la fermeture définitive de l'établissement en 1843...

    L’exotisme du coton imprimé

    Dès la fin du XVIe siècle, d’audacieux navigateurs portugais, anglais ou hollandais importèrent sur le vieux continent des toiles de coton peintes d’éclatantes couleurs. En France, la création de la Compagnie des Indes en 1664, les récits de voyages exotiques et l’échange d’ambassadeurs avec le Siam et d’autres pays quasi mythiques favorisèrent la vogue de ces « indiennes ».

    Jean-Baptiste Colbert, secrétaire d’État au Commerce, commença à s’inquiéter de ces importations par trop concurrentielles pour nos productions nationales. À sa mort, son successeur, Le Pelletier, obtint de Louis XIV en 1686 un édit de prohibition interdisant l’importation mais aussi la fabrication des indiennes.

    Succès d’Oberkampf à Jouy-en-Josas

    Lorsque survint la levée de cette interdiction en 1759, la France avait accumulé un grand retard en termes de savoir-faire, surtout vis-à-vis de l’Angleterre. C’est à cette époque que le jeune Christophe-Philippe Oberkampf s’installa à Jouy-en-Josas. La fabrication de ses toiles débuta dès 1760, rencontrant vite le succès.

    C’est que l’adoption du coton par la noblesse et la grande bourgeoisie de l’Europe d’alors n’avait été qu’une lente progression : pour la robe comme pour l’ameublement, on lui préférait volontiers le lin, la laine ou la futaine et surtout la soie, jusqu’à ce que l’effet de mode et le charme exotique de ces cotons imprimés l’emportent.

    Dès lors, plusieurs centres de production d’indiennage coexistaient dans la France du XVIIIe siècle, avec de très importantes manufactures principalement à Rouen, Nantes, Mulhouse ou Marseille. L’appellation générale « toile de Jouy » englobe également leurs productions. En 1783, Louis XVI octroya à l’entreprise d’Oberkampf à Jouy le titre de « Manufacture royale ».

    Elle était à son apogée et la plus importante d’Europe quand, en 1806, son prestige et sa renommée furent encore grandis par une visite de Napoléon Ier à l’occasion de laquelle Oberkampf fut décoré de la Légion d’honneur. Ce fut là le couronnement de sa carrière d’entrepreneur.

    Il mourut en même temps que l’Empire, en 1815, et son fils Émile lui succéda, s’associant en octobre 1821 à Jacques-Juste Barbet, lequel devint seul propriétaire en 1823 et se fit appeler « Barbet de Jouy » pour se différencier de ses frères, eux-mêmes indienneurs à Rouen. Pourtant, devant la concurrence grandissante dans le secteur, la manufacture dut arrêter sa production et fermer définitivement ses portes en 1843.

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    L'histoire au service de la décoration ou la décoration au service de l'histoire ?

    Dès la fin du XVIème siècle, d'audacieux navigateurs portugais, anglais ou hollandais, importèrent sur le vieux continent des toiles de coton peintes d'éclatantes couleurs, qui devinrent vite la coqueluche de la bonne société " branchée " d'alors.

    En France, la création de la Compagnie des Indes, en 1664, les récits de voyage exotiques et l'échange d'ambassadeurs avec le Siam et d'autres pays presque mythiques, favorisèrent la vogue de ces indiennes.



    Jean Baptiste Colbert, secrétaire d'état au commerce, commençait à s'inqiéter de ces importations " déjà " ruineuses lorsqu'il mourut. C'est son successeur, Le Pelletier, qui obtint de Louis XIV, en 1686, un édit de prohibition, qui interdisait l'importation, mais aussi la fabrication des indiennes.

     

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    Il fallut attendre 1759, pour que cette interdiction soit levée. Et la France avait un grand retard à rattraper, surtout vis-à-vis de l'Angleterre.

      

    A Paris, un jeune Bavarois, agé de 21 ans, Christophe Philippe Oberkampf, était employé depuis peu dans un atelier de l'Arsenal, qui imprimait " à la réserve ". Voulant créer sa propre affaire et perfectionner les procédés, il chercha l'endroit idéal.

     

    L'eau de la Bièvre était réputée pour ses propriétés chimiques exceptionnelles, il remonta son cours jusqu'à Jouy en Josas. Le site lui plut, il s'installa et devint l'un des premiers " pollueurs " de la Bièvre, et le plus célèbre des jovaciens !


    La fabrication débuta en mai 1760, et connut vite le succès.

    L'impression à la planche de bois fut la seule technique utilisée pendant les dix premières années à Jouy en Josas. Ce procédé qui resta pratiqué jusqu'à nos jours, permettait des impressions polychromes d'une grande variété de motifs.


    La toile écrue d'abord lavée dans l'eau de la Bièvre, était battue au fléau pour la débarrasser de l'apprêt. Après le séchage, elle passait à la calandre qui en aplanissait le grain, puis parvenait dans l'atelier des imprimeurs.

    A l'aide des planches, l'imprimeur appliquait sur la toile différents mordants, sel de fer, d'alumine et autres.

     

      

    Après l'impression, la toile lavée, était passée dans un bain de bouse de vache ayant la propriété de décomposer et de fixer les mordants sur la fibre de coton.

    Nouveau lavage ; la toile était portée à ébullition dans un bain rose clair, décoction de racines de garance.

    Là, les différents couleurs, solides à l'eau et à l'air, apparaissaient par la fixation de la garance, produisant des teintes variées suivant les sels imprégnés dans un coton : mordoré, café, violet, noir, pourpre, rouge et lilas.

     

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    Le fond de la toile, devenu rosâtre, devait être exposé sur les prés pour blanchir au soleil.

    Les pinceauteuses terminaient le travail pour les détails et les autres couleurs.

    Certaines passaient dans un calandre pour être glacées, comme la percale, ou étaient lissées à l'aide d'une bille d'agathe ou de cristal fixée au bas d'un bras articulé.

    A Jouy, à partir de 1770, une nouvelle technique apparut : l'impression à la plaque de cuivre gravée au burin en taille douce, permettait d'obtenir en une seule application, de grands motifs au dessin très délicat, cela permit de créer des compositions animées de personnages, racontant de véritables histoires, tirées de faits divers, de romans, Opéras à la mode, ou légendes mythologiques et historiques.

    C'est ce qu'évoque pour chacun,

     

      

    Musée de la Toile de Joy - Yvelines

      

    Installé dans un cadre champêtre au château de l'Eglantine, le musée de la Toile de Jouy raconte l'histoire de la fameuse toile de Jouy dont chacun connaît les personnages en camaïeu, les motifs floraux polychromes, les scènes mythologiques et historiques.

    Le musée vous révèle l'histoire de cette manufacture fondée par Christophe-Philippe Oberkampf (1738 - 1815). Dans la salle des techniques, planches de bois, plaques et rouleaux de cuivre, cadres sérigraphiques et produits de teinture vous expliquent les techniques qui furent utilisées pour imprimer cette toile de 1760 à 1843. Puis vous entrez dans le salon Oberkampf qui vous plonge dans l'ambiance de la demeure du manufacturier.
    Le musée dispose d'une ravissante boutique et propose des expositions temporaires souvent consacrées aux arts décoratifs du XVIIIème siècle à nos jours

    lien http://www.sortir-yvelines.fr/Idees-famille/Toutes-nos-idees/Visites-en-famille/Musee-de-la-Toile-de-Jouy-a-Jouy-en-Josas

      

      

    Le terme " Toile de Jouy " bien que la pauvreté de certains motifs commerciaux trop mièvres lui ait nui.


    En 1783 Oberkampf, qui avait su s'entourer de collaborateurs remarquables, choisit un peintre très renommé J.B Huet comme chef de son atelier de dessins.


    Cette même année Louis XVI, octroya à l'entreprise le titre de " Manufacture Royale ".

    Cependant, il convient de dire, que Jouy n'était pas seul. De nombreuses manufactures s'étaient créées en France, certaines très importantes, à Nantes, Orange, Bordeaux, Bourges plus tard, Rouen et l'Alsace : L'appellation générale " Toile de Jouy " englobe leurs productions.


    stencil-cnc

      


    En 1797, le cylindre de cuivre gravé en taille douce, remplace la plaque. Il est toujours utilisé, il fallait six mois aux meilleurs graveurs, pour réaliser un rouleau.

    La nouvelle machine baptisée familièrement " bastringue " par les ouvriers, fonctionnant en continu, pouvait imprimer jusqu'à 5 000 M. par jour.

    (La production pouvait atteindre 1 450 000 M. en 1805 dont 890 000 M. au rouleau).

    La manufacture, à son apogée en 1806, était la plus importante d'Europe.

      

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    Dessin fin du XVIIIe siècle.
    Dans la plus pure tradition des scènes de genre qui ont fait la renommée des toiles de Jouy, ce motif illustre son temps à travers des scènes charmantes, bucoliques et traditionnelles dans des décors champêtres.

    Au milieu de maisons villageoises, de fermes et de ruines, la vie des hommes et des animaux est rythmée par l'alternance du travail aux champs (moissons, pique-nique, pêche) et de la fête populaire où l'on boit, fume, joue de la musique, danse et chante.



    La visite de Napoléon et la décoration de la légion d'honneur, couronnèrent la carrière d'Oberkampf, qui mourut en 1815, en même temps que l'Empire.Son fils Emile lui succéda jusqu'en 1822, date à laquelle la manufacture fut achetée par Juste Barbet, qui devint Barbet, qui devint Barbet de Jouy.

    Devant la concurrence grandissante, la manufacture ferma en 1843. La finesse des détails et le relief obtenus par la gravure en taille douce, était inégalable. Certaines réalisations exigeaient six mois de travail.

    Malheureusement, la plupart de ces cylindres de cuivre ont disparu au fil des ans, et des guerres.

     


    Aujourd'hui, on a pu conserver ou retrouver 14 rouleaux centenaires, et les faire tourner sur une presse rotative, qui devait être détruite.

     

    sources :http://www.toilesdejouydecoration.fr/historique.htm

     

    http://www.papiersdeparis.com/achat/cat-papiers-peints-anciens-7.html

     

     

     

     

     

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    "Weyden" kirtle with possible raglan sleeve

      

    Le costume

      

      

    Les éléments caractéristiques de l’art du Quattrocento se trouvent dans la mode qui est élégante et raffinée, sobre, lumineuse, linéaire. Elle s’adapte et exalte les hommes et les femmes qui vivent dans le monde imaginé par les humanistes, dans la cité idéale conçue par les nouveaux architectes.  Lorsque l’ancien système féodal qui a longtemps dominé s’effrite dans toute l’Europe, avec des conséquences importantes dans tous les champs, lorsque l’activité marchande du Trecento se consolide, les banquiers riches et puissants vont jeter les bases des seigneuries à venir.

      

    Bodice worn by Marie de Medici, 1575-1600 Spain (worn in Paris), MFA Boston

     

     

      

    Ils feront décorer leurs maisons, encore sans meubles, avec des ornements divers, ils changeront aussi la forme des vêtements en particulier ceux des hommes : on met un pourpoint matelassé (zuparello) avec des manches amovibles, tailladées, pour laisser voir la chemise de dessous. En hiver on porte un manteau ou une casaque à manches fendues.

      

    Les femmes portaient pour les grandes occasions des robes à longue traîne. Cette “queue” indignait les prédicateurs et les législateurs qui voulaient la raccourcir. Saint Bernardin de Sienne estimait qu’elle faisait ressembler la femme a un animal “boueux l’hiver, poussiéreux l’été”.

      

    Il comparait cet appendice à un “balai de sorcière, un encensoir infernal”. Ceux qui contrevenaient aux lois somptuaires devaient payer de fortes amendes inscrites sur des registres appropriés.

     

     

    Dues dames florentines, Domenico Ghirlandaio

      

    Dues dames florentines dans la fresque “Le Mariage de la Vierge” de Domenico Ghirlandaio, XVe siècle,

    (Florence, Santa Maria Novella)

      

    Malgré la promulgation régulière de lois somptuaires contre les dépenses superflues, notamment celles de l’habillement, le luxe gardait un attrait irrésistible. Au même titre que les palais, les chevaux et les carrosses, le vêtement répondait au désir de briller en société.

      

    On rechercha donc des tissus précieux (au XVe siècle, la soie détrôna la laine, plus humble et usuelle, qui avait enrichi Florence au Moyen Âge) ; des tissus légers non ouvrés comme le taffetas, ou épais comme le velours, les brocards à fils d’or, les damas devinrent à la mode.

     

    La naissance de la Vierge, vers 1465, Fra Carnevale

      

    La naissance de la Vierge, vers 1465, Fra Carnevale,

    (New York, Metropolitan Museum)

     

    Portrait de jeune homme, vers 1495, école de Domenico Ghirlandaio

      

      

    Portrait de jeune homme, vers 1495, école de Domenico Ghirlandaio, (San Marino, California, The Huntington Library). L’homme est habillé avec une tunique rouge sans manches (giornea) et coiffé d’un bonnet (beretta) de couleur rouge intense.

      

    Plus tard, Léonard pressentit que les vêtements finiraient pour “épouser la forme du corps avec grâce et simplicité sans l’écraser sous des plis artificiels”. Comme auparavant, on appréciait alors la couleur (l’emploi de nouveaux colorants était récent). À Florence, on préférait le drap rosé.

    Cosme de Médicis se plaisait à répéter que “deux cannes de drap rosé” classaient l’homme de bien et rendaient le bourgeois guindé mais élégant. Ce n’est qu’au cours du XVIe siècle qui se répandit la vogue du noir ; lancée à l’origine à Venise, puis évoquant l’Espagne, elle dominait au siècle suivant.

     

     

    Joachim chassé du Temple, Domenico Ghirlandaio, Florence

      

    Groupe d’hommes dans la fresque

    “Joachim chassé du Temple” de Domenico Ghirlandaio, XVe siècle,

    (Florence, Santa Maria Novella)

      

      

    Les couturiers ne jouèrent-ils qu’un rôle modeste, presque marginal, et ne grevèrent que très peu les sommes engagées. Ils ne furent même pas représentés par un art indépendant. À la fin du XIIIe siècle, ils firent partie de l’art des fripiers, avec les liniers ; au XIVe siècle, ils s’associèrent aux teinturiers et aux tondeurs, puis, à nouveau, en 1415, on les retrouve avec les fripiers et les liniers. Leur métier n’acquit ses lettres de noblesse qu’au XVIe siècle, quand la mode requit des connaissances de coupe.

     

     

    Portrait d'un homme (Le Tailleur), vers 1570, Giovanni Battista Moroni

      

    Portrait d’un homme (Le Tailleur), vers 1570, Giovanni Battista Moroni, (Londres, National Gallery). Cette représentation sobre et bienveillante d’un tailleur à son travail demeure cependant unique en son genre.

      

    Le tailleur présente un tissu noir espagnol alors à la mode. Il porte un costume taillé dans un tissu rouge et chamois moins à la mode, rehaussé toutefois d’une fraise espagnole.

      

    Coiffures et couvre-chefs

      

    Sur la tête, les Florentins avaient jusqu’alors porté un “mazzocchio”, tortillon de bourre recouvert de tissu et une “foggia” qui retombait le long de la joue gauche sur l’épaule et se prolongeait par un “becchetto” qu’ils laissaient prendre jusqu’au sol ou se nouaient autour du cou.

    Au XVe siècle, on remplaça ce couvre-chef passé de mode par un bonnet conique relativement haut dont on relevait le bord arrière tout en le maintenant droit vers l’avant.

     

     

    Portrait de jeune homme, 1440-1442, Paolo Uccello

      

    Jeune homme dans la fresque “Recontre de Salomon et la reine de Saba” de Piero della Francesca, (Arezzo, San Francesco) ;

      

    Portrait de jeune homme, 1440-1442, Paolo Uccello,

    (Chambéry, Musée des Beaux-Arts)

     

     

    Chapeaux renaissance, Domenico Veneziano

      

    Détail de différentes formes de chapeau

    dans l’Adoration des Mages de Domenico Veneziano, 1439-41,

    (Berlin, Staatliche Museen)

      

    Au début du XIVe siècle, les hommes restaient généralement imberbes ; puis les “condottieri “ des grandes compagnies françaises et allemandes répandirent la vogue de la barbe. Au XVe siècle, les hommes se rasèrent à nouveau et se laissèrent pousser les cheveux ; vers la fin du siècle, la barbe réapparut, touffue et diversement taillée.

     

     

    Portrait d'un jeune homme, 1470-1480, Antonio del Pollaiolo

      

      

    Portrait d’un jeune homme, 1470-1480, Antonio del Pollaiolo,

    (Dublin, National Gallery of Ireland). Entre les peintres et les sculpteurs, la beauté masculine avait la même popularité que la beauté féminine.

      

    Très souvent les “garzoni” servaient de modèle et ses traits s’idéalisaient. Le jeune homme est présenté ici de profil, le regard fier et intense, le nez droit et la chevelure très fournie est couverte partiellement par un bonnet à la mode.

      

      

    Les femmes au XVe siècle s’inspiraient de la coiffure française : atours et bourrelets échafaudés en pyramides et maintenus par des petits arcs d’osier ou de paille. Souvent avec un rembourrage de faux cheveux qui arrondit le sommet de la tête, la coiffure est ornée de fins cordonnets d’or ou de perles, de rubans, de bandeaux, de voiles, de bijoux.

      

    La coiffure adoptera par la suite de formes plus sobres, divisant les cheveux en deux bandes lisses séparées au milieu du front, qu’enserre un bandeau orné de pierres précieuses. La couleur idéale qu’on cherche à donner aux cheveux naturels aussi bien qu’aux faux, c’est la couleur blonde.

      

      

    Comme le soleil avait la réputation de teindre en blond la chevelure, il y avait des dames qui, par le beau temps, restaient toute la journée en plein soleil ; de plus, on employait des mordants et des mixtures pour teindre les cheveux.

     

     

     

    Portrait de Simonetta Vespucci, 1485, Piero di Cosimo, Chantilly, Musée Condé

      

    Portrait de Simonetta Vespucci, 1485, Piero di Cosimo,

    (Chantilly, Musée Condé)

     

    Portrait de femme de profil, vers 1475, Antonio del Pollaiolo

      

      

    Portrait de femme de profil, vers 1475, Antonio del Pollaiolo, (Berlin, Gemäldegalerie). La femme de ce portrait à mi-corps, de profil sur un fond couleur bleu lapis-lazuli qui souligne la pureté de ses traits et contraste avec le tissu précieux.

      

    La coiffure est typique des dames florentines du XVe siècle.

     

    Amulet pendant, made in England,  1540-60 (source).

    Les bijoux

      

      

    Les accessoires et surtout les bijoux eurent eux aussi, leur importance. Les pierres précieuses et les perles, qui enrichissent les vêtements, présentent en outre l’avantage de pouvoir orner divers vêtements, de ne pas s’altérer ; enfin, elles constituent un capital. À Florence existaient plus de cent ateliers d’orfèvrerie registrés au début du XVe siècle. Les bijoux avaient une signification particulière pour les riches florentins. Sa beauté et sa valeur marchande étaient des symboles du prestige familial, ils jouent un rôle très important dans la concertation de mariages.

      

      

    Les femmes qui portent ces bijoux connaissent ses connotations ainsi que sa valeur symbolique. Dans le portrait de Giovanna degli Albizzi Tornabuoni, ses bijoux – un pendentif avec des perles, une broche et deux bagues – soulignent sa condition d’épouse du jeune Lorenzo Tornabuoni. Prêtés par la famille de l’époux le jour de ses fiançailles, Giovanna les a porté le jour de son mariage et pendant sa courte vie de jeune mariée.

      

    La tradition florentine voulait qu’à la mort de l’épouse (Giovanna, est décédée suite à l’accouchement de son deuxième enfant, deux ans seulement après son mariage), les bijoux reviennent à la famille.

      

    Dans le portrait posthume de Giovanna réalisé par Ghirlandaio, elle porte une robe (giornea) décorée avec une stylisée L de Lorenzo et le diamant, emblème des Tornabuoni.

     

     

    Giovanna degli Albizzi Tornabuoni, 1480-1490, Domenico Ghirlandaio

      

      

    Portrait de Giovanna degli Albizzi Tornabuoni, 1480-1490,

    Domenico Ghirlandaio, (Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza)

      

      

    Des bijoux plus modestes ornaient les jeunes filles, cadeaux de ses parents, avec de gemmes plus humbles comme le corail qui dans l’iconographie profane est invoqué comme signe de protection.

      

    Des jolis rangs de perles de corail entouraient les graciles cous ou bien de pendentifs en forme de camée ou de boucles d’oreilles. La “Jeune fille” peinte par l’atelier de Ghirlandaio (le maître était le peintre de la vie citadine florentine) arbore un collier de perles de corail et une perle-bouton, qui ferme le voile translucide qui couvre son décolleté.

     

     

    Portrait de jeune fille, vers 1490-1494, atelier de Domenico Ghirlandaio

      

    Portrait de jeune fille, vers 1490-1494, atelier de Domenico Ghirlandaio,

    (Lisbonne, Museu Calouste)

     

    Portrait de femme, vers 1470, Piero del Pollaiolo

      

      

    Portrait de femme, vers 1470, Piero del Pollaiolo, (New York, Metropolitan Museum). La femme porte au cou un collier de perles soutenant un pendentif d’une rare beauté, avec un ange en relief au-dessus d’un gros rubis. Un voile couvre ses oreilles, des perles et pierres précieuses rehausse délicatement les cheveux dorés tressés “en guêpier”.

    Le maquillage

    Les femmes raffinèrent l’art jamais négligé du maquillage.

      

    Dans le “Libro dell’arte” (vers 1390) Cennino Cennini enseigne la manière de se farder mais, précisait-il, “Cependant je te dirai que si tu veux conserver longtemps la figure avec sa propre couleur, ne te lave qu’avec l’eau de la fontaine, de puits ou de fleuve, et sois certain que toute autre eau manufacturée rend en fort peu de temps le visage flasque, les dents noires, et finalement les femmes vieillissent avant l’âge”.

      

    Elles aiment s’épiler (Boccace : les coiffeuses “épilaient les sourcils et le front des femmes, leur massaient les joues et leur embellissaient la peau du cou en en retirant certains poils”) ; toutes voulaient être blondes et se coiffaient avec beaucoup d’imagination ; certaines mettaient même de perruques.

      

      

    Dans le buste du XVe siècle “La belle florentine” du Louvre, la large touche de rouge sur les joues, ainsi que le rouge des lèvres, font ressortir son teint de porcelaine, qui souligne ses traits. Des ombres légères au menton, ainsi que sous la paupière inférieure. Sa coiffure entortillée des rubans soutient en même temps la masse de ses cheveux.

      

    La robe en tissu précieux, le bleu de sa chemise et de sa ceinture, donnent à l’ensemble une impression d’équilibre et de grâce suprêmes.

     

     

    La belle florentine, XVe siècle, Paris, musée du Louvre

    La belle florentine, XVe siècle, (Paris, musée du Louvre)

    Le langage des couleurs et des étoffes

      

      

    Dans la société de l’époque les couleurs des vêtements, les ors et les différentes étoffes représentaient des éléments taxinomiques permettant de distinguer avec précision le statut social et politique d’un individu au sein d’un groupe et d’un groupe dans la communauté. Même les gens les moins instruits savaient “lire” la signification des couleurs : il s’agissait là d’une faculté commune dans la vie quotidienne mais dépourvue de supports écrits au moins jusqu’au milieu du XVe siècle.

      

      

    Le langage des couleurs possédait une grammaire faite d’échanges, de combinaisons et d’associations ; ce langage servait, surtout à l’occasion des cérémonies publiques, à manifester l’accord ou le désaccord, à déclarer son amour ou à exprimer son aversion. L’œil expert de l’homme médiéval parvenait à déterminer la valeur d’un vêtement – par la présence de matières précieuses tels les fils d’or ou d’argent, les perles ou les broderies, mais aussi par le brillant et la résistance des couleurs – et surtout à classer les étoffes selon un ordre précis.

      

    Il reconnaissait les individus qui vivaient de la libéralité des seigneurs aux “chausses de la livrée”, c’est-à-dire aux couleurs choisies par le seigneur en question ; les teintes unies étaient obtenues par un procédé sophistiqué et caractérisaient des étoffes coûteuses.

      

    L’industrie de la teinture avait atteint un bon niveau et permettait de bénéficier d’une ample gamme de nuances, même si le goût de l’époque conseillait d’arborer, surtout lors de cérémonies, des vêtements aux couleurs tranchées, nettes et brillantes comme le vert, le rouge et le blanc.

     

     

    Le travail des teinturiers, miniature du XVe siècle, Londres, British Library

    Le travail des teinturiers, miniature du XVe siècle, (Londres, British Library)

    La couleur est un symbole et revêt en tant que tel une multitude de significations, parfois opposées. Il n’existait pas de couleurs franchement positives ou franchement négatives ; ce sont les combinaisons et les rapprochements qui en établissent le sens.

      

    Le jaune, qui passait dans l’Antiquité pour être la couleur la plus proche de la lumière divine, conserve cette valeur positive lorsqu’il est associé à l’or ; par contre le jaune et le vert ensemble expriment des idées comme la trahison, le désordre et la dégénérescence, voire la folie.

      

    Dès l’Antiquité au rouge correspondait la force, le courage, l’amour et la générosité, mais aussi l’orgueil, la cruauté et la colère, et ceci surtout à partir d’un certain moment en association avec le bleu.

      

    À la création de ce système contribuaient probablement les intérêts et les conflits économiques liés au commerce des produits employés en teinturerie. Le blanc, comme le noir, n’est pas considéré comme une couleur mais comme une somme de couleurs. Le blanc, du latin “candides” – d’où vient le mot “candidatus”, les candidats aux fonctions publiques s’habillant de blanc – devient synonyme de chasteté, d’honnêteté, de foi, de vérité, de bonheur, de joie, de victoire, de triomphe et de sincérité d’âme et de cœur. Les papes, les prêtres de l’Égypte antique, les vestales étaient vêtus de blanc.

    Piero della Francesca ; Francesco del Cossa

      

      

    Valets dans le cortège de la reine de Saba dans les fresques “Légende de la Croix” de Piero della Francesca, (Arezzo, San Francesco).

    Jeunes dans les fresques du palais Schifanoia,

    XVe siècle, Francesco del Cossa, (Ferrare)

     

     

     http://www.aparences.net/art-et-mecenat

    /renaissance-et-vie-privee/la-mode-du-xve-siecle/

     

     

     

     

     

     

     

     

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    dolce-and-gabbana-fw-2014-women-collection

     

     

     

     

     

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    L’escarpin masculin, à boucle… ou pas.

    Les gouaches de Lesueur, sous la Révolution, permettent de voir le décolleté progressif du soulier masculin. Ici, vers 1790, la boucle est positionnée très bas sur le soulier, qui n'est pas encore à proprement parler un escarpin

    Les gouaches de Lesueur, sous la Révolution, permettent de voir le décolleté progressif du soulier masculin. Ici, vers 1790, la boucle est positionnée très bas sur le soulier, qui n’est pas encore à proprement parler un escarpin

     

    L’escarpin n’est pas une chaussure féminine à haut talon.

      

    En français, l’analogie avec l’adjectif "escarpé", avec lequel il est pourtant sans lien étymologique direct, entretient cette méprise assez fréquente. L’escarpin est un soulier masculin plat et léger ne couvrant pas le cou de pied ; il est réalisé le plus souvent d’une pièce de cuir, et ne nécessite pas de système de fermeture : il s’enfile.

      

    Pouvant être ôté et remis très rapidement, commode et tenant au pied, il est plutôt une chaussure de travail et d’intérieur, pour les domestiques. Son nom vient de l’italien "scarpino", petit soulier, diminutif de scarpa, le soulier. Mais il prend également en français, semble-t-il dès le XIVe siècle, le nom de "pompe", peut-être par analogie avec le son qu’il produit en marchant ou parce que, très décolleté, il prend facilement l’eau.

      

    Il a donné en français le terme argotique pompe, et le terme anglais "pump", soulier décolleté de cérémonie, escarpin.

      

    La mode masculine, à la fin du XVIIIe s., voit le soulier se décolleter progressivement pour prendre peu ou prou la forme d’un escarpin. Mais il conserve encore, sous la Révolution et l’Empire, un système de fermeture (bouffette de rubans ou boucle) qui devient vers 1830 uniquement décoratif puisque l’escarpin, désormais très décolleté, peut aisément s’enfiler.

    L’escarpin demeure en France, durant le XIXe siècle, jusqu’en 1900 environ, le soulier de cérémonie. Outre-Manche, il conserve ce statut tout au long de la période victorienne puis edwardienne, et même jusqu’aujourd’hui, ainsi qu’aux Etats-Unis.

      

    Il est à boucle (décorative) ou bouffette, puis a partir du milieu du XIXe siècle jusqu’aujourd’hui à nœud de gros-grain sous le nom de "opera pumps", américanisé en "oprah pumps", ou "court shoe". Voici une galerie d’escarpins masculins, de la Révolution à nos jours.

     

     

    Escarpins à boucles portés par Louis XVI dans le tableau de Louis Hersent. Attention, c'est une oeuvre réalisée en 1817.

    Escarpins à boucles portés par Louis XVI dans le tableau de Louis Hersent. Attention, c’est une oeuvre réalisée en 1817.

    Souliers partiellement décolletés de l'empereur Napoléon, par David, en 1812

    Souliers partiellement décolletés de l’empereur Napoléon, par David, en 1812

    Escarpin à boucle (réplique) par Robert Land Historic Shoes

    Escarpin à boucle (réplique) par Robert Land Historic Shoes

    Escarpins masculins, vers 1830

    Escarpins masculins, vers 1830

    Napoléon III en tenue civile de gala, portant des escarpins, par Cabanel (1865)

    Napoléon III en tenue civile de gala, portant des escarpins, par Cabanel (1865)

    Oscar Wilde en escarpins

    Oscar Wilde en escarpins

    Escarpins à la cour du roi Edouard VII d'Angleterre, vers 1901. Le roi porte des escarpins à nœud de gros-grain, les autres dignitaire des escarpins à boucles, essentiellement décoratives et peut-être factices.

    Escarpins à la cour du roi Edouard VII d’Angleterre, vers 1901. Le roi porte des escarpins à nœud de gros-grain, les autres dignitaire des escarpins à boucles, essentiellement décoratives et peut-être factices.

    Georges V et les premiers ministres du Commonwealth en 1926

    Georges V et les premiers ministres du Commonwealth en 1926

    Le prince Charles consacrant l'usage de l'escarpin comme "formal shoe", en 2012

    Le prince Charles consacrant l’usage de l’escarpin comme "formal shoe", en 2012

    Escarpin masculin par Shipton and Heneage

    Escarpin masculin par Shipton and Heneage

     

     

     

     

     

     

    SOURCES : http://boucledechaussure.wordpress.com/category/general/

     

     

     

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    Origine

    Deux lectures s'opposent pour déterminer si le « costume » précède ou non

    l'« habillement » (entendu comme port de vêtements circonstanciés selon leur utilité).

    Une première approche considère que ce sont des motifs d'ordre essentiellement pratique qui ont conduit les premiers hommes à se vêtir : les grecs anciens et les chinois, par exemple, auraient ici prioritairement cherché à se protéger du climat.

    Une seconde analyse privilégie des raisons majoritairement psychologiques et symboliques. On la retrouve aussi bien dans des textes sacrés comme la Bible - où les costumes ont vocation à permettre le respect de la pudeur des individus - que dans les travaux d'anthropologues qui s'intéressent aux tabous et à la magie.

    L'exemple des tribus habitant la Terre de Feu, région située à l'extrême sud du continent américain et au climat subarctique, semble donner raison tant à la Bible qu'aux chercheurs modernes. Nomades, elles disposaient en effet d'habitations sommaires ne leur permettant pas de lutter facilement contre l'humidité. Pour cette raison, elles vivaient nues et couvertes d'huile et de graisse de phoque, ce qui leur permettait de sécher près du feu en quelques minutes seulement, alors que cela aurait nécessité beaucoup plus de temps pour des vêtements.

    Sans doute, les deux raisons évoquées ici ont eu autant d'importance et le costume a eu d'autres raisons qu'exclusivement utilitaires. Le désir de plaire n'a cependant dû intervenir qu'assez tardivement. Se vêtir, outre aux motivations strictement utilitaires, eut probablement avant tout des raisons d'ordre magique et religieux.

      

      

      

    Le costume durant la Préhistoire

    Les vêtements de cuir ou de fourrure ont probablement été les premiers à avoir été portés durant la Préhistoire. Dès le Paléolithique moyen, au Moustérien, le travail du cuir est attesté par les analyses tracéologiques des outils de pierre taillée.

    Au Paléolithique supérieur, des courants d'échange ont pu être mise en évidence pour le silex mais aussi pour l'ambre et les coquillages, témoignant du goût pour la parure. Au Solutréen (- 22 à - 17 000 ans BP), les premières aiguilles à chas en os témoignent de techniques de couture élaborées. L'habillement durant les périodes froides du Paléolithique supérieur était peut-être analogue à celui des Eskimos.

    Le climat constitue, de nouveau, un paramètre majeur dans la compréhension de l'histoire du costume. Les pays chauds et tempérés offrent ici un exemple singulier : n'étant pas confrontés à la nécessité de s'y protéger des intempéries, les hommes y furent en général plus ornés que vêtus. Il s'agissait alors de se prémunir d'influences maléfiques (raisons religieuses), de préciser le statut marital d'un individu ou sa tribu d'origine (raisons sociales), de séduire ou impressionner ses interlocuteurs (raisons symboliques). Si les peaux et pelleteries furent utilisées, ce fut sans doute davantage pour servir de cache-sexe que de protection. Ce pagne originel perdurera pendant des millénaires, en tissu par la suite. Les raisons magiques étaient parmi les plus importantes : porter certains attributs équivaut à invoquer un esprit ou une divinité, à s'identifier à un animal et à sa force, à faire écho à un symbole tel qu'un totem du clan.

    Très tôt, le costume a eu pour but d'exprimer et de manifester des sentiments : correspondant à une certaine puissance il sert à exprimer une certaine richesse. La puissance et la richesse se confondant, le costume indique la caste et la fortune, le rang social et l'autorité.

    Le tissage dut apparaître dans les zones tempérées sur le modèle de la vannerie à partir de matières végétales dès le Néolithique. Les tissus primitifs étaient de très petite dimension. Des bandes étroites étaient cousues ensemble pour constituer un vêtement. Au fur et à mesure que les métiers à tisser se perfectionneront, les pièces de tissus deviendront plus grandes.

    La peinture corporelle (comme chez les aborigènes australiens) devait tenir une part importante du costume en tant qu'ornementation. On sait que l'ocre rouge fut très utilisée durant pratiquement tout le Paléolithique où elle est aussi universelle qu'omniprésente (la terre rouge est présente dans la plupart des sépultures), un peu moins au Néolithique. Les couleurs utilisées qu'on a pu identifier à partir de l'Aurignacien sont le jaune, le rouge et le mauve qui apparaissent aussi bien en Afrique du nord qu'en Europe septentrionale. Les colorants utilisés pour les teintures à partir du Néolithique étaient principalement d'origine végétale : les bleus étaient obtenus à partir de l'aulne ou du sureau, les mauves des myrtilles, le jaune du réséda. Les « terres » servaient pour les ocres.

      

      

    Origine des archétypes

    Le premier type de vêtement primitif tissé est le « drapé », quasi universellement considéré celui des autochtones, par rapport au vêtement « confectionné », considéré un apport des envahisseurs. Ce sont là deux principes opposés du vêtement de tous les temps.

      

      

    Régions des plaines

    Il s'agit des régions intérieures d'altitude basse ou faible de la Mésopotamie, la péninsule Arabique, la Palestine et la Syrie. Le costume des civilisations pré-aryennes les plus anciennes de l'Asie mineure est sans conteste celui de Sumer et d'Akkad et fut porté avant le IIIe millénaire du golfe Persique à la Méditerranée. Il s'agissait d'un pagne destiné à couvrir les hanches et tombant à mi-jambe, d'abord en peau retournée puis en tissus.

    Le pagne-jupon en kaunakès des sumériens, en fourrure ou en tissus à mèches (pour rappeler la fourrure originelle) est un costume masculin, sans doute celui des prêtres ; il est figuré sur de nombreuses statuettes. Les hommes portent un châle en jupon, dont un pan est ramené sur l'épaule.

    Les femmes portent une tunique à manches courtes et par-dessus également un châle drapé en forme de robe dont les franges (unies puis à glands) retombent en suivant l'enroulement autour du corps. Ce châle se retrouve dans le sari indien ultérieurement et jusqu'à nos jours. Elles portent également un manteau en kaunakès. Elles sont coiffées en chignon ; quelques statuettes donnent l'impression que certaines portent des coiffures postiches.

    Les peaux continuent à être portées par les deux sexes.

    Les Akkadiens, peuple sémite différent des Sumériens et ne parlant pas la même langue, adoptent cependant entièrement le costume primitif sumérien qu'ils enrichissent et tendent à emphatiser. Dans son ensemble, le costume assyro-babylonien connait une évolution (les étoffes sont richement décorées et colorées) mais ne sera pas essentiellement différent. Les coiffures masculines sont cependant plus élaborées, les cheveux sont portés longs et frisés au fer ainsi que la barbe en ondes régulières. Le goût de la parure est manifeste, les bijoux, nombreux, s'alourdissent, pendants d'oreilles, colliers à plusieurs rangs composés d'amulettes, sont portés par les deux sexes. Hommes comme femmes sont communément chaussés de sandales laissant le dessus du pied découvert, lacé à la cheville, le gros orteil passant dans un anneau. La chaussure fermée fait son apparition, introduite par les populations des montagnes.

    Vers -1 200, une loi assyrienne ordonne aux femmes mariées de sortir voilées.

    Au IIIe millénaire, la suprématie de la civilisation sumérienne formée depuis plusieurs siècles déjà voit rayonner sa culture et son mode vestimentaire jusqu'en Asie mineure et en Syrie, face à Chypre, et de là dans les Cyclades. Plus au sud jusqu'à Byblos, l'influence vestimentaire sumérienne est attestée.

      

      

      

      

    Régions côtières

    D'altitude variable, il s'agit essentiellement des régions de la Méditerranée orientale et des bords de la mer Noire, mais d'autres aussi. Ce n'est qu'à partir de l'invasion dorienne et des migrations qu'elle provoque que les colonies ioniennes forment un groupe puissant et homogène. Le costume des populations côtières de la mer Noire jusqu'à l'Oronte semble au départ ne pas avoir été très différent du costume sumérien dans sa variante montagnarde apportée par les Hittites telles que les « manches longues » des pasteurs.

    De - 1 300 à - 1 700, le bloc culturel que forment Troie, la Phrygie et la Carie, bien que portant un habillement propre aux grecs, adopte largement les usages vestimentaires orientaux originaires de Mésopotamie. Cette adoption et ce mélange était facilité par la plus grande liberté des femmes d'Asie. Les ioniennes partagent la vie des hommes et prennent leur repas avec eux. Celles-ci ne sont pas voilées, et celles des classes aisées portent des tuniques d'étoffe de chanvre rose et transparente, brodée d'or. La coûteuse pourpre est très recherchée au point que les phéniciens iront chercher plus à l'ouest et au de-là des colonnes d'Hercule la précieuse teinture dont ils ne parviennent plus à satisfaire la demande. C'est en Ionie que les grecs prennent l'habitude de « plisser » les vêtements. Indubitablement, la mode ionienne fut somptueuse, indice d'une société connaissant une certaine opulence.

    Les hommes portent la tunique courte de lin. Celle-ci est un « sous-vêtement », fermé sur un côté par une couture. Les Phéniciens propagèrent dans leur sillage toutes les modes et de toutes les influences rencontrées ; ce fut eux qui transmirent cette tunique, dont ils furent vraisemblablement les inventeurs, aux Cariens. Elle a été portée à l'époque dans toute l'Asie Mineure. Elle peut être longue pour le fêtes : c'est le « khiton » des grecs, repris de « kitoneh », mot sémite désignant le lin en araméen. Homère put donc parler des Ioniens « traînant leur tunique ». Les femmes portaient également cette tunique dans sa version longue, s'agrafant d'un côté par une fibule, guère différente de celle que portaient encore communément les femmes berbères dans la première moitié du XXe siècle.

    Durant le IIIe millénaire, le costume de ces populations se rattache à celui de Sumer et à son grand châle drapé. Il perdure jusqu'au Ier millénaire et le manteau des Israélites en est une variante. En Syrie et surtout en Phénicie, il est bigarré de couleurs bleues et rouges, décoré de fleurs et de rosaces. À partir du IIe millénaire, le jupon-pagne s'inspire du costume égéen, mais également du shenti égyptien, sorte de cache-sexe croisé et relevé sur le devant. Le premier, brodé de fils multicolores, descend jusqu'aux genoux et est drapé aux hanches formant ceinture, le second est de léger tissu blanc. La coiffure masculine est le turban mésopotamien ou la calotte sumérienne.

    Le vêtement féminin par excellence reste durant deux millénaires le grand châle drapé, ample et plissé à l'égyptienne. Les femmes portent une coiffe, sorte de tiare cylindrique d'où part un long voile enveloppant réservé aux femmes mariées. Cependant, aux alentours de -1 400 à -1 200, elles semblent porter un vêtement inspiré du costume crétois. On sait que les Crétois s'installaient en Syrie pour commercer, conservaient et propageaient les modes égéennes. Cette époque coïncide avec l'apogée de la civilisation crétoise et ses modes sont portées tant dans les Cyclades qu'à Chypre. Elles furent adoptées sans réserve par les Phéniciennes, s'habillant comme les élégantes de Cnossos.

    Leur costume est assez conservateur, sans doute à cause de leurs pérégrinations qui fait se maintenir plus longtemps leur costume dérivé du châle sumérien. La Bible donne peu de détails à ce sujet et on n'a pas de renseignements sur leur costume à la période de l'entrée en Canaan. Leur religion interdisant toute représentation humaine, c'est davantage l'iconographie des peuples qu'ils ont côtoyés et qui les ont représentés qui renseigne. À la fin de l'âge du bronze, (correspondant aux XVIIIe et XIXe dynastie du Nouvel Empire égyptien), ils portent toutefois le grand châle enroulé plusieurs fois autour du corps et retenu par une ceinture, nouveauté introduite en Mésopotamie par les hittites, formant pèlerine sur les épaules.

    Les femmes, vers -700 à -680, portent la tunique unie et longue et un long voile les enveloppant jusqu'aux pieds. Il semble cependant qu'elles aient eu la tête nue et le visage découvert, avec un ruban dans les cheveux. Ainsi apparaissent-elles sur les bas-reliefs de la prise de Lakish par Sennacherib. Ceci contraste avec ce qu'en dit plus tard Tertullien au IIIe siècle à Carthage où il exhorte les chrétiennes à sortir voilées comme les juives.

    Le Deutéronome assigne un genre aux vêtements : il interdit sévèrement aux femmes les vêtements masculins et réciproquement. La Torah prohibe de son côté le plissé transparent égyptien et fulmine les modes efféminées égyptiennes. Marc-Alain Descamps synthétise la façon dont les costumes ont toujours traduits historiquement le sexe des individus : « Tous les peuples de toutes les époques ont utilisé le vêtement pour indiquer le sexe de celui qui le porte. Les costumes masculins et féminins sont toujours et partout différents, mais la différence peut porter sur l’ensemble ou sur un détail. Encore faut-il savoir que ce qui peut paraître un détail pour des étrangers peut constituer l’essentiel à l’intérieur du groupe. C’est ainsi que dans l’antiquité les Grecs et les Romains portaient tous des toges, mais le plissé n’était pas le même pour les hommes et les femmes (ni les tissus, les couleurs, les formes et les noms). Et il en est encore de même pour les costumes musulmans traditionnels. Le plus important est dans l’intention du groupe humain qui peut vouloir insister sur la différence ou la minimiser. Mais il en reste toujours au moins une. La mode de l’unisexe n’a jamais pu réussir à s’établir et même dans l’unisexe les vêtements des femmes ont toujours les boutonnières à gauche et ceux des hommes à droite. Avec l’uniformisation des rôles masculins et féminins dans nos sociétés, les différences, qui étaient maximales en 1900, ont tendance à se restreindre et les femmes ont pu accéder au droit de porter des pantalons (différents, il est vrai, de ceux des hommes)[1]. »

    Certaines prescriptions bibliques en matière vestimentaire recommandent les franges et un cordon bleu aux pans des vêtements. Les juifs adoptent cependant le costume grec, portant le khiton et l'himation, mais avec des pompons aux angles, mode qui se répand ailleurs.

      

      

    Régions montagneuses

    Il s'agit des régions de montagne ou des hauts plateaux que sont l'Anatolie, la Cappadoce, l'Arménie, le Caucase, la Perse, (l'Iran) le Turkestan,l'Afghanistan et le Baloutchistan.

    Là, vers le début de IIe millénaire, les peuples des steppes poussent devant eux d'autres peuples autochtones et semi-nomades qui s'installent dans les vallées, principalement en Mésopotamie et en Chaldée, par vagues successives. Un empire Hyksôs se forme, dominé par une aristocratie Mitannienne, de Babylone à Tyr, englobant l'Égypte, et qui va durer plus d'un siècle et demi.

    C'est vers cette période, vers la moitié du second millénaire, que l'on voit pour la première fois apparaître dans cette population constituée par le métissage des envahisseurs et des envahis, le « costume confectionné », dont les prototypes ont été introduits par les populations venues des montagnes. En étoffe coupée et cousue, il est composé d'une tunique à manches.

    Il semble qu'en réalité la tunique ait été apportée dans ces montagnes par les caravanes de Sumer, adoptée et perfectionnée par les populations autochtones. Celles-ci, contraintes de s'habiller chaudement, la portèrent par-dessus le jupon sumérien. Enveloppant tout le corps et adaptée au climat des plateaux d'Asie centrale balayés par les vents, elle sera le vêtement porté par les Mèdes. Cette tunique est fermée sur le devant, courte pour les hommes et longue pour les femmes. Elle est figurée adhérente sur la statuaire ; en réalité elle était portée large. Le grand châle sumérien était porté par dessus durant la saison froide, servant de manteau, comme aux temps plus anciens de Ur et de Mari, garni d'un bourrelet.

    Les femmes semblent avoir porté cette robe-tunique soit tombant droit sur les pieds, avec des manches très courtes, ou traînante avec des manches évasées arrivant au poignet. Il semble qu'une jupe de tissu très fin et à plis ait été portée à la saison chaude. Le « serapis » de l'époque gréco-persane semble en être ultérieurement dérivé. Les Grecs d'Asie mineure avaient emprunté cette longue tunique fine, ample et plissée aux Lydiens.

    Chez les Perses, la tunique sera adaptée à une vie sédentaire, aux fastes de la Cour ainsi qu'au climat très chaud, lui donnant plus d'ampleur, les manches ouvertes et pendantes. C'est le caftan, la « candys ».

    Un autre apport majeur est également l'héritage des populations montagnardes, les chaussures caractéristiques à bout recourbé, en cuir, avec un talon.

    Les coiffures consistent en bonnets de feutre. Au premier millénaire, les Hittites des deux sexes portaient ce haut bonnet cylindrique sur calotte arrondie ou conique parent du bonnet phrygien, auquel les femmes ajoutaient un voile au sommet qu'elles pouvaient ramener sur le visage. Ce bonnet conique semble avoir été en usage chez les populations non suméro-akkadiennes.

    Les cheveux, et la barbe pour les hommes, sont frisés, recouverts chez les Perses par un bonnet rond, avec des bandelettes pendant de chaque côté servant également de mentonnière. Les rois portent la tiare, semblable à l'actuel bonnet des popes, ou une couronne crénelée. La tresse, sortant de la tiare semble avoir été d'usage rituel avant de devenir une mode, est à rapprocher de la mèche postiche en usage chez les enfants en Égypte, et à celle réelle, des enfants grecs, ainsi qu'aux accroche-cœurs rituels des crétoises.

      

      

    La steppe

    Les peuples venus des steppes, Huns, Scythes, Alains et Sarmates ont porté l'habillement de cuir et de peaux typique des cavaliers : la tunique, le « pantalon long », généralement des « bottes » servant de « jambières », et la toque de fourrure ou de feutre. Ces peuples ont exercé une influence considérable sur ceux avec lesquels ils sont entrés en contact et qui portaient généralement une robe. Il s'agit là d'un costume de chasse et de guerre. Dans l'iconographie, les Scythes par exemple sont toujours vus avec les cheveux longs et de longues moustaches. Polybe, en -179, a signalé leurs cottes de mailles et leurs casques coniques, et Ammien Marcellin au IVe siècle de notre ère rapporte que ce type de costume était toujours de mise chez ces peuples. Il les décrit portant une casaque de peaux de rats cousues ensemble sur une tunique de lin, la tête couverte d'un casque ou d'un bonnet rejeté en arrière et des peaux de bouc autour de leurs jambes. Leurs chaussures, sans forme, faites pour monter à cheval, ne leur permettaient pas de marcher.

    Leurs parures consistaient en plaques de métal, gravées ou ornées en « repoussé », cousues sur les vêtements par des fils passant dans de petits trous prévus à cet effet. On pense que ce type d'ornement est à l'origine des décorations cousues sur les étoffes, les « appliques ».

      

      

    Le costume du monde antique

    Article détaillé : Costume du monde antique.

      

    L'Égypte

    Article détaillé : Costume dans l'Égypte antique.

    Le costume égyptien est aussi bien drapé (Haïk) que cousu-fermé (Kalasiris - ou tunique à manches, par exemple). Synthèse des propos de F. Boucher et J-N. Vigouroux Loridon.

      

      

    La Crète

    Article détaillé : Costume de la Crète antique.

    Le costume des femmes est le seul, dans les pays de Méditerranée, à être coupé et cousu. Il se compose d'un corsage serré à la taille, faisant parfois ressortir les seins, et d'une jupe bouffante. Les hommes portent des pagnes superposés.

      

      

    Le costume classique dans le monde méditerranéen

    Le costume des Romains est pour l'essentiel le même que celui des Grecs auxquels il est emprunté, sans grandes différences - seuls changent les noms des pièces du costumes. Les latins adoptent en outre certaines habitudes vestimentaires là où ils s'installent dans l'empire, comme le « capuchon » et les braies » des Gaulois (bandes de peau ou d'étoffe enroulées autour des jambes).

    • Le costume grec

    Le costume féminin par excellence est le « péplos », vêtement de dessus porté sur le « chiton » (ou khiton) qui est un vêtement de dessous, court la plupart du temps mais pouvant également être porté long, rectangle de toile, généralement de laine, cousu sur un côté et maintenu sur les épaules par des fibules. Le péplos est au contraire un vaste rectangle « non-cousu » mais drapé, maintenu également sur les épaules par des fibules ou des boutons et par une ceinture à la taille. Il peut comporter un repli simple ou double, tant devant que derrière, selon la façon de le draper. Sans ceinture ni boutons ou fibules, il sert alors de manteau. Il existe cependant un manteau utilisé par les deux sexes appelé « himation », autre rectangle d'étoffe drapée.

    Le chiton masculin est le même que celui des femmes. Il sert également de vêtement de dessous mais est porté plus court que celui des femmes, s'arrêtant aux genoux. Quand il n'est rattaché que sur une épaule à l'aide d'une fibule, il constitue le vêtement de travail ; on l'appelle alors l’exomide. Ce fut le vêtement de base des Doriens. Les hommes jeunes, les guerriers, le portent très court. Les anciens, les rois, les aèdes, les philosophes le portèrent long ; ce fut alors la « tunique talaire » ou « chiton talaire » ou encore poderis.

    La « chlamyde » est un manteau porté exclusivement par les hommes, rectangle d'environ 2 m. sur 1 m, attaché par une fibule sous le menton et formant une sorte de capuche par derrière pouvant être rabattue sur la tête. Originaire de Thessalie, elle est portée principalement par les cavaliers. La jeunesse, les philosophes portèrent souvent le seul himation sans chiton.

    Pour obtenir le fameux plissé et le gaufrage, on plissait à l'ongle le lin ou on le trempait dans un empois ou amidon pour le tordre ensuite en le laissant sécher et blanchir au soleil.

    La sandale (crepida »), fut commune aux deux sexes. Les « cothurnes » furent les chaussures des acteurs, et les « endromides » des bottines lacées sur le devant.

    Les coiffures des femmes furent les deux bandeaux ramenés en chignon sur la nuque maintenu par un ruban, le « tœnia » ; ce type de coiffure est quelques fois surmontée d'un diadème. La chevelure est parfois enserrée dans un foulard. La « kalyptra » est le voile qui se porte à la campagne et qui est souvent surmonté d'un chapeau de paille, le « tholicu », coiffure qu'on trouve par exemple sur les statuettes de Tanagra. Les hommes portent un chapeau de feutre ou de paille, le « pétasos », à la campagne. Ordinairement leurs cheveux sont maintenus par une lanière de cuir laissant les mèches s'échapper.

    • Le costume romain
    Article détaillé : Costume de la Rome antique.

    La toge est la pièce centrale du costume romain.

      

      

      

    Les apports extérieurs

    Les provinces de l'Empire romain fournissent des empereurs et la mode romaine change sous leur influence : elle intègre des pièces de vêtements étrangères au monde latin. Ainsi, l'empereur Caracalla (168217) popularise le port du manteau gaulois d'où il tire son surnom.

    À partir du milieu du IIIe siècle, le costume romain se « barbarise » progressivement en raison du rôle croissant que jouent notamment les Germains dans l'armée.

      

      

    Le costume byzantin

    En 552, deux moines byzantins de l'ordre de Saint Basile rapportent des cocons de « bombyx » et font découvrir la soie ce qui va « révolutionner » le vêtement. L'étoffe est si onéreuse que l'ampleur des vêtements s'en trouve réduite ce qui favorise l'apparition d'ornements (incrustation de pierres précieuses, motif)[2].

    Le costume byzantin se compose typiquement d'un manteau à coupe arrondie tissé d'or, porté sur une tunique courte serrée par une ceinture souvent très ornée et des braies » moulantes (anaxyrides »).

    Un morceau d'étoffe (tablion ») peut se draper sur les épaules par dessus la tunique.

    Pour les femmes, les manches de la tunique sont collantes et elle se porte sous une autre tunique richement ornée et tombante jusqu'au pied (byzantine »). Un voile pend dans le dos et ombrage la tête des femmes dont les cheveux sont souvent décorés de bijoux.

    Les chaussures sont en cuir souple ; celles des dignitaires sont noires, celles de l'empereur pourpre et ornées de pierres précieuses.

      

      

      

    Le costume en Europe de la chute de l'Empire romain jusqu'au XIIe siècle

    L'étude du mobilier funéraire de la tombe de Childéric, inventorié à Tournai en Belgique, le 27 mai 1653, apporte les premières indications sur le costume d'un roi franc au Ve siècle : l'anneau sigillaire du roi représente ce dernier vêtu d'un manteau (qui devait être de pourpre et brodé d'abeilles d'or, certaines ayant été retrouvées) et d'une cuirasse, attributs d'un officier romain. Sa tête est nue et ses cheveux sont longs : ce sont là les attributs de la noblesse franque. Enfin, la plupart des bijoux cloisonnés révèlent l'influence de l'orfèvrerie des steppes, importée en Europe par les Germains orientaux. Le costume de Childéric indique donc bien la double influence qui modèle le haut Moyen Âge : il est à la fois d'inspiration romaine et barbare.

    L'iconographie permet de préciser pour les rois mérovingiens qu'ils portaient la tunique (plus longue qu'à Rome), la toge et la chlamyde, ainsi qu'un manteau long ouvert sur le devant, d'origine gauloise ou germanique.

    La « Vie » de Charlemagne écrite par Éginhard contient une description du costume du roi :

    « Il portait le costume national des Francs : sur le corps, une chemise et un caleçon de toile de lin ; par-dessus, une tunique bordée de soie et une culotte ; des bandelettes autour des jambes et des pieds ; un gilet en peau de loutre ou de rat lui protégeait en hiver les épaules et la poitrine ; il s'enveloppait d'une saie bleue […] il dédaignait les costumes des autres nations, même les plus beaux, et, quelles que fussent les circonstances, se refusait à les mettre. Il ne fit d'exception qu'à Rome où, une première fois à la demande du pape Hadrien et une seconde fois sur les instances de son successeur Léon, il revêtit la longue tunique et la chlamyde et chaussa des souliers à la mode romaine. »

    Les « invasions barbares » (vocabulaire dépassé ! on parle de migration germanique) apportent les casques à cornes (source?), mais les braies sont portées par les Celtes et les Gaulois depuis la civilisation de la Tène de même que les tuniques ajustées (donc des étoffes taillées) et même la cotte de mailles[2].

    Les Mérovingiens et les Carolingiens portent une tunique courte et pratique pour le cheval, la « gonelle » (ou « gonne ») ; même si les costumes longs existent toujours. La ceinture est un élément important car les vêtements n'ont pas de poches et elles servent donc à suspendre une « aumônière » qui contient argent, ciseaux, etc.[2] Il existe peu de différences entre le costume féminin et le costume masculin.

    La « chainse », ancêtre de la chemise, est une longue tunique de lin dont les manches sont étroites, serrées et souvent plus ornées à la manche gauche qu'à la manche droite dont le port est attesté au moins depuis la civilisation de Hallstatt. Sur la « chainse » se porte le « bliaud », une robe courte à manches longues et traînantes[2].

    Les croisés découvrent et ramènent de nouvelles teintures, étoffes et pelisses de fourrure[2].

    Pendant le bas Moyen Âge, le costume masculin ne fait pas novation. Il consiste en une tunique de lin blanc à manches longues et adhérentes aux poignets (« cotte ») portée sous le « surcot » (tunique ornée longue jusqu'à la mi-jambe). Le « surcot » est maintenu à la taille ou sur les hanches par une ceinture brodée. Sous le surcot, de longues chausses ou des braies allant jusqu'au genou complètent la tenue. Les chaussures sont de petites chausses à semelle de liège ou des petites bottes. Pour sortir s'ajoute un manteau rectangulaire ou arrondi.

    Les cheveux longs sont la prérogative des hommes de haut rang. Les couvre-chefs sont des « calottes » ou des capuchons.

    Pour les femmes, le « surcot » descend jusqu'aux pieds et un pan du manteau couvre la tête. Si le « surcot » est échancré sur la taille, les deux échancrures sont appelées « portes de l'enfer ».

     

     

      

    Le costume du XIIe au XIVe siècle en Europe

    Jusqu'au XIVe siècle, le vêtement occidental subit peu d'évolution : il est ample, long, drapé et ne présente pas de caractères géographiques ou sociaux définis[3].

    Le bien-être s'accroit, de nouvelles marchandises sont disponibles et même si les gens du peuple ne portent encore les mêmes vêtements, le costume évolue au moins dans son ornement et dans la qualité des étoffes.

    Les hommes et les femmes portent indifféremment la robe. Elle est plutôt courte pour les hommes sauf pour les moines.

    Les chaussures à pointe effilée sont dites « à la poulaine ».

    C'est à partir de la moitié du XIVe siècle que commencent à se différencier le costume de l'homme et de la femme.

    Chez l'homme, une tunique serrée se porte une chemise sous un pourpoint et des chausses collantes ainsi qu'un manteau ouvert sur le devant qui s'enfile par la tête.[Quoi ?]

    La femme porte aussi des chausses et une robe constituée d'une jupe et d'un corsage. Les manches de ce dernier sont si ajustées au poignet qu'elles doivent être recousues après chaque enfilage.

    Les deux sexes portent une tunique serrée en sous-vêtement à même la peau.

    La pointe des chaussures s'allonge de plus en plus au point d'entraver parfois la marche.

    Chez les gens du peuple, l'homme porte une blouse, des chausses et des « braies » enfilés dans les bottes. La femme porte une chemise, une tunique longue, des chausses et un manteau à capuche.

     

    Le costume du XIVe au XVIe siècle en Europe

     

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    Du milieu du XIVe jusqu’au milieu du XVIIe siècle, le costume n'a pas seulement un rôle d'habillement mais il est là aussi pour transformer l'aspect extérieur au moyen d'artifices. D'ailleurs, le costume de cour se compliquera avec le temps (voir les costumes de la Renaissance).

    De plus, il se diversifie en fonction des régions.

    Les costumes pour les deux sexes sont ajustés, boutonnés ou lacés. Les chapeaux deviennent extravagants amorçant le futur hennin chez la femme.

    Les guerres italiennes font aussi découvrir le costume Renaissance et cette mode italienne va surtout influencer les matières et les ornements. Cette tendance gagne toute l'Europe amenant de nouvelles modes : lignes souples, décolletés épanouis, manches larges, et pour les hommes le chapeau plat à plumes.

    À la suite de la bataille de Pavie, c'est l'Espagne qui impose ses influences sobres et strictes.

    Au XVe siècle, l'industrie du textile est en plein essor, notamment en Italie.

    Au XVIe siècle, apparaissent les premiers journaux de mode et les « poupée de France », des figurines habillés que s'échangent les dames pour connaître la mode.

     

      

    Le costume masculin

    L'homme porte un pourpoint court, moulant avec un col haut. À sa taille, il est maintenu par une ceinture. Il porte en dessous une chemise à manches longues et des « braies » courtes. Les manches du pourpoint sont fendues au niveau de l'avant-bras ce qui permet de montrer les vêtements de dessous (« mode des crevées ») aux manches larges et bouffantes. Les épaules, la poitrine et le dos sont rembourrés. Sur le devant il arbore des broderies.

    Le « pourpoint » est parfois garni d'une panse proéminente factice, le « panseron ».

    Généralement, les jambes ne sont couvertes que de collants rudimentaire consistant en la réunion des hauts-de-chausses par une braguette souvent proéminente car servant de poche. Le tout complété par des bas en tricot de soie.

    Par dessus, l'homme porte, soit une longue cape fourrée à manches longues ou traînantes nommée « houppelande », soit une chasuble cousue avec des fentes appelées « pertuis ».

    Ils ont les cheveux courts à cause des hauts cols. Ils portent sur leur tête des toques d'où pend souvent une écharpe ou des chaperons (ce sont des capuchons avec une pèlerine avec une longue cornette).

    En général, le costume masculin est modeste et il n’a pas de dessin, mais les hommes coquets aiment les vestes voyantes. Chaque couleur a une signification différente. Par exemple, le bleu signifie la sincérité, le rouge l'agressivité, le noir la mort.

      

      

      

    Le costume féminin au XVe siècle

    La femme porte des robes longues, moulantes, plutôt décolletées, tombant jusqu'au sol et dont la ceinture remonte haut sous les seins.

    Le corsage est échancré. Les femmes doivent porter ce que l'on appelle le « tassel », qui cache la chemise intime. Sur ces robes, au niveau des poignets, elles portaient des « bombardes », qui sont des volants retombant sur les mains. Ces « bombardes » sont parfois remplacées par des « tippets », qui sont de longues bandes décoratives.

    Sur la robe, sont également voyantes des fentes pour y glisser les mains et parfois un des cols dressé derrière la tête « à la Médicis » (« fraise »).

    Par dessus, la femme revêt un surcot fait de brocart bordé de fourrure. Ce surcot deviendra un vêtement majeur dans les tenues officielles.

    La coiffure se porte en arrière pour dégager le front. Le front est rehaussé par une épilation des sourcils afin de mettre en valeur le visage. Les cheveux sont redescendus sur les tempes par deux chignons sur lesquels est posée une résille. Sur cette dernière, est posé un voile nommé la « huve » ou le « hennin ». Pour sortir, la femme se couvre d'un voile ou d'une coiffe. Seules les servantes vont tête nue. La coiffe se porte en arrière.

      

      

    Les chaussures

    Les hommes de la Cour portent des souliers « à pied d'ours » ou « bec de canard » qui sont des souliers très ouverts à large bout carré dont le bout pouvait atteindre 15 cm de large. Ils se fixent sur le cou-de-pied avec une lanière.

    Les élégantes italiennes portaient d'étranges souliers rehaussés par de très hauts patins, les « chopines ». Le haut socle placé sous la plante du pied pouvait atteindre cinquante deux centimètres et il ne permettait pas à celles qui les portaient de marcher seules, elles devaient obligatoirement s'appuyer sur les épaules de deux servantes se tenant de chaque côté d'elles. Ces « chopines » ne seront pas adoptées en France et furent interdites très rapidement en Italie, car jugées inesthétiques et peu commodes.

    D'Italie toujours, avait été imposée une autre mode adoptée en France dès le début du XVIe siècle : la « pantoufle ». Du terme d'origine italienne « pantofla » désignant un objet en liège ; presque sans quartier (côté arrière), elle constituait un nouvel élément de confort. Sa légèreté, sa facilité d'usage en faisait une excellente chaussure d'appartement, surtout utilisée par les femmes.

    La mode des « crevés », alors en plein essor pour le costume, descendit jusqu'au soulier, souvent en satin ou en velours. Ces chaussures portaient le nom « d'escafignons », dits aussi « eschapfins » qui vient d'Italie sous le nom de « scapa », mot qui désigne toujours de nos jours en Italie les chaussures. Les escafignons, donc, étaient tailladés sur l'empeigne (le devant) pour laisser voir à travers les crevés, le tissu précieux des bas blancs ou de couleurs.

    Les bottes en cuir ou en daim se portaient toujours tandis que les élégantes bottines d'étoffes tailladées (crevées) étaient utilisées à la Cour par les seigneurs. Elles ne dépassaient pas, en hauteur, le milieu de la jambe.

    Le peuple, lui, se chaussait toujours de sabots de bois très rustiques ou de galoches (du latin « gallica ») maintenues par des brides, souliers à semelle de bois dont la partie supérieure est en cuir. Il se chaussait également d'estivaux qui sont des bottines en cuir souple et léger. Le terme « estivaux » vient du bas latin « aestivaleus », relatif à l'été : il s'agit donc bien d'un soulier léger porté en été.

    Les paysans portaient des « houses » qui sont des guêtres de cuir fendues d'un bout à l'autre fermées avec des boucles et courroies, ce qui était si long et difficile que Rabelais les appelait « bottes de patience ». Ils portaient aussi des sandales qui sont faites en cuir, en bois ou en corde, des « bottes » qui sont en fait des chaussures légères et commodes qui ressemblent à s'y méprendre à nos pantoufles d'aujourd'hui.

      

      

      

    Dans les grands pays d'Europe en bref

    • En Espagne : l'Espagne, au XVIe siècle est une grande puissance européenne, forte de ses découvertes prodigieuse en Amérique. L'or, l'argent et les perles affluent sur les vêtements devenant de plus en plus extravagant. Une série de lois voit alors le jour vers 1500, limitant les excès. La mode espagnole, très influente, est portée par Charles Quint grand roi d'Espagne.

    Cette mode est sobre et dans la plupart des cas, de couleur noire. Les femmes portent des robes en pyramide à col montant et aux épaules rembourrées. Les hommes portent l'épée au côté.

    • En Castille, la reine Jeanne de Portugal, alors enceinte, tente de cacher sa grossesse et lance la mode des jupes armées de cercles de jonc vert, le « verdugo » qui deviendra le « vertugadin » en France. Il peut avoir une forme de cloche ou de tonneau.
    • Le costume français est rapidement touché par la mode espagnole qui se veut sobre, simple, et de couleur généralement noire. La « ropa » vêtement traditionnel d'Espagne fait fureur chez les nobles français. La mode des « crevés » originaire d'Allemagne, et qui consiste à rapiécer de petites étoffes de tissu sur le vêtement touche aussi la France. On peut aussi noter que, suite aux exigences de François Ier, la cour masculine se voit dans l'obligation de se couper les cheveux courts.
    • En Italie, la mode peu touchée par la période gothique est influencée par l'Espagne et la mode des « crevés ». Malgré le noir, elle garde des éléments vestimentaires traditionnels comme les robes rouges ou les hautes chaussures vénitiennes. On peut aussi remarquer que la mode italienne influe notamment sur les coiffures tirées en arrière et sobres qui s'opposent aux coiffures nordiques plus compliquées avec un voile les recouvrant. Les manches aussi sont amples et bordées de fourrure tandis que le nord reste plus sobre avec des manches serrées.
    • L'Angleterre est une mode un peu à part bien qu'influencée par l'Espagne (mais plus tardivement). Les dentelles et les fraises affluent. Le chapeau « style Robin des Bois » est en vogue.
    • Dans les pays germaniques se répand la mode des hauts-de-chausses bouffants.

      

      

      

    Quelques définitions

    • pourpoint : vêtement ajusté d'homme, qui couvrait le corps du cou à la ceinture.
    • chasuble Page d'aide sur l'homonymie : vêtement ayant la forme d'un manteau sans manche.
    • toque : coiffure sans bords, aux formes cylindriques.
    • chaperon : capuchon à longue pointe, porté par les hommes.
    • pèlerine : vêtement féminin, couvrant les épaules et la poitrine.
    • cornette : coiffure que portent certaines religieuses catholiques.
    • échancrure : partie échancrée, creusée ou entaillée au bord.
    • surcot : robe de dessus, portée au moyen âge par les hommes comme les femmes.
    • brocart : étoffe brochée de soie, d'or ou d’argent.

      

      

      

    Le costume au XVIIe siècle en Europe

    Article détaillé : costume au XVIIe siècle.

    C'est la France qui influence la mode du Grand Siècle.

    Le costume au XVIIIe siècle en Europe

    Dräkt, Fransyska, Nordisk familjebok.png
    Article détaillé : costume au XVIIIe siècle.

    Le costume féminin se compose de divers style de robes :

    • La robe battante ;
    • La « robe à la polonaise » dont la jupe possède trois volants sur des paniers circulaires ;
    • La robe à la française (terme universel, mais qui a aussi des équivalents : « contouche » en allemand, « andrienne » en italien, « sack-dress » en anglais. On disait autrefois sacque en France, mais le terme s'est perdu) avec ou sans plis Watteau (ou à la Watteau) et avec une pièce d'estomac ou des compères selon l'époque ;
    • La robe à l'anglaise, une robe à corsage ajusté, manches bouffantes, collerette et « vertugadin » plus large que les épaules.

    Les jupes des robes peuvent se porter avec un pet-en-l'air ou des paniers (il existe un grand nombre de paniers au cours du XVIIIe siècle, parmi lesquels les paniers de cour, les considérations ou encore les paniers à la janséniste). D'après Honoré de Balzac, les paniers auraient leur origine en Angleterre : « La mode que nous appelons anglaise à Paris se nomme française à Londres, et réciproquement. Les paniers apportés par une Anglaise à Paris furent inventés à Londres, on sait pourquoi, par une Française, la fameuse duchesse de Portsmouth; on commença par s'en moquer si bien que la première Anglaise qui parut aux Tuileries faillit être écrasée par la foule ; mais ils furent adoptés. »

    Le corsage est quant à lui ajusté avec un « corps à baleines » ou baleiné (ancêtre du corset), dit aussi plus simplement « le corps » voire un corset blanc.

    Les hauts de vêtements féminins comporte le caraco, le casaquin, le pierrot, le juste, appelé mantelet au Québec.

    Les hommes portent le tricorne « à la suisse » ou parfois un chapeau plat à large bord dit « à la Pennsylvanie ».

    C'est la mode des perruques poudrées, du teint blanc, des mouches et du fard rouge sur les pommettes et les lèvres.

      

      

      

    Le costume en Europe de la Révolution à 1914[modifier | modifier le code]

    Bouleversant en profondeur la société française, la Révolution marque également une rupture radicale sur le plan vestimentaire. Elle signe la fin relative du culte de l'apparat. Les sans-culottes acquièrent leur notoriété en revêtant des pantalons et vestes courtes (« carmagnole »), par opposition aux bas portés par les classes privilégiées. Vêtus d'habits à pans carrés, les élégants du moment sont appelés Incroyables et préfigurent le dandysme. Quant aux élégantes, elles sont connues sous l'appellation de Merveilleuses et portent de longues robes décolletées dont un ruban marque la taille sous les bras.

    L'antiquité gréco-romaine redevient par la suite une source d'inspiration avec Napoléon Ier.

    Le « pantalon de lingerie » d'origine britannique fait son apparition. Originellement destiné à la pratique du sport, il devient un vêtement de dessous. Plus largement, la Grande-Bretagne influence la mode avec des éléments tels que le spencer, la redingote, l'anglomanie, Brummell.

    C'est au début du XIXe siècle qu'apparaissent les premières enseignes de vêtements à prix réduit. Elles joueront un rôle majeur dans la diffusion et la massification de la mode.

    Le pantalon a définitivement remplacé la culotte et les bas pour les hommes. Et les femmes remettent la ceinture à la taille. Le bijou est à la mode du médaillon où se cachent portrait ou devise et prend alors une valeur sentimentale.

    Charles Frederick Worth se fait remarquer et lance la haute couture. Alors qu'à peu près à la même époque Levi Strauss invente le blue-jeans.

    Si la vie au grand air se développe notamment avec les bains de mer, la tenue des femmes est encore sous le règne du corset et de la crinoline qui deviendra « tournure » qui deviendra elle-même « robe à traîne » (symbole de la Belle Époque).

    À la Belle Époque, c'est la mode des moustaches et des barbes pour les hommes qui se doivent d'avoir un pli parfait, pour se faire ils dorment avec un « fixe-moustache ». Les femmes se doivent d'avoir une « silhouette en S » grâce à un corset ou une guêpière visant à faire ressortir la poitrine et d'accentuer la cambrure. Les éventails sont en vogue.

    C'est l'apparition des premiers manteaux de fourrure, l'apogée du haut-de-forme, et des manches gigot et des chapeaux volumineux pour les femmes.

    Dès les années 1910, la silhouette féminine s'allonge de nouveau mais le bas des jupes s’entrave, obligeant les femmes à faire de petits pas. Paul Poiret supprime le corset et simplifie le vêtement féminin. L'avènement du complet révolutionne la mode masculine.

    La Première Guerre mondiale paralyse le monde de la mode. Elle introduit toutefois des améliorations notables, notamment des sous-vêtements plus confortables. Mais ce sont surtout ses conséquences sociales qui vont avoir un impact durable sur l'industrie de l'habillement. En ayant contribué au développement du travail des femmes, elle va favoriser l'émancipation économique et sociale de ces dernières qui disposeront d'une liberté nouvelle et de moyens accrus. De même, la progression de la pratique du sport jouera un rôle déterminant.

    Progressivement, l'industrialisation et les changements de mode font évoluer les vêtements au point de sortir du cadre de l'histoire du costume pour entrer dans l'histoire de la mode.

    En 2012, l'UNESCO a décidé d'ajouter au patrimoine culturel immatériel de l'humanité le costume nuptial de Tlemcen, justifiant ainsi son choix : « Les rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen ont été transmis de génération en génération par les hommes et les femmes de la communauté et servent de marqueur d’identité locale. […] L’inscription de l’élément sur la Liste représentative pourrait encourager le dialogue mutuel entre les communautés et les groupes, tout en sensibilisant à d’autres pratiques et rituels vestimentaires de la région méditerranéenne et ailleurs »

     

     

     

     

     

     

     

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     "L'homme qui aimait les femmes" de François Truffaut
    "L'homme qui aimait les femmes" de François Truffaut

      

      

    Rétines et pupilles, les garçons ont les yeux qui brillent »… Dès l’arrivée des beaux jours , on les voit réapparaître comme les primevères dans les fossés. Tandis qu’Alain Souchon, ne rêve plus que d’aller voir dessous, Jacques Dutronc quant à lui, avoue en chanson les préférer « mini, mini, mini… ».

    Symbole de la féminité, la jupe est aujourd’hui le bout de tissu le plus controversé de la planète, et s’inscrit dans un débat plus général : celui sur les rapports hommes-femmes.

    La jupe sous toutes ses coutures

    De l’arabe joubba pour long vêtement de laine, force est de constater que l’origine éthymologique de la jupe ne fait pas rêver, et qu’à l’époque visiblement, cette dernière avait été pensée fonctionnelle, mais pas vraiment glamour.

    Aujourd’hui, tout a changé. Suivant la mode et les tendances, la jupe s’est plus ou moins « érotisée ». L’habit fonctionnel a fait place à un vêtement d’apparat, voué à sublimer (tant qu’à faire) les courbes féminines. Ainsi, rien que dans notre culture occidentale, il est possible de répertorier, façon « Jupasutra », de nombreux types et variantes de jupes : de la jupe « droite » (ou jupe « tailleur ») à la jupe « parapluie » (ou jupe « soleil »), en passant par la jupe « culotte », sans oublier la jupe « plissée », ou bien encore la jupe « portefeuille »…

    La jupe dans tous ses Etats

    Hélas, sans parler des tristes contrées, où le simple fait pour une femme, de dévoiler un centimètre carré de peau, la place en danger de mort, il existe de nombreux Etats où le port de la jupe (à fortiori courte) est remis en cause, quand il n’est pas purement et simplement interdit.

    En début d’année par exemple, les gouvernements indonésien et sri-lankais ont annoncé leur intention d’interdire la mini-jupe, respectivement au Parlement et dans les lieux publics.

    Plus éloquent encore : en Irak, c’est la ministre d’Etat pour la Femme elle-même qui a décrété l’interdiction du port de la mini-jupe au gouvernement, précisant au passage qu’elle n’était pas favorable à l’égalité des sexes (!)

    Mais dans nos cultures occidentales aussi, la jupe dérange. Après avoir tout d’abord imposé une longueur minimum à respecter, des centaines d’établissements scolaires Britanniques ont banni les jupes des uniformes féminins. Et pour ce qui est de la France, on ne compte même plus les incidents et faits divers liés au port de la jupe. On se souvient notamment du 8 mars dernier, où une trentaine d’adolescentes scolarisées au collège Roger-Vailland de Poncin dans l’Ain, qui s’étaient mises en jupe à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, avaient été sommées de changer de tenue par le directeur du collège, « en raison des agressions verbales dont certaines avaient été victimes ».

    Mini jupe, maxi provoc’ ?

    « Jupe de femme est lange du diable ». Comme l’indique ce proverbe roumain, le phénomène de sexualisation-diabolisation de la jupe ne date pas d’hier.

    Haut lieu de tous les fantasmes, mais aussi… de toutes les erreurs d’appréciation, la jupe pour certains hommes, véhicule un message lubrique clair. Et plus la jupe est raccourcie plus le raisonnement est raccourci lui aussi : femme en jupe = disponible sexuellement. Une « logique » que l’on qualifiera d’onirique, et qui relègue la femme au rang de morceau de viande.

    Le procès d’intention

    Or, lorsque le mécanisme de « sexualisation » de la jupe est en marche, le procès d’intention n’est souvent pas loin. Le processus de culpabilisation non plus. Nombreuses sont celles qui renoncent à la jupe, au profit du plus consensuel pantalon, juste par crainte de « provoquer » ou pire, de se voir reprocher l’agression dont elles pourraient être victimes. Le renversement de la responsabilité (ce n’est pas à l’homme de se maîtriser, de respecter, mais à la femme de ne pas provoquer, ni susciter de pulsions) s’invitant malheureusement trop souvent dans l’esprit collectif.

    Dans ces conditions, porter une jupe relève presque de l’acte de bravoure, voire de l’acte militant.

    Un signe extérieur de maturité ?

    Sans pour autant tomber dans l’éceuil de l »hypersexualisation », le caractère sensuel de la jupe est en revanche communément admis. Et bien que cette dernière n’ait pas le monopole de la féminité, nombreuses sont les femmes qui se sentent plus sexy en jupe. Dans cet esprit, porter la jupe leur permet d’exprimer librement leur féminité, d’assumer leur propre désir et celui des hommes, en acceptant publiquement le fait d’être potentiellement désirable.

    La jupe revolver

    La femme n’est pas un être fondamentalement masochiste. Si la jupe n’avait aucune vertu, elle n’en porterait pas.

    Il arrive parfois, que ce qui est perçu au départ comme un handicap, devienne un atout, sinon une arme. La jupe peut être source d’avantages providentiels, dont on peut user et abuser à souhait.

    Ainsi, l’homme le plus frustre du monde, pourra grâce à l’effet « jupe », se transformer en un être excessivement dévoué et attentif. De la même façon qu’un employeur potentiel, lors d’un entretien d’embauche, sera plus apte à apprécier vos qualités et compétences pour le poste convoité, si vous vous présentez à lui en jupe.

    L’arroseur arrosé

    Pour celles qui ne seraient pas encore définitivement convaincues par les avantages de la jupe, une douce consolation peut encore être trouvée dans le fait que les hommes aussi souffrent, quand l’idée les pique de mettre la jupe.

    Contrairement à certains pays comme l’Indonésie et l’Ecosse, où sarong et kilt font partie intégrante de la garde-robe masculine, dans nos sociétés occidentales, le port de la jupe par les hommes est aujourd’hui encore source de préjugés et synonyme d’ homosexualité latente, de travestisme, de penchants fétichistes ou de perversité.

    De fait, on ne peut que s’incliner devant la réactivité des délégations masculines concernées, qui ont su organiser leur résistance de façon très précoce : l’association « HeJ » (Homme en Jupe) a vu le jour dès juin 2007, c’est à dire bien avant notre « Journée de la Jupe », dont la 1ère édition n’a eu lieu que le 25 novembre 2010.

    On ne saurait donc que trop encourager les femmes à prendre exemple sur ces hommes qui militent eux aussi courageusement pour le port de la jupe. Certains couturiers, par exemple, qui se battent pour un retour en force de la jupe dans la garde-robe masculine, en la réintégrant progressivement dans leurs collections masculines (Jean-Paul Gaultier, Vivienne Westwood, Agnès b., etc…). Applaudissons également chaleureusement David Beckam, qui, en fashion-victim mutin et désinvolte, ose défier les paparazzi en sarong. Mais réservons toutefois la palme au chorégraphe Kamel Ouali, dont les danseurs un brin téméraires, excellent en sauts de biches et pas chassés, sous leurs jupes à frou-frous.

    Alain Souchon avait donc vu juste. Sous la jupe se cache un véritable « jeu de dupe ».

    Reflet d’une attitude subversive saine, face au poids des regards et du politiquement correct, le port de la jupe n’est donc pas qu’une affaire de choix vestimentaire. C’est parfois aussi une façon de dépasser les préjugés, en tâquinant les (dress)codes préétablis, et en tâclant au passage le puritarisme hypocrite ambiant.

     

    SOURCES

    http://blogs.lesinrocks.com/cestvousquiledites/2012/04/11/une-jupe-courte-que-coute/

     

     

     

     

     

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    1858-1929 : l’âge d’or de la Haute Couture en France

     

      

    , par Institut Français de la mode

    Par David Zajtmann, coordinateur pédagogique du Programme Postgraduate de Management Mode, Design et Luxe à l'Institut Français de la Mode, en charge des enseignements liés aux marchés internationaux et à la stratégie.

    Il prépare actuellement une thèse sur l'histoire de la haute couture en France. Articlé tiré de la revue

    Mode de Recherche (N°16), consacrée au luxe.
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    L’apparition de la haute couture est l’histoire d’une prise de pouvoir des confectionneurs et des couturiers au détriment des merciers.

    Avant 1848, l’industrie de la mode était dépendante d’une clientèle aristocratique et royale. Le couturier ne disposait d’aucune autonomie. Il ne faisait qu’obéir aux ordres de son client. Le client s’adressait en effet aux merciers.

      

    De plus, les demandes en matière de mode étaient dictées par le pouvoir. L’inspiration venait de la presse de mode (Le Journal des dames et des modes par exemple) et des corbeilles de mariage.

     

     

    Le Magasin des Modes ( 1787)

     

     

    Le Journal des Dames et des Modes, fondé en 1797 à Paris.

      

      

    La confection consistait à confier à une ouvrière une étoffe destinée à la fabrication d’un manteau. La couture consistait à assembler des modèles uniques (c’est-à-dire le modèle dans l’air du temps) à partir d’étoffes fournies par des merciers. Dans les faits, il n’existait pas pendant de nombreuses années de césure claire entre les activités de couture et les activités de confection (distinction impossible puisque les modes de fabrication étaient manuels pour tous et la vente à l’unité était pratiquée par toutes les firmes).

     

     

    Réunion de la famille Barré, marchands-merciers à Paris, par Marius-Pierre Lemazurier (1772). Musée Carnavalet / Roger-Viollet

     

    Charles-Frederick Worth est reconnu comme l’inventeur de la couture (il fonde sa propre entreprise rue de la Paix à Paris avec son partenaire Otto Bobergh en 1858). Comme le rappelle David James Cole, Worth sut mieux que d'autres gérer sa notoriété et gagna rapidement le surnom de « l’homme-couturier », symbolisant « le déplacement du métier de couturier des mains des femmes vers celles des hommes vit la création de mode considérée comme un art appliqué » (source : Mode de Recherche n°16).

     

    Boutique de Charles-Frédéric Worth, 7 rue de la Paix. Source : Didier Grumbach, "Histoires de la mode", éditions du Regard (réédition), Paris 2008.

     

      

      

    Avec Worth, la robe, qui était auparavant au second plan, joue un rôle essentiel grâce à l’intervention du couturier. Il appartient à ce dernier de décider de la combinaison des différents éléments (tissus et accessoires) composant la robe.

      

    Il convient également de rappeler la dimension économique de l’initiative de Worth : le fait de décider du modèle à la place de la cliente permet en effet au couturier de cumuler les marges de la vente de l’étoffe et celles de la confection du vêtement. Worth fait pour cela appel aux fabricants lyonnais, commandant les étoffes en ayant en tête le modèle qui sera réalisé.

     

    Robe du soir de Charles-Frédéric Worth (1866-67). Source :

    Museum of the City of New York

      

      

    En 1868, est créée la Chambre syndicale de la couture et de la confection pour dames et fillettes. Paris a alors le monopole de la mode et de nombreux étrangers s’y installent pour y exercer cette activité.

    La démarche de Worth est suivie par plusieurs entrepreneurs, hommes ou femmes : Jacques Doucet qui ouvre dans les années 1880 et dont la notoriété semble avoir été importante ; Mme Paquin qui ouvre une maison en 1891, rue de la Paix comme Worth.

      

    Elle se caractérise notamment par une internationalisation précoce avec l’ouverture d’une succursale à Londres ; les soeurs Callot, à l’origine entreprise de dentelles ouverte en 1888 mais qui devient une maison de couture ; Mme Laferrière ; Paul Poiret, qui après avoir travaillé chez Doucet et Worth ouvre sa propre maison en 1904.

    Le développement de cette activité peut également être illustré par l’accroissement du nombre de couturières figurant au Bottin (de 158 en 1850 à 1636 en 1895). De plus, on estime à environ 400 000 ouvriers et ouvrières la main d’oeuvre du vêtement féminin français en 1895.

     

    Couturières à Paris, vers 1935-1940 (René Giton, dit René-Jacques). Source : Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux

     

    S’ensuit jusqu’en 1929 un âge d’or pour la couture parisienne. Résumons-en les principaux facteurs : une main d’œuvre féminine bon marché payée à la pièce, des droits à l’exportation peu élevés.

      

    Une clientèle aristocratique couplée à celle de nouveaux riches (provenant notamment d’Amérique du Nord et d’Amérique latine), et des couturiers devenus des personnages sociaux et ne souffrant d’aucune concurrence nationale et internationale. Comme le souligne Deschamps :

    « c’est à Paris que le monde entier vient chercher ses modèles ».

     

     

    Couturières de l'Usine Benjamin Mennesson dans la Marne (1946). René Giton dit René-Jacques. Archives photographiques de la Réunion des Musées Nationaux.

      

      

    Dans le fonctionnement de la couture parisienne à cette époque, on sépare clairement haute, moyenne et petite couture (la structuration de cette activité est expliquée de manière détaillée dans Histoires de la Mode par Didier Grumbach (Editions du Regard, 2008). La haute couture se distingue par sa capacité créatrice. Déjà, certains couturiers entament des démarches de diversification.

      

    Paul Poiret est le premier d’entre eux à commercialiser un parfum sous son nom (Rosine en 1911). En 1921, Chanel crée le parfum N°5. En 1925, Jean Patou lance deux parfums à son nom et Jeanne Lanvin un également.

     

     

    Deux parfums de Paul Poiret : à gauche La Rose de Rosine (1911),

     

    à droite Nuit de Chine (1913).

     

     

      

      

    Le défilé de mode serait quant à lui apparu à la suite de l’initiative à Londres

    de Lady Duff Gordon qui a en effet mis en place des présentations à date fixe de ses collections. Plusieurs maisons de couture ayant développé cette pratique, la Chambre syndicale de la couture parisienne s’est saisie de cette question et a donc mis en place « un calendrier de présentations sur mannequins ». Cette décision a véritablement structuré l’activité professionnelle, car elle a conduit à qualifier les maisons inscrites à ce calendrier de « haute couture ». Le restant des maisons se divisant en moyenne couture (maisons ne figurant pas sur le calendrier des défilés mais ayant acheteurs professionnels et une clientèle privée) et petite couture (couturières traditionnelles dites « de quartier » ayant uniquement une clientèle particulière).

     

     

    Lucy Christina Duff Gordon (13 juin 1863 - 20 avril 1935).

     

    La crise de 1929 avec son cortège de mesures protectionnistes et de contrôle des changes puis la seconde guerre mondiale viennent porter un coup sévère à cette industrie. La domination des couturiers sur le monde de la mode est progressivement remise en question.

      

    Les couturiers eux-mêmes ont senti le changement dès les années 1930 avec le lancement de lignes de prêt-à-porter : une collection signée par Paul Poiret est diffusée en 1933 par les grands magasins du Printemps. Lucien Lelong lance en 1934 une ligne de vêtements fabriqués par ses ateliers de couture mais à un prix inférieur à sa ligne couture…

    La concurrence du prêt-à-porter et des créateurs ne faisait que commencer

     

     

     

    SOURCES

    http://ifmparis.blog.lemonde.fr/2013/02/07/1858-1929-lage-dor-de-la-haute-couture-en-france/

     

    Par David Zajtmann, coordinateur pédagogique du Programme Postgraduate de Management Mode, Design et Luxe à l'Institut Français de la Mode, en charge des enseignements liés aux marchés internationaux et à la stratégie. Il prépare actuellement une thèse sur l'histoire de la haute couture en France.

    Article tiré de la revue Mode de Recherche (N°16), consacrée au luxe.
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    À propos de Institut Français de la mode

    L’Institut Français de la Mode est un établissement d’enseignement supérieur, de formation continue, de recherche appliquée et d’expertise pour les industries du textile, de la mode, du luxe et du design. Fondé en 1986 à l’initiative du Ministère chargé de l’Industrie et placé sous sa tutelle depuis 2000, l’IFM accueille chaque année environ 150 étudiants et 2000 professionnels en formation continue. Reconnu par l’Etat, l’IFM est membre de la Conférence des Grandes Ecoles.

     

     

     

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    MODE Premier Empire

    Le costume sous le premier empire

     

     
    Le costume féminin :
     

     

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    Portrait de la Madame Visconti Description : Epouse de l'ancien ambassadeur de la République Cisalpine en France Author : Gérard François Pascal Simon, baron (1770-1837) Photo Credit : (C) RMN-GP (Musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi Period : 18th century, 19th century, période contemporaine de 1789 à 1914 Date : 1810  

      

      

    La mode féminine se transforme radicalement en se débarassant du corset et du panier. On recherche la simplicité par opposition à l'Ancien Régime et pour imiter la mode antique.

      

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    Eh oui, l'antique était à la mode. Les femmes préfèrent aux robes rococo de fines robes de coton blanche presque tranparentes, avec peu de vêtement de dessous.

      

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    1795

      

      

      

      

    robes de 1795
    Ce genre de robe apparaît dès Marie-Antoinette, on l'apelle alors "chemise de la reine" :

      

      

      


    marie_a2

      

      

      

    Cette robe évolue progressivement vers un style néoclassique marqué par les formes raffinés et géométriques de l'antiquité gréco-romaine, comme sur ce protrait de madame Récamier (1802) :

      

      

      


    recamier

      

      

      

    Des étoffes translucides comme la mousseline, la gaze et la percale sont privilégiée pour leur "simplicité". Le vêtement n'est plus fait pour mouler le corps mais pour le draper.

      

      

      


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    Mais ces tissus sont bien trop fins pour des hivers européens.

      

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    On porte donc des chales en cachemire et on voit l'apparition des gants longs encore portés aujourd'hui lors de soirée.

      

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    On reprend aussi les vêtements d'extérieur anglais : le spencer court et la redingote, plus longue. Cette mode est très influencée par les uniformes de l'armée napoléonienne.

      

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    Enfin pour les tenues de cour, on retrouve des traits typiques de l'Ancien Régime mais adaptés à la nouvelle silhouette. Le manteau de cour en est la partie la plus typique.

      

      

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    Napoléon impose que tous les vêtement de cour soient en soie, ce qui doit lui permettre de relancer la production de soie à Lyon.

      

      

      


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    source :

    http://www.atelier-arachnee.fr/pages/04_Le_costume_sous_le_premier_empire-290269.html

    photos google

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    Royauté de France

     

    Le manuel des toilettes dédié aux dames (1777)

     

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  • Нашла еще несколько старинных кукольных домиков, а также современной работы "Мастерскую Леонардо да Винчи" и японский кукольный домик.

      




    Cabinet of Sara Ploos Van Amstel





    Mexican Doll House The small mansion, believed to be is a copy of a house which once stood in Puebla, was discovered in an antique shop in Puebla in the spring of 1977. Although the facade of the house has some Moorish features, it is French in flavor, a reflection of many full-sized mansions in Puebla and Mexico City built over the years after the arrival of the troops of Napoleon III in 1862. In 1922, the house was wired and redecorated, giving the interior some feeling of the 1920s. The Paige automobile in the driveway is, along with a pair of early radio towers, from this period.
    Fully furnished, the house contains a drawing room, dining room, kitchen, bedroom, bath, music room, and chapel. A section of the removable facade covers each of these.
    from 1890-1920.



    Christian Hacker´s House
    Made in Nuremberg in 1900, sweet design french style



    Uppark
    Moved to Uppark in Sussex, England, 1947. Belong to Sarah Letihieullier


    Hamleys Doll House
    Hamleys, the gigantic toy emporium sold this Dollhouse in 1930


    Manwaring Dolls' House
    An early Georgian house (1718) with a walled garden and a collection of 19th- to 20th-century paintings. Museum of Farnham, Surrey

    The maker is said to have based the facade of the doll's house on that of the children's own house. The Manwaring's former house is next door to the museum and, like the doll's house, a fine example of Georgian architecture.




    Baroque Doll’s World
    Besides taking care of her cute little dogs, the early widowed and childless Countess Auguste Dorothea von Schwarzenberg-Arnstadt (1666 - 1751) had another cute little hobby: the replication of the Baroque world around her into miniature proportions. She spent the years between 1704 and 1751 working on her composition, “Mon Plaisir” (“My Pleasure”), an entire world consisting of 82 dolls houses and more than 400 dolls.


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    Stromer House
    One of the oldest known intact doll houses is in the Germanisches National Museum, Nuremberg, Germany. Known as the Stromer House, because it was presented to the museum by Baron von Stromer, its original owner is unknown, but it is dated 1639.




    Like other famous doll houses which followed it, the Stromer House offers a fascinating view of upper-class life for the time and place it was made. This doll house has 15 sections, with everything from stables and servants’ quarters, to elegant bedrooms and a reception room and hall with intricately paneled walls.



    Toy House Italian
    Dated 1700-1750, Museum of Industrial Art
    Strada Maggiore No 44
    I-40121 Bologna
    Italy


    Vanderbilt´s Doll House made by Paul Cumbie in 1883, the real is 660, Fifth Avenue, NY


    English House


    Nuremberg Kitchen






    Furniture



    Cabinet of Sara Ploos Van Amstel



    Trailer Doll House


    Japanese House

    -------------Современный японский кукольный домик-------------


















    ----------------Домик художника-------------------------































    ---------------------------Vale House------------------------


    Vale House


    Vale House - open
    This is a 1/12th house




    Vale House - Dining Room



    Vale House - Drawing Room



    Vale House Kitchen

    Vale House - entrance hallway


    Vale House - Scullery

    Vale House - Scullery, showing china storage




    Vale House - Egyptian Museum


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    L'alun ordinaire (du grec als, alos, « le sel »), alun de potassium ou encore sulfate double d'aluminium et de potassium, est un sel ayant pour formule chimique KAl(SO4)2•12 H2O. C'est un minéral présent naturellement dans diverses régions du monde. Il peut également être synthétisé.

    L'alun ordinaire (du grec als, alos, « le sel »), alun de potassium ou encore sulfate double d'aluminium et de potassium, est un sel ayant pour formule chimique KAl(SO4)2•12 H2O. C'est un minéral présent naturellement dans diverses régions du monde. Il peut également êt Cuir et textile.

    L'alun favorisant la coagulation des protéines (propriété hémostatique), il fut utilisé pour traiter le cuir  par les hongroyeurs, qui l'utilisaient mélangé au chlorure de sodium.

    On l'emploie comme mordant pour la teinture du tissu.re synthétisé.

    À la fin du XVe siècle, d'importants gisements d'alun sont découverts dans les monts de la Tolfa, une région d'Italie appartenant aux États pontificaux. Compte tenu du rôle joué à cette époque par l'alun dans l'industrie textile, l'exploitation de ces gisements sera une bonne affaire pour le pape.

    L'utilisation de l’alun était connue des Romains, Pline en parle dans ses écrits. Buffon, dans ses œuvres complètes, détaille son utilisation dans la teinture des matériaux :

    « Ce sel a en effet, des propriétés utiles, tant pour la médecine que pour les arts et surtout pour la teinture et la peinture. La plupart des pastels ne sont que des terres d’alun, teintes de différentes couleurs. Il sert à la teinture en ce qu’il a la propriété d'ouvrir les pores et d’entamer la surface des laines et des soies qu’on veut teindre et de fixer les couleurs dans leurs substances. Il sert aussi à la préparation des cuirs, à lisser le papier… On frotte d’alun calciné les formes qui servent à imprimer les toiles et papiers pour y faire adhérer les couleurs… »

    DESCRIPTION :
    Marque : Karawan

    Le principe de fonctionnement de la pierre d’Alun est totalement different des déodorants classiques. Au lieu de bloquer la transpiration qui est une fonction naturelle, il agit sur la prolifération des bactéries présentes à la surface de la peau et qui sont à l’origine des odeurs corporelles. La pierre d’alun a l’avantage de ne pas couvrir une odeur par une autre. La structure particulière des molécules fait que celles-ci ne peuvent pénétrer la peau.




    Mouiller la pierre et passer sous les aisselles ou après le feu du rasoir. Cette pierre non taillée se lissera après quelques utilisations.


    Un déodorant très spécial puisqu’il est 100% minéral avec des propriétés intéressantes :
    Efficace dès la première application
    Idéal pour les personnes à peau sensible qui tolèrent mal les déodorants classiques
    Sans odeur, il n’altère pas les parfums
    Hypoallergique, il a été testé avec succès en dermatologie
    Economique
    Disparition des odeurs corporelles pendant 24 heures

    1/ TRANSPIRATION: La Pierre d'alun laisse une fine couche saline sur la peau et combat champignons et bactéries qui se développent et sont à l'origine des mauvaises odeurs. Elle régule et neutralise la transpiration mais ne bouche pas les pores, tout en assurant fraicheur et propreté toute la journée.
    La Pierre d'Alun 100% naturelle est économique: une pierre de 60g dure environ une année.

    EMPLOI: l'appliquer en sortant de la douche ou après la toilette, après avoir très légerement humidifié le cristal.
     

    Pas de traces sur les vetements, et pas de blocage de la transpiration.

    2/ ASTRINGENTE ET ANTISEPTIQUE: La Pierre d'Alun est utile pour stopper les petits saignements des coupures ou encore pour guérie un aphte.
     

    Elles est aussi d'une extraordinaire efficacité contre les petits boutons ou les irritations après rasage ou épilation, et particulierement recommandee aux personnes à peau sensible

     

    On l'utilise aussi avec succès pour calmer les démangeaisons après les piqures d'insectes.

    La Pierre d'Alun étant un minerai naturel, il est choisissez-la brute ou légèrement polie ou taillée; mais d'éviter toute pierre reconstituée sous forme de sticks ou de savons... Ne vous laissez pas abuser non plus avec les fausses pierres d'alun en sel d'ammunium qui peuvent etre dangereuses.




    Excellent astringent
    Antiseptique (feu du rasoir)

    Attention aux personnes ayant la peau sensible : la pierre d’alun utilisée directement après le rasage ou l’épilation des aisselles peut induire une légère irritation de la peau. Il suffit d’attendre quelques minutes pour l’appliquer !




    Sulfate double d’aluminium et de potassium appelé "alun".

    En fait, l’alun est composé de 2 sels (sulfate double) :
    sulfate d’aluminium (hydroxyde d’aluminium ° et sulfate d’hydrogène)
    sulfate de potassium (hydroxyde de potassium et sulfate d’hydrogène)


    Polémique sur l’aluminium

    Le seul dérivé de l’aluminium qui est actuellement remis en cause est le chlorhydrate d’aluminium, les autres dérivés sont inoffensifs en ce qui concerne leur utilisation en cosmétique et l’éventuel passage à travers la peau. L’aluminium "dangereux" est celui qui est introduit dans le corps comme celui contenu dans les vaccins. Il est maintenant prouvé que le chlorhydrate d’aluminium s’accumule dans le cerveau. Cette accumulation est l’une des causes de la maladie d’Alzheimer.

    L’oxyde d’aluminium présent dans l’alun et les argiles de toutes sortes ne sont pas nocifs pour l’organisme car il ne le pénètre pas.

      Pierre d'Alun

    Au contact de l'eau, la pierre d'alun libère des oxydes et des hydroxydes d'aluminium (forme stable d'aluminium)[8] qui sont réputés inertes. Aucun renseignement toxicologique ni restriction d'utilisation ne concernent actuellement l'alun naturel. Ces composés sont même autorisés en cosmétologie naturelle et biologique à la différence du chlorhydrate d'aluminium[9] ou du chlorure d'aluminium fabriqués industriellement et dont l'innocuité a été remise en cause fin 2011 par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé[10] en tant que composants de déodorants ou d'anti transpirants.

    Néanmoins quelle que soit sa forme, l’aluminium demeure une substance toxique à partir du moment où elle pénètre dans l'organisme; ce qui remet en cause l'utilisation de la pierre d'alun sur une peau lésée.

      

    Wikipedia

      

     

     

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    Art, Culture et Élégance, la haute Couture sous l’objectif de Willy Maywald

    Cette exposition se tient au Musée d’Impression sur Étoffes de Mulhouse,

    du 14 avril au 16 octobre.

    Ce sont les belles photos à l’entrée du musée qui m’ont poussées à entrer, je connaissais déjà ce musée mulhousien mais le nom de cet artiste m’était inconnu. J’aime beaucoup l’élégance et la féminité exacerbée de la période présentée, pourtant je n’avais jamais entendu parler de ce photographe allemand, parisien d’adoption. Sa renommée vient de ses photos de mode, il est considéré comme un grand photographe du 20eme siècle. Certains clichés me rappellent celles de Georges Dambier, je suis presque certaines que certaines robes ont été photographiées par les deux. Ce ne serait pas étonnant, après tout ils sont contemporains !

    Une brève biographie de cet artiste se trouve dans le communiqué de presse de l’exposition, je ne vais pas copier ici, cela n’a pas vraiment d’intérêt.

    Sa réputation grandit dans les années 30, il fréquente les grands noms dela Haute Couturede l’époque : Schiaparelli, Heim, Chanel. C’est à ce moment qu’il rencontre Christian Dior, modéliste de Robert Piguet…

    Plus tard, il devient le photographe attitré de la maison Dior et immortalise le New Look : une grande partie des clichés de l’exposition sont des créations de la maison Dior, mais à partir du moment où Yves Saint Laurent la reprend à la mort de son fondateur, conformément au souhait de ce dernier, le photographe délaisse la maison pour se tourner vers d’autres créateurs avant de se retirer lentement de la scène dela HauteCouture, ne retrouvant plus l’antique élégance de cette dernière dans les créations plus avant-gardistes de la génération de Pierre Cardin.

    Il y a un peu plus de 200 photos dispersées dans 2 galeries dédiées à cette exposition à l’intérieur même du Musée d’Impression du Étoffes, c’est assez déroutant de croiser de gigantesques machines du 18eme siècle à coté de clichés de robe de cocktail en organza…

    Mais cela fait aussi le charme de cette exposition, pouvoir comprendre les procédés d’impression (plaque, rouleau…) et voir les réalisations qui peuvent en découler !

     

    Willy Maywald fournit ses photos en noir et blanc aux célèbres magazines : Harper’s Bazaar, Vogue, Vanity Fair, il fait également des portraits de célébrités.

    Il est un des premiers à faire descendre les mannequins dans la rue pour les photographier dans le cœur de Paris, cette ville qui lui est si chère.

    Au travers des originaux (prêtés par l’Association Willy Maywald), on retrouve des anecdotes sur les séances photo de l’époque, ou tout devait se dérouler en quelques heures, voir quelques minutes, les mannequins se changeaient dans la voiture (des voitures étroites mais des robes envahissantes !) et les décors devaient être tout près afin de réduire le temps de « sortie » des modèles qui devaient également être disponibles pour la riche clientèle triée sur le volet qui achetait ses précieuses créations. Parfois, les séances se déroulaient la nuit, pour que les robes soient présentes en boutique le jour ! Dans ces cas là, c’était par exemple sur les escaliers en marbre d’hôtels particuliers.

    Cette exposition est intéressante car au-delà des belles images, elle retrace aussi le faste d’une époque, tout juste sortie de la guerre,la Franceveut retomber dans un luxe oublié. Cette mode où la profusion de tissus précieux, de dentelles, de plissé set de chapeaux en est la preuve. Ce parcours des années 1930 à 1950 (la plupart des photos sont des années 50) dresse un portrait détaillé d’une période particulièrement fournie de la mode française. Cela permet aussi de découvrir un photographe qui est peu connu en France (cela m’a rassurée de lire ça, je me sentais moins inculte).

    Le Musée d’Impression sur Étoffes propose un atelier couture dans le cadre de cette exposition, assez ambitieux à mon avis : « Pendant toute une journée apprenez la Haute Couture avec une professionnelle et réalisez votre propre vêtement digne d’une réalisation d’un grand couturier. Du dessin à la réalisation laissez-vous emporter par la magie de la création et repartez avec votre réalisation !” Si c’est vraiment le cas, et bien je vais pouvoir porter directement samedi 23 une superbe robe Haute Couture faite de mes mains, car en effet, j’ai pu avoir la dernière place pour l’atelier de ce mois-ci.

    Affaire à suivre !

      

    SOURCES

     

     

     

     

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    Victoria et Elizabeth : Dos de cette robe201 - dos de cette robe
    Victoria et Elizabeth : 1855 - robe deux pièces en soie301 - Coiffure vers 1865
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    202 - 1855 - robe deux pièces en soie...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Paris autrefois - La Samaritaine -

    La Samaritaine et le Pont Neuf

     

     

     

    ERNEST COGNACQ PLAIDE EN FAVEUR DE
    L'OUVERTURE DE LA SAMARITAINE LE DIMANCHE



    (D'après « Profils parisiens » paru en 1898
    et le « Journal des économistes » paru en 1913)


    Actif, l'œil ardent, la bouche souriante, toujours vêtu simplement, expédiant choses et gens avec rapidité, la parole brève, tel est le très distingué et très affable créateur et propriétaire des Magasins de la Samaritaine, tirant leur nom de la fontaine qui occupait des arches du Pont-Neuf, sous le règne du roi Henri IV.

    Pour remédier en partie au manque d'eau qui excitait les plaintes du peuple, ce monarque avait en effet voulu rendre à la distribution de la ville le volume d'eau que recevaient au début du XVIIe siècle les maisons royales. Il avait fait étudier et approuvé, en 1606, le projet de la pompe de la Samaritaine : cette pompe devait élever l'eau de la Seine dans un réservoir placé au-dessus du Pont-Neuf, pour la distribuer au Louvre et aux Tuileries, la substituant ainsi à celle qu'on tirait de la fontaine de la Croix-de-Trahoir. Elevée en 1608 malgré l'opposition du prévôt et des échevins, la pompe fut détruite en 1813.




    Pompe de la Samaritaine au XVIIIe siècle


    Né le 2 octobre 1839 à Saint-Martin-de-Ré, Ernest Cognacq perdit à l'âge de 12 ans son père orfèvre et greffier au tribunal de Commerce, et devint commis d'un magasin de nouveautés à La Rochelle, Rochefort et Bordeaux, avant de partir tenter sa chance à Paris à 15 ans.

      

      

    Mais Au Louvre, grand magasin parisien, il fut congédié pour insuffisance, passant ensuite quatre mois Aux Quatre Fils Aymon, puis regagnant la province. Retournant à Paris en 1856, il parvint à se faire embaucher à La Nouvelle Héloïse, où il rencontra sa future femme, Marie-Louise Jay, née en 1838. C'est en 1867 qu'il se mit à son propre compte avec le magasin
    Au petit Bénéfice.




    Ernest Cognacq


    Mais contraint à la fermeture, il s'installa dans la corbeille de la seconde arche du Pont-Neuf, à l'emplacement de l'ancienne pompe de la Samaritaine : il vécut ainsi en vendant des tissus sur des caisses d'andrinople rouge, à l'abri d'un grand parapluie, et reçut le sobriquet de Napoléon du déballage. Avec la divination des affaires qui le caractérisait, Ernest Cognacq, comprit que, pour être l'intermédiaire idéal entre le consommateur et le producteur, le commerçant devait réunir dans le commerce du détail tout ce qui constitue le besoin du consommateur à des prix tels que le gain de l'intermédiaire soit à peine visible, puisqu'il résultera seulement de l'ensemble des affaires traitées. Et le principe adopté et mis en pratique lui réussit.


    Lorsque Ernest Cognacq créa la Samaritaine, quelques mois avant la guerre de 1870, il possédait 5 000 francs d'économies. Il s'installa dans une petite boutique louée à la semaine à raison de 45 francs par jour. En 1872, il épousa Marie-Louise Jay, alors Première(vendeuse) au rayon confection du magasin Au bon Marché, qui lui apportait, avec une vingtaine de mille francs, le concours de son activité et de sa remarquable intelligence ; leurs efforts réunis portèrent, en 1875, le montant des ventes de la Samaritaine à 800 000 francs. En 1898, il s'élèvait à plus de 50 millions [il dépassera le milliard en 1925].




    Marie-Louise Jay


    Entouré d'un personnel trié sur le volet, dont la politesse est légendaire à Paris, Ernest Cognacq resta, au milieu du succès, ce qu'il avait toujours été, un modeste, un simple et un observateur. Admirablement doué au point de vue intellectuel, il sut tirer parti de ses connaissances administratives dans l'organisation de ses bureaux qui, au point de vue de la régularité même de leur fonctionnement, sont un modèle du genre.


    Affable et bienveillant pour tous, possédant l'œil du lynx, qui voit tout au travers même des obstacles journaliers, il n'ignorait rien de ce qui se passait dans sa vaste maison et aucun détail ne lui échappait.


    Le 29 novembre 1913, le Conseil d'Etat rendait son arrêt sur le recours introduit par Ernest Cognacq contre un arrêté du préfet de police, en date du 2 mai 1911, qui lui refusait de donner à son personnel le repos hebdomadaire par roulement. Le propriétaire de la Samaritaine désirait assurer, le dimanche, dans ses magasins, le service des rayons dans lesquels sont mises en vente les spécialités suivantes :

    1° chapellerie et cordonnerie ;
    2° vêtements et lingerie confectionnés pour hommes et jeunes gens ;
    3° vêtements et lingerie confectionnés pour femmes et jeunes filles ;
    4° meubles et literie ;
    5° tapis, rideaux et tentures, papiers peints ;
    6° mercerie, passementerie, dentelles et broderies ;
    7° bonneterie, ganterie, cannes et parapluies ;
    8° bimbeloterie ;
    9° maroquinerie, tabletterie, articles de fantaisie ;
    10° articles de ménage et de jardins ;
    11° appareils de chauffage et d'éclairage ;
    12° modes et objets de toilette ;
    13° soieries et lainages ;
    14° tissus de fil et de coton, linge de table et toilette.




    Vue du hall central du magasin
    Au bon marché en 1880


    Ernest Cognacq basait sa demande sur l'article 8 de la loi du 13 juillet 1906, ainsi conçu : « Lorsqu'un établissement quelconque voudra bénéficier de l'une des exceptions prévues au paragraphe 2 de l'article 2 (repos donné 1° un autre jour que le dimanche, 2° du dimanche midi au lundi midi, 3° le dimanche après-midi avec repos compensateur d'une journée par roulement ou par quinzaine, 4° par roulement de tout ou partie du personnel), il sera tenu d'adresser une demande au préfet du département. Celui-ci devra demander d'urgence les avis du conseil municipal, de la chambre de commerce de la région et des syndicats patronaux et ouvriers intéressés de la commune.

      

      

    Ces avis devront être donnés dans le délai d'un mois. Le préfet statuera ensuite par un arrêté motivé qu'il notifiera dans la huitaine. L'autorisation accordée à un établissement devra être étendue aux établissements de la même ville faisant le même genre d'affaires et s'adressant à la même clientèle. »


    Le préfet de police avait repoussé la requête de M. Cognacq. Le Conseil d'Etat donnait, lui, en partie gain de cause au directeur de la Samaritaine, adoptant les dispositifs suivants :


    En ce qui concerne les rayons désignés à la requête sous les numéros 1 (chapellerie et cordonnerie), 4 (meubles et literie), 5 (tapis, rideaux, tentures, papiers peints), 10 (articles de ménage et de jardins), 13 (soieries et lainage) : Considérant qu'il résulte de l'instruction et notamment de la vérification à laquelle il a été procédé en vertu de la décision susvisée du Conseil d'Etat, que des établissements situés à Paris et vendant les mêmes marchandises que les rayons de la Samaritaine affectés aux spécialités ci-dessus dénommées, ont obtenu le bénéfice de la dérogation sollicitée par le requérant, que, dès lors, celui-ci est fondé à soutenir qu'en rejetant sa demande, le préfet de police a méconnu les dispositions de l'article 8 de la loi du 13 juillet 1906 ;





    En ce qui concerne des autres rayons : Considérant qu'il résulte de l'instruction et de la vérification précitées, que la vente effectuée dans ces rayons comprend non seulement les marchandises de la même valeur et de la même nature que celles qui sont exclusivement mises en vente dans les établissements bénéficiant d'une dérogation, mais encore des séries de marchandises différentes ou d'une valeur de beaucoup supérieure ; qu'ainsi chacun de ces rayons, dans son ensemble, ne saurait être considéré comme faisant le même genre d'affaires et s'adressant à la même clientèle que les établissements précités ; que dès lors le requérant n'est pas fondé à soutenir qu'en rejetant sa demande, le préfet de police a méconnu les dispositions de l'article 8 de la loi du 13 juillet 1906 ;


    Décide :


    ARTICLE 1er. L'arrêté susvisé du préfet de police est annulé en tant qu'il a refusé au sieur Cognacq l'autorisation de donner le repos hebdomadaire par roulement au personnel employé dans les rayons de son établissement ainsi dénommés : chapellerie et cordonnerie, meubles et literie, tapis, rideaux, tentures ; papiers peints, articles de ménage et de jardin ; appareils de chauffages et d'éclairage, soieries et lainages.


    ARTICLE 2. Le sieur Cognacq est renvoyé devant le préfet de police pour la délivrance de l'autorisation à laquelle il a droit pour les rayons ci-dessus indiqués.

      

      http://img206.imageshack.us/img206/4747/samaritaine2je2.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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     Fichier:Madame Dubarry1.jpg

      
      
    Le château de Versailles ouvre les portes des appartements de la comtesse Du Barry, dernière maîtresse royale et présente une approche du style Louis XV.

    La société des amis de Versailles a pour but de réunir des admirateurs inconditionnels du château et de généreux donateurs permettant de redonner son éclat d'antan à cette œuvre magistrale voulue par Louis XIV.

    Les membres ont la possibilité de visiter des lieux, généralement inconnus du grand public, avec un conférencier.

    L'appartement de la "belle" Du Barry a été entièrement rénové et meublé dans l'esprit du XVIIIe siècle avec du mobilier d'époque. Quelques pièces rares, tant par leur nombre que par leur esthétique, ont pu être réunies. Elles ont appartenu à la célèbre Comtesse.


    Salle à manger des appartements deJeanne du Barry , Michèle LALLEE-LENDERS

     

    Jeanne Bécu et le Roi

     

    Louis XV ne se trompe pas lorsqu'il croise, dans un des grands escaliers de Versailles, une jeune femme d'une grande beauté dont il tombe éperdument amoureux. Agé de 58 ans, c'est un éternel neurasthénique. L'apparition de Jeanne va transformer sa vie.

    Pour être présentée à la cour, Mademoiselle Bécu doit être titrée, elle épouse donc le Comte Guillaume Du Barry avec lequel elle contracte un mariage blanc. Rien ne s'oppose plus, dès lors, à ce qu'elle vive à Versailles auprès de son royal amant.

     

     

     

     Louise Ebel Pandora Versailles Intime.

     

    L'installation

     

    Sous les attiques du château, donnant sur la cour de marbre, se trouvent les cabinets privés du souverain. Très vite, ce dernier octroie à sa favorite une partie de ceux-ci. Le premier architecte du roi, Ange Jacques Gabriel est mandé pour donner une nouvelle fraîcheur à cet endroit.

    En ne s'adressant qu'à des artistes, pour ne citer que les plus prestigieux, tels que Fragonard, Madame Vigée Lebrun, Watteau et Van Loo pour la peinture, Carlin pour les commodes, boîtes à bijoux et secrétaires, Germain pour l'orfèvrerie ou encore Verbeck et Desgoulon pour les boiseries et les stucs, la jeune Du Barry va réunir tous les talents particulièrement prisés à la cour en matière d'arts décoratifs.

     



    une fenêtre des appartements de Madame Du Barry, Michèle LALLEE-LENDERS

     

     

      

    Visite d'un chef-d'œuvre du XVIIIe siècle

    Après avoir "grimpé" par l'escalier intérieur du Roi, on accède enfin à ce lieu si particulier. Les plafonds sont bas et l'appartement n'a rien de comparable avec ceux que l'on visite habituellement. Cependant, bien que situé juste sous les toits, il se dégage de ce lieu mythique un charme incontestable.

     

    L'antichambre

    Sitôt la porte d'entrée passée, on accède à la première antichambre où se trouvent des armoires. En leur temps, elles contenaient le linge de table, l'argenterie et la vaisselle.

    Un magnifique service de table dit "le service aux rubans bleus" trône derrière une vitrine, il est composé de 37 pièces dont certaines au chiffre de la propriétaire. Elles sont en pâte tendre, sortent tout droit de la manufacture royale de Sèvres; elles furent acquises par Madame Du Barry le 1er septembre 1770.

      

    La bibliothèque

    Dans le même lieu se trouve un petit escalier menant à une ravissante pièce aux dimensions réduites mais merveilleusement décorée, la bibliothèque.

    Les portes des armoires en verre, raffinement inouï pour le siècle, sont ornées de motifs d'or dans le goût de l'époque. Dans le fond, une petite alcôve en glace avec un canapé recouvert d'un éclatant tissu fleuri, sur la droite, face à la fenêtre, une cage (aux armes de Jeanne) où se trouvait son perroquet favori auquel on apprenait des airs d'opéra et sur la gauche l'inévitable cheminée en marbre griotte, symbole, s'il en est, du château.

      

      

    Les grands salons

    Le salon d'angle donne sur la cour de marbre et la cour royale, la clarté atteint un maximum apportée par des fenêtres en renfoncement, détail d'architecture visant à faire paraître plus grandes les ouvertures. Ces dernières sont richement ornées de motifs "royaux" tels que la fleur de Lys ou les initiales du roi, mais l'artiste ne dédaigne pas les feuilles et les fruits également très appréciés. Quelques meubles d'époque et un portrait du monarque peint par Van Loo se trouvent ici ainsi que les deux fameuses chaises à châssis recouvertes de soie blanche et de motifs fleuris que l'on doit au menuisier Louis Delanois (1769). Elles faisaient partie du mobilier de la jeune femme.

      

    Un amusant détail, dans le mur derrière une porte, on peut apercevoir le minuscule réduit dans lequel, paraît-il, le Roi faisait réchauffer son café…

      

    Puis vient le salon de compagnie qui possède une cheminée de belle facture surmontée d'un buste de Pajou, des chenêts de Caffieri, des sièges recouverts de leur soie d'origine (un must) et deux commodes de style Transition.

     

    La salle à manger et la salle des buffets

    On se dirige, ensuite, vers la salle à manger aux murs blancs, parsemés de motifs turquoise du plus bel effet. Pas de table dans cet endroit puisqu'à l'époque, l'on mettait des tréteaux sur lesquels étaient posés une simple planche. Néanmoins, une nappe damassée donnait au tout une allure royale convenant au premier invité de la Comtesse. Tout autour, se trouvaient les chaises, celle du roi avait un dossier plus haut que celui des autres, noblesse oblige!. A côté, la salle des buffets. Les verres et les bouteilles qui ne figuraient jamais sur la table de la salle à manger étaient rangés ici et sortis à la demande des convives. Les servantes et valets s'occupaient également des nombreux plats en attente.

      

      

    L'alcôve

    Enfin, on rentre dans la pièce privée où règne comme un parfum de scandale à peine voilé: la chambre. Elle se trouve exactement au-dessus de celle de Louis XV.

      

    Les APPARTEMENTS de MADAME du BARRY

      

    On remarque une belle cheminée en marbre blanc finement taillée, une commode Transition, une somptueuse table de Martin Carlin en marqueterie, un petit bureau et une boîte à bijoux du même auteur.

      

    Louise Ebel Pandora Versailles Intime.

      

    Le lit se trouvait, au XVIIIe siècle, en face des fenêtres sur la droite, il était surmonté d'une impériale, sorte de baldaquin avec de lourdes tentures. Une autre porte, ouverte, celle-ci, montre un escalier qui rejoint les toits du château et qui, sous Louis XVI, permettait l'accès à sa bibliothèque.

      

      

    Les communs

    La salle de bains spacieuse laisse apercevoir la place où se trouvaient les deux baignoires en cuivre épais, la première servant à se laver et la seconde à se prélasser dans une eau parfumée.

    L'appartement se termine par une pièce attribuée à la femme de chambre, un cabinet de la chaise et l'immense garde robe aux habits.

    La comtesse Du Barry quitte Versailles en mai 1774, le roi se meurt. Elle n'y reviendra jamais…


    Fichier:PavDuBarry1.jpg

    Louveciennes

     

     

     

    Sources :

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    La marquise de Pompadour, François Boucher, vers 1758

      

    Étiquettes et élégances au temps

    de Madame de Pompadour

    par Henrielle Vanier

    A ne considérer Mme de Pompadour que sous l'aspect de reine de la mode, on écarte fort heureusement tout ce qui put être néfaste dans son rôle.
    Seuls s'imposent alors sa grâce, sa beauté et son humeur inoffensive.
    La voici parée de ces charmants atours que nul ne porta mieux qu'elle, plongeant en des révérences dont elle avait tôt appris la souplesse pour mieux séduire le Roi.

    Moralistes et chroniqueurs, en tout temps, ont exercé leur virtuosité à l'occasion des réjouissances de la Cour.

     

    En 1751 la famille royale célèbre la naissance du duc de Bourgogne: belle occasion de critiquer les uns, de plaindre les autres! "On ne s'aperçoit point de la misère à Paris, tout est d'une grande magnificence en équipages et en habits, surtout les hommes. et ce luxe a pris dans tous les états".

    "Toute la cour fait une grande dépense. On ne sait comment se retourner pour gagner".
    Les ducs de Chartres et de Penthièvre font sertir de diamants les boutonnières de leurs habits; on ne parle que de velours multicolores brodes d'or, de brocarts de grand prix, de point d'Espagne d'or; le velours noir n'est pas admis.
    Louise Ebel Pandora Versailles Intime.
    Barbier ne faisait, en somme, que se répéter; quelques années plus tôt, lors du premier mariage du Dauphin, il récriminait bien davantage: les seigneurs commandaient chacun trois habits pour les trois jours, et à quel prix!
    Le marquis de Stainville faisait doubler de martre du drap d'argent brodé d'or; le marquis de Mirepoix préférait payer fort cher, en première location, les vêtements qu'il rendrait au tailleur à la fin de chaque journée; le raisonnable et raisonneur duc de Croy n'hésitait pas à déranger son budget pour paraître avec dignité: "toujours il y a quelque occasion d'incommoder les gens de cour". gémit notre chroniqueur.

    Il gémira encore lorsque les deuils de la Dauphine et de la Reine de Pologne ruineront les marchands de soieries "déjà chargés des habits de printemps et des taffetas de couleur".
    Voilà les dames de la cour et de la ville," celles du bon air" évidemment, en laine pour trois mois; point de diamants; au bout de six semaines, des" effilés" de lingerie, en fait de garnitures; ensuite, le petit deuil en blanc: comment écouler les stocks et les fantaisies du dernier goût?
    Vers la fin du règne, Diderot reprendra le même thème, après le mariage du duc de Chartres:

    "Il faudra voir avec le temps où s'arrêtera ce délire de luxe, ou s'il trouvera le moyen de se surpasser lui-même. J'avais cru, il y a une quinzaine d'années, lorsqu’on inventa pour les habits d'homme, des étoffes à trois couleurs, que cette mode paraîtrait trop frivole et ne pourrait durer longtemps.
    Je me suis bien trompé.
    On a trouvé depuis le secret de mettre sur le dos d'un homme une palette entière, garnie de toutes les teintes et nuances possibles. Aujourd'hui, on met la même variété dans les broderies d'or et d'argent qu'on mêle de paillons de diverses couleurs: ces habits donnent à nos jeunes gens de la cour un avantage décidé sur les plus belles pouées de Nuremberg.
    "Si j'étais Roi de France, et si j'avais à être assassiné. ce serait avec les aiguilles des faiseurs de paillettes et de paillons."


      

    Les bals parés, et celui de 1745 venait en première ligne. dans les préoccupations des courtisans, étaient une occasion de se mettre en valeur.
    On n'y pouvait paraître qu'en tenue de Cérémonie, ce qui rendait la fête" plus magnifique qu'agréable". Les hommes" marqués pour danser" portaient des habits à grands parements, brodés sur toutes les tailles (c'est-à-dire, littéralement, sur toutes les coutures), avec des écharpes.

    Ils devaient être en"cheveux longs avec des allonges, ou en perruques naturelles"; ceux qui ne dansaient pas étaient autorisés à les nouer en deux petites cadenettes, mais point en bourse; cette coiffure simplifiée, alors adoptée par tous les gens d'épée, ne convenait pas au cérémonial.

    Les dames présentées n'étaient admises à la Cour qu'en"grand habit", le buste emprisonné par le"grand corps fermé" en forme de cône, rigoureusement baleiné, recouvert de broderies, et souvent cousu de pierreries; les épaulettes réglables, fixées à l'horizontale pour élargir le décolleté, meurtrissaient les bras, recouverts de l'épaule au coude par trois ou quatre rangs de dentelle.

    Sur l'énorme panier,"artistement couvert de fleurs, de perles, d'argent, d'or, de paillons de couleurs et de pierreries, s'attachait le"bas de robe", qui était en réalité une queue assez étroite, mais d 'une longueur variant avec le rang: depuis 9 aunes pour la Reine jusqu'à 3 aunes pour les duchesses, soit de10,5 m à 3,80 m environ.

    Sur la gorge découverte, 7 ou 8 rangs de gros diamants, que l'on empruntait pour l'occasion, ou qu'on louait fort cher à un joaillier; de lourdes girandoles aux oreilles, des pierreries dans la chevelure; et les belles danseuses, perchées sur les hauts talons de leurs souliers pointus enduraient le martyre en souriant à la ronde.
    Celles qui n'étaient plus jeunes pouvaient, à la rigueur, masquer par une mantille un" corps" ouvert moins suffocant.

    Dure contrainte de la toilette

    Une femme qui allait paraître à la cour pour la première fois devait, tout d'abord, faire examiner par le généalogiste officiel ses preuves de noblesse; elle prenait ensuite l'heure du Roi et de la Reine pour être introduite par une dame déjà présentée; elle avait, auparavant, répété ses révérences avec le maître à danser, et s'était exercé à endurer. pendant ces évolutions, le redoutable"grand corps".
    L'habit de présentation devait être noir. orné de dentelle blanche. et tout recouvert. Pardevant de pompons et de passementeries d'or.

    Puis le lendemain. pour la tournée des visites obligatoires.
    "Tout ce qui était noir se changeait en or et en soieries multicolores". La présentation en grand habit donnait le droit de monter dans les carrosses du Roi et de la Reine., et de souper dans les petits appartements.
    La Reine pouvait aussi accueillir des présentations secondaires, ou "subalternes". mais qui se passaient sans éclat. à sa toilette et en " robe de chambre".

      

    La présentation des hommes autorisait à chasser avec le Roi. à être reçu dans ses carrosses. à monter ses chevaux et à souper dans les petits appartements: "toute autre présentation ne constituait point homme de cour", dira sentencieusement Mme de Genis.
    Pour paraître à la messe du Roi. et lorsque la Reine était en représentation, les dames devaient encore revêtir le grand habit.
    Marie Leczinska en sera réduite. à Fontainebleau. à"écouter la musique de sa chambre, si elle était dans la pièce. il faudrait être en grand habit".

    Les filles de Louis XV qui menaient dans leurs appartements une vie assez casanière, passaient précipitamment. à l'heure du débotté. "un énorme panier recouvert d'une jupe chamarrée d'or et de broderie; elles attachaient autour de leur taille une longue queue.
    et cachaient le négligé du reste de leur habillement par un grand mantelet de taffetas noir. qui les enveloppait jusque sous le menton" En moins d'un quart d'heure. la corvée terminée, Mesdames rentraient chez elles, dénouaient les cordons de leur jupe et de leur queue. et reprenaient leur tapisserie.

    Lorsque le Roi regrettait de ne pas les voir dans l'intimité, elles faisait revenir chez lui après le souper" sans paniers".
    La pieuse Reine n'a jamais prétendu tenir un rôle de coquette: que de belles toilettes, pourtant, lui préparait sa dame d'atours!
    Les échantillons qui en ont été conservés, avec leurs rubriques, permettent de les évoquer:
    " satin vert canard à fleurs d'or; petit jaune à mille fleurs; satin nouveau fond franchipane à fleurs d'argent; moire nouvelle d'Angleterre, Velours ciselé de Florence; taffetas peint; gros de Tours blanc garny de paquet de celery renonès avec du ruban". On en faisait, non seulement de grands habits de cérémonie, mais aussi de ces innombrables robes de toilette, robes à peigner, robes de chambre et robes abattues, qui convenaient aux circonstances et à l'emploi du temps, puisqu'il fallait changer de tenue au moins trois fois par jour, et souvent davantage.

     

    Après avoir figuré à la Cour, en cérémonie, quelle joie pour une jolie femme de s'esquiver vers quelque fête privée, comme celle pour laquelle Choffard a gravé, dans un encadrement chantourné, ce libellé:" Bal pour lundi à 6 heures, les dames sans panier."

    Dès la fin du règne de Louis XIV, on avait réussi à obtenir quelques dérogations aux rigueurs de l'étiquette: les veilles de départs, les dames étaient autorisées à paraître devant le Roi sans être en grand habit; et l'on partait souvent!

    A la campagne, elles' ne faisaient que deux toilettes: pour le matin, un"négligé"; puis, au retour de la promenade," elles se paraierit avec une grande magnificence", mais en robe ouverte, et sans les pénibles contraintes de la tenue de cérémonie.

     

    Château de Madame de Pompadour, Chevilly-Larue

    Chateau de Chevilly Larue de Madame de Pompadour

      

    A Marly, elles étaient invitées à déjeuner, à midi, dans le grand salon, avec le Roi et la famille royale; comme on aimait l'été, retourner de nuit dans les jardins, en grande parure.
    Mme de Pompadour a préparé, dit-on, pour le voyage de mai l75l, une robe garnie de dentelles d’Angleterre, coûtant plus de 22.500 livres.

     

      

    Elle sut triompher de toutes

     

    Les femmes abusaient du rouge en ce temps là, et il devait être plus rouge à la cour qu'à la ville, au point que" l'on avait peine à voir leurs yeux". "Ce rouge, qui semble vouloir être naturel, est une vraie ridiculité", reproche une mère à sa fille.

    Mais il était de mauvais goût d'en mettre le matin, excepté en habit de cour. La jeune Infante qui venait épouser le Dauphin, reçue en France par ces dames trop fardées, envoya demander au Roi"la permission de mettre du rouge", afin d'être au diapason pour les fêtes des noces.
    Quant aux mouches, c'était le point final du maquillage, il ne pouvait être question de les oublier.

    Que de fastidieuses réglementations pour se plier aux usages! On quittait les fleurs avant l'age de 30 ou de 35 ans; on prenait une coiffe noire à 50 ans.
     

      

    Quand on entrait en dévotion, ostensiblement" on quittait le rouge". Le moindre détail de ces toilettes savamment orchestrées était tout un programme.
    Les rois donnajent des bals masqués dans les grandes occasions, afin que les personnes qui n'étaient pas présentées puissent y venir. On y allait en domino, ainsi qu'aux bals ordinaires de la Cour, aux bals offerts par la Municipalité de Paris, à l'Hôtel de Ville, bals masqués de l'Opéra.

    Les dominos étaient taillés"comme des robes de ville, avec des plis par derrière, de très longues manches, de petites queues" et un capuchon; ils se portaient avec de petits paniers; on se divertissait d'autant mieux que le port du masque autorisait les mystifications et les galanteries.

    Lors des fêtes de 1747, pour le second mariage du Dauphin, il y eut"Appartement" à 6 heures, c'est-à-dire assemblée générale de toute la famille royale avec les princes du sang et toute la Cour: Après le souper, "la Reine, en grand habit, se déshabilla pour aller au bal dans son petit appartement", où la Dauphine et Mesdames se rendaient"en habit de masque".


    Ex-libris aux armes de la marquise de Pompadour
    Banque d'Image du centre de recherche du Château de Versailles, INV.GRAV 7037
      

    Vers minuit et demi, raconte le duc de Luynes,"la Reine, masquée. alla jusqu'au Salon d'Hercule pour voir danser la Dauphine, et rencontra la troupe du Roi, masquée et en dominos tous semblables; Mme. de Pompadour y était à visage découvert".

    Ainsi, dans le réseau compliqué des subtilités de l'étiquette, s'était glissée, puis triomphalement installée, cette ravissante personne que le Président Hénault, dès l742, signalait à Mme du Deffand, pour l'avoir admirée à souper.

      

    chez Pont-de-Veyle: "Je trouvai là une des plus jolies femmes que j'ai jamais vue, c'est Madame d'Etioles; elle sait la musique parfaitement, chante avec toute la gaieté et le goût possibles, sait cent chansons, jouie la comédie à Etioles."
    Cette beauté de vingt ans sut se faire remarquer, en forêt de Sénart, sur le passage des chasses royales. Bientôt la mort brutale de la duchesse de Châteauroux suggéra les commentaires que traduit "l'Espion Chinois": "Toutes les jolies femmes se mirent en campagne. n y eut de quoi travailler pour tout le monde: les marchandes de modes, les coiffeurs, les agrémanistes passèrent les nuits. " On ne vendit jamais tant d'étoffes, de rubans, de dentelles, de pompons. On eut dit que toutes les femmes étaient veuves, et qu'elles se préaraient à passer en secondes noces. " On prit des bains et on se parfuma à tout événement".

     

      

    Notons au passage la place occupée, dans l’élégance féminine, par ces passementeries, fabrication des agrémanistes parisiens: associant, avec une inépuisable fantaisie, des soies multicolores, d'étroits rubans. la chenille, la blonde; déroulant des franges à houppettes, qui répondaient au nom mystérieux de sourcil.

      

    ou" soucil d'hanneton et prétendaient imiter les cornes des hannetons, les agréments serpentent au bord des corsages, des manches en pagode et des pans entrouverts du "manteau" soulignent les volants et les falbalas, en s'inspirant du dessin et des couleurs de l'étoffe; reproduisent en miniature les guirlandes et les bouquets qui y sont tissés; et le triomphant bouquet de corsage, insér* à l'angle du décolleté, les ornements de coiffure, les aigrettes de fleurs n~ sont souvent qu'un trompe-l’oeil réalisé par les mêmes artisans.

    Il, ne fut pas question d'aïeux

    Dès février 1745, le duc de Luynes, confident de la Reine, note: "Tous les bals en masque ont donné l'occasion de parler des nouvelles amours du Roi", mais il présume que ce n'est" qu'une galanterie, et non pas une maîtresse".

    En avril, on la remarque aux spectacles de la Cour," dans une loge fort en vue de celle du Roi, et par conséquent de la Reine, fort bien mise et fort jolie".

    Le Roi soupe avec elle, en particulier,"dans ses cabinets, ou en quelque autre endroit qu'on ne sait point". Un petit groupe de courtisans de la plus haute volée se fonne autour d'elle: "ce sera dans peu à qui y soupera, des princesses et dames de la Cour". Après l'avoir installée à Versailles, le Roi achète pour elle, au prince de Conti, le marquisat de Pompadour; il faut bien que le duc de Luynes en convienne," elle sera présentée".

    Elle le fut, en effet, dès le mois de septembre; introduite par la Princesse de Conti, en présence de la foule impitoyable des courtisans.

    La pauvre Reine en avait vu bien d'autres; sa vertu réelle et sa sincère piété lui conféraient une dignité qui imposait le respect. "On pensait que la Reine lui parlerait de son habit, mais elle crut devoir, par cette raison même, lui parler d'autre chose".

    Et ce fut le Dauphin qui lui parla de son habit. Dès la semaine suivante, elle est ouvertement de toutes les parties: elle dîne, à Choisy; avec toutes les dames, à la table de la Reine; elle figure, en tenue de chasse, lors de la visite de Stanislas Leczinski.

      

    " Elle est polie, elle a un fort bon maintien, elle n'est point méchante, ne dit du mal de personne, et ne souffre pas même que l'on en dise chez elle" En octobre, à Fontainebleau, elle ne sort de son appartement que pour aller chez la Reine, devant qui elle multiplie les égards et les témoignages de respect; elle lui envoie des bouquets, Elle engage le Roi à la bien traiter. Mesdames, et même la Dauphine, affectent d'être avec elle en rapports corrects, malgré leur attitude distante et certains silences pénibles, surtout de la part du Dauphin.

     

      

    Les" Choisy" se succèdent pendant la saison d'automne; les dames y sont en"robes" abattues" et, à Dampierre, en robes de chambre. A Marly, le cercle de la Reine et celui de la favorite, avec le Roi, se rencontrent dans le parc;" tout se passe de bonne grâce". Au retour de la campagne de 1746, le Duc de Croy se fait présenter à la Marquise; la trouve charmante,"de figure et de caractère".
    "Elle passe avec aisance sur le corps des premières duchesses, en leur faisant politesse, au grand couvert, pour s'y asseoir".

    Les courtisans les plus favorisés, pour être admis d'office dans les réunions des petits châteaux, arboraient un uniforme vert galonné d'or, qui leur permettait de suivre le Roi dans ses déplacements, sans invitation particulière. Pour l'inauguration de Bellevue, la Marquise imagine de gratifier ses invités d'un" Habit d'ordonnance" en fin drap pourpre, largement borde d'or en bordure et en boutonnières, selon un dessin de son invention, avec "une veste de satin gris-blanc, travaillé en pourpre d'un dessin chenillé, et d'un grand bordé d'or mat, large de quatre doigts".

    Pour les dames, les robes devaient être de ce même satin gris-blanc, tout unies et sans or. Malheureusement, Mme de Pompadour n'offrait que les tissus, et la broderie, fort coûteuse, restait à la charge des heureux élus, ainsi que les habits des valets de chambre, en drap vert, à bordure et boutonnières d'or!

     

      

    Robes de bain et négligés

    "Madame de Pompadour altéra un peu le ton de la cour, proclame Mme de Genlis, mais ne changea. rien aux étiquettes."

    Pour esquiver les difficultés de protocole, elle recevait à sa toilette,"en peignoir et nu-tête" dans son arrière-cabinet de laque rouge. On se pressait à sa porte, il y avait du monde jusqu’au bas, de son petit escalier. Le comte d'Argenson ose, même écrire:
    " la toilette de cette dame est une espèce de grande Cérémonie, on la compare au fameux déculotté du Cardinal de Fleury .. Les soirs, tous les grands y accourent pour se montrer."

      

    On y rencontre, entre autres, la Maréchale de Mirepolx, cette altière Lorraine, Dame du Palais de la Reine, le Maréchal de Saxe que la favorite appelle"mon maréchal", le duc de Richelieu pour qui elle improvise, après la prise de Minorque, un noeud d'épée appelé"à la Mahon".

    Louise Ebel Pandora Versailles Intime.  

    Tout a été dit sur la toilette des femmes au XVIIIe siècle, sur leurs coiffeurs: ce Dagé qui"accommoda" successivement Mme de Châteauroux, la Dauphine et Mme de Pompadour; ce Legros qui publiera en 1765 un livre d'estampes:"de l’Art de la coiffure des Dames", au moment ou le"tapé" s'élève en hauteur, rehaussé de crêpons et de coussinets de crin. Mme de Genlis précise ce qu'illustrent toutes les estampes: "Les dames s'habillaient, changeaient de chemise, se laçaient devant les hommes"; elle continue, imperturbable: "On recevait des hommes lorsqu’on était dans son lit, on n’en recevait jamais lorsque on était dans son bain".

     

      

    On se baignait, du reste, en longue chemise de flanelle ou de tricot, boutonnée du haut en bas, les bouts de manches, ainsi que le collet, étaient doubles de linge. Le trousseau de Mme de Pompadour, inventorié après sa mort, remplissait 9 malles, dont 3 de lingerie, dentelles et garnitures. Il s’y trouve erl quantité ces peignoirs et"manteaux de lit", en mousseline brodée, en linon Qroché ou en point d’Angleterre, ces derniers composant de véritables ensembles: le grand fichu, la coiffe. la taie d'oreiller et les draps, assortis au manteau lui même.

    "Recevez, charmante Adrienne. recevez ce manteau de lit", écrivait Voltaire à Mlle Lecouvreur, bien des années auparavant: la favorite reçut évidemment nombre de semblables cadeaux. Son livre de comptes, très régulièrement tenu, précise qu'elle n’a dépense pour sa garde-robe."en 19 ans de règne",que 350.235 livres, tout compris.

    Moulin à café en or ayant appartenu à Mme de Pompadour
    Oeuvre de Jean Ducrollay (vers 1708 - après 1776)
    Conservé au Musée du Louvre, Objets d'Arts, INV OA 11950, acquis par dation en 2000.

      

    C’était en 1764 une grosse somme, et les mémorialistes ne tarissent pas sur ses excessives dépenses. Mais aussi,. quel choix de précieuses dentelles pour ses devants de corps, ses tours de corset, ses tours de gorge, ses manchettes à 2 et à 3 rangs, ses coiffes, coiffures,"barbes, respectueuses et port-mahon"!

    Valenciennes, Angleterre, Malines et point d’Argentan se fixaient dans les boucles de la chevelure par les "plis pour bec de bonnet", en brillants, rubis, diamants jaunes et saphirs.

    Parmi les déshabillés, on lui attribue le lancement de ces négligés appelés à la Pompadour, "dont les formes sont telles qu’ils ressemblent aux vestes à la turque, pressent le col, et sont boutonnés au-dessous du poignet; ils sont adaptes à l'élévation de la gorge et collent juste sur les hanches, rendant sensibles toutes, les beautés de la taille. en paraissant vouloir les cacher". C'est ainsi que Van Loo la peindra en Sultane prenant le café, et l'on retrouve dans ces souples vêtements d'intérieur, d'inspiration orientale, le souvenir des costumes de théâtre et de son goût pour la scène.

    Elle s'était fait applaudir en"habit à l'asiatique" ou en "doliman de satin cerise, garni d'hermine découpée, avec jupe de satin blanc peinte en, broderie d'or".

    Quand elle paraissait dans le répertoire classique, c'était une tenue plus encombrante; elle portait dans Acis et Galatée une "grande jupe de taffetas blanc peinte en roseaux, coquillages et jets d'eau, avec broderie frisée d'argent bordée d'un réseau chenillé vert; un corset rose tendre, avec une grande draperie de gaze d'eau argent et vert à petites raies, le tout. orné de glands et de barrières de perles".

    Elle ne dédaignait pas non plus le travesti masculin, et jouait Colin "habillée en homme, mais comme les dames le sont quand elles montent à cheval: c'est un habillement très décent".

     

    Château de Madame de Pompadour, Chevilly-Larue

      

    Tombée au rang de dame de compagnie

    Nos brillantes amazones montaient en longue et ample jupe et devaient être munies d'un large choix de tenues de chasse, selon qu'il s'agissait de galoper en foret, ou de suivre dans les carrosses du Roi.
    C'étaient tantôt de véritables justaucorps de coupe masculine: aux larges poignets galonnés, ouvrant sur le gilet qui s'appelait alors la veste; tantôt d'amples robes à plis, fermant devant sous des ruches de passementerie d’or, qui soulignent aussi les longues manches avec une cravate de lingerie, et le petit tricorne bordé de fourrure, crânement posé sur une perruque d'homme nouée"à la brigaudière"; c'est ainsi que Nattier représente Mme Infante, fille aînée de Louis XV, dont le voyage en France, en 1748, provoque quelques difficultés, à cause des réjouissances familiales auxquelles participait la favorite.
     

      

    Mme de Pompadour, à la fin de sa vie, avait dans ses bagages un habit de drap vert brodé d'or, une redingote de pou de soie avec"veste" assortie, brodée en or également, ainsi qu'un autre habit de laine tricotée, complété par la veste, la jupe et la culotte de même.
    Mesdames aimaient toutes courre le cerf à cheval, mais surtout Mme Louise qui devint carmélite.
    Après ces randonnées, le Roi recevait ses filles en tenue de chasse dans ses petits appartements; pendant le deuil de la Dauphine, elles chassaient habillées de noir ainsi que leurs dames, et les hommes en justaucorps gris.
    Louise Ebel Pandora Versailles Intime.
    En hiver, les parties de traîneau sur le Grand Canal donnaient prétexte à étaler les riches fourrures, le manteau d'hermine, les garnitures de martre zibeline et les manchons en baril.
    Le velours fourré et ourlé de luxueuses pelleteries laissées à la silhouette toute sa sveltesse; c'est la favorite, blottie dans son traîneau, que Boucher a prise pour modèle en évoquant les plaisirs de l'hiver.

    Mme de Pompadour partageait encore, bien entendu, les deuils de la famille royale; une de ses malles était consacrée aux toilettes imposées en ces circonstances: grands habits, robes de chambre, ou casaquins avec leur jupe, en ras de Saint-Cyr, en taffetas, velours et gaze; noirs, blancs ou gris; en satin moucheté, en taffetas rayé. garnis de plumes.

    Pendant la deuxième période du deuil, on avait droit aux lingeries unies et garnies d'effilés.
    Le petit deuil permettait, en noir et blanc, les perses, les indiennes, les pékins, toutes ces gracieuses fantaisies à ramages de caractère exotique, peintes ou imprimées, d'autant plus recherchées que la fabrication et la vente en resta interdite jusqu en 1759; ce qui stimulait les importations clandestines, par les vaisseaux de la Compagnie des Indes.

    Le deuil termine, Mme de Pompadour reprenait avec joie ses négligés de" toile peinte" en toutes couleurs; quantité de pièces entières et de métrages pour robes figurent dans son inventaire.

    En dépit de sa mauvaise santé, elle soutenait le rythme épuisant de la vie de cour; tantôt on la trouvait maigrie,"la mine défaite, coiffée de nuit à la chapelle"; puis engraissée et plus belle que jamais.

    Elle obtint en 1752 le tabouret et les honneurs de duchesse; on vit son écuyer, le Chevalier d'Henin, de la Maison de Chimay, "portant sur le bras son mantelet en suivant sa chaise à pied, prêt à poser le manteau sur ses épaules dès qu'elle mettrait pied à terre".
    Ensuite elle donna dans la dévotion, tint des conférences avec le Père de Sacy, fit des lectures de piété, priant ostensiblement sous ses coiffes baissées, n'allant plus au théâtre, ne recevant plus à sa toilette, mais à son métier. Le bruit courut"qu'elle allait quitter le rouge"...
    Mais non, le sérieux duc de Croy l'écrit sans rire, "ce n'était qu'un quart de conversion".

    N'étant plus pour le souverain qu'une amie et une" dame de compagnie", elle pouvait sans indécence et réimposée à la Reine comme Dame du Palais. La duchesse de Luynes l’introduisit en cette charge au milieu de l'étonnement des courtisans: "Entrant en semaine de service, elle y a paru à souper, au grand couvert, parée comme un jour de fête, et elle a fait son service avec un air tranquille, comme si elle n'avait jamais fait autre chose."

      

    Parmi ses amis les plus fidèles, le duc de Choiseul et sa charmante femme tiendront chez elle, jusqu'à ses derniers jours, de ces conversations intimes et"dégantées" dont le Roi aimait le naturel.
    Mais ses forces déclinaient, elle souffrait de quintes de toux, de suffocations. Pendant un séjour à Choisy, en 1764, une rechute plus grave se déclara. Ramenée à Versailles, elle se sentit perdue, et se prépara à la mort avec beaucoup de fermeté et de religion; elle n'avait que 42 ans.
    Bientôt la mort prématurée du Dauphin, de la Dauphine, la disparition de la Reine, multiplièrent les deuils de la Cour. Mesdames restaient à l'écart. Mme du Barry n'eut ni le temps ni les qualités nécessaires pour s'imposer. Le sceptre de l'élégance, maintenu par Mme de Pompadour pendant "19 ans de règne", sera repris par Marie-Antoinette; et la Mode, sous son impulsion personne1le, évolua vers un style très différent.

    Sources : HENRIELLE VANNIER

    http://www.madamedepompadour.com

     

     

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    Levis Jean Blue Jeans La Supérette Denis Jacob Devis

      

    Vêtement porté par les travailleurs manuels américains à la fin du XIXème siècle, le blue jeans est devenu emblématique de l'American way of life, avant que la mode du jean ne gagne tous les continents et toutes les catégories sociales. Le confort et la robustesse de ce pantalon à coutures coupé dans la toile denim lui ont permis de résister aux modes et de s'y adapter.

    Cette pièce incontournable de tout dressing et de tout individu, quelque soit sa catégorie sociale, n’a pourtant pas toujours été la reine des basiques. Retour sur l’histoire à succès de ce fondamental ou devrais-je dire sur la success-story de ce must-have, pour faire plus djeuns.

    Au 16ème siècle, la république indépendante de Gênes en Italie, est à son apogée. Ses tissus sont réputés et parmi eux, se trouve une toile de laine et de lin servant à fabriquer des voiles pour les navires, des bâches, mais aussi des pantalons solides pour les marins. Importée sur le continent américain, la toile « de Gênes » s’anglicise, et par contraction et déformation duent à la prononciation locale devient « jeans ».

    Durant le 18ème siècle, la robuste toile de jean est utilisée notamment pour la confection de vêtements destinés aux esclaves dans les plantations.

      

    Mais c’est à la fin du 19ème siècle que l’histoire débute lorsqu’un immigré allemand de 24 ans du nom de Loeb Strauss quitte sa bavière natale pour tenter sa chance, comme beaucoup à son âge, aux Etats-Unis. En pleine période de la Ruée vers l’or, il arrive à San Francisco pour vendre ses stocks de toiles de Gênes aux nombreux chercheurs d’or des mines qui peuplent la région. Il fonde en 1853 son entreprise du nom de Levi Strauss and Co et ouvre son premier magasin. Il constate que les tenues des travailleurs sont peu propices aux conditions de travail et a l’ingénieuse idée de tailler des salopettes et des pantalons dans cette toile. Cette matière inusable fera son succès.

      

    D’où vient son nom ?

    Le tissu utilisé pour la confection du blue jean est le denim. C'est une toile de coton à armure de serge qui était originellement tissée à Nîmes, d'où son nom (denim viendrait phonétiquement de « de Nîmes »).
     

    Le tissage très serré est fabriqué à partir d'une chaîne teinte en bleu (du moins à l'origine) et d'une trame écrue ou blanche. Le bleu de la chaîne provenait d'une teinture dite « blu di genova » (en italien, « bleu de Gênes ») et le nom jeans viendrait d’une déformation de la prononciation du mot « genovese » (génois).

      

      

    La naissance du blue jean

    La longue histoire du jeans débute dès le XVIème siècle à Nîmes, là où est fabriquée la toile denim.  Mais c’est en 1853, en pleine ruée vers l'or, que Levi Strauss a l'idée de confectionner un pantalon dans la toile de ses tentes, car les conquérants de l'Ouest ont alors besoin de vêtements de travail solides.
     

      

    Vers 1860, Levi Strauss poursuit la fabrication de pantalons en remplaçant la toile de tente par de le coton fabriqué à Nîmes, tout aussi robuste mais coloré en bleu par des bains d'indigo : c’est la naissance du blue jean.

      

      

    La conception du blue jean Levi Strauss

    Il faut attendre 1873 pour qu’apparaissent sur le blue jean les surpiqûres en fil orange sur les poches arrière, en forme d’arc figurant un aigle, ainsi que les poches à rivets.
    Dès l’année suivante, pour empêcher la contrefaçon, Levi Strauss et Jacob Davis obtiennent le brevet pour les rivets sur les poches, qui les empêchent de se déchirer.
    Le 501 fait son apparition sur le marché en 1890.

      

    Le premier Jeans

    Un jeune homme, originaire d’Allemagne, Oscar Levi Strauss fraichement débarqué en Californie monte un commerce de toiles de tentes et de bâches de chariot. Mais les conquérants de l’Ouest ont besoin de pantalons solides. En 1853, Levi Strauss a l’idée d’en confectionner un dans la toile de ses tentes.

      

    Le premier jeans est né. Le premier patron connu présente une salopette coupée avec des boutons pour ajuster des bretelles. Vers 1860, Levi Strauss décide de remplacer ce lourd tissu peu propice à la confection, par une toile de coton à armure de serge, le sergé de la ville de Nîmes, le ‘Denim’

      

      

     

    Il était une fois le Jean La Supérette

      

      

    Le blue jean des Etats-Unis à l’Europe

    Pendant la grande crise de 1929, le jeans est adopté par les paysans et les travailleurs et en 1933, dans le cadre du New Deal, des dizaines de milliers de salopettes en denim sont distribuées aux déshérités.

      

      

    Vers 1935, la mode du blue jean se répand au sein d'une population estudiantine et artistique et ce pantalon s'introduit dans les garde-robes féminines.

    Marilyn 1945

      

    Le jeans débarque en Europe avec les GI's en 1945. En Europe, ce vêtement a toujours été plus cher que dans son pays d'origine.

      

    Marilyn 1952

      

    Il faut attendre cette période pour que le jeans se décline aussi en noir.
    Dans les années 50, le jeans, associé au blouson noir et à la Harley, devient le symbole de la révolte des jeunes. James Dean et Marlon Brando contribuent à son succès.

      

     

      

    Le blue jean dans les années 70

    Le blue jean devient un code vestimentaire chez la génération hippie. Sa forme change avec les jeans patte d'éléphant et il se personnalise. En effet, on le customise, on le peint, on le brode, on y coud des coquillages, des strass, des bijoux, des motifs de fleurs ou « peace and love ».
     

    Jean Blue Jeans Jacob Davis La Supérette Levis

     

    En France, le jeans s'impose comme un bien de très grande consommation avec le choc pétrolier de 1973. Ce marché se développera de façon exponentielle jusqu'au début des années 1980.

    Il était une fois le Jean La Supérette

      

     

    A New York, une sélection de jeans décorés exposés au musée d'art contemporain pendant deux mois attire 10 000 visiteurs.

    Il était une fois le Jean La Supérette

     

    C’est en 1978 qu’apparaissent les stone-washed, des jeans délavés par un traitement qui consiste à bombarder le tissu de petites pierres ponces.

      

    Le blue jean des années 80 à nos jours

    Après un recul au profit des slacks, pantalons de toile plus légers et plus habillés, le blue jean revient sur le devant de la scène en 1986 et s'impose comme un produit de mode à part entière.
     

    Dans les années 1990, l’apparition du surteint donne un coup de jeune à ce grand classique, bientôt suivie par la vague du Lycra en 1994. Le jeans lycra rencontre un grand succès auprès des femmes et en 1996, pour la Première fois en France, les femmes achètent autant de jeans que les hommes.

      

     

    En 2000, Rica Lewis devient numéro un du jeans sur le marché de la grande distribution.
    Aujourd'hui, le jean est devenu un signe identitaire d'appartenance à une communauté. Sa forme (le slim, le boot cut, le relax, le regular, etc.) ou sa marque (diesel, notify, acquaverde, pepe jeans) est un signe de ralliement à un stéréotype social.
     

      

    Du vêtement utilitaire porté par les pionniers aux créations des plus grands stylistes, le blue jean aura marqué l’histoire du XXème siècle.

     

    Levi's Strauss

    Tissu de coton ou de polyester-coton, à armure croisée, très serré, fabriqué à partir d'une chaîne teintée généralement en bleu et d'une trame écrue.

     

    "GO WEST YOUNG MAN"

    En 1849, San Francisco qui n'était jusqu'alors qu'une petite bourgade délaissée par la conquête espagnole connaît un essor prodigieux, dû à la découverte de l'or en Californie.

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    Du monde entier, une nuée d'émigrants, irrésistiblement attirés par le mythe de l'Eldorado, fond sur la ville dont la population décuple en l'espace de 3 ans (en 1853, la ville compte 70.000 habitants, dont 33.000 sont arrivés la même année).

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    Le port connaît désormais un trafic intense. "Frisco", comme le désignent déjà ceux qui viennent y chercher fortune, est un vaste chantier, peuplé de pionniers, d'aventurier, de commerçants. Une foule bigarrée, volontaire, souvent dangereuse, inaugure un nouvel épisode fabuleux de l'épopée de l'Ouest Américain.

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    LEVI STRAUSS, petit colporteur juif d'origine bavaroise, rejoint ses frères négociants en tissu, installés à New York, avant de tenter sa chance vers l'Ouest lointain. Il Arrive en 1853 à San Francisco après avoir suivi le chemin légendaire des convois de pionniers traversant le continent.

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    On l'imagine, émerveillé, parcourant la ville fiévreuse de la ruée vers l'or, dans son fourgon bâché, transportant des rouleaux d'épaisse toile pour confectionner des tentes et des bâches de chariots.

    Levi Strauss allait vendre aux mineurs des boutons, des ciseaux et des toiles de coton rigide pour recouvrir leur matériel ou faire des tentes. Il est surpris de voir que personne ne veut de ses produits. En revanche, les mineurs se plaignent de ne pas avoir de pantalons assez solides contre la boue et la saleté. Il propose alors une salopette faite de toile de coton rigide… une bonne idée, mais le tissu trop rude n’est pas confortable. Malgré tout, sa clientèle augmente et Levi décide de faire venir le sergé de Nîmes qui était aussi solide que confortable. Le tissu devient le «denim jean»

    Le génie de LEVI STRAUSS, l'étincelle qui devait transfigurer sa vie, fut d'avoir pris au mot la revendication d'un pionnier et d'être allé le soir même couper le pantalon, le premier "jean" LEVI'S.

    Le pantalon mythique comblant les désirs du chercheur d'or, LEVI STRAUSS vit dans la pénurie de vêtement de travail la possibilité d'une entreprise d'envergure, et bien vite une fabrication en série de "pantalons" et de salopettes fut lancée.

    Ces jeans primitifs étaient en toile marron, sans poche arrière, ni passant pour la ceinture.

    Destinés d'abord aux travailleurs de la conquête de l'Ouest, chercheurs d'or, constructeurs de chemin de fer, mineurs ou forestiers, les pantalons acquièrent très tôt le statut de vêtement de travail nécessaires en Californie.

    La toile initiale dans laquelle furent taillées les premières créations de LEVI STRAUSS n'était autre que le burat de Nîmes, tissu ancestral créé à partir de déchets de coton dans la ville languedocienne, mais aussi dans une grande partie de l'Italie du Nord et en particulier, à Gênes. De là d'ailleurs vient le nom de "jeans" qui n'est autre qu'un anglicisme et une contraction du mot GENOVESE (Génois en italien) épithète attesté dès le XVIème siècle dans le OLD ENGLISH DICTIONNARY, qui désignait le vêtement de burat des marins génois.

    L’origine du terme denim est plutôt controversée. On a l’habitude de dire que ce serait une contraction de l’expression française sergé de Nîmes, qui est une étoffe grossière de bure, très solide, tissée avec de la laine et des déchets de soie, dans la ville de Nîmes, depuis au moins le XVIIe siècle. A la fin du XVIIIe, on applique aussi le terme à un tissu de lin et coton fabriqué dans le Bas-Languedoc, qu’on exporte vers l’Angleterre. L’historienne Pascale Gorguet-Ballesteros cite encore le nom occitan de nim qu’on donne alors au beau drap de laine produit entre la Provence et le Roussillon.

    LA différence avec la toile de jean est que le denim est un entrelacement d’un fil de trame clair (en général écru) avec un fil de chaîne teinté. A noter que cette teinture n’est pas ‘à cœur’, ce qui explique le processus progressif de délavage.

    Son tissage diagonal qu’on appelle plus communément le sergé est tissé comme suit : un fil dans le sens de la largeur passe sous deux fils placés dans le sens de la longueur. Éventuellement, les fils teints en bleu avec de la teinture indigo étaient tissés avec des fils blancs, ce qui est devenu une particularité du sergé de Nîmes. Les mots sergé de Nîmes ont été troqués pour «denim» et le mot jean provient de Gênes, en Italie, qui lui a donné sa couleur indigo.

    Le denim le plus répandu est aujourd’hui composé de fils écrus d’une part, et bleu indigo d’autre part, mais on retrouve dans les catalogues de vente dès le milieu du 19ème siècle, des denim de toutes teintes, et même des modèles fantaisies (trames de dessins).

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    Et là, les nîmois se trémoussent en pensant "mais quand parlera-t-on de nous ?". Nîmes produit effectivement dès le 16ème siècle un sergé. Il est indéniable que le denim hérite son nom du sergé de Nîmes, qui, au fil du temps, est devenu un procédé plus qu’une origine de fabrication. Comme le frigo si vous voulez… Mais là s’arrête la filiation, car le sergé de Nîmes était composé de laine et parfois de soie.

    Jean et denim sont aussi produits par les manufactures aux Etats-Unis au 19ème siècle, et les catalogues de vente distinguent bien ces deux étoffes, la première étant beaucoup plus rugueuse et solide que la seconde. Des maisons de confection proposent des redingotes, des vestes, des pantalons en jean ou en denim, dans des teintes marrons, noires, blanches, bleues, etc.

    Une gamme de vêtements nouvelle apparait alors : les "overalls" (vêtements de dessus), des combinaisons, salopettes et pantalons destinés à être enfilés par dessus les vêtements habituels, destinés à de nombreuses professions. Les overalls en jean sont moins confortables que ceux en denim.

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    Un panneau publicitaire de Levi Strauss, datant de 1936, vendu aux enchères en France en septembre 1992 pour 37 000 $. (Pierre Boussel/AFP/Getty Images)

     

    Bien avant que Levi Strauss popularise le denim, l’Inde, au 16e siècle, exportait le dungaree, un tissu de coton épais pauvrement tissé et teint d’indigo. Il était vendu aux marins portugais qui l’utilisaient pour les voiles de leurs bateaux. Le matériel servait également à faire des vêtements et était utilisé par les gens pauvres. Durant la même période, en Italie, plus particulièrement à Chieri, une petite ville près de Turin, était vendu ce qui allait être le tissu denim. L’armée navale de Gênes faisait coudre, pour ses marins, des pantalons solides portés secs ou mouillés et qui pouvaient se retrousser facilement. Ces jeans étaient lavés à la mer dans un filet accroché à l’arrière du bateau et le contact du sel sur les pantalons les rendait d’un bleu de plus en plus pâle, d’où le nom de bleu de Gênes. Par contre, le tissu provenait de France, de la ville de Nîmes. C’est dans cette ville que le tissu est né.  

    Ce qui est sûr, c’est qu’au début du XIXe siècle, le denim désigne, en Angleterre et en Amérique, un robuste sergé de coton, avec un fil de chaîne généralement teint à l’indigo et un fil de trame écru, réservé à la confection des vêtements de travail des mineurs, des ouvriers et des esclaves noirs. Ce serait encore une autre histoire de vous raconter la guerre de résistance dans la France du XVIe siècle entre la guède (les fameuses boules de Cocagne qui donnent le pastel) et l’indigo.

    C’est donc ce tissu que choisit Levi Strauss, mais seulement dans les années 1860, pour confectionner ses pantalons. Il est alors en affaire avec la famille André de Nîmes. A partir de 1915, Levi Strauss & Co commence à acheter son denim à Cone Mills, en Caroline du Nord, qui devient le fournisseur exclusif à partir de 1922.

    Le denim jean fait fureur, mais il reste toujours un problème que le couturier Jacob Davis est décidé à résoudre. M. Davis était un client de Levi Strauss, il lui achetait des toiles de coton et d’autres accessoires de couture. C’est d’ailleurs chez Davis que les mineurs ramenaient leurs pantalons pour faire raccommoder les poches qui se déchiraient tout le temps. Davis a l’idée géniale de renforcer les poches avec des rivets de cuivre. Comme il ne peut se permettre de payer le brevet pour son idée, il demande à Strauss d’être son partenaire. Ainsi, en 1873, le brevet pour renforcer les poches entre en vigueur et la compagnie Levi Strauss & Co. commence à manufacturer le fameux pantalon denim avec des rivets de cuivre. Les coutures contrastantes jaunes et orangers, qui sont devenues une caractéristique du jean, sont créées pour s’harmoniser avec les rivets.

    Par la suite, Levi invente la petite étiquette rouge qu’il met sur le coin de la poche. C’était la première fois qu’un vêtement avait une étiquette extérieure. Aujourd’hui, les designers s’efforcent de réinventer le denim jean avec des lavages uniques comme le lavage à la pierre ponce, ou le lavage à l’acide, ou encore aux enzymes. À travers 400 ans d’histoire, le denim a été lavé, déchiré, brodé, perlé, clouté, raccourci, élargi; bref, il est passé sous toutes les coutures. Malgré tous ces essais, les caractéristiques premières du denim jean restent les mêmes.

    Comme quoi, on ne se lasse pas des classiques !

    DU FILON D'OR AU FIL D'OR

     

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    Les pionniers de San Francisco, sans doute à cause de la présence de marins génois dans le port, on bien vite fait la relation et créé l'amalgame : les premiers vêtements de LEVI STRAUSS ressemblaient étonnamment à ceux des marins, d'où la rapide utilisation du terme jean pour les désigner.

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    La société LEVI STRAUSS and Co. prospère très vite et aucune concurrence ne semble encore de taille à lutter contre son initiative.

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    La compagnie installe son siège social à Battery Street, la fabrication se fait à Valencia Street.

    On possède quelques documents de cette époque, où l'on voit dans de vastes ateliers, des "petites mains" préparer sur d'antiques machines à coudre, des jeans dont les collectionneurs rêvent aujourd'hui.

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    Vers 1860, LEVI STRAUSS, personnage important de San Francisco, reçoit de ses frères New Yorkais une matière première plus attirante et tout aussi robuste : l'authentique Sergé de Nîmes de couleur Indigo.

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    LEVI STRAUSS adopte aussitôt ce "denim" - terme attesté en anglais à partir de cette époque et le jean devient "blue jean".

    Le marché du jean se développe dans toute la Californie, stimulé par la percée de la ligne de chemin de fer transcontinentale, dont le caractère épique forge aussi une légende.

    Fermiers et cowboys se mettent à leur tour à porter l'inévitable vêtement de travail et même ... les "despérados" dont quelques uns, comme les terribles Dalton, mourront bottes aux pieds et jeans aux jambes !

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    La réputation de LEVI STRAUSS dépasse les frontières de sa ville d'adoption.

    En 1870, Jacob Davis, tailleur à Réno, lui écrit une longue missive pour lui proposer une association. Davis offre de rendre le jean beaucoup plus solide, en le renforçant de rivets. Cette idée lui vint à la demande d'un certain Alkali Ike, qui se plaignait de la fragilité de ses poches sous le poids des pépites d'or. L'astucieux tailleur avait trouvé la solution aux déboires d'Alkali grâce à des rivets initialement utilisés pour les harnais de chevaux, en les plaçant à tous les endroits "stratégique de vêtement".

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    LEVI STRAUSS dépose alors une patente en association avec Davis et lui offre même le poste de directeur de fabrication des nouveaux "overall's rivetés", à Battery Street. L'administration américaine, elle, trouve sans doute l'idée des deux "Westerners" bien saugrenue, car elle met plus d'un an pour se décider à délivrer la patente de ce "rivetage" sans lequel le jean ne serait pas ce qu'il est !

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    En 1873 les deux hommes ont l'idée de surpiqûres sur les poches arrières, symbole des ailes des aigles survolant les montagnes rocheuses, "l'arcuate" renforcera encore la reconnaissance et singularisera leurs créations !

    En 1886 apparaît la première "griffe" LEVI'S, symbole de la réussite de l'entreprise : le "patch" étiquette de cuir présentant deux chevaux tentant d'écarteler un jean.

    Vers 1890 le premier lot d'un nouveau denim, qualifié d'abord de double X pour ses techniques de tissage améliorées, arrive à San Francisco en provenance cette fois d'une fabrique américaine qui à repris à son compte la tradition Nîmoise.

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    LEVI'S gratifie ce premier lot de tissu du simple numéro de référence "501". C'est sous ce vocable que seront désignés les premiers jeans fabriqués à partir de ce lot de tissu. La tradition se perpétuera jusqu'à nos jours.

    La fin du XIX ème siècle, marque l'apothéose de la saga du créateur : les pantalons dont plusieurs coupes différentes sont déjà proposées, les salopettes, et autres vêtements de travail LEVI'S, font partie de l'univers quotidien de l'Ouest américain. LEVI STRAUSS est devenu un patricien de San Francisco où il est accueilli dans la meilleure société.

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    Quand il meurt en 1902, c'est un personnage célèbre, un mécène adulé dont les journaux de Californie pleurent la disparition.

    En 1906 un terrible tremblement de terre puis un incendie détruisent San Francisco et, selon sa tradition, la société LEVI STRAUSS participe activement à l'effort de reconstruction de la cité.

    Néanmoins, une grande partie des documents et des patrons sont détruits lors de cette catastrophe naturelle...

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    UNE LEGENDE ANTIQUE

    La même année 1906 marque l'émergence de la légende de l'Ouest. Un film "Great Train Robbery" le premier "western" de l'histoire du cinéma, connaît un triomphe aux Etats-Unis. On y voit des cow-boys et des "outlaws" (hors la loi) vêtus de jeans ! Les recherches menées par Mesdames Martine Noucrared (conservatrice du Musée du vieux Nîmes) et Pierra Rum (directrice des Biens Culturels de la région Ligure) qui sont présentées de mai à octobre 1990 lors d'une grande exposition à Nîmes, le montrent clairement, le jean de LEVI STRAUSS vient du fond des âges, des plus anciennes coutumes des bords de la Méditerranée. En effet, il existait déjà dès le XVI ème siècle) des vêtements de travail faits de coton teint d'indigo, et ce, bien avant la robe de bure des moines (qui fut aussi le tissu des vêtements des esclaves des plantations). Il y a une filiation du jean, incontestables, malgré une naissance en forme de "Big Bang".

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    Le vêtement simple, populaire, pratique et robuste de San Francisco a prolongé ceux de Nîmes ou de Gênes et a donné à cette tradition une force et une valeur nouvelle (à l'image du western qui la plupart du temps, est une transposition de mythes antiques).

    La saga de LEVI STRAUSS se rattache à celle des marins gênois, dont le plus célèbre reste Christophe Colomb ou à celle des camisards des Cévennes.

    Le vingtième siècle se chargera d'accomplir cette destinée et de forger la légende.

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    L'ACCOMPLISSEMENT DU JEAN AMERICAIN

    Le jean perd peu à peu son statut unique de vêtement de travail pour devenir vêtement de jeu pour les enfants ou habit de festivité chez les cow-boys.

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    Des rodéos sont organisés (dont certains sont très tôt sponsorisés par LEVI'S) où les cow-boys porteront deux jeans, un pour les jeux de l'arène, l'autre pour les spectacles ou les fêtes. L'habitude devient peu a peu Tradition puis Folklore (on commence aussi à orner, à décorer les jeans).

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    En 1922 des passants sont appliqués à la taille ; on peut désormais porter les jeans LEVI'S avec une ceinture et donc sans bretelle.

    En 1929, lors de la grande crise économique si bien décrite dans "Les raisins de la  Colère", des chômeurs, des petits fermiers ruinés, parcourent la Californie en quête de travail leurs salopettes ou overall's poussiéreux, usés, symbolisent leur désarroi et leur résistance.

    La crise frappe aussi la Côte Est, et les classes aisées des grandes villes.

    On délaisse les traditionnelles vacances européennes pour des randonnées plus économiques dans l'Ouest, dont l'image mythique est de plus en plus exprimée par le cinéma.

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    Ces citadins découvrent les joies de la vie du ranch et de son vêtement nécessaire. Dans les "Dude Ranches", lieux de villégiature des riches estivants de la Côte Est, on se doit de porter le jean façon "cow-boys"...

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    Les belles estivantes de l'Est, mettent un point d'honneur à porter des jeans derniers cris, et les femmes de l'Ouest piquées dans leur orgueil, leur font bientôt une sérieuse concurrence. Les femmes qui jusqu'alors, pour des raisons morales autant qu'esthétiques, n'avaient pas encore largement pratiqué le jean, en seront désormais de ferventes adeptes.

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    Le jean devient à la fin des années 30, pour les Américains, un phénomène de mœurs.

    Les boutiques chics de New York en vendent, des publicités LEVI'S apparaissent dans tous les Etats-Unis, mettant en valeur la mode féminine liée à la légende de l'Ouest.

     

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    Dans les universités on se targue de se promener en jean.

    A Berkeley, déjà, une polémique s'instaure sur le port du jean par les étudiants de première année, à laquelle LEVI'S participera, en suggérant au recteur qu'on le refuse aux bizuths. Ailleurs, on s'inquiète des dégâts produits par les rivets sur les bancs des écoles. LEVI'S en tiendra compte et les rivets seront dissimulés derrière les poches, en même temps qu'une couture plus solide viendra en renforcer les angles.

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    Enfin des communautés d'artistes, en Californie, adoptent le jean comme signe d'une bohème moderne.

    En 1936, à la fois pour lutter contre les contrefaçons, et surtout pour se singulariser définitivement de toutes les traditions vestimentaires (où jusqu'alors l'inscription de la marque était toujours a l'intérieur), le "Tab" LEVI'S en lettres blanches sur fond rouge cousu à gauche, sur la poche arrière droite du jean apparaît.

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    Cet ancrage dans les mœurs est en partie dû au fait que les américains, entre la crise qui bouscule bien des certitudes, et la guerre européenne qui s'annonce, cherchent vigoureusement leur identité.

    L'Ouest leur offre sa légende, des racines intactes, et, en quelque sorte, des réserves d'espace, de liberté et d'énergie. Le port du jean par les classes aisées des grandes villes, par les étudiants et les artistes, vient simplement paraphraser, symboliser ces aspirations.

    Par ailleurs, les Etats-Unis sont alors un pays où l'immigration parait sans limite et des millions d'européens y abordent durant l'entre deux guerre.

    La jeunesse américaine est dès lors un élément dominant et moteur de la mode, influençant même les générations précédentes. Le port du jean est pour eux une bonne manière de montrer leur indépendance !

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    JEAN UNIFORME ET JEAN REBELLE

    Quand éclate le second conflit mondial, LEVI'S est l'un des principaux fabricants de vêtements aux Etats-Unis.

    C'est tout naturellement que l'U.S. Navy lui demandera de fournir l'uniforme de permission de ses marins : un 501 légèrement remanié et de couleur plus foncée. Le capitaine de corvette J.F. Kennedy en bénéficiera et s'en souviendra. Jean Gabin, qui sera combattant français libre dans la marine de guerre américaine, en 1946, démobilisé à New York, continuera de se promener en jean.

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    L'immédiat après-guerre marque une double évolution. En Europe, dans le sillage de l'armée américaine et par le prestige de son image, le jean sera l'objet d'un réel engouement par les jeunes.

    L'exportation du jean est encore sérieusement contingentée. Ses premiers adeptes se mettent, dès lors, à sa recherche dans les surplus de l'armée ou dans les hangars où se vendaient les fripes d'importation U.S. (autorisées par le plan Marshall). Ces mordus créeront la mémoire du jean en Europe et certains deviendront collectionneurs ou marchands.

    Aux Etats-Unis, une période de rigueur morale et d'ostracisme s'ouvre avec le Maccarthysme.

    Le jean est mal vu. Il devient même synonyme de débauche de la jeunesse et est purement et simplement interdit dans de nombreuses écoles.

    Le cinéma, reflet s'il en est, de l'esprit américain, va transcender cette situation paradoxale, et donner à la jeunesse un héros vêtu en jean. James Dean crève les écrans dans "La fureur de vivre" et devient une star en LEVI'S dans "Géant". Les jeunes s'identifient aussitôt à son personnage. Sa mort, subite et tragique sacralise son image.

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    Dès lors, la porte est ouverte dans le Septième Art, à la rébellion, à l'affirmation de la différence.

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    L'EQUIPEE SAUVAGE

    Marlon Brando, dans "l'Equipée Sauvage", guide sa bande, bardé de cuir et vêtu de jean. Elvis Presley et les autres grandes stars de la première vague rock s'affichent volontiers eux aussi, en jeans.

     

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    Dans "On the road" de Kerouac le livre culte de la "béat génération" naissante, le voyage se fait à nouveau vers l'Ouest avec comme bagage le vêtement libre des pionniers, le jean.

    L'Ouest, le vrai, est bien là dans l'inconscient collectif de l'Amérique et surtout de sa jeunesse. Même si la conquête est achevée et si cette fin laisse un goût amer comme le montrent si bien "les Misfits" de John Huston et les jeans à la dérive de Marilyn Monroe, Clark Gable, et Monty Clift, elle existe dans les légendes qu'elle a transmises.

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    Les publicités de LEVI'S dans les années 50 insistent volontiers sur cette tradition et cette continuité de l'appartenance à l'univers western.

    Parallèlement, la lutte des noirs pour les droits civiques met, elle aussi, le jean en valeur. De nombreux manifestants en portent lors des spectaculaires sit-in du début des années 60, par révolte, mais aussi pour signifier leur appartenance à la société américaine.

    L'explosion du jean aux Etats-Unis vient de cette tradition de refus et d'identification !

    Au milieu des années 60, le mouvement hippie colonise San Francisco, expression d'un retour aux sources, et la révolte étudiante embrase les universités.

    La télévision impose des images de jeunes gens en colère souvent vêtus en jean de pied en cap, narguant la garde nationale autour du Pentagone, ou s'amassant dans les concerts de musique Pop, tels que Woodstock.

     

    LE JEAN CONQUERANT

    En 1968, la  France et l'Europe prennent le relais.

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    Le jean et les cheveux longs envahissent le Quartier Latin, Londres, Berlin ou Rome, et bientôt sur tous les campus universitaires du monde, quand ils ne sont pas radicalement interdits comme dans la plupart des pays communistes d'alors, où ils sont paradoxalement considérés comme un symbole de la dégénérescence capitaliste.

    Le jean devient un tel phénomène de masse et un si manifeste moyen d'expression, que la mode se penche enfin sur son existence et les intellectuels sur sa signification.

    Marshall Mac Luhan s'écrie : "Les jeans sont un soufflet et un cri de rage contre l'establishment", pendant que des créateurs du monde entier planchent sur son apparence et produisent une infinité de dérivés ou de succédanés du pantalon de LEVI STRAUSS.

    Baudrillard pourra bientôt dire "On ne peut échapper à la mode, puisque la mode elle même fait du refus de mode un trait de mode. Le blue jean en est le meilleur exemple".

    La publicité de LEVI STRAUSS dans ces années de développement prodigieux et turbulent a le mérite d'essayer de "coller" au mouvement irrépressible qui fait basculer les valeurs morales, même si elle garde évidemment ses distances avec les aspects les plus ravageurs ou émancipateurs de la contestation. Le message n'est pas axé sur une simple présentation de mode derrière laquelle se retrancheront d'autres marques en attendant que l'orage se calme.

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    De 1967 à 1975, LEVI'S développe des campagnes où l'insolence, la provocation, le saugrenu, sont de mise et qui mettent en scène non pas des jeans, mais des manifestes, des situations, des fantasmes... liés au jean.

    Aux Etats-Unis on fait beaucoup appel au psychédélisme, au Pop Art ou au détournement pur et simple (le plus célèbre restant Nixon et Mao à bicyclette).

    En France, les hippies de "Hair" sont à l'affiche. On voit aussi le Christ et ses apôtres tous auréolés de jeans LEVI'S !

    LEVI'S devient même "écolo" avant l'heure, en proposant une magnifique affiche montrant la place dela Concordeenvahie d'herbe tendre et parsemée de doux baba cools.

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    Tout cela n'empêche pas, simultanément, des images western de faire leurs continuelles réapparitions et des campagnes beaucoup plus classiques, d'amorcer ce que l'universelle conquête du jean laisse prévoir : l'assimilation par tous les âges, toutes les couches sociales, et tous les systèmes.

     

    LE JEAN UNIVERSEL

    La véritable démocratisation du jean vient du fait que ceux qui le portaient par refus, ne refusent pas de le porter... quand tout un chacun y prend goût.

    Dès le milieu des années soixante-dix, le jean apparaît comme un attribut nécessaire à toute garde-robe et chacun en fait ce que bon lui semble.

    Certains continuent à l'user, et même à le déchirer, à le saccager, dans une marginalisation revendiquée dont la mode s'emparera. D'autres estiment, qu'il est de leur droit de le porter de n'importe quelle manière et jusque dans les endroits les plus distingués.

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    D'autres encore le soignent tout particulièrement et s'entichent des modèles les plus prestigieux ; le "501" apparaissant désormais comme le nec plus ultra de toute la gamme des jeans.

    On peut dès lors, tout dire sur le jean et tout lui faire dire, il n'appartient plus à l'histoire, mais bien au domaine du Mythe.

    Les stars de la musique mettent plus particulièrement en valeur cette nature mythique. Bruce Springsteen fait d'un LEVI'S 501 le fleuron de la pochette du légendaire "Born in U.S.A.", et David Bowie lui dédie le fameux "Blue Jean". Plus récemment des groupes comme "Wet Wet Wet". ou "Texas" en ont fait un symbole de leur look.

    En France, Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Renaud, se montrent systématiquement en jean et soulignent sa distinction comme vêtement culte. Le jean peut-être banalisé, uniformisé, il reste toujours, au fond, entièrement libre.

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    Cela a été bien compris dans les pays de l'Est où, d'après une étude datant de peu avant l'émancipation de 1989 le jean était considéré, dans l'échelle symbolique des biens occidentaux, comme venant juste après les voitures ou le mobilier mais bien avant la télévision, la chaîne stéréo, le coca cola ou le chewing gum.

    Lors de la chute du mur de Berlin, d'un côté des peintres en jean achevaient fébrilement d'embellir les derniers mètres carrés disponibles, de l'autre des foules en jean, s'apprêtaient à les rejoindre.

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    Le jean a encore un bel avenir devant lui. Ce n'est pas être optimiste que de penser que ces cent cinquante premières années furent son enfance et son adolescence. Le voilà en pleine jeunesse, riche de toutes ses possibilités, pas encore assagi et tout à fait lucide.

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    De nouvelles frontières s'offrent à lui : la légende ne demande qu'à s'enrichir, le mythe à se fortifier.

    Jean, symbole d'une meilleure relation de l'homme et de la nature, porte-drapeau des aspirations à une authentique harmonie planétaire, jean de l'espace et du temps, se préparant à la conquête spatiale, où contribuant à enrichir notre mémoire.

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    Quelques dates : 1829 Naissance de Levi Strauss à Buttenheim, Allemagne. 1853 A l’âge de 24 ans, Levi Strauss devient citoyen des Etats Unis et part à San Francisco faire fortune pendant la ruée vers l’or en Californie... pas comme orpailleur mais pour vendre des marchandises aux chercheurs d’or. Au mois de mars, il arrive à San Francisco et fonde une petite entreprise de passementerie dans California Street. 1872 Jacob Davis, tailleur de Reno, raconte à Levi son idée de renforcer les endroits exposés aux déchirures par des rivets dans les pantalons qu’il produit. Il veut breveter son innovation, pourtant il n’a pas les 68 dollars exigés et cherche un collaborateur. Levi s’aperçoit du potentiel du nouveau produit et consent à la proposition de Jacob. 1873 Le 20 mai, Levi Strauss et Jacob Davis reçoivent le brevet № 139,121 pour le procédé de pose de rivets. Cette date est considérée comme la naissance officielle des blue jeans. Les pantalons possèdent une poche arrière, décorée d’une couture en V, un gousset pour la montre, une ceinture et des boutons pour les bretelles. 1886 Pour la première fois, l’impression graphique des deux chevaux est utilisée sur les bleus de travail.. 1890 Pour la première fois, les produits vestimentaires reçoivent des numéros de série. les fameux jeans aux rivets en cuivre reçoivent le numéro « 501 ». 1897 Levi Strauss fonde 28 bourses d’études à l’Université de Californie à Berkeley. Les bourses sont encore attribuées aujourd’hui. Il subventionne également l’École pour les Sourds de Californie (California School for the Deaf) de même que d’autres organisations locales de bienfaisance. 1901 Une autre poche arrière apparaît sur les « waist overalls ». 1902 Levi Strauss meurt le 27 septembre à l’âge de 73 ans. Le jour de son enterrement, les entreprises locales stoppent le travail pendant quelques heures. Les travailleurs escortent le cercueil jusqu’à la gare de chemin de fer d’où il est transporté au cimetière Hills of Eternity à Colma, au sud de San Francisco. Ses neveux héritent de son entreprise. 1906 Le 18 avril, un tremblement de terre à San Francisco et des incendies détruisent le siège de la société Levi Strauss & Co. de même que deux usines. Les employés continuent à recevoir leurs salaires et, pour leur donner des emplois, un siège social temporaire est ouvert. L’année suivante, une nouvelle usine et un siège social sont construits à San Francisco. 1915 LS&CO reçoit un prix pour « ses bleus de travail » pendant l’exposition internationale de Panama Pacific à San Francisco. L’entreprise commence à acheter du tissu en jean venant de Cone Mills en Caroline du Nord. 1918 Les„Freedom-Alls” sont introduits sur le marché : des vêtements de travail brevetés et des vêtement de loisirs pour les femmes. 1920 Le prix du coton baisse sensiblement, grâce à quoi, les produits en jean sont meilleur marché. Malgré cela, Walter Haas Sr. (neveux de Levi Strauss) continue à maintenir le budget publicitaire à 25 000 dollars car son intuition lui dit que la publicité (sous forme d’affiches et de marques peintes) est une des clés du succès des «bleus de travail ». 1922 Les passants tunnel sont ajoutés aux pantalons, les boutons pour les brettelles sont conservés.. LS&CO achète exclusivement le tissu en jean de Cone Mills. 1926 Les employés de l’usine rue Valencia reçoivent des primes, c’est probablement une première dans la branche vestimentaire. 1927 Cone Mills élabore un tissu « 01 » à partir d’une toile denim de 10 oz. (environ 300g) 1928 L’entreprise enregistre le mot Levi's® en tant que marque déposée. 1930 Début de la grande crise. Les employés de l’usine travaillent en « courte semaine de travail » pour éviter des licenciements. La firme prend le cowboy comme symbole de l’image de la société. Les jeans sont toujours considérés comme des vêtements de travail, il existe pourtant des connotations plus émotionnelles liées à la silhouette romantique du cow-boy. 1933 Les jeans 501® de cette époque possèdent des passants tunnel, des boutons pour les bretelles et une ceinture. 1935 LS&CO lance Lady Levi's®, la première ligne pour femmes. Les vêtements pour femmes de la marque Levi’s® sont présentés sur la couverture de « Vogue Magazine ». 1936 Une étiquette rouge apparaît près de la poche arrière droite. Le mot « Levi’s » est brodé avec du fil blanc en majuscules. 1937 Les poches arrière sont surcousues de façon à couvrir les rivets : résultat des plaintes des clients chez qui les rivets ont provoqué des fentes sur les meubles et dans les selles. Les boutons de brettelles disparaissent. 1939 Les jeans changent effectivement des principes fixés par le Conseil de Production de Guerre. Un rivet à l’entrejambe et la ceinture sont supprimés, pour ne pas gaspiller le tissu et le métal (il existe aussi une histoire racontant que les cowboys se plaignaient que le rivet de la braguette s’échauffait trop quand ils s’accroupissaient près du feu!). 1940 Les soldats américains portent des jeans Levi's®, des T-shirts et des vestes courtes, pour la première fois, ils présentent ces articles aux yeux du monde. Les travailleurs afro-américains des usines de la société en Californie travaillent avec les Blancs, longtemps avant le lancement de la politique d’intégration. 1944 Suite aux restrictions de guerre, les décors en forme de V sont supprimés parce que leur fonction était uniquement décorative et elles n’étaient pas significatives pour l’utilisation des vêtements. Pour maintenir les décors sur les poches, les travailleurs de LS&CO les peignaient à la main sur chaque pantalon! 1948 Levi Strauss & Co. quitte l’activité de gros pour se concentrer sur la fabrication de ses propres produits. 1950 Les blue jeans changent de statut pas à pas– ils passent d’un état de vêtement de travail à un symbole de révolte. Pour les beatniks (les représentants de Beat Generation), et notamment Jack Kerouac, les jeans, les lunettes de soleil et le blouson noir sont devenus un symbole de non-conformisme. Cet élément de contestation est porté par un Marlon Brando révolté dans le film « L'Equipée sauvage » (« The Wild One ») de 1953. 1952 Une Fondation Levi Strauss est créée pour coordonner l’activité caritative de la société. 1954 Une version de jeans avec une fermeture éclair est lancée le« 501® ». Les lignes « Lighter Blues » et « Denim Family » marquent le début de la firme dans la production de vêtements sportifs. Un colonel de la base américaine en Allemagne défend aux femmes des soldats de porter des jeans car, à son avis, cela ne donne pas une bonne image de marque des États Unis... 1955 Le mot « LEVI'S » est brodé des deux côtés de l’étiquette rouge (Red Tab®). Pour broder le décor en V sur les poches, on utilise des machines avec deux aiguilles, grâce auxquelles, on conçoit l’effet diamant » et, pour la première fois, chaque V a précisément la même forme. 1956 Le patch en cuir véritable est remplacé par une imitation cuir en raison de l’augmentation du prix du cuir naturel. 1959 Les jeans Levi's® sont présentés pendant l’exposition de l’industrie vestimentaire américaine (« American Fashion Industries Presentation ») à Moscou. La société commence à exporter ses vêtements en Europe. 1960 LS&CO ouvre la première usine au sud des États Unis, à Blackstone, dans l’état de Virginie. L’entreprise, dès le début, insiste sur l’intégration des races. Cela a lieu avant le lancement officiel de la déségrégation obligatoire dans le cadre du droit fédéral. Le mot « overall»(bleu de travail) est remplacé par « jeans » dans toutes les publicités. 1962 Un blouson en jean emblématique le Type 3 est lancé – connu comme le 557 – il devient le modèle de tous les blousons en jean. L’usine Levi Strauss & Co. Europe est fondée. 1963 Début des jeans délavés Levi's®. 1964 Les nouveaux pantalons Sta Prest® sont lancés– les premiers pantalons à pinces. 1965 Levi Strauss International et Levi Strauss Far East sont fondés, marquant le début de l’expansion de la société en Europe et en Asie. 1966 La télévision présente le premier spot de publicité des jeans Levi's®. C’est probablement la première publicité télé des vêtements! 1967 Le jean slim le plus élaboré est lancé, le 505®. Les rivets sur les poches arrières sont remplacés par des clous décoratifs. Le groupe de Rock The Jefferson Airplane lance les publicités radio des Levi's ® en stretch et les White Levi's® aux cinq poches en diagonale. 1968 La société lance une collection séparée de vêtements pour femmes : Levi's® For Girls. Le Département des Affaires Sociales est fondé pour formaliser l’activité philanthropique de la société. 1969 Le concert à Woodstock est organisé. Parmi les spectateurs, il y a un grand nombre de paires de jeans Levi's®! Levi Strauss & Co. lance la collection des pantalons très évasés, « pattes d’éléphants ». 1970 Dans les années 70, les jeans deviennent de plus en plus à la mode, de même que les publicités de la marque Levi's® – information reçue par notre agence de pub: « Un changement stratégique de la réalité » – regarde le futur! Velours côtelé et polyester disparaissent de la collection des articles de la firme. Au siège social de l’entreprise, les premiers groupes d’engagement sociaux sont créés. 1971 Le mot « Levi's » sur l’étiquette rouge est brodé avec un « ® » minuscule. Levi Strauss Japan est fondé. La couverture de l’album du groupe Rolling Stones « Sticky Fingers », projet de Andy Warhol, présente Mick Jagger en jeans Levi’s avec braguette zippée. Sur la première édition des couvertures, il y a une vraie fermeture éclair! 1974 Levi Strauss & Co. sponsorise « Denim Art Contest » (Concours de l’Art du Jeans), invitant les clients à envoyer les photos des « jeans décorés ». Il en arrive 2000. Les jeans vainqueurs sont présentés dans des musées américains et certains d’entre eux sont achetés par Levi Strauss & Co. Pour les archives de la société. („Levi's® Denim Art Contest”, Squarebooks en 1974) 1981 Une version des jeans Levi's® 501® pour femmes est lancée et une publicité passe à la télé avec « Travis ». 1983 Cone Mills commence à lancer le jeans XXX grâce à l’utilisation de métiers à tisser plus large (60  pouces). Au siège de la société, des groupes de secours pour les malades du SIDA sont organisés. Le premier magasin Original Levi's® ouvre en Europe (Espagne). Huit ans plus tard, en Europe, il y en a déjà 527. 1984 LS&CO habille la délégation américaine pour les jeux olympiques. Bruce Springsteen présente une paire des jeans 501® sur la couverture du disque « Born in The USA ». Bob Haas, arrière-neveu de Levi Strauss, devient le président et le directeur général de la société. 1985 La publicité « Laundrette » a pour conséquence une augmentation rapide de vente des jeans Levi's® 501® en Europe et détermine le style d’habillement des jeunes gens - mélange de l’esprit américain teinté de nostalgie et de romantisme. La manière de faire les pubs pour les jeans change définitivement. 1991 Le « Project Change » est fondé – une initiative ayant pour but de lutter contre le racisme institutionnel dans la population de LS&CO. A Columbus, état d’Ohio, le premier magasin Original Levi's® est ouvert. 1992 Etant donné l’intérêt porté aux jeans classiques Levi's®, LS&CO lance les jeans « Capital E » aux États Unis. Cela a lieu après le succès du modèle classique lancé auparavant par Levi Strauss Japan. 1993 Levi Strauss & Co. sponsorise le concours ayant pour but de retrouver la paire la plus vielle de jeans Levi's®. « Le vainqueur » vient de la fin des années 1920. LS&CO remporte le prix « Excellence in Ethics » (pour des acquis remarquables en éthique) du magasin « Business Ethics ». Les bureaux LS&CO en Europe aident à rembourser les coûts du photo-reportage concernant la vie des malades du SIDA. 1994 Les magasins Original Levi's® Stores du monde entier prennent part au Jour de Lutte contre le SIDA. 1995 Carl von Buskirk, le président de LS Europe, signe le statut certifiant que la société ne discrimine pas et ne discriminera jamais les employés séropositifs ou malade du SIDA. 1996 Les vêtements de série Levi's® Vintage sont mis sur le marché dans le monde entier. LVC est une ligne de reproductions authentiques de vêtements venant des archives de Levi Strauss & Co.. Le Centre Martin Luther King Jr. pour les Changements Sociaux sans violence (Martin Luther King Jr. Center for Non-violent Social Chang) accorde à LS&CO le « Prix du Management». 1998 LS&CO célèbre le 125ème anniversaire de l’invention des jeans (1873). 1999 La marque élargit la portée de son engagement en musique à travers la tournée de concerts de Lauryn Hill „Miseducation”, Basement Jaxx, Jamiroquai, Massive Attack et l’édition américaine des Video Music Awards de MTV. En Europe, une ligne Levi's® Sta-Prest® est relancée et la pub est faite par une petite marionnette jaune qui s’appelle Flat Eric. Bob Haas devient le président du Conseil d’administration. 2000 « Time Magazine » appelle les jeans 501® « le vêtement du XXème siècle ». Les Levi's® Engineered Jeans® sont lancés sur le marché. Levi's® ICD+™: la première ligne de vêtements intelligents au niveau mondial. Levi Strauss & Co. sponsorise la tournée de D'Angelo et de Christina Aguilera aux États Unis. En Europe, la marque Levi's® fait la promotion de la tournée du groupe Primal Scream. 2001 Levi Strauss & Co. achète la plus vieille paire de jeans du monde pour une somme record de 46 532 dollars et la ligne Levi's® Vintage en fait la reproduction dans une édition limitée. Les jeans sont appelés « The Nevada Jean ». La marque Levi's® sponsorise la tournée européenne du groupe Outkast. 2003 Levi Strauss & Co. célèbre le 150ème anniversaire de la création de la société et le 130ème anniversaire de l’invention des blue jeans par Levi Strauss et Jacob Davis. En février, la ligne des jeans Levi's® Type 1™– une interprétation moderne des vêtements cultes en jeans créés il y a 130 ans – est lancée sur le marché mondial. 2003 Le prix de « Levi's® Digital Art» est fondé. Les grandes écoles de design reçoivent des instructions pour « interpréter l’esprit des jeans 501® tout en créant une oeuvre originale pour la publier sur Internet ». Les œuvres sélectionnées sont présentées sur le site eu.levi.com où le grand public peut voter pour le vainqueur. Le vainqueur de l’édition 2003 du concours est Ka Key Ng de l’Institut d’Art et de Design du Surrey en Grande Bretagne. 2010 Levi's® lance Levi's® Curve ID, trois coupes révolutionnaires pour les femmes qui sont conçues autour des formes du corps féminin et sont basées sur des recherches indépendantes mondiales sur 60 000 femmes.

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    Sources: http://www.portail-du-jeans.fr/histoire_du_jeans.html; http://blog.jeansdenim.fr/culture/la-sa ... s-501-678; http://www.jeans-homme.fr/blog/tag/levis-homme/; http://www.trynka.net/trynka.net/201_1922.html; http://www.cultizm.com/product_info.php ... igid.html; http://www.proidee.fr/?P=230326&H=shopwahl; http://www.asos.fr/Levis-Levis-Product- ... zL1Byb2Qv; http://ainsi-bloggait-zarathoustra.fr/2 ... o-part-ii/ .

    Divers lien Levi's Strauss ci-dessous :

    http://eu.levi.com/en_BE/index.html

    http://www.signaturebylevistrauss.com/

    http://www.denizen.com/

    http://eu.dockers.com/be_en/

    Une dernière question...

     

    Le jean pourrait-il dater du XVIIe siècle ?

     

    Peu salissant, bon marché, qui ne se froisse pas et se bonifie en vieillissant, porté en même temps par plusieurs générations, le jean connaît un phénoménal succès mondial au point de devenir un vêtement mythique. « Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir inventé le jean » disait Yves Saint Laurent. Il n’est donc pas étonnant que chacun veuille s’approprier un petit bout de ses origines historiques, qui restent floues, même les archives de la compagnie Levi Strauss ont brûlé dans l’incendie qui a ravagé San Francisco après le grand tremblement de terre de 1906.

     

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    Le jean pourrait-il dater du XVIIe siècle ? J’ai d’abord cru au canular commercial, au stratagème publicitaire, d’autant que Marithé et François Girbaud, stylistes spécialistes du jean – et des campagnes publicitaires choc, rappelez-vous leur détournement « féministe » de La Cène de Léonard de Vinci – sont partenaires de l’exposition. Ce couple de stylistes passionnés par le jean, dont le nom est associé à bien des inventions créatives sur cette matière, sont en marge de l’événement pour promouvoir leur nouvelle technique révolutionnaire de délavage par laser du denim, le WattWash

     

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    Femme mendiant avec deux enfants ; à dr. Le Barbier par le Maître de la toile de jean, actif en Italie du Nord à la fin du XVIIe siècle

     

    C’est donc très sérieusement que Gerlinde Gruber, commissaire de l'exposition à la galerie Canesso, historienne de l'art, conservateur des peintures du XVIIe et du XVIIIe siècle hollandais au Kunsthistorisches Museum de Vienne (Autriche), pose la question. Elle a étudié pendant plusieurs années les toiles de l'anonyme « maître de la toile de jean », qui au XVIIe siècle en Italie peint des vêtements dont certains sont d'une étoffe bleue (d’un bleu plus ou moins profond) à la trame composée de fils blancs, la structure typique de la toile de Gênes (qui peut être bleue, mais aussi d'une autre couleur, mais c'est le bleu qui semble avoir fasciné le peintre). On voit dans les jupes des paysannes ou les vestes des mendiants un tissu indigo, cousu de blanc, dont les déchirures révèlent le tissage épais, qui ressemble ma foi fort au jean actuel.

     

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    Femme cousant avec deux enfants, par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle

     

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    Femme cousant avec deux enfants (détail), par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle - photos Galerie Canesso

     

    « Dans l'Italie de cette époque, ce tissu, produit à Gênes mais aussi à Milan, sert à fabriquer des vêtements destinés aux classes sociales les plus modestes » explique Gerlinde Gruber. « Pas cher et de bonne qualité, il s'exporte alors en dehors d'Italie ». On n’a bien sûr aujourd’hui aucun reste palpable des vêtements de ces mendiants et de ces paysans, portés jusqu'à l'extrême usure. Par ailleurs peu de documents écrits renseignent sur les exportations de cette toile robuste et épaisse d'Italie au XVIIe siècle, si ce n’est les comptes d’un tailleur anglais mentionnant cette provenance génoise.

     

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    Petit mendiant avec une part de tourte par le Maître de la toile de jean, fin du XVIIe siècle photo Galerie Canesso

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    Veste en jean imprimée au laser, d’après le Petit mendiant avec une part de tourte du Maître de la toile de jean,Marithé et Jean-Pierre Girbaud

     

    Pour l’occasion, Marithé et Jean Pierre Girbaud ont imprimé au laser, selon le nouveau procédé WattWash, le portrait du Petit mendiant avec une part de tourte de l’ainsi donc désormais nommé « maître de la toile de jean » sur une veste en jean, redonnant en quelque sorte une nouvelle vie à ce portrait d’enfant réalisé il y a quatre cents ans.

    Alors le jean est-il nîmois, génois ou américain ? Fondées ou pas, ces origines italiennes ?

    Pour ma part, quand on me raconte une belle histoire, de plus avec de si belles images, je ne demande qu’à y croire, cette fois c’est vraiment très réussi !

     

     SOURCES :

    http://webstern.e-monsite.com/pages/once-upon-a-time/levi-s-strauss.html

    et le SUPER BLOG de

    Les 8 petites mains.. 

    http://les8petites8mains.blogspot.fr/search/label/jean

     

     

     

     

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    L'origine :

    Comme celles de tout objet à fort pouvoir mythologique, les origines historiques du Jean restent entourées d'un certain mystère.

    A cela   

    différentes raisons dont la principale tient sans doute à l'incendie qui, en 1906, lors du grand tremblement de terre de San Francisco, a détruit les archives de la firme Levi Strauss, créatrice du célèbre pantalon un demi-siècle plus tôt. C'est en effet au printemps 1853 que le jeune Levi Strauss (curieusement son prénom véritable demeure incertain), petit colporteur juif de New York, originaire de Bavière et âgé de vingt- quatre ans, arrive à San Francisco, où depuis 1849 la fièvre de l'or découvert dans la Sierra Nevada provoque un accroissement de population considérable.

    Il apporte avec lui une grande quantité de toile de tente et des bâches pour chariots avec l'espoir de gagner convenablement sa vie. Mais les ventes se révèlent médiocres. Un pionnier lui explique que dans cette partie de la Californie on n'a pas tant besoin de toile de tente que de pantalons solides et fonctionnels. Le jeune Levi Strauss a alors l'idée de faire tailler des pantalons dans sa toile de tente. Le succès est immédiat, et le petit colporteur de New York devient confectionneur de prêt-à-porter et industriel du textile.

    Il fonde avec son beau-frère une société qui ne cesse de croître au fil des années. Bien que celle-ci diversifie sa production, ce sont les salopettes (overalls) et les pantalons qui se vendent le mieux. Ceux-ci ne sont pas encore bleus mais de différents tons s'inscrivant entre le blanc cassé et le brun foncé.

      

     Mais la toile de tente, si elle est très solide, constitue un tissu vraiment lourd, rêche et difficile à travailler. Entre 1860 et 1865, Levi Strauss a donc l'idée de la remplacer progressivement par du denim, tissu de serge importé d'Europe et teint à l'indigo. Le jean bleu est né.

    L'origine de ce terme anglais denim est controversée. Il est possible qu'il s'agisse au départ d'une contraction de l'expression française « serge de Nîmes », étoffe faite de laine et de déchets de soie fabriquée dans la région de Nîmes depuis au moins le XVII siècle. Mais ce terme désigne aussi, à partir de la fin du siècle suivant, un tissu associant le lin et le coton, produit dans tout le Bas-Languedoc et exporté vers l'Angleterre. En outre, un beau drap de laine, produit sur les bords de la Méditerranée entre la Provence et le Roussillon, porte le nom occitan de nim.

    Il est peut-être lui aussi à l'origine du mot denim. Tout cela reste incertain, le chauvinisme régional des auteurs ayant écrit sur ces questions ne facilitant pas la tâche des historiens du vêtement.

    Quoi qu'il en soit, au début du XIXe siècle, c'est un tissu de coton très solide, teint a 1 indigo, qui porte en Angleterre et aux Etats-Unis d'Amérique le nom de denim ; il sert notamment à fabriquer les vêtements des mineurs, des ouvriers et des esclaves noirs. C est donc lui qui, à l'horizon des années 1860, remplace peu à peu le jean, étoffe dont Levi Strauss se servait jusque-là pour tailler ses pantalons et ses salopettes.

    Ce mot jean correspond a la transcription phonétique du terme italo-anglais genoese, qui signifie tout simplement « de Gènes ». La toile de tente et de bâche dont se servait le jeune Levi Strauss appartenait en effet a une famille de tissus autrefois originaires de Gènes et de sa région; faits d'abord d'un mélange de laine et de lin, plus tard de lin et de coton, ils servaient à fabriquer, depuis le XVIe siècle, des voiles de navire, des pantalons de marin, des toiles de tente et des bâches de toutes sortes.


    À San Francisco, le pantalon Levi Strauss par une sorte de métonymie, avait pris dès les années 1853-1855 le nom de son matériau : jean. Lorsqu'une dizaine d'années plus tard ce matériau changea, le nom resta. Les jeans furent désormais taillés dans du denim et non plus dans de la toile de Gênes, mais leur nom ne fut pas changé pour autant.

    Un vêtement de travail :

    En 1872, Levi Strauss s'associa avec un tailleur juif de Reno, Jacob W. Davis, qui deux ans plus tôt avait imaginé de confectionner des pantalons pour bûcherons ayant sur l'arrière des poches fixées au moyen de rivets. Bien que l'expression blue jeans ne fasse son apparition commerciale qu'en 1920, les jeans Levi Strauss, dès les années 1870, étaient tous de couleur bleue, car le coton denim était teint à l'indigo. Il était trop épais pour absorber totalement et définitivement toute la matière colorante, si bien qu'il ne pouvait être garanti « grand teint ». Mais c'est justement cette instabilité de la teinture qui fit son succès : la couleur apparaissait comme une matière vivante, évoluant en même temps que le porteur du pantalon ou de la salopette. Quelques décennies plus tard, lorsque les progrès de la chimie des colorants permirent de teindre à l'indigo n'importe quelle étoffe de manière solide et uniforme, les firmes productrices de jeans durent blanchir ou décolorer artificiellement leurs pantalons bleus afin de retrouver la tonalité délavée des origines.

    À partir de 1890, en effet, la patente juridico-commerciale qui protégeait les jeans de la firme Levi Strauss prit fin. Des marques concurrentes virent le jour qui proposèrent des pantalons taillés dans un tissu moins épais et vendus moins cher. La firme Lee, créée en 1911, eut l'idée de remplacer les boutons de braguette par une fermeture Éclair en 1926.

    Mais c'est la firme Elue Bell (devenue Wrangler en 1947) qui, à par tir de 1919, fit la plus forte concurrence aux jeans Levi Strauss. Par réaction, la puissante firme de San Francisco (dont le fondateur était mort milliardaire en 1902) créa le « Levi's 50l»,taillé dans un coton denim double et gardant fidèlement les rivets et les boutons métalliques. En 1936, pour éviter toute confusion avec des marques concurrentes, une petite étiquette rouge portant le nom de la marque fut cousue le long de la poche arrière droite de tous les authentiques jeans Levi Strauss. C'était la première fois qu'un nom de marque s'affichait de manière ostensible sur la partie extérieure d'un vêtement.


    Marilyn Monroe, 1953

    Un vêtement de loisirs :

    Entre-temps, le jean avait cessé d'être seulement un vêtement de travail. C'était devenu aussi un vêtement de loisirs et de vacances, notamment pour la riche société de l'est des Etats-Unis venant passer ses vacances à l'ouest et voulant y jouer aux cow-boy et aux pionniers. En 1935, la luxueuse revue Vogue accueillit sa première publicité pour ces jeans « bon genre ».

    En même temps, sur certains campus universitaires, le jean était adopté par des étudiants, notamment ceux de deuxième année qui s'efforcèrent pendant un temps d'en interdire le port aux« bizuths » de première année. Le jeans devenait un vêtement de jeunes et de citadins, plus tard de femmes. Après la seconde guerre mondiale sa vogue toucha l'Europe occidentale.

    On s'approvisionna d'abord dans les« stocks américains », puis les différents fabricants installèrent leurs usines en Europe même. Entre 1950 et 1975, une partie de la jeunesse se mit progressivement à porter des jeans. Les sociologues virent dans ce phénomène, largement relayé (sinon manipulé) par la publicité, un authentique fait de société, un vêtement androgyne, un emblème de contestation ou de la révolte des jeunes. Toutefois, à partir des années 1980, beaucoup de jeunes, en Occident, commencèrent à se détourner du jean au profit de vêtement de coupes différentes, taillés dans d'autres tissus de textures et de couleurs plus variés.

      

    Sur les jeans, en effet, malgré des tentatives faites dans les années 1960 et 1970 pour diversifier les couleurs, le bleu et ses différentes nuances restaient et restent encore aujourd'hui nettement dominants.


    Jane Birkin, 1972

    Un vêtement contemporain :

    Alors qu'en Europe occidentale le port du jeans était en recul (le fin du fin, à partir des années 1980, était de ne plus en porter), celui-ci devint dans les pays communistes (et aussi dans les pays en voie de développement, et même dans les pays musulmans) un vêtement contestataire, une ouverture vers l'Occident, ses libertés, ses modes, ses codes, ses systèmes de valeurs. Cela dit, si on tente un bilan, réduire l'histoire du jean à celle d'un vêtement libertaire ou contestataire est abusif, sinon faux. Sa couleur bleue le lui interdit. C'est à l'origine un vêtement de travail masculin, dont le port s'est étendu aux femmes puis à l'ensemble des classes et catégories sociales. A aucun moment, même dans les décennies les plus récentes, la jeunesse n'en a eu le monopole.

    Quand on regarde les choses de près, c'est à dire quand on prend la peine de considérer l'ensemble des jeans portés en Amérique du Nord et en Europe entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXe, on s'aperçoit que le jean est un vêtement ordinaire, porté par des gens ordinaires, ne cherchant nullement à se mettre en valeur, à se rebeller, à transgresser quoi que ce soit, mais bien au contraire à porter un vêtement solide, sobre et confortable, voire à oublier qu'ils portent un vêtement. A la limite, on pourrait dire que c'est un vêtement protestant – même si son créateur est juif- tant il correspond à l'idéal vestimentaire véhiculé par les valeurs protestantes : simplicité des formes, austérité des couleurs, tentation de l'uniforme.

    Dans les années 2000, après des années où le jean cédait devant la suprématie du jogging, il revint en force auréolé de nouveautés techniques : coutures tournantes, tissu élastiss, incrustations de dentelles ou autres, et motifs délavés imitant l'usure du vieux jean (moustache), impressions, etc... . Depuis, il n'a pas quitté nos penderies !

    D'après Michel Pastoureau, dans « Bleu, histoire d'une couleur », Seuil

     

    SOURCES PRECIEUSES

    l'article d'Audrey de Gralon :

    http://www.gralon.net/articles/commerce-et-societe/mode-et-beaute/article-l-histoire-du-blue-jeans-126.htm

     

     

      

     

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    Le 10 août 1901, deux «misses» anglaises - Miss Moberly et Miss Jourdain - se promènent dans le parc de Trianon, après avoir visité le château de Versailles. L'après-midi est chaud et orageux, mais nos deux promeneuses se sentent cependant en excellente forme. Les voici parvenues au Grand Trianon. Elles le dépassent, le laissant à leur gauche, et rencontrent «une large allée verte parfaitement abandonnée». Elles la traversent et montent un sentier en face d'elles. C'est alors que commencent les étranges « visions ».

     
      
      
    «Je fus surprise que Miss Jourdain ne demande pas le chemin à une femme qui secouait un vêtement blanc par la fenêtre d'une construction au coin du sentier, mais (la) suivis, supposant qu'elle savait où elle allait. »

    Tout en bavardant, elles grimpent le sentier qui fait un coude aigu vers la droite, dès que sont dépassés quelques bâtiments. «Il y avait trois sentes devant nous, et comme nous vîmes deux hommes un peu en avant sur celle du centre, nous la suivîmes et nous leur demandâmes notre chemin. Plus tard, nous parlâmes d'eux comme de jardiniers, parce que nous nous souvenions d'une quelconque brouette (qui se trouvait) tout près, et de quelque chose qui ressemblait à une bêche pointue, mais c'étaient, en réalité, de très dignes fonctionnaires vêtus de longs habits d'un vert grisâtre, avec de petits chapeaux tricornes. Ils nous indiquèrent notre chemin tout droit. »

     
      
    Les deux Anglaises reprennent vivement leur route, tout en devisant : « Mais depuis le moment où nous quittâmes le sentier, un extraordinaire abattement m'avait envahie, qui, en dépit de tous mes efforts pour le chasser, devenait de plus en plus profond. Il paraissait n'y avoir aucune raison à cela.»

    Le sentier se termine, coupé par un autre, perpendiculaire. Devant nos deux promeneuses, un bois, et, dedans, ombragé par les arbres, un kiosque de jardin circulaire. A côté, un petit siège, avec un homme assis dessus.
     
      
      
    Et, « soudain, tout parut non-naturel, et, en conséquence, déplaisant. Même les arbres, derrière la construction, semblaient être devenus plats et sans vie, comme un bois représenté sur une tapisserie ». De plus, il règne un silence absolu et impressionnant.

    L'homme assis près du kiosque tourne la tête et regarde les deux femmes. Sa figure est repoussante, son expression odieuse. Miss Moberly se sent effrayée, et c'est pour elle un grand soulagement d'entendre quelqu'un courir dans leur direction, avec une hâte haletante. Elle pense aux jardiniers, ne découvre personne sur les sentiers, mais, presque au même moment, perçoit soudain un autre homme tout près d'elles, plutôt à leur gauche. Il a surgi de derrière un rocher qui bouche la vue à la jonction des sentiers. « La soudaineté de son apparition fut une espèce de choc. »

     
      
    Le nouveau venu est visiblement un gentilhomme: haute taille, grands yeux sombres, cheveux noirs bouclés et large «sombrero», en un mot, un homme élégant. Mais sa figure est rouge, comme à la suite d'un gros effort, comme s'il avait parcouru une longue route. D'une voix pleine d'excitation, il interpelle les deux Anglaises: «Mesdames, Mesdames, il ne faut pas passer par là!» Il agite le bras et, toujours avec autant de vivacité: «Par ici, cherchez la maison. »

    Suivant l'indication du gentilhomme, elles se dirigent vers un petit pont sur leur droite.

    Miss Moberly, tournant la tête pour remercier leur guide, découvre, à sa grande surprise, qu'il n'est plus là, mais elle entend à nouveau le bruit de la course, et, «d'après le son, c'était tout près de nous». Fantôme sonore?... Un pont rustique, une cascade, un nouveau sentier sous les arbres, très sombre, et une sensation de tristesse...
     
    Voici enfin la maison annoncée. Elle est entourée d'une terrasse sur les deux côtés. Au pied de la terrasse, une pelouse rustique, et, sur la pelouse, une dame assise, qui dessine.

    «Je supposai qu'elle était en train de faire un croquis. (...) Elle nous vit et, lorsque nous passâmes non loin d'elle, à sa gauche, elle se retourna et nous regarda en plein. Ce n'était pas une figure jeune et, quoique plutôt jolie, elle ne m'attira pas. »

     
      
      
    Son costume est étrange, aux yeux de la mode 1900, mais nos deux Anglaises n'y attachent guère d'importance. Elles montent à la terrasse, tandis que Miss Moberly commence à éprouver la sensation de s'avancer dans un rêve: «Le silence et l'oppression étaient si contraires à ce qui est naturel!...»

    Un peu plus loin, se dirigeant vers un jardin à la française, arrive soudainement un jeune homme qui les interpelle en leur disant que le chemin pour aller vers la « maison », passe par la cour d'honneur. Il leur offre même de les guider. C'est - pense la narratrice - un valet de pied. Et de se retrouver près du premier sentier: elles sont toutes désorientées...

    C'est enfin le retour dans Versailles. Elles n'ont, ni l'une, ni l'autre, envie de parler de leur «aventure». Et ce ne sera qu'au bout d'une semaine qu'elles l'évoqueront.

    En narrant cet incident dans une lettre, Miss Moberly revoit les scènes du Petit Trianon, éprouve à nouveau la même sensation de rêve et d'oppression anormale. Elle s'arrête d'écrire et demande à Miss Jourdain :
    - Pensez-vous que le Petit Trianon est hanté ?
    - Oui, je le pense, répond l'autre sans la moindre hésitation.
    Alors, elles récapitulent tous les détails bizarres de leurs rencontres et les trouvent de plus en plus étranges. Mais elles sont en désaccord sur un point : Miss Jourdain n'a pas vu la dame qui dessinait. Nouvel élément de mystère et, rappelons-le, phénomène fréquent au cours des apparitions.

    Les deux amies décident alors d'écrire, chacune de son côté, le récit de leur après-midi à Trianon. Relations qui, naturellement, ne concordent pas, et qui amèneront les deux femmes à entreprendre de longues et minutieuses recherches historiques et topographiques sur Versailles et sur Marie-Antoinette.

    Miss Jourdain a, en effet, eu connaissance d'une tradition selon laquelle on verrait, un certain jour du mois d'août, la Reine assise sur le devant du jardin du Petit Trianon, avec un chapeau léger et une robe rosé. Mieux encore, on rencontrerait, aux alentours, des familiers de la Reine. Et ce jour serait précisément le 10 août, anniversaire de la chute de la royauté.

     
     
      
    Detail of Madame de Lamballe reading to Marie Antoinette and her daughter by Joseph Caraud, 1858.
This painting sold at auction in 2005 for $15,275.

    Detail of Madame de Lamballe reading to Marie Antoinette and her daughter by Joseph Caraud, 1858.

      
    Miss Jourdain revient en France à l'occasion des fêtes de Noël et du Jour de l'An de 1902. (Elle est, comme son amie, Miss Moberly, enseignante dans un collège déjeunes filles.)

    Elle retourne à Trianon, le 2 janvier, et elle éprouve la même sensation déprimante: «C'était comme si j'avais franchi une ligne et étais soudain dans une zone d'influence.» De nouvelles «visions» et même des «auditions» aussi étranges que celles de l'été précédent, ajoutent à son malaise.

    Nouveau retour, en 1904, des deux misses. Cette fois, tout est normal; les sites et les aspects sont, d'ailleurs, différents... Elles ne peuvent que se documenter sur le Petit Trianon et acheter des livres et des plans du parc de Versailles.

    En 1908, Miss Jourdain fait sa quatrième visite à Trianon, et elle y vit sa troisième aventure. Après avoir croisé deux femmes en train de se quereller et atteint le corps de gardes, elle ressent un changement indéfinissable: «J'eus le sentiment d'être entraînée dans un état de choses différent, bien qu'aussi réel », et toujours cette sensation déprimante, avec une difficulté de se mouvoir, comme dans certains cauchemars.

    De toutes ces expériences involontaires, Miss Moberly et Miss Jourdain décident de faire un livre. Elles le publient chez Faber and Faber, en 1911, sous le titre fort simple de « An Adventure » (Une Aventure), sous les pseudonymes de Miss Morison et Miss Lamont. C'est un succès immédiat... et durable.

     
      
      
      
      
    Mais les «fantômes de Trianon» n'ont pas fini de défrayer la chronique. Ils vont se montrer à d'autres: des Américains, les Crookes, au mois de juillet 1908; deux autres Anglaises, en 1928; et un couple de Londoniens en 1955, avec des variations dans les détails, mais toujours avec des costumes de l'Ancien Régime, et parfois accompagnés par cette atmosphère d'oppression, qui a tant frappé nos deux premières héroïnes.


    Les sceptiques répondent aussitôt: «Mystification!» Or, elle paraît des plus improbables, cette hypothèse du canular: ces «demoiselles » anglaises, professeurs, et on ne peut plus sérieuses - l'une a 38 ans et l'autre 55 - ne passaient pas pour des fantaisistes.
      
    De plus, elles ont attendu, pour publier le récit de leurs aventures versaillaises, dix longues années, employées à se documenter, à rechercher des témoignages et des preuves.

    «Alors, répliquent, sans se démonter, les sceptiques, elles ont été victimes d'hallucinations. »

    Passe pour la première fois, mais la répétition de phénomènes à peu près semblables, et non seulement chez Miss Moberly et chez Miss Jourdain, mais chez d'autres personnes - dont certaines ignoraient la «tradition» du 10 août, ainsi que le livre de nos deux Anglaises - cette répétition à des moments variés de l'année, et durant plus d'un demi-siècle, nous paraît relever d'une autre cause que l'hallucination pure et simple, d'une autre cause encore que la suggestion par des hypnotiseurs en veine d'amusement, ou qu'une mise en scène montée par des plaisantins.
      
      
      
    Il faut donc chercher une autre explication, peut-être du côté de cette étrange sensation de «dépression», signalée dans plusieurs témoignages sur l'affaire de Trianon.

    Il est un peu simpliste d'alléguer le temps lourd et orageux, assez banal pendant la saison d'été. Mais on peut déplacer la question sur un orage magnétique, et rappeler aussi qu'il règne parfois, aux alentours du Trianon, des conditions atmosphériques inhabituelles, lesquelles pourraient provenir, non du ciel, mais de la terre, mais des courants telluriques, ces courants qui auraient peut-être fait choisir Versailles par Louis XIV, pour y édifier sa ville royale. Et cette atmosphère spéciale pourrait déclencher, chez certaines personnes - des Anglo-Saxons, en l'occurrence - des hallucinations.

     
      
      
    Mais pourquoi ces hallucinations ont-elles toutes porté - entre 1901 et 1955 - sur une seule, sur une certaine période - celle de la fin du temps de la «douceur de vivre» - et sur une femme mystérieuse, en train de dessiner, qui fait songer à la Reine Marie-Antoinette ? Evidemment parce que le souvenir de celle-ci est lié au Petit Trianon et au Hameau.
    Pourtant, si l'on applique à ces manifestations paranormales, les lois habituelles en télépathie, de l'agent émetteur et du percipient récepteur, on trouve les percipients, mais on se demande où sont les agents.

    Faut-il donc admettre des agents morts depuis longtemps, ayant laissé dans les parages du Trianon, où ils ont jadis vécu, une influence qui, dans certaines conditions, telluriques ou atmosphériques, ou d'un autre ordre que nous ignorons, possède la capacité de déclencher des phénomènes paranormaux chez des visiteurs postérieurs, évidemment doués des qualités des percipients ?

    Cette imprégnation, cette influence, laissées par des morts, ne doivent pas être confondues avec la théorie spirite de la survie des désincarnés. Ce n'est pas un «fantôme», mais une simple trace, un vague souvenir audible et visible, une sorte de radiation de corps radioactif pas tout à fait désintégré, comme le laissent supposer les découvertes assez récentes du R.P. Pellegrino, parvenu à mettre au point et à construire une sorte de récepteur TV du passé. Il existe des êtres humains capables de capter les images et les sons des temps révolus: ce sont les voyants, dont quelques-uns «voient» aussi le futur. Et ce sont peut-être de ces voyants qui ont assisté aux fantasmagories de Trianon.

    Et si ces fantômes étaient, tout simplement, de véritables fantômes, comme ceux dont nous parle le spiritisme : le fantôme de Marie-Antoinette et ceux de quelques personnes de son entourage, continuant à hanter les lieux qui leur furent chers, dans les dernières années où il faisait bon vivre ?

    Pour ceux qui recherchent plutôt des explications scientifiques, les récentes théories sur la relativité et sur les univers parallèles, pourraient fournir des hypothèses explicatives fort ingénieuses, mais hasardeuses : l'esprit voyagerait dans le temps passé, par le truchement de la quatrième dimension qui, avec nos trois dimensions, constitue l'espace-temps einsteinien.

    On peut encore faire appel à l'hypothèse, encore plus aventurée, des « portes induites », qui livreraient parfois passage à des événements éloignés dans le temps ou l'espace, toujours par le moyen des univers parallèles. Dans ces « portes induites » se produiraient des phénomènes extraordinaires: de fortes perturbations gravitationnelles, par exemple, allant jusqu'à l'inversion de la pesanteur - une voiture peut, dans ce cas, atteindre le sommet d'une colline en roue libre... Les découvertes de l'avenir n'ont pas fini de nous émerveiller !...



    Source : Rhedae Magazine

     

      

    VIDEO - téléfim - La dernière rose ou les fantômes de Trianon

    Tribunal de l'impossible - 10/02/1968 -

     
     

    Tribunal de l'impossible : En août 1901, deux enseignantes anglaises rencontrent la reine Marie-Antoinette en visitant les jardins de Trianon.Alors qu'elles se promènent et rêvent dans cet endroit célèbre, Miss MOBERLY et Miss JOURDAIN perdent soudain le contact avec la réalité pour vivre une fantastique aventure : elles rencontrent la reine Marie-Antoinette qui, dit-on, hante ces lieux. Voyage dans le temps ? Incursion dans la mémoire ?

    Ces deux demoiselles, l'une romantique, l'autre réaliste, ont-elles réellement vécu quelques instants en compagnie de la reine de France où ont-elles seulement rêvé cette scène troublante ? Elles mettent dix ans à se convaincre elles-mêmes, après avoir fait des recherches historiques qui semblent confirmer leurs dires. Puis, aidées de quelques amis, elles rédigent un livre destiné à faire connaître cette extraordinaire aventure.

     

     

     

     

     

     
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  • CARTIER

    Louis-François Cartier né en 1819 et mort en 1904 est un célèbre joailler francais, fondateur de Cartier en 1847. Père d'Alfred Cartier et grand-père de Louis, Pierre et Jacques Cartier.


    CARTIER
    C'est en 1847 alors âgé de 28 ans que Louis-François Cartier achète l'atelier de joaillerie de son maître d'apprentissage Adolphe Picard, du 29 rue Montorgueil dans le 2e arrondissement de Paris, où il avait travaillé pendant plus de 10 ans en tant qu'ouvrier joaillier.

    Il fonde Cartier. Son talent pour réaliser les désirs les plus extravagants de ses clients le rend vite célèbre.

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    En 1853, Louis François déménage son atelier boutique Place du Palais-Royal dans
    le 1er arrondissement de Paris, le quartier le plus en vogue des boutiques d'objets de luxe de Paris d'alors.
    En 1859 : Louis-François prospère sous le Second Empire de Napoléon III et ouvre une nouvelle boutique au 9 boulevard des Italiens du 2e arrondissement de Paris. Il est remarqué par la princesse Mathilde (cousine de l'empereur) et par l'Impératrice Eugénie qui lui font bénéficier de la protection de la famille impériale et marque le début de son succès international.

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    En 1874, il s'associe avec son fils Alfred Cartier qui enrichit la gamme de montres Cartier puis reprend la direction de la maison. Leurs talents attirent les plus grandes fortunes aristocratiques et cosmopolites de l'époque. Alfred Cartier épouse le 30 mars 1898 Andrée-Caroline Worth, héritière du plus important atelier de mode parisien de son père Charles Frederick Worth.

    En 1899, Alfred ouvre une nouvelle bijouterie où il s'installe 13 rue de la Paix
    du 2e arrondissement de Paris, proche de la place Vendôme, une des rues les plus chères de Paris. Il confiera la direction de la Maison Cartier à ses trois fils, Louis, Pierre et Jacque Cartier qui développent la marque partout dans le monde avec succès.

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    Louis succède à son père et a son grand père à Paris,

    Pierre s'établit au 4 New Burlington Street à Londres en 1902 puis au 175-176 New Bond Street en 1909,

    et Jacques au 712 de la cinquième Avenue de New York. Leur sœur Suzanne Cartier épouse Jacques Worth membre de la famille du fameux couturier Charles Frederick Worth.


    Cartier devient la plus prestigieuse joaillerie du monde : le Prince de Galles
    (futur Édouard VII du Royaume-Uni) commande 27 diadèmes à Jacques Cartier de Londres pour son couronnement en 1902 et proclame Cartier « Joaillier des rois et roi des joailliers ».
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    Jacques Cartier est nommé joaillier attitré de la cour d'Angleterre. Toutes les cours royales du monde sont séduites par la marque.

    Pierre et Jacques parcourent le monde pour trouver des sources d'inspiration et rapporter les plus belles pierres précieuses de la planète.


    En 1904, Louis Cartier invente la montre bracelet « Santos » pour son ami l'aviateur
    Alberto Santos-Dumont qui désire pouvoir lire l'heure sans lâcher les commandes de son avion.

    Louis-François Cartier disparait à l'âge de 85 ans. Il est inhumé dans son caveau familial
    du cimetière des Gonards de Versailles avec ses successeurs.

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    La Maison Cartier est à ce jour une référence en matière d'horlogerie joaillerie de luxe, premier producteur mondial de joaillerie.LyaClairedelune
      
      
     
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    Enquête l'affaire du vol des diamants de la Couronne

     


     

     

     

    « On volé les bijoux de la Couronne ! » Le fait divers émeut Paris en septembre 1792. Depuis il a fait rêver bien des amateurs d’histoires à scandale. Lodace vous dévoile quelques secrets sur cette affaire.

    Le vol des diamants de la Couronne, en septembre 1792, compte parmi les énigmes favorites des amateurs d’histoire à scandale. La version « officielle », celle des petits voleurs accomplissant un larcin relevant du fait divers, version reprise par les historiens contemporains, n’est pas satisfaisante. C’est ce qui a permis sans doute une floraisons d’interprétations des plus délirantes. Ainsi Édouard Drumont, l’auteur de « La France juive » (1886), met en cause les joailliers et bijoutiers juifs de la capitale qui furent, selon lui, les principaux receleurs et revendeurs des diamants subtilisés par les petits voleurs.

    Peu lui importe que les patronymes d’origine juive qui apparaissent dans le cours de l’instruction désignent non pas des prévenus mais des témoins cités à l’audience ! Au-delà du « cas » Drumont, il reste que certains faits troublants demeurent inexpliqués et que les commanditaires du vol n’ont jamais été identifiés.

    La tentation était grande de reprendre l’enquête. Un observateur de taille : les archives les plus précieuses sur le sujet, celles qui eussent définitivement levé le voile sur cette curieuse affaire, ont brûlé : il s’agit des actes du conseil provisoire de la Commune insurrectionnelle du 10 août 1792, détruits dans l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris en 1871.

    C’est donc moins à un travail d’enquêteur que d’archéologue que l’historien doit se livre. Pour reconstituer le déroulement des faits, il lui faut explorer telle séries des Archives nationales, puis telle autre des Archives de Paris, qui le renvoie au Minutier central (ce fonds d’archives considérable et très bien conservé qui contient tous les répertoires et minutes des notaires parisiens). C’est à ce prix seulement que, peu à peu, des témoignages ignorés, des copies de procès verbaux des sections, des inventaires inexploités, une fois assemblés, éclairent cette affaire d’un jour nouveau.

    Reprenons les faits : dans la nuit du 16 au 17 septembre 1792, la police surprend quelque voyous au moment où ils viennent de faire main basse sur les bijoux et diamants de la ci-devant (depuis le 10 août) Couronne de France. Un seul cri dans tout Paris : « Le Garde Meuble est volé ! Les diamants de la Couronne sont enlevés ! » Les journaux se montrent prudents.

    Le mardi suivant, « Le Patriote français », rédigé par Brissot s’exprime sur l’affaire avec une réserve calculée car les spoliateurs ont été servis, plus qu’ils n’auraient pu l’être, par le hasard : ce vol audacieux et considérable ne peut avoir été commis par des voleurs ordinaires. « Le Thermomètre du jour », qui passe pour être payé et inspiré par le ministre de l’Intérieur Roland, est plus disert : il laisse entendre clairement que l’opération a été dirigée « de haut » ; il insinue de plus que les sentinelles qui faisaient le guet, les patrouilles qui circulaient sur la place avaient reçu des consignes : elles sont intervenues à un moment où le vol était largement consommé.

    De fait, lorsque sous les colonnades du Garde Meuble, à l’angle de l’actuelle place de la Concorde et de la rue Saint-Florentin, on met la main sur ces voleurs, on récupère quelques mauvais diamants roulés dans des mouchoirs ; les plus prestigieux, tels que le « Grand Diamant bleu », « Le Régent » et le « Sancy », ont déjà disparu.

    Il aurait suffi de moins pour que, les rivalités entre girondins et montagnards aidant, l’affaire prenne, avant toute enquête, une tournure politique. Les montagnards et les membres de la Commune accusent d’impéritie le ministre de l’Intérieur, Roland, qui a dans ses attributions la responsabilité du Garde-Meuble national. Il est vrai que le ministre n’a pas su imposer son autorité : c’est sur lui aussi que retombera plus tard la responsabilité de la disparition de la correspondance secrète de Louis XVI découverte dans une armoire de fer aux Tuileries et qu’il avait été chargé d’inventorier.

    Par une lettre à la Convention, reproduite dans les journaux, le ministre se disculpe en ces termes : « Le vol du Garde-Meuble n’aurait point été commis sans doute s’il y avait eût une garde plus nombreuse et surtout plus vigilante. Cependant plusieurs réquisitions avaient été faites à ce sujet et réitérées de la manière la plus pressante ; j’en fais joindre ici les copies certifiés… » Roland conclu qu’il a été l’objet d’une machination politique à laquelle il lui paraît inutile de donner, faute de preuves, une trop grande importance.

    Le plus urgent est de rassurer l’opinion, après une instruction d’un mois, on livre à la justice quelques-uns des malandrins pris sur la dénonciations des premiers. Dix-sept passent en jugement, cinq sont acquittés et douze condamnés à mort. Parmi ces derniers, cinq seront exécutés, les autres bénéficieront de sursis puis, l’année suivante de remises de peine. Cependant, chacun peut remarquer que le Tribunal criminel a assimilé les accusés à des agents de la contre-révolution en appliquant l’article II de la 2ème section du code pénal : « Toutes conspirations et complots tendant à troubler l’État par une guerre civile, en armant les citoyens les uns contre les autres ou contre l’autorité législative, seront punis de mort. »

    Les interrogatoires subis par les accusés n’aident en rien à retrouver les principaux diamant qui ont, aux yeux de l’opinion, tout comme les autres objets contenus dans le Garde-Meuble, une importance symbolique égale, sinon supérieur à leur valeur réelle.

    Qu’est-ce que le Garde-Meuble ? Un magasin de dépôts mais aussi un musée, dont les salles ont été disposées pour permettre au public de visiter ses collections une fois par semaine. On peut y voir les armures des rois de France, les lits de parades de la cour, la chapelle du cardinal de Richelieu, ainsi qu’une collection des tapisseries unique au monde. Dans l’une de des salles du premier étages sont enfermés dans des vitrines les diamants montés en parure.

    C’est François Ier qui, en faisant don à l’État, par lettres patentes, de ses pierres les plus estimées, était à l’origine du trésor des joyaux de la Couronne. La plupart des parures provenaient d’Anne de Bretagne, qui les tenait de Marguerite de Foix. Il y avait notamment un diamant connu au XVIème siècle sous le nom de la « Belle Pointe ». 

    Plus célèbre encore, un rubis de 206 carats portait le nom de « Côte de Bretagne ». Son sort avait été lié à deux autres gros rubis qui, après bien des aventures lors des guerres de Religions et plus tard encore, réintégrèrent le mobilier de la Couronne grâce à Colbert.

    La « Côte de Bretagne », pierre brute, fut portée par les souverains, taillée en dragon tenant la Toison d’Or dans sa gueule. Sous le règne d’Henri IV, apparut un personnage dont le nom demeure lié à l’histoire des diamants de la Couronne : Nicolas Harlay de Sancy. Il possédait plusieurs diamants sur lesquels il empruntait des sommes considérables qu’il mettait à la disposition du roi.

    L’un des joyaux reçut son nom (le Sancy) ; il fut vendu à Jacques Ier, roi d’Angleterre. Lors de la Révolution anglaise, Henriette de France, fille d’Henri IV, sieur de Louis XIII et épouse de Charles Ier d’Angleterre l’emporta avec elle. Pressée d’argent, elle donna en gage en 1655 en même temps qu’un autre, le « Miroir du Portugal », au duc d’Épernon. La reine les racheta peu après tous les deux pour les vendre en 1657 au cardinal de Mazarin qui, a sa mort les laissa à Louis XIV avec seize autres diamants de premier ordre.
    Au XVIIIème siècle, deux pierres extraordinaires entrèrent dans le trésor : le « Grand Diamant bleu » et le diamant de la maison de Guise. Quand au fameux « Régent » visible au musée du Louvres, l’achat, en 1717, en a été conté par Saint-Simon dans ses « Mémoires ».

    Lors du sacre de Louis XV, on le plaça au centre du bandeau de la couronne, elle-même surmonté d’un fleur de lys dont la pierre centrale était le « Sancy ».
    A la veille de la Révolution et jusqu’en 1792, la garde des objets de la Couronne était assuré par le sieur Thierry, issu d’une famille d’ancienne et haute domesticité.

    La protection de Louis XVI, dont il était l’un des quatre premiers valets de chambre, lui avait permis de constituer une fortune immense . Sous ses ordres venait immédiatement Lemoine-Crécy, son beau-frère, qui possédait la charge de garde général de la Couronne. A partir de 1789, Thierry délaissa sa baronnie de Ville-d’Avray pour occuper avec toute sa famille des somptueux appartement aménagés au Garde-Meuble même, dans l’actuel ministère de la Marin.

    Trois jours avant la tentative de fuite de la famille royale, en juin 1791, l’Assemblée décide de faire procéder à l’inventaire complet des bijoux et diamants du Garde-Meuble. Remis en septembre 1791, le rapport d’inventaire, comparé au précédent, révéla que le trésor avait perdu de sa valeur sous le règne de Louis XVI. C’est seulement en 1792 que Thierry est appelé à la barre de l’Assemblée pour répondre de l’état du Garde-Meuble. Il lui est enjoint de se tenir « aux ordres des commissaires » : c’est un avertissement à cet administrateur d’Ancien Régime soupçonné d’infidélité.

    On commence à craindre que le trésor ait été confié à des gardiens peu fidèles ou susceptibles de se laisser séduire : comment expliquer autrement la provenance des énormes subsides distribués depuis 1790 dans un but contre-révolutionnaire ? A divers objets il manque des portions d’or, des perles ou des pierres précieuses. Le bruit court alors - et on est aujourd’hui fondé à le croire - que Thierry aurait, sous le couvert de réparations ou de retaille, vendu en secret des diamants à l’étranger.

    Une note détaillée (AN, T 399) dans les papiers de Lemoine-Crécy, révèle comment ce dernier marchandait des diamants avec les joailliers hollandais, par l’intermédiaire des fameux banquiers Vandenyver.

    La famille royale avait, il est vrai, une fâcheuse tendance à confondre ses bijoux personnels avec ceux de la Couronne : en effet, si les monarques en avaient la libre disposition - les diamants notamment servait à gager les emprunts - ils n’avaient nullement la propriété de ces objets. En 1785, Marie-Antoinette avait tant et si bien modifié la monture d’une parure de rubis qu’il fut bientôt impossible de distinguer ce qui était du Garde-Meuble et ce qui lui appartenait.

    Elle avait, pour finir, obtenu du roi que la parure entière lui fut donnée en propre. Le journaliste Gorsas se fit d’autre part l’écho dans son « Courrier » de la maladresse insigne de Marie-Antoinette qui avait emporté le « Sancy » avec elle lors de l’épisode de Varennes.

    Dès lors, on trouve fréquemment dans les rapports les plus officiels, la mention d’arrestations, par diverses municipalités, de cargaisons de bijoux et de pierres précieuses en route, semble-t-il, pour l’étranger. Le navire « La Jeune Cécile » est arrêté à Quillebeuf avec une cargaison de bijoux destinée à la reine de Portugais. Le Comité des Recherches est alerté d’autre part sur « L’opportunité de garder la maison [château] de M. Thierry de Ville-d’Avray […] pour empêcher qu’on ne la pille et qu’on en puisse distraire les diamants de la Couronne susceptibles de s’y trouver » (AN D XXIX, 36, dossier 375).

    Dans un tel contexte, alors que les lois sur les biens des émigrés, votées par l’Assemblée en mars-avril 1792, s’efforcent de mettre sous surveillance les biens les plus précieux et les plus aisément transportables pour les empêcher de passer en pays ennemi, il est impensable que, dans l’entourage du roi, on ne se soit pas interrogé sur la destination des diamants de la Couronne en cas d’événement grave.

    Dès le 20 juin 1792, si l’on tient au rapport d’enquête, « Louis Capet, voulant mettre à l’abri tous les diamants et richesses déposés au Garde-Meubles, fit engager l’épouse du sieur Lemoine-Crécy, par Thierry son valet de chambre, à enlever dudit Garde-Meuble tous ces objets et à les cacher dans une armoire pratiquée dans le mur de son alcôve, derrière le chevet du lit, ce qui fut fait ».

    Un artisan menuisier au service de Thierry avoue d’ailleurs aux autorité qu’il s’est « chargé de faire faire des cachettes en divers endroits du Garde-Meuble et dans les châteaux [Ville-d’Avray et Montregard] de Thierry » et a « pareillement établi des petits coffres-forts pour des voitures, pour que le citoyen Thierry puisse plus commodément porter de l’or à Valenciennes... » (AN F7 4774.90).

    Le dimanche et le lundi précédent le 10 août 1792, qui marque la fin de la monarchie, six malles sortent furtivement du Garde-Meuble. Elles appartiennent au gendre de Thierry, Baude de Pont-l’Abbé, et sont acheminées par Azèle, son homme de confiance, chez Prévost d’Arlincourt, ex-fermier général qui, comme la plus part de ses anciens collègues, avait fait passer des fonds en territoire ennemi. Que contiennent ces malles ? Nul ne le sait. Au Garde-Meuble, on s’attend à un événement d’importance. Aux Tuileries également, on brûle du courrier, des archives, et on attend.

    Le 10 août, tandis que les combats font rage dans la cour du château des Tuileries, tandis que l’Assemblée déclare le roi suspendu, la Commune insurrectionnelle prend diverses mesures d’urgence, notamment celle de poser des scellés au Garde-Meuble. Bien que les actes et les registres aient été détruits, on sait que le citoyen Jean-Bernard Restout (1732-1795), commissaire de la section des Tuileries, qui se chargea de le faire, en présence de Thierry et de Lemoine-Crécy, le 11 août.

    Mais demeure une inconnu, et non des moindres : les grands diamants étaient-ils toujours dans leur coffre ? Il semble qu’aucune vérification n’ait été faite puisque, c’est seulement le 14 août que l’Assemblée décide de procéder à un inventaire du Garde-Meuble.
    Thierry est arrêté le 14 août et c’est son beau-frère, Lemoine-Crécy, qui assure l’intérim de la garde du Mobilier national. Le successeur de Thierry est nommé par Roland, le ministre de l’Intérieur : son choix, sur la recommandation de l’énigmatique Pache, s’arrête sur … Restout. Il entrera en fonction sitôt l’inventaire effectué.

    A partir de ce moment, les événements sont de plus en plus troublants, à la fois par la lenteur avec laquelle l’opération est menée et par une série de coïncidences incitant à penser que toutes les mesures avaient été prises pour favoriser un vol providentiel, rendant inutile toute vérification.

    Le 31 août 1792, des commissaires nommés par l’Assemblée des joailliers parisiens - hostiles à la Révolution -, Lemoine-Crécy et Restout se réunissent au Garde-Meuble. Troublé, Lemoine-Crécy déclare d’emblée que « lors de l’apposition des scellés par les commissaires de la Municipalité sur une des portes de lui, sieur Crécy, il avait déclaré que pour plus grande sûreté, il avait cru devoir retirer de la salle des bijoux les diamants dit de la Couronne pour les déposer dans un cabinet attenant à son appartement ».

    On lit en effet dans le procès-verbal qu’il fit retirer de son appartement neuf coffrets fermés qui furent, en présence des commissaires, replacés dans la salle des bijoux. La suite est reportée au lundi suivant. Cette journée est tout entière consacrée, non pas à l’inventaire des diamants, mais à celui des objets en bronze. Le lendemain c’est le tour des pièces d’orfèvrerie, et ainsi de suite jusqu’au 6 septembre, date du dernier procès verbal d’inventaire.

    Ce jour-là, les neuf coffrets censés contenir les diamants n’ont toujours pas été ouverts. Pour des raisons obscures, les choses traînent de plus en plus : tel joaillier convoqué pour la séance suivante n’est pas là - il prétend n’avoir pas reçu d’ordres -, si bien que le vol du Garde-Meuble a lieu quelques jours après sans que personne, même pas le ministre de l’Intérieur Roland, ne sache ce que renfermaient les neuf coffrets de diamants retrouvés fracturés et vides.

    En novembre, le procès des « petits voleurs » a lieu. On avait retrouvé sur eux que quelques diamants. Au reste, si l’on compare le nouvel inventaire, (Archives de Paris DU1 29), fait le 8 janvier 1793, à celui de 1791, il apparaît qu’il restait bien peu de chose du trésor de la ci-devant Couronne de France. Ce qui surprend aussi, c’est la facilité avec laquelle les « petits voleurs » se sont introduits dans le Garde-Meuble, l’enquête montrant que l’opération se déroula même en trois nuits consécutives, du 13 au 16 septembre 1792, date à laquelle une patrouille les prit en fait.

    On s’étonne encore que, malgré les réclamations de Restout auprès de Santerre, commandant de la Garde nationale de Paris, la surveillance n’ait pas été renforcée : il n’y avait, le 9 septembre, que six homme au lieu de vingt, comme prévu, autour du Garde-Meuble : il ne s’en trouvait que « quatre à cinq au poste du côté droit de la rue Saint-Florentin, qu’un seul » (AN, F7-4774 90 V p.11).

    Restout est-il sincère et ses « réclamations » ne sont-elles pas destinées à le couvrir ? Les déclarations d’un garde, Michel, au Tribunal révolutionnaire, en 1794, jettent un doute : il indique à Fouquier-Tinville comment, la veille du vol, vers onze heure du soir, Restout l’a fait monter dans ses appartements pour lui recommander de « laisser ses portes ouvertes en posant une sentinelle à la porte [sic], à quoi Michel a dit qu’il ne pouvait pas ».

    De l’interrogatoire, il ressort encore un peu plus tard, qu’on lui a offert du vin et que, un peu plus tard, on l’a fait descendre un étage plus bas, dans un salon élégant, où il y avait plusieurs femmes « qui se mirent à vouloir l’amuser en le caressant de toutes manières possibles [..] Ferme dans les principes, il ne fut pas tenté d’écouter les dames du second [non plus] que les messieurs du troisième » (AN, W 376, p. 67 à 66).
     

    Soupçonné de connivence avec les véritables voleurs du Garde-Meuble, Restout est arrêté en 1793 et « oublié » en prison, jusqu’au 9 thermidor, date à laquelle il est libéré.

    Il mourra un an après. Thierry de Ville-d’Avray, arrêté en août 1792, est massacré à la prison de la Force le 6 septembre. Le citoyen Duvivier, parent de Mme Lemoine-Crécy et fondé de pouvoir du mari de celle-ci, est reconnu coupable « d’avoir distrait des objets du Garde-meuble » et condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire. Son exécution est suivie, en prairial, par celle de Mme Lemoine-Crécy, impliquée dans la « conspiration de l’étranger », puis par celle d’Alexandre Lemoine-Crécy, en messidor.

    Leur dossiers d’instruction sont décevants car les interrogatoires qu’ils subissent, au moins officiellement, sont restés confidentiels. Curieusement, c’est plusieurs mois après son arrestation que Lemoine-Crécy, protégé, semble-t-il par Fabre d’Églantine, fut identifié par le Comité de sûreté général comme étant « beau-frère de Thierry » et comme ayant été « détenteur des diamants du Garde-meuble » (AN, AF+ 11 290, F°70).

    Mais où donc sont passé les diamants ? La thèse officielle - celle des petits voleurs du 16 septembre - à laquelle, faute de mieux, Roland dut souscrire et que les girondins, soupçonnés, traînèrent comme un boulet, donna le champ libre aux interprétation des agents royalistes.

    La duchesse de Fleury, agent de l’Angleterre, parle du député Carra, envoyé par Danton pour remettre au duc de Brunswick « grand amateur de diamants », quelques exemplaires des diamants de la Couronne : tout cela « à la connaissance de Danton et du vertueux Roland qui, pour une fois, paraît avoir su tenir sa langue devant sa femme » (Journal, Paris, 1981, p 80).

    Le comte d’Allonville, lui, raconte comment un autre député, Billaud-Varenne, fut envoyé en grand secret auprès de Brunswick pour « acheter » la victoire de Valmy (Allonville, « Mémoires secrets », Paris 1838). Selon lui,

    le produit des pillages des Tuileries et du Garde-Meuble aurait été utilisé par Danton, ministre de la Guerre en septembre 1792, pour corrompre le général prussien.

    Mais la propagande contre-révolutionnaire trouve aussi trace des diamants de la Couronne dans la valise de l’ambassadeur français de Sémonville enlevé par les Autrichiens alors qu’il était en route vers Constantinople pour acheter la neutralité de la Turquie …
    Plus extraordinaire est la thèse lancée par l’auteur anonyme de l’ « Histoire secrète de l’espionnage pendant la Révolution » (Francfort, 1799, p 141) :

    « S’il est possible de croire un coquin qui en accuse un autre, on doit soupçonner Pétion [le maire de Paris] et Manuel [procureur syndic de la Commune] d’avoir dirigé le vol du Garde-Meuble. Fouquier-Tinville en donne au moins une preuve marquante dans son exposé contre Manuel : « Tous les auteurs du vol arrêtés, dit-il, ont été reconnus pour avoir été relâché des prisons dans les journée des 2 et 3 septembre ; c’étaient dont des voleurs adroits épargnés à dessin ». »

    L’accusation lancée contre Pétion est pareillement développée dans la dénonciation inédite d’une prisonnière des geôles de la Terreur, la citoyenne Ferniot, qui semble avoir joué le triste rôle d’indicatrice. Elle accuse ouvertement Pétion et l’administrateur de police Samson du Perron d’avoir favorisé sinon organisé le vol avant le 10 août 1792.

    Sous sa plume apparaissent encore les noms de Collenot d’Angremont et des ducs de Brissac et de Broglie qui seraient chargés de mettre en lieu s^r le précieux dépôt. « Après cette affaire faite, le restant du Garde-Meuble entre les mains des voleurs de Paris ».

    Avec toues les réserves qui conviennent sur la crédibilité d’un témoignage, celui-ci n’en confirme pas moins Pétion, le maire de Paris, entretenait secrètement jusqu’au 10 août, des relations privilégiés avec la famille royales. C’est ainsi qu’il pourrait avoir aidé au succès de l’opération. D’autres personnages, Soltho-Douglas, Samson du Perron et Delattres ((d’après lesTouchard-Lafosse in Souvenirs, 1840, III, p 259) qui était chargé de l’inventaire de 1791) avaient, quant à eux, partie liée avec la contre-révolution royaliste que Collenot d’Angremont avait montée à l’instigation des Tuilerie.

    Santerre lui-même qui comme Pétion, aurait été acheté par des conseillers occultes de Louis XVI pour empêcher le 10 août, avait fait preuve d’une négligence des plus suspectes en ce qui concerne la surveillance du Garde-Meuble.

    Le 20 frimaire an II, Voulland, membre du Comité de sûreté général, déclara à la Convention la découverte (sans préciser chez qui, par qui et comment) du plus beau diamant, le « Régent ». Trois mois après, le Comité de sûreté général assurait avoir découvert le « Sancy » et quelques petits diamants de moindre importance. Mais les doutes subsistent : le 4 avril 1794, la Commission temporaire des Arts charge le citoyen Nicot d’assurer la « vraie estimation » des diamants.

    Le rapport, en date du 25 floréal, est imprécis et ne comporte que des généralités : « Il est évident que les puissances coalisées n’ont cessé, depuis la Révolution, de nous enlever par le moyen de leurs agents les trois quarts des objets les plus précieux que nous possédions en ce genre, et cela dans l’espérance de nous les revendre le double du prix de leur acquisition. » Quelques jours plus tard, Cambon monte à la tribune et déclare à la Convention :

    « Vos Comités de salut public, des finances et de sûreté générale vous prient d’ordonner le levée des scellés apposés sur le diamant qu’on croit être celui qu’on appelait « Pitt » (l’autre nom du « Régent ») et qui était estimé à douze millions » à des fins d’expertise. Le rapport, confidentiel, n’est pas connu, ce qui évidemment jette un doute sur la valeur des trouvailles du Comité de sûreté générale.

    C’est seulement après la Révolution qu’une partie seulement du Trésor fut reconstitué. Racheté, échangé, saisi chez un particulier ?

    On s’interroge encore sur la date et les circonstances dans lesquelles le « Régent » réintégra le Trésor. En l’an IV, les fournisseurs étrangers exigeaient des garanties : le « Régent » fut consigné à la banque de Bâle au profit du banquier berlinois Treskow, fournisseur de chevaux, qui fut désintéressé en fructidor an VI (août 1798). La pierre fut presque aussitôt remise en gage au profit d’un banquier hollandais qui la garda jusqu’en ventôse an IX (mars 1801). Le « Sancy » passa successivement entre les mains du marquis d’Iranda, puis de Godoï et du roi d’Espagne qui, pour les besoins de la guerre, le vendit à la famille Demidoff.

    D’autres pierres furent fractionnées, vendues, dispersées et font, encore aujourd’hui, sous une taille différente, la fierté de collections étrangères. Le « Grand diamant bleu », qu’on retrouve au XIXème en Angleterre, a été acheté en novembre 1984, pour la somme record de 4,6 millions de dollars (idem euros) par un marchand arabe lors d’une ventes aux enchères à Genève.

    En tous points, le vol des diamants de la ci-devant Couronne fut un succès pour ses organisateurs : girondins et montagnards se montrèrent incapables de surmonter leur antagonisme pour rechercher les vrais coupables, se bornant à se relancer périodiquement la responsabilité du vol. Il eût d’ailleurs été peu habile de donner un retentissement particulier à cet événement, sans importance en soi, - mais dont la nature risquait de contrarier singulièrement l’opinion. L’affaire fut donc « enterrée », d’autant plus vite que, dès novembre 1792, la découverte de « l’armoire de fer » et la perspective du jugement de Louis XVI mobilisaient l’attention des uns et des autres.

    Les grands diamants de la Couronne de France.

     

    Nom

     

    Poids taillé Origine Dernière localisation
    Le Régent ou le Pitt 136 carats Indes - France : 1792
    - Réapparaît après la Révolution
    - Réintègre le Trésor sous l'Empire.
    Le Miroir du Portugal ? Indes - France : 1792
    Le Grand Diamant Bleu ou le Hope 68 carats --- XVIII ème siècle
    44 carats --- XIX ème siècle
    Indes - France --- 1792
    - Angleterre : XIX ème siècle
    - États-Unis : 1958
    - Vendu à Genève 14,6 millions de dollars : 1984
    Le Sancy 53 carats ? - France : 1792
    - Espagne : XIXème siècle
    - J. Demidoff : 1828
    - Maharadjah de Patialia : 1865
    - France : 1936
    Le Diamant de la maison de Guise ? Indes - France : 1792

     


     

    Sommaire - Histoire - Documents

      

     


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     De cette couleur, nous connaissons Le grand Condé :



    Pour en revenir à Marie-Antoinette, rappelons ici que la reine, lors de grandes occasions, accessoirisait ses tenues d'apparat avec quelques grosses pièces de la couronne :
    Dont le célèbre Sancy :




    Le diamant bleu, retaillé et devenu le Hope (nous en avons déjà parlé ici) :



    Mais aussi le De Guise et le Miroir du Portugal...aujourd'hui disparus.
    Il faut y ajouter les fameux Mazarins, numérotés et nommés comme tels, par exemple cinquième ou sixième (pour les deux plus gros en forme de poire).
    Grand collectionneur de pierres précieuses (notamment), le cardinal les avait offerts à Louis XIV.
    18 pierres d'exception : nombre d'entre-elles volées en 1792, retrouvées ou vendues par les gouvernements qui ont succédés à la Révolution

     

     

    Pour rester dans la noirceur, je vous propose alors ce magnifique et célèbre diamant noir.
    Pour le coup, cela ne me gênerait pas de le porter. Wink

    Surnommé le Black Orlov :

     

     

     

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     Le Diamant maudit, au cou de Denise Darcel


     

      

    Pire que la malédiction de Toutankhamon. Les malheurs que le célèbre Diamant bleu a engendré autour de lui ont fasciné des générations d’observateurs, tout aussi émerveillés par la beauté étrange du joyau, dont la couleur, un bleu changeant, variait selon la lumière.

    Il y a exactement 60 ans, au beau milieu du mois de janvier 1950, la France découvrait le diamant : l’actrice Denise Darcel, qui n’avait peur de rien, se faisait photographier à New York en arborant le diamant à son cou.
    Le Diamant maudit, au cou de Denise Darcel

    Ce fut une exclusivité pour Paris Match. L’hebdomadaire naissant s’était rendu à New York pour photographier le « Diamant du malheur », appelé aussi le « Hope ».

    Harry Wilson, son propriétaire, avait autorisé l’actrice et chanteuse française Denise Billecard, devenue Denise Darcel avec le succès aidant, à poser en arborant le joyau à son cou, sous l’œil vigilant de policiers armés. L’héroïne du film Bastogne (1949) et future vedette du western Vera Cruz (1954, avec Gary Cooper), que les américains ont vite surnommé la « Jane Russell française », fut alors envahie de frissons. Le Diamant bleu, de 44,52 carats, est en effet l’une des pierres les plus précieuses et les plus connues au monde… mais aussi la plus dangereuse.

    Personne ne connaît l’origine du diamant, sans doute propriété de la dynastie hindoue des Telegu au moyen-âge.

    Il passait pour être l’une des manifestation du dieu Siva. Jean de Tavernier, un aventurier, le vendit à Louis XIV. Mal lui en a prit : la légende raconte qu’il fut dévoré peu après par des chiens dans une forêt des environs de Versailles.

    Nicolas Fouquet, superintendent des finances du royaume, eu le privilège de le porter lors d’une fête : le lendemain il fut arrêté et emprisonné jusqu’à la fin de ses jours. Le Roi Soleil accorda le même privilège à Madame de Montespan : Elle tomba peu après en disgrâce. Un siècle plus tard Marie-Antoinette et son amie la princesse de Lamballe ne purent résister à la tentation de porter l’étrange diamant : la première fut guillotinée et la seconde fut violée , massacrée et déchiquetée en prison.

    Dérobé à la Révolution, on retrouva le joyau à Amsterdam en 1830.

    Il fut racheté par un financier britannique, Henri Thomas Hope. Le malheur s’empara de ses descendants : Francis Hope, Duc de Newcastle, offrit le diamant à son épouse l’actrice May Yohe.

    Il fut ruiné et cette dernière le quitta… avant de mourir de misère (à son tour) dans les ruelles des docks sordides de Newcastle. En 1901, son nouvel acquéreur, un joaillier américain, fit faillite.

    Le diamant tomba alors entre les mains du français Jacques Collot : il devint fou et se suicida.

    Il avait peu avant vendu le joyau au prince Poniatowski, de Varsovie : celui-ci tua sa maîtresse dès qu’elle eut porté le diamant pour la première fois… avant de s’écrouler à son tour, poignardé par un révolutionnaire. Le « Hope » échoua alors dans la poche d’un bijoutier grec, qui le revendit à un sultan turc : rapidement, le premier mourut en tombant dans un précipice et le second, après avoir tué sa femme, perdit son trône.

    En 1909, Halid, nouvel acquéreur du Diamant bleu, mourut noyé en mer. En 1912 les McLean le rachetèrent : morts, ruines et divorces furent le lot de la famille. Madame McLean, épouvantée, déclara que « tous nos malheurs ont commencé avec l’achat de ce diamant ». Et c’est alors que Harry Winston, un des plus grands diamantaires au monde, en prit possession en 1949.

    Le mauvais sort semble s’être arrêté depuis. L’histoire montrera que Harry Winston, pas plus que Denise Darcel, n’ont connu de malheurs particuliers, même si l’actrice dut interrompre sa carrière à Hollywood après avoir refusé certaines avances. Le joaillier new-yorkais a fait don du Diamant bleu au Smithsonian Instuitute de Washington.

    Aujourd’hui encore il y est visible, dans une pièce réservée.


    Photo

     Tarzan and the Slave Girl. Denise Darcel fut la vedette de ce film tourné en 1950, peu après s’être emparée de la légende du Diamant bleu.
    Le Diamant maudit, au cou de Denise Darcel

      

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     diadème de la duchesse d'Angoulême par Bapst



    diadème " à pendeloques ", or et strass


    parure améthyste, or, métal et verre



    détails du diadème :




    , une parure en corail, celle-ci est fin XIXème :



    une autre curiosité de la fin du XIXème, le travail des cheveux, ici le monogramme en or repose sur des cheveux tressés, mais les bracelets sont aussi en cheveux tressés. on peut penser à un travail genre reliquaire, comme on en trouve beaucoup à l'époque réalisé avec les cheveux d'un défunt.on trouve aussi des initiales, des paysages (type saule et urne funéraire), des fleurs, etc. encadrés dans des cadres noirs à verres bombés.



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